Faut-il interdire le port du voile à l'université? (07 août 2013)
"C'est par les robes décolletées que s'évapore peu à peu la pudeur des femmes"
Alexandre Dumas fils
Faut-il interdire le port du voile à l'université?
Pour répondre à cette question, il faut selon moi répondre en préalable à une autre question: le voile est-il islamique ou islamiste? Autrement dit, le voile est-il un symbole religieux de l'islam ou est-il le symbole d'une pratique radicale (islamisme) de l'islam?
Si le voile est seulement un symbole religieux de l'islam, il n'y a aucune raison d'interdire le voile islamique à l'université, sauf à interdire tout symboles religieux, ce qui risque de poser un problème de liberté d'expression religieuse (on parle bien entendu là des étudiants, car le personnel enseignant est, lui, soumis à une stricte neutralité religieuse).
Si le voile est le symbole d'une pratique radicale de l'islam, la France peut en revanche interdire dans l'université publique le port du voile islamiste si ce vêtement contrevient dans sa signification aux principes et valeurs de la République.
Or, quelle est la signification du voile dissimulant les cheveux?
Il s'agit selon ses promoteurs de préserver à la fois la chasteté des hommes et la pudeur des femmes. Il s'agit en réalité, au-delà du Coran, d'une prescription vestimentaire sociétale et non religieuse, fondée sur une inégalité entre les hommes et les femmes (1). Rien à voir, donc, avec le port - discret ou ostentatoire - d'un signe religieux: croix, étoile de David, chahada ou croissant et étoile.
Partant de là, la France serait tout à fait en droit d'interdire dans l'université publique un symbole d'inégalité entre les citoyens de sexe féminin et ceux de sexe masculin. Et le plus grand mal que l'on ferait à nos compatriotes de confession musulmane serait précisément de confondre l'islam (religion) avec l'islamisme (pratique radicale de cette religion). Car c'est cet amalgame qui ouvre la voie à l'islamophobie (2), dont la progression est inquiétante.
Je note d'ailleurs que la majorité des Françaises de confession musulmane ne porte pas le voile dissimulant les cheveux, et que certains États musulmans ont adopté une législation restrictive (exemple: à l'université en Turquie). De fait, rien n'interdit en lisant le Coran de considérer qu'il ne s'agit pas pour les femmes de porter un voile sur la tête mais juste de cacher leurs seins en raison de la spécificité de l'anatomie féminine, hommes et femmes devant cacher leurs parties intimes:
"Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté (...)
Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile [khimâr] sur leurs poitrines (...)"
Coran, Sourate 24- an-Nûr/La Lumière, versets 30 et 31"Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles [jilbab]: elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées (...)"
Coran, Sourate 33 - al-Ahzâb/Les Coalisés, verset 59
Il pourrait en effet bien s'agir cette fois d'un voile sur la tête afin de ne pas être confondue à l'époque avec une esclave ou une prostituée tête nue (mais aussi seins nus?). Rien toutefois d'explicite.
Bref, si le voile dissimulant les cheveux est islamiste et non islamique, j'attends que mes compatriotes de confession musulmane le condamnent, tout comme mes compatriotes de confession catholique ne peuvent pas être confondus de bonne foi avec les intégristes qui refusent toujours l'encyclique Au milieu des sollicitudes (Inter Sollicitudines, 1892) (3).
La vraie question n'est donc pas celle de la pratique ou de la manifestation en France de l'islam, bien entendu libres comme pour toute religion dans la limite des justes exigences de l'ordre public, mais celle du port de ce voile en soi, s'il marque une inégalité entre les femmes et les hommes, dans une République qui garantit l'égalité entre tous ses citoyens sans distinction d'origine, de couleur de peau, de religion ou de sexe.
Avertissement: il ne s'agit là que d'interrogations personnelles, sincères, sans aucune prétention journalistique, universitaire ou théologique.
(1) Y compris chez le chrétien Saint Paul (première épitre de Saint Paul apôtre aux Corinthiens, chapitre 11).
(2) Comme le dit fort justement Jean-Yves Camus: "Le fait que des organisations islamistes mettent en avant le terme d'«islamophobie» dans un objectif de victimisation de l'islam et des musulmans n'est pas suffisant pour en délégitimer l'emploi (...)".
(3) La comparaison ne vaut que ce qu'elle vaut en raison de la particularité de la hiérarchie catholique, mais l'islam a certainement l'équivalent d'un Luther ou d'un Calvin...
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Commentaires
Même s'il s'agissait d'un symbole politico-religieux, je ne vois pas pourquoi il faudrait l'interdire à l'université, dont les étudiants (et c'est marqué de manière on ne peut plus explicite dans les textes) sont des usagers, ce en quoi ils diffèrent radicalement des élèves. Au contraire du primaire et du secondaire, où d'autres contraintes existent et sont on ne peut plus légitimes, seules celles liées au fait que l'université est un lieu d'étude sont légitimes à y exister. Raison pour laquelle en aucun cas l'affichage d'une conviction politique, pour peu qu'elle reste dans le domaine de la loi, n'a à être interdit à l'université (ce qui explique d'ailleurs que de tels affichages pullulent dans les milieux estudiantins).
Écrit par : Brath-z | 08 août 2013
Aurait-on le droit de porter un vêtement avec inscrit "les femmes sont inférieures aux hommes"? Ou cela tomberait-il sous le coup de la loi? Or, dans ma seconde alternative, telle est bien la signification du voile.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Le fait qu'il faille faire une interprétation assez bancale et qui à mon avis aurait du mal à passer pour une démonstration que telle serait la signification du port du voile est tout de même assez significatif du fait que non, le port d'un voile ne peut être considéré de la même manière que le port d'un vêtement comportant un message répréhensible tel que l'affirmation d'une infériorité des femmes par rapport aux hommes.
D'aucuns pourraient par exemple arguer avec justesse du fait que le port du voile est un héritage culturel antérieur à l'islam, qui s'est dilué et modifié au cours du temps, et qui aujourd'hui est chargé de symboliques contradictoires, pas nécessairement toutes reliées à la religion. Pour ma part, je me contenterai de souligner que si on compte légiférer sur ce que pourraient avoir de significatif les vêtements, on n'en a pas fini.
La seule certitude qu'on a, c'est qu'en tous cas le motif religieux, appuyé ou non sur les textes, est à l'origine du port du voile par une partie (aucun idée des proportions) des femmes musulmanes en France, et que c'est bien ainsi qu'il est compris. De là une décision logique : le statut d'élève entraînant le devoir de ne pas afficher de manière ostentatoire des signes religieux, il est normal que dans le primaire et le secondaire, le port du voile leur soit interdit. En revanche, de manière toute aussi logique, dans le supérieur, une telle interdiction ne se justifie pas pour les étudiants, à moins de prouver que le port du voile est un obstacle à l'apprentissage (ce qui me semble assez peu possible à réaliser).
Pour l'anecdote, j'ai passé plusieurs années de mon enfance dans un quartier où se trouvait une famille de sikhs. Bien que le turban sikh ne soit pas à proprement parler un symbole religieux (il est là pour retenir les cheveux, que le sikhisme défend de couper à partir d'un certain âge), aussi bien l'administration du collège où j'allais que la famille en question le considéraient comme tel, et c'est donc en toute logique que leurs fils se rendaient au collège sans turbans.
