FN-Farage contre FN-Cameron (23 février 2016)

S'il était selon moi trompeur d'écrire des articles faisant croire que le FN était divisé sur la question de la sortie de l'euro, le FN est en revanche bel et bien divisé sur la question de la sortie de l'Union européenne.

Certes, l'ensemble du FN se retrouve sur le calendrier en cas d'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République en 2017:

- renégociation des traités européens

- référendum:

- si la renégociation aboutit: le FN appelle à approuver le nouveau traité européen

- si la renégociation échoue: le FN appelle à sortir de l'actuelle Union européenne

 

Sauf que le diable se cache dans les détails...

Tout dépend en effet sur quoi porte ces renégociations. C'est ici que deux FN s'opposent:

- le FN-Cameron (Marion Maréchal Le Pen, Bernard Monot) veut négocier, comme plusieurs États membres en bénéficient déjà (Royaume-Uni, Irlande, Danemark, Pologne), des clauses de non-participation à certaines politiques européennes. Ce sont ces clauses que David Cameron vient de renégocier pour le Royaume-Uni.
L'Union européenne serait maintenue, mais deviendrait une Union européenne à la carte. Concrètement, il s'agirait pour la France de rester au sein de l'Union européenne mais de:

- sortir de l'espace Schengen (recouvrer la souveraineté territoriale)

- sortir de la zone euro (recouvrer la souveraineté monétaire et la souveraineté budgétaire)

 

- le FN-Farage (Marine Le Pen, Florian Philippot) ajoute le recouvrement d'une quatrième souveraineté: la souveraineté législative, c'est-à-dire que la loi française redevienne au-dessus des normes européennes. Or, il ne s'agit là plus seulement de participer ou non à telle ou telle politique européenne, aussi importante soit-elle (espace Schengen, zone euro), mais de refuser le caractère supranational de la construction européenne, c'est-à-dire sa nature même.
Rappelons que la primauté du droit européen a été affirmée dès 1963-1964 (arrêts Van Gend en Loos et Costa c/ENEL de la Cour de justice des Communautés européennes), puis accepté en France entre 1975 (arrêt Jacques Vabre de la Cour de cassation) et 1989 (arrêt Nicolo du Conseil d'État).
Bref, mettre la souveraineté législative dans la renégociation, c'est y mettre un élément qu'on sait d'avance inacceptable pour nos partenaires européens. C'est donc en réalité dissimuler sa volonté de sortir de l'Union européenne afin de cacher ses divisions internes sur le sujet.

 

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