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30 août 2013

Élections européennes: l'UDI et le MoDem se rapprochent

Alors que son congrès fondateur n'a toujours pas été organisé, les dirigeants de l'UDI se divisent déjà sur la stratégie à adopter aux prochaines élections européennes, dans le contexte d'un rapprochement avec le MoDem.

Listes UDI autonomes, listes UDI-MoDem voire listes UMP-UDI: les dirigeants de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), lancée l'année dernière par Jean-Louis Borloo, s'opposent en cette rentrée politique sur la stratégie à adopter aux élections européennes de mai 2014.

Deux logiques s'affrontent : l'une se rattache à l'idée d’une vie politique européenne autonome; l'autre se conforme aux clivages de la vie politique française.

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Commentaire

Un rapprochement de l'UDI et du MoDem dans la perspective des élections européennes serait parfaitement cohérent au regard de cette seule échéance. C'est même peut-être l'unique moyen pour ces deux partis fédéralistes d'obtenir des élus, l'un et l'autre se disputant le même électorat et risquant donc en cas de concurrence de se neutraliser mutuellement.

Ce rapprochement ne peut en revanche pas se prolonger au-delà, sauf bien entendu à ce que l'un des deux partenaires change de positionnement politique:

- Soit l'UDI quitte la droite pour aller au centre, c'est-à-dire pour devenir comme le MoDem un parti à équidistance de la droite (UMP) et de la gauche (PS). Dans cette hypothèse, il est bien évident que la majorité des élus UDI voudrait rester à droite, aux côtés de l'UMP, et romprait alors avec Jean-Louis Borloo. Bref, l'UDI connaîtrait exactement la même scission que l'UDF-MoDem en 2007!

- Soit le MoDem quitte le centre pour aller à droite, c'est-à-dire pour devenir comme l'UDI un parti allié de l'UMP. Dans cette hypothèse, il est bien évident que la majorité des militants et la poignée d'élus MoDem qui ne viennent pas de la droite, c'est-à-dire de l'UDF, rompraient alors avec François Bayrou.

Cette deuxième hypothèse est la moins improbable. François Bayrou pourrait en effet être tenté par un retour à droite en jouant tactiquement le jeu du nouveau pôle militant autour de Jean-Louis Borloo, mais en misant sur une (nouvelle) non-candidature de ce dernier à l'élection présidentielle de 2017, ce qui lui permettrait au final d'emporter la mise. Un pari qu'opère sans doute déjà Hervé Morin.

 

 

 

07 août 2013

Faut-il interdire le port du voile à l'université?

"C'est par les robes décolletées que s'évapore peu à peu la pudeur des femmes"
Alexandre Dumas fils

 

Faut-il interdire le port du voile à l'université?

Pour répondre à cette question, il faut selon moi répondre en préalable à une autre question: le voile est-il islamique ou islamiste? Autrement dit, le voile est-il un symbole religieux de l'islam ou est-il le symbole d'une pratique radicale (islamisme) de l'islam?

 

Si le voile est seulement un symbole religieux de l'islam, il n'y a aucune raison d'interdire le voile islamique à l'université, sauf à interdire tout symboles religieux, ce qui risque de poser un problème de liberté d'expression religieuse (on parle bien entendu là des étudiants, car le personnel enseignant est, lui, soumis à une stricte neutralité religieuse).

 

Si le voile est le symbole d'une pratique radicale de l'islam, la France peut en revanche interdire dans l'université publique le port du voile islamiste si ce vêtement contrevient dans sa signification aux principes et valeurs de la République.

Or, quelle est la signification du voile dissimulant les cheveux?
Il s'agit selon ses promoteurs de préserver à la fois la chasteté des hommes et la pudeur des femmes. Il s'agit en réalité, au-delà du Coran, d'une prescription vestimentaire sociétale et non religieuse, fondée sur une inégalité entre les hommes et les femmes (1). Rien à voir, donc, avec le port - discret ou ostentatoire - d'un signe religieux: croix, étoile de David, chahada ou croissant et étoile.

Partant de là, la France serait tout à fait en droit d'interdire dans l'université publique un symbole d'inégalité entre les citoyens de sexe féminin et ceux de sexe masculin. Et le plus grand mal que l'on ferait à nos compatriotes de confession musulmane serait précisément de confondre l'islam (religion) avec l'islamisme (pratique radicale de cette religion). Car c'est cet amalgame qui ouvre la voie à l'islamophobie (2), dont la progression est inquiétante.



Je note d'ailleurs que la majorité des Françaises de confession musulmane ne porte pas le voile dissimulant les cheveux, et que certains États musulmans ont adopté une législation restrictive (exemple: à l'université en Turquie). De fait, rien n'interdit en lisant le Coran de considérer qu'il ne s'agit pas pour les femmes de porter un voile sur la tête mais juste de cacher leurs seins en raison de la spécificité de l'anatomie féminine, hommes et femmes devant cacher leurs parties intimes:

"Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté (...)
Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile [khimâr] sur leurs poitrines (...)"
Coran, Sourate 24- an-Nûr/La Lumière, versets 30 et 31

"Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles [jilbab]: elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées (...)"
Coran, Sourate 33 - al-Ahzâb/Les Coalisés, verset 59
Il pourrait en effet bien s'agir cette fois d'un voile sur la tête afin de ne pas être confondue à l'époque avec une esclave ou une prostituée tête nue (mais aussi seins nus?). Rien toutefois d'explicite.

 

Bref, si le voile dissimulant les cheveux est islamiste et non islamique, j'attends que mes compatriotes de confession musulmane le condamnent, tout comme mes compatriotes de confession catholique ne peuvent pas être confondus de bonne foi avec les intégristes qui refusent toujours l'encyclique Au milieu des sollicitudes (Inter Sollicitudines, 1892) (3).

 

La vraie question n'est donc pas celle de la pratique ou de la manifestation en France de l'islam, bien entendu libres comme pour toute religion dans la limite des justes exigences de l'ordre public, mais celle du port de ce voile en soi, s'il marque une inégalité entre les femmes et les hommes, dans une République qui garantit l'égalité entre tous ses citoyens sans distinction d'origine, de couleur de peau, de religion ou de sexe.

 

Avertissement: il ne s'agit là que d'interrogations personnelles, sincères, sans aucune prétention journalistique, universitaire ou théologique.

 

(1) Y compris chez le chrétien Saint Paul (première épitre de Saint Paul apôtre aux Corinthiens, chapitre 11).
(2) Comme le dit fort justement Jean-Yves Camus: "Le fait que des organisations islamistes mettent en avant le terme d'«islamophobie» dans un objectif de victimisation de l'islam et des musulmans n'est pas suffisant pour en délégitimer l'emploi (...)"
.
(3) La comparaison ne vaut que ce qu'elle vaut en raison de la particularité de la hiérarchie catholique, mais l'islam a certainement l'équivalent d'un Luther ou d'un Calvin...