Les nouveaux territoires du FN (24 avril 2012)
Les plus grandes progressions du vote FN entre les présidentielles de 2007 et de 2012 s'effectuent dans des départements où le FN est historiquement fort (Var, Vaucluse, Oise, Gard, Alpes-Maritimes, etc.). Il s'agit donc en quelque sorte d'une remise à niveau après le trou d'air de 2007 (10,44% à l’échelon national):
Plus intéressant est donc de comparer la progression du FN entre les présidentielles de 2002 (16,86%) et de 2012 (17,90%), lors desquelles le père et la fille ont obtenu des scores très proches. Voici donc la carte inédite des nouveaux territoires du FN:
(cartes en complément de mon article publié dans La Croix: De Jean-Marie à Marine Le Pen).
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Commentaires
Le FN est de plus en plus présent en France, c'est un fait.
Écrit par : Jumbo | 25 avril 2012
Il est vrai que nous sommes passés du père à la fille, mais je pense tout de même qu'il est difficile d'oublier tout à fait le score de Mégret qui, malgré son caractère assez réduit, a amplifié le vote d'extrême droite en 2002.
En l'absence de l'ancien député RPR de l'Isère et vice maire de Vitrolles, il est même probable que JMLP serait arrivé devant Chirac ou presque en 2002...
Ensuite, constatons aussi que l'influence du FN s'est réduite de manière très sensible en région Parisienne, sauf en Seine et Marne et singulièrement dans les cantons de ce département qui 'sentent"' déjà la province...
Une évolution des faits depuis 1988 aurait quelque intérêt, me semble t il, ne serait ce que pour montrer que les zones de force du FN ont déjà varié depuis son irruption dans le débat politique aux européennes de 1984...
Écrit par : vudeloin | 26 avril 2012
J'avais eu le sentiment que le FN et d'ailleurs tous les candidats avaient tendance à "homogénéiser" leurs résultats, ce qui apparaît assez clairement au niveau départemental. Avec cette carte où on constate qu'à l'exception du nord l'essentiel des gains forts se fait dans les anciennes "terres de mission" de l'ouest et que les gains faibles voire les pertes se font dans l'est où le vote FN était déjà fort auparavant, j'ai une confirmation de cette intuition.
Écrit par : Brath-z | 27 avril 2012
C'est une question tout à fait essentielle et qui (je pense que notre blogueur Laurent de Boissieu en sera d'accord) appelle au moins deux observations
1 est ce que le vote FN s'articule de manière différente et plus diffuse aujourd'hui, connaissant à la fois un renforcement relatif de son influence là où il était plus faible et un affaiblissement relatif là où il a pu avoir une certaine influence (je connais un quartier de la ville où j'habite où il est passé de 33 à 9 % entre 1988 et 2012) ?
2 comment se comporte t il vis à vis de la droite disons classique ?
Mon impression est qu'il se renforce d'autant de la baisse de la droite parlementaire, ce qui nécessite une réflexion sur les modes de production des comportements politiques...
a suivre
Écrit par : vudeloin | 27 avril 2012
Laurent emploie ici, comme on le fait habituellement, des cartes départementales.
Je ne crois pas que ces cartes reflètent de manière pertinente le vote FN.
Lorsque je regarde les résultats de plusieurs départements, je vois une différence majeure entre les grands centres urbains et les zones périphériques. La cassure entre la France prospère et la France qui doute est bien entre les grandes villes dynamiques et leur périphérie immédiate d'une part, et les zones rurales ou désindustrialisées d'autre part.
Dans les premières, le FN progresse à peine, voire régresse franchement; ainsi, à Nantes, il passe de 8,85% en 2002 (JMLP) à 7,8% en 2012 (MLP). A Paris, MLP ne fait plus que 6,2% des voix quand son père faisait 9,35% il y a 10 ans.
A Lyon, le FN passe de 15,1% à 9,9%.