Écrit par : Brath-z | 08 août 2013
Désolé, mais - et je suis bien entendu disposé à évoluer si on me prouve le contraire - ce que j'ai lu de bancale, pour l'instant, ce sont des démonstrations qui tentent d'expliquer que le voile ne signifie en rien une inégalité entre les hommes et les femmes (à la limite, peu importe que son fondement soit religieux ou non: c'est l'expression de cette inégalité qui pose problème dans une université publique).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Encore une fois, si on veut faire de l'analyse des significations des vêtements, on n'a pas fini. La cravate, par exemple : symbole guerrier (à l'origine) et de pouvoir (par extension), réservé aux hommes qui, en se couvrant le cou, manifestent l'absence de point faible, là où le cou découvert des femmes manifeste au contraire vulnérabilité et, donc, inaptitude à la guerre puis au pouvoir.
Et oui, ça va chercher loin, non ?
Que le voile en soi transporte des significations symboliques, c'est certain. Ces significations symboliques, elles sont bien évidemment multiples, souvent contradictoires et trouvent des origines diverses et variées. Mais est-ce le rôle de l'état que de chercher les significations transportées par l'habillement ? Est-ce le rôle de la loi que de "figer" les connotations transportées par les vêtements et donc de les autoriser ou de les interdire en fonction de ces connotations ? Je ne pense pas.
En revanche, le voile est appréhendé comme vêtement religieux, par celles qui le portent comme par les Français en général (et pas que, loin s'en faut). Que son port ne soit pas appuyé sur des textes religieux n'a absolument aucune importance : il y a un fossé entre textes sacrés et pratiques cultuelles, et ce dans toutes les religions (et ce n'est d'ailleurs pas forcément un mal, mais ceci est un autre débat). De ce fait, et quand bien même cela est discuté et disputé par des musulmans (et depuis longtemps), le voile est bel et bien un signe religieux en plus d'être un vêtement, et doit donc être traité comme tel. Les raisons - cultuelles comme culturelles, car les deux sont toujours mêlés - de son port sont multiples et variables. N'avancer que l'explication de la "préservation de la pudeur des femmes" (une explication qui de toutes façons n'est pas si scandaleuse que vous semblez l'avancer, et même d'une grande banalité, puisque telle a été par exemple la justification pendant des siècles du port du corset en Europe de l'ouest - on notera que ça n'a pas empêché l'utilisation du corset à des fins de séduction érotique -, le port du pantalon pour les hommes ayant été progressivement imposé en Europe durant le haut Moyen-Âge également pour une histoire de "pudeur"), justification effectivement fréquemment avancée, est quelque peu réducteur. Ne serait-ce que parce que le port du voile est - tout aussi fréquemment -, que ce soit fondé par les textes religieux ou non, effectivement vécu comme une règle religieuse, et pas uniquement dans des pratiques radicales politico-religieuses. D'ailleurs, quand bien même ça serait le cas : faudrait-il aussi interdire le port de la résille ou de la mantille par les femmes, caractéristique des milieux catholiques traditionalistes ? Ou bien le port du bekeshe en-dehors du chabbat et des fêtes juives, sous prétexte que c'est un signe distinctif des juifs ultra-orthodoxes ?
Au passage, on notera que le port par les femmes d'une voilette blanche lors du mariage (usage tombé quelque peu en désuétude, certes) est justifié par cette même raison. Certes, c'est incontestablement moins contraignant au quotidien, mais là, c'est d'une question de principe qu'il s'agit. Au niveau symbolique, c'est exactement la même chose : la signification que les femmes doivent, pour préserver leur pudeur (en l'occurrence, pour le futur époux), porter un vêtement spécial quand la même obligation ne s'impose pas aux hommes.
Écrit par : Brath-z | 08 août 2013
Sans véritablement prendre position sur le fond, quelques remarques :
- le principe de laïcité s'applique aux enseignants du supérieur selon des modalités et dans un équilibre différent de l'enseignement primaire ou secondaire par exemple -notamment en raison du principe à valeur constitutionnelle de liberté d'expression des professeurs d'université. Ainsi, alors que les ministres du culte ne peuvent être enseignants dans le primaire ou secondaire, ils peuvent l'être dans le supérieur (cf. http://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/2008/05/03/principe-de-neutralite-pour-les-agents-du-service-public/#.UgNC0aVdU5o). Je me rappelle d'ailleurs, étant étudiant à Aix, avoir vu des rabbins officier à la faculté de lettres. Si le principe de neutralité du service public interdit a priori aux enseignants de manifester leur appartenance religieuse, j'ai connu personnellement plusieurs exemples de comportements contraires à ce principe, et, quoi qu'en dise la CPU (http://www.cpu.fr/uploads/tx_publications/Laicite_Enseignement_superieur.pdf), j'ai du mal à voir comment concrètement une sanction administrative de ces comportements pourrait être articulée avec la protection constitutionnelle du principe de liberté d'expression des professeurs d'université.
- la première question que tu poses est paradoxale, puisqu'elle conduit, au nom de la laïcité, c'est-à-dire de l'ignorance par l'État des religions ("la République ne reconnaît... aucun culte"), à ce que l'État tranche ce qui relève des commandements religieux ou non, c'est-à-dire à se faire théologien. Paradoxe inscrit dès l'origine dans le texte de la loi de 1905, mais qui était peu important face au catholicisme, religion unifiée d'un point de vue doctrinal ; qui prend toute sa dimension face à l'islam, religion sans clergé et sans autorité doctrinale et théologique centrale (faute d'avoir son Vatican, on voit mal comment l'islam aurait son Calvin ou son Luther...).
- à supposer qu'on puisse s'accorder sur le fait que le voile est un symbole plus politique que religieux : les usagers du service public de l'enseignement supérieur disposent d'une pleine liberté d'expression, en matière politique notamment. Dès lors, pourquoi restreindre a liberté d'expression de certains en particulier ? J'entends bien l'argument du caractère anti-républicain et discriminatoire, mais il me semble qu'en matière de discrimination sexuelle, seuls les actes tombent sous le coup de la loi, pas les opinions. De plus, l'argument est problématique : si cela tombe déjà sous le coup de la loi, pourquoi en faire une nouvelle ? Et, sur une autre plan, faut-il exclure de l'université les royalistes, dont pour le coup, le caractère anti-républicain ne fait aucun doute ?
Bref, autant je partage ton dernier paragraphe, autant je suis plus sceptique sur une interdiction par la loi. Je crois que, comme souvent, on devrait s'en tenir au principe d'ordre public (assez puissant en l'espèce : le principe d'assiduité obligatoire impose par exemple qu'on puisse identifier les étudiants, et donc que leur visage ne soit pas masqué...).
Écrit par : Joël Gombin | 08 août 2013
@Brath-z. Notre divergence, c'est que le voile n'est pas à mes yeux qu'un vêtement historique parmi d'autres, qui a été progressivement déconnecté de son origine culturelle. C'est un vêtement dont l'unique signification ACTUELLE est en France une interprétation d'un texte religieux (en l'espèce le Coran, mais peu importe: ce serait strictement la même chose pour des chrétiens intégristes citant Saint Paul) basée sur l'inégalité entre les hommes et les femmes. Je trouve donc tes parallèles hors sujet.
