Dieudonné, la quenelle et l'antisémitisme (07 janvier 2014)
Le geste de la quenelle est-il antisémite?
Le geste de la "quenelle" consiste à tendre le bras vers le bas en alignant l'autre main sur l'épaule. Ce geste est apparu dans un spectacle de Dieudonné en 2005. Il est l'équivalent d'un bras d'honneur ou d'un doigt d'honneur et signifie plus précisément "l'enfoncer bien profondément dans le cul". Il s'agissait alors d'un dauphin vis-à-vis des Hommes: "Le dauphin, sa nageoire, il va nous la foutre jusque-là".
Ce geste a pris une signification politique en 2009, lorsque Dieudonné l'effectue pour la campagne de la "liste antisioniste" qu'il conduit.
Aujourd'hui, la signification du geste dépend donc du contexte.
Une quenelle après avoir marqué un but lors d'un match de foot n'est pas antisémite: elle signifie à l'équipe adverse "vous l'avez dans le cul".
En revanche, une quenelle devant un mémorial de la Shoah (cf. Alain Soral) ou devant la "rue du four" (pour prendre des exemples qui circulent sur Internet) est sans conteste un geste antisémite et faisant l'apologie d'un crime contre l'humanité. De fait, Dieudonné a par ailleurs été condamné, il y a un an, à 28.000€ d'amende pour sa chanson Shoah nanas, sur l'air du Chaud cacao d'Annie Cordy
D'autres quenelles sont plus ambiguës. Une quenelle devant une synagogue peut être soit antisémite soit antijudaïque. Une quenelle devant l'ambassade d'Israël peut être soit antisémite soit antisioniste ou anti-israélienne.
Dieudonné est-il antisémite?
Le mot juif possède (malheureusement!) un double sens: un peuple supposé* et/ou une religion. Autrement dit, quand Dieudonné s'en prend aux juifs, attaque-t-il un peuple supposé* ou une religion?
Ses propos sont sans ambiguïté: il s'en prend bien aux juifs en tant que peuple supposé*. Ce qui signifie qu'il s'agit bien d'antisémitisme (forme de racisme) et non d'antijudaïsme. Ce qui signifie que la comparaison avec l'anti-religionisme des Femens (dont l'antichristianisme se traduit par la profanation d'Églises catholiques) n'est pas justifiée.
Lorsque Dieudonné fait semblant dans son spectacle controversé "Le Mur" d'uriner sur le "mur des Lamentations" de Jérusalem, il attaque le judaïsme. Cela peut, certes, choquer des croyants (et pas seulement de confession juive) mais il en a tout autant le droit que Charlie Hebdo lorsqu'il caricature le pape.
Mais lorsque Dieudonné attaque le journaliste Patrick Cohen parce que juif**, il attaque bien quelqu'un en raison de son appartenance à un peuple supposé*. Il bascule alors dans le racisme, c'est-à-dire dans l'infraction pénale. Idem pour les "quenelles au système" de Dieudonné, dans la mesure où dans sa vision du monde "le système" est dominé par les juifs.
Bref, il n'y a pas "deux poids deux mesures" entre Dieudonné d'un côté et les Femens ou Charlie Hebdo de l'autre car il ne s'agit pas du tout de la même chose (attaque essentialiste contre un peuple supposé vs attaque existentialiste contre une religion)***.
D'où, encore une fois, une difficulté particulière avec le mot juif, qui désigne à la fois un peuple supposé* et une religion. Ce qui n'est pas le cas pour l'islam (rappel parfois utile: tous les arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes) ou pour le christianisme.
Sans oublier, enfin, la question de l'antisionisme: si l'antisionisme dissimule parfois l'antisémitisme, tous les antisionistes ne sont pas antisémites (certains juifs ultra-orthodoxes sont d'ailleurs antisionistes).
C'est sur toutes ces ambivalences que joue Dieudonné.
Comment Dieudonné est-il devenu antisémite?
C'est aux côtés d'Élie Semoun que Dieudonné M'Bala M'Bala s'est fait connaître en tant qu'humoriste. Dieudonné s'engage en politique en 1997, à gauche, en se présentant aux élections législatives contre le FN.