A Strasbourg, on est à 11,86% contre 17,16% il y a dix ans.
Il n'y a que dans les grandes villes du Sud-Est que le FN progresse: une progression de 3 points à Toulon certes, mais surtout -1 point à Aix, -2 points à Marseille, -3,5 points à Nice.
C'est cela qui est frappant, et que ne reflète pas les cartes départementales.
Écrit par : Alex | 27 avril 2012
Un aspect intéressant, Alex, puisqu'effectivement, nous pourrions descendre à l'échelon de l'arrondissement ou du canton, mais cela contraindrait sans doute Laurent de Boissieu à des cartes plus précises encore...
Toujours est il qu'il ne faut aucunement oublier la question du vote Mégret en 2002 dont on peut légitimement penser qu'il s'agrégeait au vote Le Pen.
Il me semble donc nécessaire de comparer Le Pen 2012 avec l'ensemble Le Pen + Mégret 2002 pour avoir une idée plus précise des choses.
Résultat provisoire : il y a une perte sur l'Ile de France (qu'il convient évidemment de mesurer de manière départementale ensuite, vu la différence entre la Seine et Marne et Paris) qui est aussi une perte en voix (7 000 voix de moins en 2012 sur les huit départements de la Région) et il y a aussi un affaissement sur Languedoc Roussillon, où Marine Le Pen fait 23,4 % là où son père et Mégret faisaient 24,9 %.
Une perte d'influence au profit de la gauche qui gagne 1,1 point et de l'UMP qui progresse de 0,6 point.
Écrit par : vudeloin | 27 avril 2012
Oui, tout à fait, on ne va pas exploiter Laurent jusqu'à le faire travailler au niveau du canton :))
Mais pour moi cette cassure entre les zones urbaines et les zones "oubliées" (pour simplifier) est vraiment l'enseignement majeur du vote Le Pen en 2012.
Dans la mesure où le FN peut reculer fortement dans les endroits dynamiques, cela me conforte dans l'idée que si on veut lutter contre le Front National, la première réponse est économique, avant d'être sociale, culturelle, etc... Et c'est bien dans le domaine de l'économie que tous les gouvernements ont échoué depuis 30 ans.
Écrit par : Alex | 27 avril 2012
Bonjour, étant en train de réaliser d'autres cartes (départementales...), je n'ai pas le temps de participer à ces échanges, dont je partage la teneur. Je possède les résultats par canton et les cartographier ne me demanderait pas trop de travail: le souci c'est que je ne dispose pas de carte vectorielle des cantons (ni, d'ailleurs des circonscriptions législatives, alors que je possède de nombreuses données exploitables!).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 27 avril 2012
Cher Laurent de Boissieu,
Comme on ne va pas forcément descendre au niveau du canton (même si j'ai quelques idées sur la manière dont les 4 000 et quelques cantons de notre beau pays sont répartis au sein des 577 circonscriptions législatives), mais qu'on a déjà quelques éléments, je mettrais en ligne un petit calcul des évolutions 2002 - 2012 sur nos régions administratives...
Écrit par : vudeloin | 28 avril 2012
Pour information, je ne sais pas si le FN est présent à peu près partout en France mais, au regard du score de Le Pen et Mégret en 2002, il ne connaît pas d'accroissement de son influence dans certaines régions depuis dix ans, même si la chute de 2007 laisse penser à une progression cette année.
Par rapport à 2002, le FN perd quatre points et plusieurs milliers de voix en Ile de France (avec d'évidents contrastes), cinq points en Alsace (au profit de la droite parlementaire), deux points en Franche Comté, un point et demi en Languedoc, trois points et demi en PACA et quatre points en Rhône Alpes...
Les régions où le FN progresse sur l'extrême droite en 2002 sont en général marquées par une baisse, le plus souvent plus importante, du score de la droite parlementaire.
Écrit par : vudeloin | 30 avril 2012