Canonisation: la France doit-elle être représentée? (25 avril 2014)

Dimanche 27 avril 2014 seront canonisés au Vatican les papes Jean XXIII (1958-1963) et Jean-Paul II (1978-2005). Je dois dire que je suis particulièrement heureux que l'Église catholique proclame solennellement que le pape qui a convoqué le Concile Vatican II a "pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu". Je suis d'autant plus heureux que cette proclamation soit faite par le Pape François en raison de sa personnalité.

 

Je suis en revanche troublé par la seconde canonisation. J'étais pourtant un peu impliqué dans l'Église catholique sous le pontificat de Jean-Paul II, participant notamment en août 2000, à Rome, aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) entouré de la "génération Jean-Paul II".

Je me contenterai cependant juste d'évoquer sur la forme mon questionnement devant la réponse positive à l'appel au "santo subito", car l'Église catholique doit à mes yeux par nature s'inscrire dans un temps long (d'où d'ailleurs des incompréhensions réciproques avec un monde qui va de plus en plus vite). Quant au fond, qu'il me soit permis de garder pour moi mes préventions négatives. Après tout, peut-être n'est-ce chez moi qu'un manque de confiance envers le souffle de l'Esprit Saint.

 

Quoi il en soit ou en sera, cette note n'avait pas pour objet de parler de foi mais de laïcité. La question est la suivante: la France doit-elle être représentée à une canonisation?

Ma réponse est non. Une canonisation est en effet une cérémonie qui n'a de sens qu'à la seule lumière de la foi catholique. La France, État laïque, n'a donc en tant que telle aucune raison d'être représentée à une cérémonie strictement religieuse.

Bref, je rejoins la position exprimée ce jeudi devant moi par Jean-Luc Mélenchon: le premier ministre Manuel Valls n'a rien à faire à une canonisation (sauf à y aller anonymement à titre privé, motivé par sa foi personnelle).

Seule exception cependant à mes yeux: lorsque la personne canonisée est de nationalité française (à l'exemple du ministre de l'intérieur Manuel Valls à la canonisation du père Jacques Berthieu le 21 octobre 2012). Dans ce cas, la France se doit effectivement d'être présente lorsqu'un État étranger honore un de ses citoyens, peu importe alors si cet hommage revêt un caractère religieux pour celui qui le prononce.

 

En revanche (et contrairement cette fois à Jean-Luc Mélenchon) je trouve parfaitement normal que la France soit représentée à la cérémonie d'intronisation d'un pape (à l'exemple du premier ministre Jean-Marc Ayrault et du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius à celle du pape François le 19 mars 2013) ou aux obsèques d'un pape (à l'exemple du président de la République Jacques Chirac à celles de Jean-Paul II le 8 avril 2005).

Tout simplement parce qu'il s'agit là des relations diplomatiques entre la France et un État, celui du Vatican (dont, au passage, le chef est élu par ses pairs et non héréditaire, ce qui est davantage démocratique que nombre d'États membres de l'Union européenne!), et non plus seulement d'une affaire uniquement religieuse.

 

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(photo personnelle des JMJ de 2000)

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