Parallèlement, il milite pour la reconnaissance du crime de l'esclavage. Un combat qui lui vaut les premières plaintes pour antisémitisme en raison de sa dénonciation d'un lobby juif dans ce qu'il considère comme une inégalité de traitement mémoriel entre l'esclavage et la Shoah.
Si toutes les religions ont été sa cible, Dieudonné va alors progressivement se focaliser sur le judaïsme puis sur Israël puis sur les juifs en tant que tels. Il ira même faire applaudir sur scène, en 2008, le négationniste Robert Faurisson. L'engagement politique de Dieudonné a pris une nouvelle dimension depuis les européennes de 2009, pour lesquelles il a conduit en Île-de-France la "liste antisioniste", qui a recueilli plus de 10% des suffrages exprimés dans certains quartiers populaires (25,4% dans un bureau de vote de Gennevilliers).
* J'écris "peuple supposé" car s'il s'agit bien d'un peuple historique, biblique, en France je ne connais politiquement que le peuple français (pour la même raison que pour la France les "roms" ne doivent pas juridiquement exister, seulement des ressortissants bulgares, roumains ou encore hongrois sans distinction, c'est-à-dire sans tenir compte des minorités ethniques reconnues en interne dans ces États).
** "Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... dommage", déclare notamment Dieudonné (source).
*** Autre différence: Dieudonné parle et Charlie Hebdo écrit alors que les Femens passent aux actes en profanant.
10:17 | Lien permanent | Commentaires (24) | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Article excellent ; il n'y a que "racisme" qui me gène , icelui étant un mot valise au contenu de plus en plus incohérent .
Peut être créer un terme avec le préfixe "miso" voire misansémite ?
Écrit par : patrice | 14 janvier 2014
le 1er article et avis non hystérique sur tout cela que je vois depuis le début, les pisses copies de chez Xerox ou Canon, devraient retourner a l'école de journalisme
j'ai trouvé un juste, dans ce tas d'injustes ou de collabo a un pouvoir aux abois
merci monsieur de Boissieu
Écrit par : Lucide | 14 janvier 2014
Dans le court retour historique sur le "basculement" de Dieudonné dans une rhétorique clairement antisémite, il serait peut-être judicieux de mentionner l'épisode du refus par le CNC de subventionner son projet de film sur l'esclavage et le "code noir" (de 1685), à la suite duquel il a explicitement repris la thèse du mouvement "Nation of Islam" désignant les juifs comme principaux responsables et acteurs de la traite négrière aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles.
Sinon, bon article, même s'il fait l'impasse sur le fait que, au moins depuis 1999, le créneau médiatique de Dieudonné est celui du "dissident censuré par les médias", et que les développements postérieurs à "l'affaire Dieudonné" de 2003 se situent en fait dans le prolongement logique aux événements antérieurs à cet emballement médiatique. Son jeu sur l'ambiguïté vis-à-vis de l'antisémitisme vient tout autant de l'adoption d'une véritable rhétorique antisémite (cf ses interventions médiatiques hors du cadre humoristique) que d'une stratégie commerciale menée en toute conscience.
Écrit par : Brath-z | 14 janvier 2014
@patrice. Merci. Ah, les mots! Je préfère pour ma part militer pour que le mot racisme conserve son sens, plutôt que d'essayer d'en lancer un nouveau, de mot.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
@Brath-z: j'avais effectivement en tête l'épisode du CNC, et hésité à le mentionner...