Pour le reste, cf. ci-dessous ma réponse à Joël Gombin.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
@Joël Gombin. Ton message est ben plus argumenté et convaincant. Et j'avoue que cette question du voile à l'université n'a été pour moi que le prétexte (peut-être non pertinent...) de poser cette interrogation fondamentale que j'ai sur le voile.
Car j'ai beau lire des textes sur le sujet, j'en reviens toujours sur le fond - même si les auteurs essayent de démontrer le contraire - au voile symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes.
D'où deux questions:
- si le voile est bien ce symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes, un islam français ne saurait le tolérer: j'attends donc de mes compatriotes de confession musulmane qu'ils considèrent les promoteurs du voile comme des adversaires, de même qu'en tant que citoyen chrétien je considère les "catholiques" intégristes qui refusent toujours l'encyclique "Au milieu des sollicitudes" comme des adversaires.
- sur l'université (pour y revenir tout de même), un professeur pourrait-il refuser de faire cours devant une élève voilée? Si le voile est un symbole de l'islam, non bien entendu car ce serait islamophobe. Si le voile est un symbole d'une lecture islamiste de l'islam, oui ou non? Idem pour tout symbole qui marquerait une inégalité (sexuelle, raciale, etc.) entre les citoyens. Encore une fois, tout découle de la signification du voile: islamique ou islamiste...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Sur la première question, je partage ta position, mais elle s'adresse en effet aux croyants et pas à l'État, me semble-t-il.
Sur la seconde question, en tant qu'enseignant, il m'est arrivé d'avoir des étudiantes portant un foulard (mais jamais un niqab ou une burqa ou autre voile intégral), ça ne m'a posé aucun problème particulier. Ça m'aurait posé un problème s'il y avait eu un problème d'identification, en revanche. Par contre, j'ai eu des étudiants qui tenaient des propos politiques particulièrement limite en classe (conspirationnisme, racisme, voire négationnisme), j'ai considéré que ça relevait de la liberté d'expression, en expliquant bien à mes étudiants que cela relevait de l'opinion, en exprimant du coup la mienne en réponse, et en expliquant aussi qu'opinion et savoir sont deux choses différentes, et que si chacun est libre de son opinion, l'université ne s'intéresse qu'au savoir.
Écrit par : Joël Gombin | 08 août 2013
Cette question s'adresse-t-elle seulement aux croyants et pas du tout à l'État? Je n'en suis pas certain...
La Droite forte de Guillaume Peltier (UMP) a proposé la création d'une "Charte républicaine des musulmans de France". Je suis contre, car ce serait une stigmatisation d'une religion particulière basée sur un a priori de non-compatibilité avec la République. Je serais en revanche favorable à une "Charte républicaine des religions de France", qui ne serait absolument pas une remise en cause de la laïcité mais simplement un encadrement des exceptions existantes à la loi de 1905 (exemple des aumôneries, c'est-à-dire de fait de la reconnaissance des religions en lieux clos: armées, prisons, hôpitaux ou établissements scolaires) ou des entorses de fait tolérées (financement public d'associations culturelles liées à un culte) Bref, de dire clairement ce qui est et ce qui n'est pas compatible avec la République (refus de l'apostasie, refus des principes républicains, dont l'égalité des citoyens... d'où ma question sur la signification du voile). Soit on institue pour tous ce préalable. Soit on renonce pour tous aux exceptions existantes et aux entorses de fait tolérées à la loi de 1905 - sans même parler du scandaleux régime d'exception en Alsace-Moselle!
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Mais précisément, ce ne sont pas (en tout cas dans le cas des aumôneries, ou encore dans le fait que le service public télévisuel et radiophonique accueille des émissions religieuses) des exceptions à la loi de 1905 : l'autorisation, et même le financement par la puissance publique, des aumôneries, permet de garantir le principe de liberté des cultes, aussi constitutif du compromis laïc que le principe de séparation, dans des contextes de liberté limitée (article 2 de la loi de 1905 : "Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets [publics] les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.").
Autre exemple de ce compromis historique qu'est la laïcité : alors que la loi de 1901 fait obligation aux associations de respecter le principe démocratique, la République accepte en 1923, lors du compromis avec le Vatican, que les associations diocésaines n'obéissent qu'aux statuts de l'Église (qui n'ont rien de démocratique). De sorte, qu'avec le CFCM, on a exigé plus de démocratie de la part des musulmans qu'on en a demandé aux catholiques historiquement...
Le cas de l'Alsace-Moselle est évidemment différent et constitue bien une dérogation à part entière au principe de laïcité.
Bref, ta "charte républicaine des religions de France" existe, c'est l'ensemble des textes et principes juridiques qui constituent le principe de laïcité.
Écrit par : Joël Gombin | 08 août 2013
Donc acte: ma formulation est inexacte. Il s'agit d'une exception présente dans la loi de 1905 au principe de laïcité qu'elle énonce, et non d'une exception à la loi de 1905. Mais il s'agit bien d'une exception au principe de laïcité et non d'un élément de ce principe: "Pourront toutefois...".
Je ne saisis en revanche pas le basculement vers ton "bref etc." Car (autre question que je me pose!): sur quels critère considère-t-on qu'une religion est une religion et donc peut désigner des aumôniers? Ma "Charte républicaine des religions de France" permettrait de clairement opérer un tri, sur la même base pour tous, entre ce qui est compatible ou non avec la République.
Je crois me souvenir que le CFCM était une idée de Chevènement, qui n'a pas abouti sous son autorité car ce dernier réclamait comme préalable la reconnaissance de l'apostasie. Préalable levé par Sarkozy, d'où la création du CFCM sous son autorité. Je n'appelle pas ça un "compromis" mais un renoncement de la part de la République...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Le voile symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes : oui. Au même titre que la cravate, que le pantalon, que la jupe, que le bustier, que... Encore une fois (je me répète beaucoup), si on commence à chercher les significations de l'habillement, on n'a pas fini, parce qu'on s'aperçoit très vite que les différents vêtements renvoient systématiquement à la manifestation d'inégalités. Et si on considère que le voile manifeste une inégalité entretenue alors que la cravate manifeste une inégalité obsolète dans les faits (ce avec quoi je ne suis pas d'accord, mais admettons), il y a cependant dans l'habillement d'innombrables inégalités entretenues. Rien que la différence entre vêtements de marque ou non, et vêtements de différentes marques, manifeste de manière éclatante d'innombrables inégalités : sociales, de genre, géographiques, etc.
Le fait que le voile soit un symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes (au même titre que l'immense majorité des vêtements du quotidien, parce qu'il faut reconnaître qu'en la matière, l'inégalité hommes/femmes est la plus manifestée par l'habillement) n'est pas du tout une spécificité de ce vêtement, loin s'en faut. Si c'est une raison pour légiférer au propos du voile, alors ça devrait être une raison pour légiférer au propos de la cravate.
