Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27 octobre 2010

Analyse par parti du vote sur la réforme des retraites

Analyse par parti du vote définitif sur la réforme des retraites au Sénat et à l'Assemblée nationale:

 

1. Ont voté pour tous les parlementaires UMP (hors République Solidaire), Nouveau centre, Alliance centriste et MPF

2. Ont voté contre tous les parlementaires PS, PCF, PRG, Verts, MRC et Parti de Gauche

3. S'est abstenu l'unique parlementaire Gauche Moderne

4. Se sont divisés les parlementaires MoDem, République Solidaire et Debout la République

 

4. 1. Les parlementaires du MoDem:

- Assemblée nationale: 3 contre (Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Jean Lassalle)

- Sénat: 5 abstentions (Denis Badré, Marcel Deneux, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Jégou, Jean-Marie Vanlerenberghe); 1-3 pour (Didier Borotra, Adrien Giraud, Anne-Marie Payet)

N.B.: en congé du MoDem, Nicolas About a voté pour - les sénateurs Adrien Giraud et Anne-Marie Payet oscillent entre le MoDem et l'Alliance centriste

 

4. 2. Les parlementaires de République Solidaire:

- Assemblée nationale: 5 pour (François Goulard, Guy Geoffroy, Jacques Le Guen, Marie-Anne Montchamp, Michel Raison); 4 abstentions (Marc Bernier, Daniel Garrigue, Jean-Pierre Grand, Jean Ueberschlag)

- Sénat: 1 abstention (Pierre Jarlier)

 

4. 3. Les parlementaires de Debout la République:

- Assemblée nationale: 1 contre (Nicolas Dupont-Aignan); 1 abstention (François-Xavier Villain)

 

N.B.: trois sénateurs divers droite se sont par ailleurs abstenus: Gaston Flosse, Nathalie Goulet et Jean Louis Masson

25 août 2010

"Roms": où est le problème ?

Note inutile, tellement ce que j'ai à dire me semble évident. Inutile mais nécessaire vu ce que je continue à lire ou entendre ici ou là...

 

On peut bien entendu critiquer certaines mesures avancées cet été par Nicolas Sarkozy ou par des membres de la majorité.

Je trouve d'ailleurs à titre personnel scandaleux la proposition d'étendre les cas de déchéance de la nationalité française : on ne peut pas à la fois prôner l'intégration républicaine, c'est-à-dire l'assimilation ("à la schlague" si il le faut, comme dit Élisabeth Lévy), et en même temps opérer une distinction entre citoyens Français en fonction de leur origine.

Pour les mêmes raison que je m'oppose à la "discrimination positive" ou aux "statistiques ethno-raciales", je m'oppose donc à toute idée de déchéance de la nationalité, sauf, comme c'est actuellement le cas, en raison de leur nature, pour crimes et délits contre la nation.

 

On peut également proposer une modification de la législation sur le droit de propriété ou l'entrée et le séjour des étrangers.

 

Mais on ne peut en revanche pas reprocher à l'État de faire respecter la loi, de gré ou de force. Or, concernant les "Roms", il ne s'agit de rien d'autre que de l'application de la loi, comme cela aurait d'ailleurs dû être le cas depuis toujours. Rien de plus. Rien de moins.

L'application de la loi, c'est-à-dire :

- le démantèlement de tous les campements illicites (ou alors, il faudrait abroger le droit de propriété privée).

- la reconduite - volontaire ou non - dans leur pays d'origine de tous les étrangers en situation irrégulière (ou alors, il faudrait libéraliser l'immigration : est-ce vraiment cela que demande Benoît XVI en rappelant "que tous les hommes sont appelés au salut", ce qui "est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines" ?) (1).

 

Dans son discours de Grenoble, le président de la République a certes annoncé à ce sujet deux nouveautés :

- "la décision d'évacuer les campements sera prise sous la seule responsabilité des préfets et leur destruction interviendra par référé du tribunal de grande instance" (il faut actuellement une décision de justice ...qui reste généralement inappliquée : s'il y a bien un problème, c'est dans la non-application de ces décisions de justice et non dans les propos du chef de l'État).

- sanctionner ce que Nicolas Sarkozy appelle l'"abus du droit à la libre circulation", consistant à bénéficier à répétition d'une aide au retour (fraude qui sera de toute façon rendue impossible grâce au fichier biométrique Oscar).

Or, dans le flot de critiques, j'ai lu ou entendu beaucoup de généralités consensuelles mais aucune prise de position sur ces deux points précis.

 

En réalité, la seule faute de Nicolas Sarkozy fut, après les violences commises les 17 et 18 juillet à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) par des gens du voyage, Français, d'opérer un amalgame avec les "Roms", étrangers (plus précisément, Roumains ou Bulgares) et sédentaires, en organisant le 28 juillet une réunion à l'Élysée sur "la situation des gens du voyage et des Roms en France".