Je suis également d'accord sur le reste, mais ce qui m'intéressait c'était de citer brièvement le point alpha de son basculement antisémite, même si l'antisémitisme est ensuite devenu pour lui un fonds de commerce apparemment juteux...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
Voyez-vous Monsieur, moi aussi,des membres de ma famille furent déportés et brulés à DACHAU, qui en parle? personne. Et pourtant, ils furent CRAMÉS dans les fours parce qu' ils défendaient la France . Tous ceux qui hurlent comme des loups, s'ils jouissent de la vie dans un pays LIBRE, c' est bien grâce au sang versé des membres de ma famille. Nous n' avons rien de juif. Ma famille a la plus vieille racine de France, c' est la raison pour laquelle ses martyrs n' intéressent point certaine catégorie des français. Arrêtez, de grâce, de nous bassiner la tête par "antisémitisme, antiracisme". Pour votre information svp: le sémitisme est relatif à une RÉGION et non point à une religion. Tous les peuples du Proche-Orient, sont des SÉMITES QU'ILS SOIENT CHRÉTIENS OU MUSULMANS et les PALESTINIENS en sont les premiers. A présent, s' agissant de votre " supposé peuple" oui, vous avez raison. il n' y a pas de peuple juif , c'est une SUPERCHERIE et Dieudonné le comprit et en fut informé par les juifs eux-mêmes. Je vous invite à lire le livre de Shlomo SAND (historien juif): " COMMENT LE PEUPLE JUIF FUT INVENTÉ" vous comprendrez beaucoup de choses, surtout, Le Pourquoi ils s' acharnent contre un humoriste afin de pouvoir camoufler la vérité. Je ne suis aucunement raciste ni antisémite encore moins dieudonniste mais blessé(e) de voir mon pays traîné dans la fange.
Écrit par : L'olivier | 14 janvier 2014
@L'olivier. Les Français déportés pour résistance sont parfaitement connus. Il est faux de dire que "personne n'en parle". Par ailleurs, pour info: certains Français déportés pour résistance étaient également de confession juive.
Oui, pour le mot "sémite". Mais le fait est que le mot antisémitisme s'est émancipé de la notion de langues sémitiques pour désigner la persécution des juifs en tant que tels.
Enfin et surtout, je ne vois pas le lien entre trainer la France "dans la fange" et dénoncer le racisme (dont l'antisémitisme est une forme). Être Français n'est pas une race. Ne pas dénoncer le racisme, c'est donc trainer certains Français, et donc la France, "dans la fange". Bref, c'est être anti-français, anti-national.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
"Ne pas dénoncer le racisme, c'est (laisser) traîner certains Français, et donc la France, "dans la fange". Bref, c'est être anti-français, anti-national." Tout à fait d'accord. Bravo pour cet article.
Petite nuance, pour le "double sens" que vous attribuez au mot "juif", le terme "malheureusement" me semble malheureux. Le judaïsme est une religion étroitement liée à un peuple — nombre de blagues juives jouent sur cette dualité. Et le terme de "peuple" existe en-dehors de la constitution française. Il faut en matière sociologique, admettre que les mots ont un sens plus flou, et plus pluriel, qu'en mathématiques ou en droit (et encore, diront les mathématiciens et juristes). Je pense qu'aucun Roumain ou Bulgare, qu'il soit non-Rom ou Rom, ne nierait l'existence d'un peuple Rom et même d'une "nationalité" Rom, au sens où ce terme est employé en Europe centrale. Je vois mal pourquoi je refuserais la notion, aussi floue soit-elle, de "peuple" juif, au-delà des nationalités juridiques et notamment de celle d'Israël, même si cet Etat a été institué comme foyer national du peuple juif.
Écrit par : FrédéricLN | 14 janvier 2014
Non, justement, il est malheureux de chez malheureux qu'on ne puisse pas avoir un mot pour la religion et un mot pour le peuple historique, hébraïque. Je le regrette depuis très longtemps!
En Roumanie, en Bulgarie ou encore en Hongrie il existe en effet des minorités ethniques. Nous n'avons toutefois pas à en tenir compte en France, où nous devons nous en tenir à la nationalité internationale (roumaine, bulgare, hongroise etc.). Mais je sais que nous avons une divergence philosophico-politique de fond sur cette question.
Enfin, autre grande divergence de fond je pense, Israël est pour moi un État comme un autre et non le "foyer national du peuple juif", conception qui nourrit le discours antisémite sur la supposée "double allégeance" de nos compatriotes Français de confession juive.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
Vous avez oublié une étape importante de la radicalisation de Dieudonné: son sketch à la télé sur un colon Juif extrêmiste de la Bande De Gaza qui lui a valu les foudres du CRIF,licra et uejf.