Là où il y a une raison de légiférer à propos du voile, c'est parce qu'il est un symbole religieux. Un symbole religieux seulement selon certaines interprétations de l'islam et pas toutes les interprétations de l'islam, mais un symbole religieux tout de même. Les interprétations de l'islam dans lesquelles le port du voile par les femmes n'est pas un principe religieux ne sont pas de ce seul fait ni plus inégalitaires ni moins inégalitaires entre les hommes et les femmes. D'une manière générale, les doctrines religieuses sont très souvent inégalitaires entre les hommes et les femmes. Et si l'on veut interdire les "signes extérieurs d'inégalitarisme hommes/femmes" dans les symboles religieux, alors là non plus on n'a pas fini, car quand on entre dans l'interprétation, ça va chercher très loin (pour donner un exemple caricatural de jusqu'où ça peut aller quand on entre dans cette logique, voir le discours des Femen, typiquement, qui conduit à rejeter tous les signes extérieurs de croyance religieuse).
Que des doctrines religieuses fassent passer l'idée d'une inégalité hommes/femmes, c'est une chose, mais à partir du moment où cette idée d'inégalité hommes/femmes ne se manifeste pas en actes (ni en incitations), alors je ne vois pas tellement pourquoi il faudrait sévir. D'aucuns soutiennent, analyses à l'appui, que le Talmud et le Coran contiennent des idées racistes et discriminatoires. C'est peut-être vrai, ou pas, mais en tous cas ce sont des interprétations possibles. Mais à partir du moment où il n'y a pas effectivement de manifestations de racisme ni de discriminations dans tel ou tel usage du judaïsme ou de l'islam, je ne vois pas pourquoi il faudrait légiférer. Au passage, signalons que le chapeau juif à bord large est explicitement discriminatoire : il a été imposé par le Concile de Latran aux juifs pour qu'ils soient reconnaissables des chrétiens. Parce qu'il transporte cette signification indéniable, faut-il en interdire le port ?
Alors la question est : est-ce qu'on peut considérer que porter un voile, c'est un acte relevant de l'inégalité hommes/femmes ? En soi, certainement pas, à moins de présumer des intentions de celles qui en portent un, et donc de partir dans le procès d'intention. En revanche, si ce port est imposé contre la volonté, alors oui, évidemment, c'est le cas. Mais ce serait pareil si par exemple des parents imposaient à leur fille de porter une robe ou une jupe parce qu'elle est une fille, au lieu de pouvoir se vêtir comme elle l'entend. Ce n'est pas le port du voile en soi qui caractérise une atteinte à l'égalité hommes/femmes, mais l'obligation. Qu'un principe religieux renvoie à l'idée d'une inégalité hommes/femmes ne fait pas pour autant du respect de ce principe quelque chose devant être sanctionné. Si une femme porte le voile par conviction religieuse, peu importe que cela renvoie à l'idée d'une inégalité entre les hommes et les femmes : c'est du fait de sa volonté qu'elle le porte, et le fait qu'elle pourrait ne pas le porter si elle en avait la volonté prouve que ce n'est pas une violation de l'égalité hommes/femmes.
Écrit par : Brath-z | 08 août 2013
Encore une fois, tu ne saisis pas que nous divergeons en ce que le port de la cravate (pour reprendre ton exemple...) ne symbolise pas aujourd'hui une inégalité entre les hommes et les femmes alors que le port du voile - jusqu'à ce qu'on me démontre le contraire - marque aujourd'hui en soi une inégalité entre les hommes et les femmes. C'est son fondement même: préserver la pudeur des femmes, ce dont les hommes n'ont, eux, pas besoin puisqu'ils ne sont pas concernés par le port du voile. Rien à voir avec cette idiotie de convention sociale du port de la cravate, quelle que soit son origine historique (dans d'autres États le port du voile est peut-être aussi devenu une convention sociale, mais pas en France, seul cas qui m'intéresse ici).
Quant au port volontaire d'un signe d'inégalité par les personnes concernées, c'est hors sujet (intériorisation de cette inégalité, croyance sincère - surtout chez les converties - à cause de la propagande islamiste qu'une "bonne" musulmane doit forcément porter le voile, provocation type "crise d'adolescence" ou que sais-je encore).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
Laurent : nous avons un différent, je crois, sur ce que nous appelons "laïcité". Avant de l'expliciter, je mets ici les deux premiers articles ("Titre premier : principes") de la loi de 1905 :
"ARTICLE PREMIER. - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3."
À mon sens, le compromis laïc, ce sont ces deux principes : liberté de conscience et de culte d'une part, séparation d'autre part - d'une certaine manière, le second étant présenté comme au service du premier. Je crois que tu ne retiens pour ta part comme "laïcité" que le second principe ("il s'agit bien d'une exception au principe de laïcité"). Or, on se rappelle la conclusion que Briand donne à son rapport sur le projet de loi : "Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou dans le doute sur leur exacte interprétation, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur".
Sur la suite de ton commentaire : tu touches du doigt toute l'ambiguïté de la laïcité française, telle que l'a bien soulignée Bauberot par exemple : fondée sur la séparation, elle doit en réalité permanence séparer le bon grain (les religions) de l'ivraie (les groupes ou opinions qui ne peuvent pas bénéficier de ce statut). C'est vrai dans la loi de 1905, qui, passé l'article 2, est une police des cultes (ce qui suppose donc qu'on identifie des cultes pour y appliquer cette police, en contradiction flagrante avec l'article 2) ; c'est vrai dans toute la pratique laïque depuis. Donc, tu as raison, l'État ne peut faire autrement que de reconnaître des cultes - mais je voulais te faire toucher du doigt cette contradiction. Et, en tout cas, il me semble qu'utiliser la reconnaissance pour "trier" entre les "bonnes" et les "mauvaises" religions est en contradiction flagrante avec les deux premiers articles, dès lors que ce tri s'appuie sur d'autres critères que l'ordre public (cf. encore une fois le commentaire de Briand). Je sais bien pourtant que c'est l'interprétation dominante, mais je suis en désaccord avec elle... Au passage, le même débat pourrait avoir lieu concernant les "sectes". Drôle de République laïque qui prétend savoir distinguer une religion d'une secte...
Écrit par : Joël Gombin | 08 août 2013
Non Joël, je ne pense pas que nous ayons une divergence sur ce que nous appelons "laïcité". J'ai en tout cas bien à l'esprit les deux premiers articles de la loi de 1905 (cf. une courte synthèse rédigée dans une autre vie, militante: http://www.france-republicaine.fr/republique-laique.php ). Ne pinaillons pas sur la forme: les aumôneries constituent bien une exception au principe énoncé à l'article 2 (séparation des Églises et de l'État), même si c'est pour satisfaire dans des circonstances particulières (lieux clos) au principe énoncé à l'article 1er (liberté de culte).
Pour le reste, je suis entièrement d'accord sur l'existence de cette ambiguïté, dont il me semble bien impossible de se départir complétement. Une "Charte républicaine des religions de France" constituerait néanmoins à mes yeux une façon, sans passer par la loi et sans tenir compte des positions passées de telle ou telle religion, d'y répondre en triant, bien entendu dans l'intérêt de l'ordre public, le bon grain (pratiques religieuses compatibles avec la République) de l'ivraie (sectes/pratiques religieuses incompatibles avec la République, à l'exemple du port d'un vêtement marquant une inégalité entre les citoyens de sexe féminin et ceux de sexe masculin).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
La loi de 1901 n'oblige pas une association à avoir un fonctionnement dit démocratique, c'est juste que c'est souvent un préalable pour bénéficier de financements publics.