Bref, selon moi pas de quoi déclencher une telle polémique, du Conseil de l'Europe au Vatican !

 

(1) Rappel : si la Bulgarie et la Roumanie sont membres de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007, leurs ressortissants ne peuvent séjourner plus de trois mois en France sans démontrer qu'ils disposent de ressources suffisantes pour y vivre sans constituer une charge déraisonnable pour l'État

16 juin 2010

Sarkozy contre Sarkozy

Certains mettront en avant le "pragmatisme" de Nicolas Sarkozy à propos de la réforme des retraites. Personnellement, je préfère parler de reniement de Nicolas Sarkozy.

En décidant de ne pas prendre en compte dans le calcul du bouclier fiscal la hausse d'un point de la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu (41% au lieu de 40% aujourd'hui), Nicolas Sarkozy remet en effet en cause un principe fondamental de sa politique.

Pas de ces mesures sur lesquelles - selon la conjoncture économique, social ou politique - on peut jouer. Non, de ces principes intangibles qui fondent une pensée politique (voir citations ci-dessous).

Finalement, en remettant en cause le bouclier fiscal, Nicolas Sarkozy reconnait donc lui-même l'erreur et l'échec du sarkozysme dans le domaine de la fiscalité.

 

 

Un principe fondamental du sarkozysme

 

"L'objectif qui consiste à limiter les prélèvements de l'État à un maximum de 50% doit être considéré comme un minimum. En l'occurrence, il ne s'agit ni d'économie, ni de politique, ni même de fiscalité... mais tout simplement de bon sens. Parce que, enfin, si l'on croit que toute peine mérite salaire et que chacun a le droit de profiter librement de ce qu'il a chèrement acquis, alors on doit se fixer comme règle que jamais la somme des prélèvements de l'État ne dépasse 50% de ce qu'un individu a pu gagner par son travail."
Nicolas Sarkozy, Libre (Robert Laffont/Xo Éditions, 2001)

 

"Poser le principe que nul ne peut se voir confisquer plus de 50% de son revenu par l'impôt direct, y compris la CSG et la CRDS, c'est aussi encourager le travail et la réussite. C'est mettre un terme à une fiscalité confiscatoire."
Nicolas Sarkozy, Ensemble (Xo Éditions, 2007)

 

"L'idée que l'on n'abandonne pas plus de la moitié de ses revenus aux impôts fait partie de la structuration politique et idéologique du quinquennat. La crise exige une priorité en sa faveur, mais rien ne serait pire que de renier des valeurs fondamentales parce qu'il y a la crise."
Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, cité dans L'Express, 25/03/2009

 

"Je ne toucherai pas au bouclier fiscal car je crois au principe selon lequel on ne peut prendre à quelqu'un plus de la moitié de ce qu'il gagne. Si on laisse passer une exception, comme par exemple la CSG, ce n'est plus un bouclier."
Nicolas Sarkozy, entretien pour Le Figaro, 15/10/2009

03 juin 2010

Le gaullisme de la Résistance ne fait toujours pas l'unanimité

Le programme de littérature en terminale littéraire est composé de quatre domaines :

• Grands modèles littéraires - Modèles antiques

• Langage verbal et images - Littérature et cinéma

• Littérature et débats d'idées - Littérature et histoire

• Littérature contemporaine - Œuvres contemporaines françaises ou de langue française

 

Pour l'année scolaire 2010-2011, le gouvernement a choisi les œuvres suivantes (Bulletin officiel) :

• Grands modèles littéraires - Modèles antiques
Œuvre : L'Odyssée d'Homère (Chants V à XIII), traduction Philippe Jaccottet, édition FM/La Découverte.

• Langage verbal et images - Littérature et cinéma
Œuvre : Tous les matins du monde de Pascal Quignard.
Film : Tous les matins du monde d'Alain Corneau.

• Littérature et débats d'idées - Littérature et histoire
Œuvre : Mémoires de guerre, tome III, "Le Salut, 1944-1946", Charles de Gaulle.

• Littérature contemporaine - Œuvres contemporaines françaises ou de langue française
Œuvre : Fin de partie de Samuel Beckett.

 

Que croyez-vous qu'il arriva ? Un collectif de professeurs de lettres (même pas d'extrême droite, comme on pourrait spontanément le croire) demanda le retrait de l'œuvre du général de Gaulle au motif que "proposer De Gaulle aux élèves est tout bonnement une négation de [leur] discipline" et qu'on pourrait soupçonner ce choix "de flatter la couleur politique du pouvoir en place" (sic !). "Nous transmettons des valeurs républicaines, pas des opinions politiques", conclut ce collectif, alors que le SNES avait déjà contesté ce choix.