En effet après ce sketch,pas très drôle mais pas antisémite à mon avis, il a subis des menaces,des agressions(y compris lorsqu'il était avec ses enfants),des annulations de spectacles,des appels au boycott, et au moins une agression GRAVE d'une petite fille et de son père qui étaient venus le voir à Lyon.Des extrêmistes juifs avaient surgi dans la salle du théâtre où il se produisait en balançant de l'acide sur les spectateurs(dont la petite fille) en proférant des menaces et des insultes négrophobes("Dieudonné,sale négro,les juifs auront ta peau" si ma mémoire est bonne).
Comme il a refusé de s'excuser pour ce sketch,il a été progressivement banni des médias.
Par la suite, il a continué dans la provocation en allant de plus en plus loin,en se radicalisant.
Ce petit rappel ne justifie en rien ses propos antisémites,son obsession juive,mais à mon avis cela permet de comprendre la mécanique de la radicalisation:cette dernière doit se lire en miroir avec la radicalité du camp d'en face.
Écrit par : Lina | 14 janvier 2014
Je suis (cette fois!) d'accord avec vous. Cela fait en effet partie des éléments que j'aurais pu ajouter (tout comme l'épisode du CNC). Je considère toutefois que ce sketch, s'il a marqué une première diabolisation de Dieudonné, était sur la ligne jaune ou blanche ou rouge (vous résumez bien: "pas très drôle mais pas antisémite à mon avis"). Cela aurait pu être un sketch limite mais isolé. C'était en réalité les prémices de son évolution vers l'antisémitisme. Avec l'effet "miroir" que vous mentionnez dans sa radicalisation progressive.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
Vous dites:"Bref, il n'y a pas "deux poids deux mesures" entre Dieudonné d'un côté et les Femen ou Charlie Hebdo ".
Mais la question n'est pas seulement la comparaison entre Dieudonné et les actions des FEMEN et de Charlie Hebdo,mais plus généralement le traitement des différentes formes de racisme en France par les médias,les politiques et éventuellement les institutions de l'Etat.
Qui peut nier aujourd'hui qu'il n'y a pas une hiérarchie dans la lutte contre le racisme?
Certaines formes de racisme sont combattues de manière plus "énergique" par les politiques,dénoncée plus fortement par les médias,les "intellectuels" ,les journalistes,alors que d'autres racismes,souvent plus répandus, sont ignorés voire encouragés.
Que les choses soient bien claires:personnellement j'exècre Dieudonné et je le considère comme un véritable antisémite notamment depuis qu'il est influencé intellectuellement par Alain Soral.
Mais je considère aussi que son succès populaire ,que je déplore, est un symptôme des maux qui rongent notre société dont celui de la hiérarchie entre différentes formes de racisme.
Écrit par : Lina | 14 janvier 2014
"Qui peut nier aujourd'hui qu'il n'y a pas une hiérarchie dans la lutte contre le racisme?"
Beaucoup de monde va être d'accord avec cela, mais sans penser à la même!
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
J'aimerai tout de même rappeler que la religion juive trouve sa base dans une notion tout ce qu'il y a de plus raciste. Le peuple élu. Comment renier une élection divine? D'après leurs propre texte et parole sacrées les juifs seraient donc élus par dieu lui même. Qui oserait alors s'y attaquer? Ne pas mélanger le sang garder la race juive pure ( très très peu de synagogues accueillent des convertis de façon reguliere). Le problème est donc encore et toujours cette connerie de religion ou chacun se croient plus sacre que l'autre. Ces concepts sont censés de fondre dans la république laïque sauf que sauf que enlevons nos œillères et admettons que la communauté juive religieuse et/ou sioniste est très puissante en France et que tenter de dénoncer l'abus qu'ils font des libertés de la république sous des prétextes religieux à peine masque est devenu impossible.
Écrit par : Paulj | 14 janvier 2014
Pour info, le christianisme ("nouvelle alliance") reconnait le peuple hébreux comme le "peuple élu" ...de la "première alliance". Je ne connais pas suffisamment le judaïsme pour vous répondre sur les conversions.
Quoi qu'il en soit, la fin de votre message témoigne d'une vision du monde proche de celle de Dieudonné... Bref. Mais qu'entendez-vous par "abus qu'ils [les juifs] font des libertés de la République"?
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 janvier 2014
"Beaucoup de monde va être d'accord avec cela, mais sans penser à la même!"