Pour ce qui est d'une éventuelle interdiction, l'Etat n'a aucune légitimité pour affirmer que le port de tel ou tel vêtement relève de la religion ou non.
Pour le reste l'analyse de Gilles Devers sur ces questions est très pertinente : http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2010/02/28/cedh-la-loi-anti-burqa-peut-aller-se-rhabiller.html
Écrit par : Steven | 08 août 2013
"Pour ce qui est d'une éventuelle interdiction, l'État n'a aucune légitimité pour affirmer que le port de tel ou tel vêtement relève de la religion ou non".
Mais l'État a-t-il une légitimité pour affirmer qu'un vêtement constitue un trouble à l'ordre public, car marquant une inégalité entre les citoyens de sexe féminin et ceux de sexe masculin?
Une législation vestimentaire ne serait pas une première. Je pense par exemple, même si c'est un exemple très daté!, à la loi du 26 brumaire an IX disposant que "toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation", modifiée par deux circulaires de 1892 et 1909 autorisant le port féminin du pantalon "si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval"!
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 août 2013
"le port de la cravate (pour reprendre ton exemple...) ne symbolise pas aujourd'hui une inégalité entre les hommes et les femmes alors que le port du voile - jusqu'à ce qu'on me démontre le contraire - symbolise aujourd'hui en soi une inégalité entre les hommes et les femmes. C'est son fondement même: préserver la pudeur des femmes, ce dont les hommes n'ont, eux, pas besoin puisqu'ils ne sont pas concernés par le port du voile"
C'est cela que je conteste formellement. Le port du voile ne symbolise pas EN SOI une inégalité entre les hommes et les femmes. Le port du voile ne symbolise rien en soi. C'est une interprétation qui en est faite, et si on part dans l'interprétation, je ne vois pas pourquoi on le fait pour le voile et pas pour tous les autres types de vêtements.
Après, que des gens disent que le voile est porté pour telle ou telle raison, c'est une toute autre chose, qui n'a tout simplement pas à être pris en compte par l'état. Ou alors il faudrait aussi que l'état prenne en compte les violeurs qui prétendent que quand une femme porte un string et une mini-jupe, c'est qu'elle veut se faire violer.
La seule chose que l'état peut et doit prendre en compte au sujet du voile, c'est que c'est un vêtement religieux, donc un symbole religieux. Point barre. Les interprétations multiples et variées (et souvent contradictoires : élément de soumission des femmes aux hommes, protection de la pudeur des femmes ou bien élément d'émancipation des femmes des contraintes du matérialisme patriarcal occidental sont trois théorisations courantes du port du voile, je note qu'elles sont toutes incompatibles les unes avec les autres) qui sont faites du port du voile n'ont pas à être prises en compte.
Et sinon, si, le fait que le voile est porté de sa propre volonté n'est absolument pas hors sujet. Il est vrai que ce genre de volonté est issu d’intériorisations de contraintes, d'usages, de traditions, etc, qui ont créé des conventions. Et alors ? Le simple fait de se vêtir est l'intériorisation d'une convention. L'idée qu'il faut respecter la loi est l'intériorisation d'une convention. L'idée qu'il ne faut pas tuer son prochain est l'intériorisation d'une convention. Etc, etc, etc. Cela n'empêche nullement le libre arbitre individuel de se manifester dans toutes ces attitudes. On n'exerce pas son libre arbitre que quand on rompt avec des conventions. Si je ne tue pas les gens que je croise dans la rue, ce n'est pas lié seulement au fait qu'on m'a toujours dit de ne pas le faire et que je l'ai intériorisé. C'est surtout lié au fait que je n'ai aucune envie de tuer mon prochain, et le fait que je pourrais ne pas respecter cette convention si je le voulais (les exemples de meurtres de sang froid sont suffisamment nombreux dans les faits divers quotidiens pour qu'il n'y ai aucun doute sur le fait qu'il est tout à fait possible de passer outre l'intériorisation de cette convention) indique que si ne le fais pas, c'est bien par ma volonté propre et non par soumission.
Donc non, le fait que le voile soit porté volontairement n'est pas du tout hors sujet et ne peut pas être évacué comme ça. C'est quelque chose de fondamental. Si quelqu'un décide de porter un symbole religieux, quelles que soient les connotations portées (ou supposément portées) par ce symbole religieux, tant que ça reste dans le cadre de la loi il n'y a aucune raison de l'interdire. En revanche, bien évidemment, si quelqu'un est forcé à porter un symbole religieux contre sa volonté, là, on se trouve en effet face à un délit. Si le motif de cette contrainte exercée contre une personne est du à son sexe, alors on est face à un cas de discrimination, et il faut évidemment sévir.
Écrit par : Brath-z | 09 août 2013
Nous tournons en rond. Je maintiens que le port du voile - jusqu'à ce qu'on me démontre le contraire - n'existe que pour marquer une inégalité entre les hommes et les femmes, et que le voile ne peut donc être abordé en France qu'avec cette signification. Il ne s'agit pas que d'un vêtement. Et je trouve le reste toujours autant hors sujet: peu importe la raison de le porter ou la volonté de le porter, le voile marque en soi une inégalité entre les hommes et les femmes.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 09 août 2013
Le port du voile islamique est le signe d'une inculture religieuse qui consiste à croire que cela suffit à indiquer votre croyance religieuse. L'habit ne fait pas le moine! Ce sont des gens qui soit n'ont pas lu le Coran, ou bien mal lu. C'est une affirmation identitaire de la part de gens en déshérence sociale destinée à provoquer surtout quand il s'agit, et c'est souvent le cas notamment à Trappes, de français fraîchement convertis à un islam dans lequel la très grande majorité des musulmans ne se reconnaissent pas, et heureusement! Il faut donc à chaque fois bien faire la différence entre les deux, voire bien mettre en évidence cette spécificité chaque fois qu'il y a lieu.
Dès lors il n'est pas illégitime d'interdire cette tenue surtout quand elle est susceptible de porter atteinte à l'ordre public ce qui est possible sans légiférer. Pour ma part une telle tenue me choque dans toutes mes valeurs laïques et progressistes. De plus je suis choqué d'un traitement très inégal entre les chrétiens et les musulmans dont il est de bon ton de se moquer des premiers mais d'avoir le plus grand respect pour les seconds comme si nous devrions faire toujours je ne sais quelle repentance pour un passé dont je ne me sens pas responsable. La responsabilité collective ça n'existe pas en droit! Quel pays et quel peuple n'a-t-il pas commis de faute au cours de son histoire?
Écrit par : cording | 09 août 2013
De plus il y a un politiquement correct qui consiste à assimiler toute critique de l'islam et certains comportements de musulmans à de l'islamophobie alors que c'est rendre service aux religions que de les critiquer quand elles tombent dans des travers qui les discréditent.
Écrit par : cording | 09 août 2013
"Le voile n'est pas qu'un vêtement" : oui. C'est aussi un signe religieux. Ce qui justifie tout à fait l'existence de législations s'y appliquant.