Question : en quoi la Résistance est-elle une "opinion politique" ? N'est-elle pas, plutôt, une composante de notre patrimoine historique national ? Quant aux "valeurs républicaines", n'étaient-elles pas, justement, davantage dans la Résistance que dans l'acceptation de l'Occupation et la Collaboration ? ...

 

Hasard : quelques jours auparavant, un ami Niortais m'avait fait part de sa consternation devant le récent refus de sa ville d'honorer l'Appel du 18 Juin en donnant à une nouvelle esplanade, près du café où Maurice Schumann l'entendit, le nom du 18 juin 1940. J'ai voulu consulter les procès-verbaux du conseil municipal de Niort afin de prendre connaissance de la motivation de ce refus par la majorité municipale (même pas d'extrême droite, comme on pourrait spontanément le croire), mais malheureusement le dernier en ligne date à ce jour du 18 janvier...

27 mai 2010

La retraite à 60 ans : une mesure emblématique de l'alternance de 1981

La retraite à 60 ans - que l'actuelle majorité veut remettre en cause - a été l'une des mesures les plus emblématiques du premier septennat de François Mitterrand. Il s'agissait de la 82e des 110 propositions du candidat socialiste. "Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans", pouvait-on ainsi lire en ouverture du sous-chapitre intitulé "Une société solidaire". Le passage de la retraite de 65 à 60 ans n'a toutefois pas fait l'objet d'une loi votée par le Parlement mais a été adopté par ordonnance, avec entrée en vigueur le 1er avril 1983.

"L'abaissement à 60 ans de l'âge de la retraite est une aspiration sociale ancienne qui n'a pas reçu jusqu'à présent une réponse satisfaisante", exposait l'ordonnance du 26 mars 1982. Cette dernière souligne donci que cela "constituera une étape significative de la politique de progrès social mise en œuvre par le gouvernement". Le fondement de cette mesure est l'idée d'un "véritable droit au repos que les travailleurs sont fondés à revendiquer en contrepartie des services rendus à la collectivité à l'issue d'une durée de carrière normale".

Le contexte politique est bien entendu celui de l'alternance de 1981, avec l'élection, le 10 mai, de François Mitterrand à la présidence de la République. En décembre, le Parlement vote un projet de loi d'orientation autorisant le gouvernement à prendre par ordonnance des mesures d'ordre social. C'est sous cette forme que seront adoptés, entre janvier et mars 1982, la réduction du temps de travail hebdomadaire de 40 à 39 heures, l'instauration d'une cinquième semaine de congés payés, l'abaissement de l'âge de la retraite ou encore la création des chèques vacances.

Mais c'est justement à cette période que prend fin l'"état de grâce" de la nouvelle majorité. À l'issue des élections cantonales des 14 et 21 mars, la droite prend en effet huit présidences de conseils généraux à la gauche. Parallèlement, la majorité de gauche commence à se diviser. Dès la fin novembre 1981, le ministre de l'économie et des finances, Jacques Delors (PS), souhaite "une pause dans les réformes". L'économie française connaît en effet une passe difficile depuis le second choc pétrolier de 1979. Alors que les partenaires commerciaux de la France adoptent des budgets de rigueur, le projet de loi de finances pour 1982 est, à l'inverse, un budget de relance keynésienne, avec une hausse de près de 30% des dépenses publiques. Si cette politique permet de créer des emplois, elle dégrade en revanche fortement la balance commerciale.

En juin 1982, le "plan d'accompagnement" d'une deuxième petite dévaluation du franc marque le début du "tournant de la rigueur" avec le blocage temporaire des prix et des salaires (Smic excepté), suscitant le mécontentement du PCF et d'une partie du PS (1). Pour la gauche sonne l'heure du choix. Soit la sortie du Système monétaire européen (SME) en laissant le franc se déprécier fortement afin de freiner les importations et de soutenir le développement industriel et l'emploi. Soit le maintien au sein du SME, c'est-à-dire la priorité donnée à la lutte contre l'inflation (franc fort) et la confirmation d'une politique de rigueur. François Mitterrand tranchera en faveur de cette seconde option, refermant le temps des grandes réformes structurelles : décentralisation, nationalisations, grandes mesures emblêmatiques d'ordre social.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 27 mai 2010

(1) ministre de la Solidarité nationale, la chevènementiste Nicole Questiaux démissionne dès juin 1982 du gouvernement, qui engage le même mois sa responsabilité devant l'Assemblée nationale sur son programme économique; Jean-Pierre Chevènement ne siègera plus dans le gouvernement Mauroy III (22/03/1983) mais reviendra dans le gouvernement Fabius (17/07/1984), auquel ne participera en revanche plus le PCF.