C'est vrai que beaucoup de gens jugent selon leur propre vécu,histoire,mais il y a quand même des faits objectifs.Tout n'est pas question de jugement personnel.
Je crois qu'on peut dire que le racisme anti-Rom est quand bien beaucoup plus "toléré","accepté" que l'antisémitisme,non?
Écrit par : Lina | 14 janvier 2014
@ Laurent de Boissieu
Tout à fait d'accord avec l'ensemble de votre billet. En plus vous m'avez fourni une réponse à copier-coller directement pour le blogueur Descartes, qui ne semblait pas vouloir faire de hiérarchie entre les Femens et Dieudonné.
http://descartes.over-blog.fr/2014/01/lorsqu-ils-sont-venus-chercher-dieudonn%C3%A9.html
Le double sens du mot "juif" est en effet un problème. Il me semble que le problème remonte à l'apparition de l'antisémitisme moderne et du sionisme qui était comme une réponse à celui-ci, à la fin du XIXè en Europe. Le sens de peuple supposé est apparu dans l'esprit malade des antisémites, avant d'être repris par le nationalisme sioniste qui a bâti son roman national là-dessus. Un siècle et demi et bien des crimes plus tard, ça reste un problème pour Israël et pour le débat en général.
De mon côté je prends le parti d'utiliser "juif" dans un sens exclusivement religieux, et pour ce qui est du peuple je me contente du peuple israëlien qui, lui, est une réalité car il existe bien une nation israëlienne avec son Etat, sa langue, sa culture etc. (et ses bombes atomiques). Je pense qu'il n'y a aucune raison de reprendre un concept issu d'une idéologie qui a été le déshonneur criminel de l'Europe. Et tant pis si les Israëliens, ou les amis d'Israël, le prennent mal dans la mesure où le sionisme a repris ce concept à son compte. De toute façon je ne pense pas que l'on rende service à Israël en encourageant ses citoyens et ses dirigeants à se complaire dans leur rêve (ou leur fantasme) d'"Etat juif". On voit bien où ça mène. Un peu de prosélytisme laïc ne peut pas faire de mal. Et puis à mes yeux cela fait partie de la vocation universaliste de la France.
Écrit par : Joe Liqueur | 14 janvier 2014
Sur l'ambiguite du nom 'juif' et le sens du sionisme : contrairement a ce qui a ete ecrit plus haut, les Juifs constituent bel et bien un peuple, ni plus ni moins 'artificiel' que tous les autres peuples de la terre Ils constituent un peuple car pour leur ecrasante majorite ils se considerent comme tels, independemment de leur degres de croyance ou de pratique religieuse Je suis moi meme agnostique, ce qui ne m'empeche pas le moins du monde de me considerer comme appartenant au peuple juif
Et en tant que peuple , les Juifs ont droit a l'auto-determination, et donc a un Etat . Tout comme les autres peuples du monde, Palestiniens y compris d'ailleurs.
Le droit du peuple juif a la liberte collective, et donc a l'independance politique, et donc a un Etat-nation : c'est cela le sionisme. Et parmi les 'sionistes'', donc ceux qui croient en ce droit elementaire, vous trouverez des personnes de toute tendance ideologique.
Écrit par : Simon E | 15 janvier 2014
@Simon E: à mes yeux votre conception nourrit l'antisémitisme, c'est-à-dire l'idée que les citoyens de confession juive d'un État n'appartiennent pas au peuple de cet État mais à un autre peuple, le supposé peuple juif.
Pour le reste, je suis en théorie antisioniste mais pas en pratique. Je m'explique. Je suis en théorie antisioniste car l'idée d'un État religieux juif m'est aussi insupportable que celle d'un État chrétien ou d'un État musulman. Mais l'horreur absolue et spécifique de la Shoah a historiquement justifié l'acceptation de cette "réparation": la création d'un État juif en Palestine. En pratique, je ne suis donc pas antisioniste.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 15 janvier 2014
"Mais l'horreur absolue et spécifique de la Shoah a historiquement justifié l'acceptation de cette "réparation": la création d'un État juif en Palestine."
C'est beau la "réparation" d'un crime EUROPEEN avec la terre et le sang des PALESTINIENS...