"le port du voile (...) n'existe que pour marquer une inégalité entre les hommes et les femmes" : non. Ou alors le port de la cravate n'existe également que pour marquer une inégalité entre les hommes et les femmes. Ou bien on décide de faire de l'interprétation en cherchant quelles significations, connotations, etc, transporte l'habillement, et dans ce cas on va très vite tomber de très haut, ou bien on décide de ne pas le faire parce que ce n'est pas le rôle de l'état, et dans ce cas, le seul traitement différent entre le voile et n'importe quel autre vêtement tient à son statut de symbole religieux.
Écrit par : Brath-z | 09 août 2013
"Le voile n'est pas qu'un vêtement" : oui. C'est aussi un signe religieux. Ce qui justifie tout à fait l'existence de législations s'y appliquant.
"le port du voile (...) n'existe que pour marquer une inégalité entre les hommes et les femmes" : non. Ou alors le port de la cravate n'existe également que pour marquer une inégalité entre les hommes et les femmes. Ou bien on décide de faire de l'interprétation en cherchant quelles significations, connotations, etc, transporte l'habillement, et dans ce cas on va très vite tomber de très haut, ou bien on décide de ne pas le faire parce que ce n'est pas le rôle de l'état, et dans ce cas, le seul traitement différent entre le voile et n'importe quel autre vêtement tient à son statut de symbole religieux.
Écrit par : Brath-z | 09 août 2013
Bon, puisque tu souhaites continuer à tourner en rond: le port du voile, contrairement aux autres vêtements ou à la cravate aujourd’hui, n'existe aujourd’hui en France qu'à travers sa signification d'une inégalité entre les hommes et les femmes. Ce n'est pas un vêtement déconnectable de cette signification. Ce n'est pas un symbole religieux. C'est un symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes issu d'une pratique radicale d'une religion.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 09 août 2013
"le port du voile, contrairement aux autres vêtements ou à la cravate aujourd’hui, n'existe aujourd’hui en France qu'à travers sa signification d'une inégalité entre les hommes et les femmes."
Affirmation gratuite. Personne ne peut affirmer un truc pareil, et je doute fort que quelqu'un puisse un jour l'affirmer.
"Ce n'est pas un vêtement déconnectable de cette signification."
Conséquence logique de ce qui précède : bien sûr que oui.
"Ce n'est pas un symbole religieux."
Évidemment que si. Le fait qu'il ne soit pas explicitement mentionné dans les écrits sacrés musulmans (encore qu'il paraît que justement il y a des querelles sur le sujet, liées notamment à des histoires de traductions et de versions d'écrits) ou encore que tous les musulmans ne l'intègrent pas dans leur symbolique religieuse ne veut aucunement dire que ce n'est pas un symbole religieux. C'est en tant que symbole religieux qu'il est porté, c'est en tant que symbole religieux qu'il est perçu, c'est donc un symbole religieux, quand bien même c'est contesté au niveau théologique (mais l'état n'a pas à se mêler de querelles théologiques).
"C'est un symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes issu d'une pratique radicale d'une religion."
Certes.
Mais d'une part ce n'est pas qu'un symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes (j'ai déjà fait part plus haut d'une "justification" du port du voile toute aussi courante et contestable que la "protection de la pudeur des femmes" et qui ne renvoie pas à cette idée d'inégalité entre les hommes et les femmes : "élément d'émancipation des femmes des contraintes du matérialisme patriarcal occidental").
Et d'autre part, la pratique radicale de l'islam est loin d'être la seule source de cet usage. Déjà, il est présent dans des pratiques qu'on ne peut décemment pas qualifier de "radicales" de l'islam, comme le soufisme (le site soufisme.org défini le port du voile comme "prescription coranique, notamment pour l’accomplissement des actes rituels" inscrit dans le "cheminement progressif vers une excellence de comportement au cours de chaque acte de la vie [ce qui peut être interprété et est relativement fréquemment - mais c'est loin d'être systématiquement le cas - interprété comme le fait qu'à terme le voile doit être porté au quotidien par les femmes musulmanes soufis, ndmoi], à l’instar du modèle du Prophète (slp) tel qu’il est connu à travers la sunna" : http://www.soufisme.org/site/spip.php?article77 et l'on peut d'ailleurs voir dans les commentaires qu'un intervenant conteste, lui, le port du voile comme prescription coranique, en contestant des interprétations, transcriptions et traductions du Coran). Et ensuite, il y a toutes les sources culturelles diverses et variées qui expliquent notamment le fait qu'il y a plein de types de voiles différents (sans même compter les voiles intégrales : du foulard simple recouvrant la chevelure au tchador qui couvre la tête, les épaules et les bras).
Donc cette phrase est vraie... mais omet énormément d'éléments, qui contredisent les éléments présents dedans sans pour autant les invalider, puisqu'ils recouvrent une certaine réalité, mais pas la généralité en la matière.
Écrit par : Brath-z | 09 août 2013
Ce qui m'intéresse c'est: que signifie aujourd'hui en France le port du voile? Tu as beau répéter qu'il s'agit d'une "affirmation gratuite", le fondement de l'existence du port du voile est aujourd'hui en France - au-delà des galimatias sur ...l'émancipation des femmes: hallucinant! - une inégalité (et non une simple différence) entre les hommes et les femmes.
Ai-je le droit d'arborer dans une université publique un symbole d'inégalité des races, même si ce symbole est ancestral et avait historiquement une autre signification? Ai-je le droit d'arborer dans une université publique un symbole d'inégalité des sexes?
On peut aussi faire preuve d'intelligence et ne pas se voiler la face devant la réalité des choses...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 10 août 2013
Écarter comme "galimatias" la justification du port du voile comme "émancipation des femmes", c'est faire un choix entre plusieurs interprétations, toutes aussi contestables et contestées les unes que les autres pourtant.
Ensuite, je suppose que votre question : "Ai-je le droit d'arborer dans une université publique un symbole d'inégalité des races, même si ce symbole est ancestral et avait historiquement une autre signification?" fait référence à la svastika, ça me paraît assez étonnant. Et bien je vais vous surprendre : la réponse à votre question est "oui". La svastika n'est pas interdite comme "symbole d'inégalité des races" mais comme emblème d'une organisation reconnue criminelle par le tribunal de Nuremberg et responsable de crime contre l'humanité. C'est dans l'article R40 du Code Pénal : "Seront punis d'un emprisonnement de dix jours à un mois et d'une amende de 3.000 F à 6.000 F, ou de l'une de ces deux peines seulement :
(...)
3° Ceux qui, sauf pour les besoins d'un film, d'un spectacle ou d'une exposition comportant une évocation historique, auront porté ou exhibé en public un uniforme, un insigne, ou un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 du statut du tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945, soit par une personne reconnue coupable par une juridiction française ou internationale d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité mentionnés à la loi n° 64-1326 du 26 décembre 1964 ;". Donc si vous trouvez un autre symbole d'inégalité des races repris d'un symbole ancestral avec historiquement une (ou plutôt des, parce que la svatiska a plein de significations différentes et contradictoires entre elles) signification historique autre, mais qui n'est pas interdite par ailleurs, vous pouvez l'arborer dans la rue et, partant, dans l'université publique. C'est d'ailleurs ce que font certains mouvements d'extrême-droite en arborant la croix de bourgogne (encore utilisée par la monarchie espagnole), utilisée comme symbole de la domination espagnole sur les peuples colonisés sous Franco (dans la démarche de "l'envie d'empire" du franquisme, qui a de la même manière fait de l'hispanidad du XIXème siècle une reconquête symbolique de l'empire colonial espagnol), et par extension (par exemple chez certains membres de Terre et Peuple) de la supériorité raciale des européens sur les autres races.
Soulignons encore que vu le nombre réduit de néonazis en France (quelques milliers au maximum, quand on voit que la principale organisation néonazie, Blood and Honor, regroupe tout au plus 300 personnes dans le pays), il est plus que probable que sans cette interdiction, le port d'une croix gammée serait le plus souvent le fait d'une autre raison qu'une référence au nazisme, puisque ce symbole est non seulement symbole religieux dans une flopée de religions asiatiques (au premier chef bouddhisme et hindouisme) mais aussi très présent dans énormément de folklores européens en plein "revival" depuis une quarantaine d'années (la lauburu basque, dont les représentations contemporaines exagèrent volontairement la courbure pour l'éloigner le plus possible de la croix gammée, le Thorshamar scandinave, beaucoup moins populaire que le Mjöllnir dans le milieu metal du fait de sa trop grande ressemblance avec la croix gammée, ou encore de nombreux symboles celtes auxquels s'est généralement substituée le triskell, dont certaines formes sont au passage utilisées comme substitut à la croix gammée chez les néonazis, sur le modèle de l'emblème de l'AWB sud-africain). Cet assez probable caractère très minoritaire de la référence au nazisme parmi ceux susceptibles d'arborer une croix gammée pour une raison ou une autre n'est évidemment pas une raison pour autoriser le port de la croix gammée.
De la même manière, à la question "Ai-je le droit d'arborer dans une université publique un symbole d'inégalité des sexes?", la réponse est identique : si le symbole en question n'est pas interdit par ailleurs, oui. Par exemple, vous pouvez vous balader à l'université publique avec un T-shirt "Fuck bitches, get money" : malgré le caractère éminemment misogyne du propos, les T-shirt citant Notorious BIG ne sont pas illégaux. De la même manière, le fameux T-Shirt détournant l'image du duo Barack Obama/Hillary Clinton avec le slogan "Bros before hoes" n'est à ma connaissance pas interdit en France. Et pour aller encore plus profondément dans les symboles d'inégalité hommes/femmes et de sexisme, la marque de vêtements "Pornstar", un temps très appréciée des skateurs français (un peu passée de mode ces temps-ci, il semblerait), représente (façon signalétique hommes/femmes de toilettes) les femmes de manière systématiquement soumises.
Ce ne sont que quelques exemples, on peut trouver bien pire sur à peu près n'importe quel site de vente de T-shirts en ligne (par exemple la gamme des T-shirts "I support a woman's right to choose" qui détournent le célèbre slogan féministe de différentes manières, généralement pour signifier que les femmes ont le choix entre la chambre à coucher et la cuisine... oui, c'est très fin). Et j'ai volontairement pris des exemples où le message sexiste est explicite et ne prête nul flan à l'interprétation. Alors certes, ces symboles (en l'occurrence slogans sexistes et misogynes, une bonne partie ne prenant même pas la peine de recourir au registre humoristique pour altérer cette dimension) ne sont pas généralisés dans l'habillement. Néanmoins ils sont quand même suffisamment présents pour qu'on soit tous tombés au moins une fois sur des gens qui en arboraient dans des lieux publics sans évidemment que leur soit contesté ce droit.
Mais parce que je sens que vous pourriez rétorquer que de tels symboles ne sont pas comparables au voile car slogans et non objets (ce avec quoi je suis d'accord mais pour une toute autre raison : c'est uniquement de part son statut de symbole religieux que le voile n'est pas comparable à ces symboles non religieux), j'attire tout de même votre attention sur un élément d'une grande évidence : le traitement distinct entre robes/jupes/assimilés et pantalons. D'où vient qu'un homme portant une robe ou une jupe va être une exception prêtant à rire (y compris dans les cas de robes ou jupes portées par les hommes dans d'autres cultures : kilts, djellabas, etc) et pas une femme qui en porte une ? Sans remonter jusqu'aux épisodes où l'Église a imposé aux peuples christianisés de distinguer les tenues entre hommes et femmes (Deutéronome 22:5) et où les femmes se sont vues imposer des robes (en particulier les robes longues) les excluant donc de toute une série d'activités, notamment guerrières, on peut tout de même remarquer qu'au niveau des pratiques actuelles, on a exactement les mêmes caractéristiques qu'avec le voile :
1) si une femme n'en porte pas, cela ne se remarque pas
2) si un homme en porte une, alors ça interpelle
3) celles et ceux que ça ne dérange pas ne voient pas nécessairement dans son port un symbole d'inégalité entre hommes et femmes
4) en revanche, celles et ceux que ça dérange y voient avant tout un symbole d'inégalité entre hommes et femmes
Et en effet, plusieurs mini polémiques surgissent de temps à autres à propos notamment des représentations des femmes dans la signalétique des toilettes, sur les panneaux "ralentissez école", etc, et certains groupes "féministes radicales" plus ou moins confidentiels prônent même l'interdiction des robes/jupes/etc, ou bien plus rarement celle des pantalons, estimant que l'existence d'une tenue différenciée "réservée aux femmes" (quand bien même, tout comme un homme peut porter un voile, un homme peut aussi porter une robe ou une jupe) est un symbole de domination masculine. En faisant mine de souscrire à cette approche radicale, je pourrais donc moi-même soutenir que la robe et la jupe, parce qu'elles signalent le non accès des femmes à un certain nombre d'activités, notamment guerrières (avec toute la symbolique sur le pouvoir qui vient derrière), sont des symboles d'inégalité entre hommes et femmes au même titre que peut l'être le voile. Et force est de constater que même avec une telle approche, très semblable à celle qui consiste à voir dans le voile un symbole d'inégalité hommes/femmes à l'exclusion de toute autre approche (y compris des approches n'y voyant qu'une différence et pas une inégalité, qui existent également et sont également fréquemment affirmées), la seule chose qui distingue voile et robe/jupe/etc, c'est le caractère religieux du premier.
Écrit par : Brath-z | 10 août 2013
Ah oui, et une précision encore à propos du caractère religieux du voile : les Évangiles font partie des livres sacrés de l'islam (Injil), or dans l'Évangile selon Saint Paul, il est indiqué explicitement que les femmes doivent porter un voile pour des raisons religieuses (Épitre aux Corinthiens, 11:2-16), la question de savoir si cette obligation est valable en toutes circonstances ou bien lors des seuls rituels étant sujette à controverses.
Écrit par : Brath-z | 10 août 2013
Je précise encore, parce qu'en relisant mon dernier message je me suis aperçu que je me suis emmêlé les pinceaux : ce sont bien sûr les épitres de Paul (et non évangile selon Paul), qui ne figurent pas à proprement parmi les Évangiles, mais qui en revanche sont présents, tout comme les Actes des Apôtres, l'Apocalypse et plusieurs Évangiles apocryphes (pas toujours et pas toujours les mêmes), dans les Injil, mot qui peut désigner également les seuls Évangiles canoniques, et parfois également les Évangiles canoniques et des apocryphes.