Écrit par : Lina | 15 janvier 2014
Le projet d'un Etat Juif en Palestine est antérieur à la Shoah.
Écrit par : Lina | 15 janvier 2014
"Le projet d'un État Juif en Palestine est antérieur à la Shoah": je sais bien! Mais pas de concrétisation sans Shoah.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 janvier 2014
Vous dites:"Mais pas de concrétisation sans Shoah".
Personne ne peut dire ce qu'aurait été l'histoire sans l'extermination des Juifs en Europe.Mais ce qui est certain c'est qu'il existait déjà un quasi-Etat juif en Palestine avant la Shoah.Une entité politique possédant des attributs essentiels d'un Etat.
En 1948, la "communauté internationale"(en réalité l'Europe,les USA et l'URSS) a RECONNU un Etat qui existait déjà dans les faits,sur le terrain, elle ne l'a pas CREE.
Écrit par : Lina | 18 janvier 2014
Puisque vous avez fermé les commentaires sous l'article concernant le voile,la laicité et circulaire Chatel ,je tenais à répondre à vos derniers commentaires ici.
Car c'est un sujet qui me tient à coeur.
Vous dites:"De même que le lien entre le port du voile et l'intégrisme (il suffit de regarder l'évolution de la législation et de la pratique du port du voile dans des États aussi divers que la Turquie, l'Égypte ou la Tunisie: son port diminue dans les périodes de Lumière, il augmente dans les périodes d'obscurantisme)."
Il s'agit d'une phrase extrêmement insultante pour toutes les femmes qui ont souffert sous des dictatures ignobles que vous appelez "périodes de Lumière"!
Les femmes Turques violées dans des prisons militaires , assassinées,privées d'enseignement à l'université,exclues du monde universitaire et du monde du travail, sous la junte militaire "laique"(sic!) seront ravies d'apprendre qu'elles ont vécu dans une "période de Lumière".
De même pour les militantes des droits de l'Homme en Tunisie,régulièrement violées dans des commissariats de police, sous les dictatures ignobles de Bourguiba et de Ben Ali, pour avoir par exemple simplement dénoncé la corruption de ces régimes.
Monsieur, le caractère progressiste d'un régime,d'une période,d'un pays,ne s'analyse pas de manière aussi superficielle.
Toutes les études le prouvent:les femmes Turques n'ont jamais été aussi éduquées(enseignements secondaire et supérieur),aussi engagées sur le marché du travail, en politique,aujourd'hui sous un régime "islamiste" que sous un régime militaire liberticide et dictatorial dont les premières victimes furent souvent des femmes.
D'ailleurs,je me félicite que le gouvernement de Monsieur Erdogan ait supprimé les derniers vestiges liberticides de ce régime militaire en autorisant toutes les femmes(qu'elles soient voilées ou non) à intégrer la fonction publique, l'enseignement supérieur ou encore le monde politique.
Il s'agit incontestablement d'un pas en avant vers plus de démocratie et de liberté pour un pays qui étouffait sous le règne d'une junte militaire au nom d'une soit disant laicité qui a permis tous les abus(atteintes aux droits de l'Homme,coups d'état militaires,etc).
Toutes les organisations des droits de l'Homme l'ont d'ailleurs interprété de cette manière,sauf bien sûr en France.
Mais la France est de plus en plus seule sur la scène internationale en défendant les vestiges liberticides d'un régime dictatorial au nom de "la laicité et des droits des femmes.
Il y a de moins en moins de monde qui peut comprendre qu'il s'agit d'un progrès,d'une "période de Lumière" lorsqu'on interdit à une jeune fille d'aller à l'université parce qu'elle porte un voile sur la tête.
Enfin que vous défendiez une version extrêmement restrictive (et falsifiée)de la "laicité" en France, je peux le comprendre(sans y adhérer),mais s'il vous plaît cessez d'analyser l'histoire d'autres pays avec des lunettes idéologiques franco-françaises.
Parce que ce qui semble pour VOUS une "période de Lumière" est plutôt le règne de l'obscurité et le déni de droits les plus élémentaires pour d'autres.
Écrit par : Lina | 18 janvier 2014