Écrit par : Brath-z | 10 août 2013
Quand je dis que nous tournons en rond: je cite justement en intégralité Saint Paul (épitre aux Corinthiens, 11:3-15) en note de ma note! Or, cette citation démontre précisément que le voile a historiquement (chez les chrétiens, les musulmans ou je ne sais qui) pour fondement une inégalité entre les hommes et les femmes: ce n'est pas un symbole religieux mais le symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes basé sur l'interprétation radicale d'un texte religieux. CQFD.
En réalité, pour insister sur ce que j'ai trop vite écrit dans ma réponse à Joël Gombin: "cette question du voile à l'université n'a été pour moi que le prétexte (peut-être non pertinent...) de poser cette interrogation fondamentale que j'ai sur le voile".
Bref, il y a deux éléments à distinguer:
1) Le voile porte-t-il en soi l'idée d'une inégalité entre les hommes et les femmes? Je réponds oui, avec certitude jusqu'à preuve pertinente du contraire; vous répondez non.
2) La République française doit-elle interdire dans une université publique le port d'un symbole d'inégalité entre les citoyens? Encore une fois je réponds oui (surtout dans le contexte d'une montée de l'islamophobie: le meilleur moyen de lutter contre est d'être intraitable contre ce qui relève non pas de l'islam mais d'une pratique extrémiste de l'islam), avec hésitation car vos objections sont juridiquement pertinentes; vous répondez non.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 10 août 2013
Monsieur de Boissieu,avez-vous conscience du tort que vous et tous les démagogues islamophobes faites à l'image de la France?Rendez-vous compte du ridicule de tous ces débats sur le "voile"?Rendez-vous compte que la France est devenue la risée du monde avec tous ces "débats" répétés sur le voile?Savez-vous que la France est entrain de perdre la place prééminente qu'elle occupait dans la formation des élites francophones du Maghreb à cause de l'islamophobie hystérique de nos politiques?Je connais personnellement de nombreux étudiants et étudiantes(durtout du marco) qui ont choisi de se former dans les pays anglo-saxons comme le Canada,l'angleterre ou les usa suite aux nombreuses lois soit-disant laiques,en réalité islamophobes.Et ils sont retournés dans leur pays et occupent en ce moment des place importantes au sein de l'élite qui dirige le pays.Ayant reçu une formation universitaire anglo-saxonne,ils ont naturellement envie de développer plus de liens avec ces pays au détriment de la France.Votre "argument" ridicule concernant "l'inégalité des sexes" que signifierait le voile ne convainc que des gens déjà convaincus et paraît pour ce qu'il est,càd ridicule et hypocrite,pour le reste des gens.Si vous étiez moins hypocrite,vous ne vous cacheriez pas derrière cet "argument",vous demanderiez leur avis aux premières concernées,càd les femmes voilées,et vous vous intéresseriez aux travaux des sociologues sur ce sujet pour vous rendre compte qu'il y a autant de significations de voile que de femmes qui le portent.Le voile peut être un symbole un symbole d'oppression et d'inégalité dans certaines circonstances,mais il peut être aussi vécu comme "libérateur" et "émancipateur" pour des jeunes filles françaises qui ont envie d'autre chose que de ressembler à Nabila ou Zahia,"modèles" promus par les médias de masse.Souvent ces filles qui portent le voile le justifient pour des raisons spirituelles,parfois elles le font contre l'avis de leur famille qui a peur qu'un tel choix ne les pénalise dans leur vie professionnelle.En réalité,le cliché du voile imposé par la père,le grand frère,est quelque chose d'ultra marginal.Il faut cesser de raconter des mensonges aux Français,le voile est le plus souvent porté par des filles volontairement,souvent plus éduquées,plus diplomées que la moyenne,qui ont une haute conscience d'elles-mêmes,de ce qu'elles sont et de ce ne sont certainement de pauvres soumises qui attendent Laurent de Boissieu pour dire ce qu'elles doivent faire et comment elles doivent s'habiller.L'argument de l'inégalité des sexes,de l'émancipation ne tient absolument pas lorsqu'on connaît un peu le profil des jeunes filles qui portent le voile à l'université.Je suis surprise de la virulence et de la violence des médias,journalistes et autres faiseurs d'opinion à l'égard de ces jeunes filles parfaitement intégrées,éduquées,diplomées,souvent indépendantes financièrement(càd parfaitement "émancipées" au sens où l'entendent les féministes),et de la complaisance des mêmes vis à vis de "bimbos" comme Nabila ou Zahia(prostituée mineure),qui elles sont des femmes véritablement soumises? au dogme du marché,de la consommation,n'ayant aucune éducation.Alors qui représente aujourd'hui le "symbole" de l'inégalité des sexes soumis au patriarcat:une jeune étudiante voilée qui poursuit de brillantes études supérieures lui permettant d'avoir une profession intellectuelle et d'être indépendante financièrement,ou Nabila,bimbo sans cervelle,au corps entièrement refait par la chirurgie esthétique pour ressembler au "modèle" souhaité d'elle par une société patriarcale?Je m'étonne que les efforts "d'émancipation" visent uniquement les femmes voilées,et ceci avec virulence incroyable,et non ces bimbos qui donnent une image de femme-objet déplorable,ou encore la précarité qui concerne de plus en plus de femmes,qu'elles soient voilées ou non.PS:à ce sujet,je vous conseille de lire la féministe(et voilée!)Zahra Ali.Enfin,savez-vous que des femmes ont été élues présidentes(ou premier ministre)dans des pays musulmans(contrairement à la France)?Au Pakistan,au Bengladesh,en Indonésie,en Inde.Et qu'elles portaient toutes le voile.Vous allez faire rire mon amie marocaine,diplomée d'une prestigieuse école d'ingénieur au Canada,en lui disant qu'elle est une fille soumise parce qu'elle porte le voile...
Écrit par : Lina | 10 août 2013
@Lina. Merci pour ce témoignage. Le fait que certaines femmes de confession musulmane portent le voile par volonté personnelle - ce que je n'ai jamais mis en doute - ne retire rien à la signification historique et intrinsèque du voile. Et je pense au contraire que c'est ce type de pratiques extrémistes de l'islam qui font monter l'islamophobie en véhiculant l'image que l'islam ne serait en soi pas compatible avec la République française, idée à laquelle justement je m'oppose: on peut parfaitement être Français et de confession musulmane. Mais on ne peut pas en France avoir une pratique religieuse incompatible avec la République, que l'on soit juif orthodoxe, chrétien intégriste ou musulman fondamentaliste. Enfin, je parle depuis la France pour la France et pas pour les États musulmans que vous citez ou pour le Canada.
P.S.: les travaux de Zahra Ali sont en effet très intéressants et ont le mérite de démontrer à tous, si besoin était, que droit des femmes et islam peuvent aller de paire. Mais, n'ayant je l'avoue pas lu ses ouvrages, je me heurte toutefois à sa volonté de porter un symbole qui va justement à l'encontre de toutes ses convictions et démonstrations!
Écrit par : Laurent de Boissieu | 10 août 2013