Une partie du centre-droit retrouve François Bayrou (17 septembre 2011)
Des personnalités issues de l'UDF mais n'ayant pas fait en 2007 le choix du MoDem participent ce week-end à son université de rentrée
Alors que s'ouvrait vendredi l'université de rentrée du MoDem à Hyères (Var), François Bayrou affiche sa bonne forme. Son livre (2012, état d'urgence, Plon) est un succès de librairie avec 35.000 exemplaires vendus. Et la crise des dettes publiques semble donner raison à celui qui en a fait depuis longtemps une de ses priorités. Dans les sondages, le troisième homme de 2007 demeure certes encore loin du trio de tête. Mais, à égale distance de l'élection présidentielle, il se situe exactement aux mêmes niveaux qu'en septembre 2006, à savoir entre 6 et 8% des intentions de vote. Ce qui ne l'empêcha pas, sept mois plus tard, de réaliser la performance de 19%.
"Bayrou ne capitalise pas sur son score de 2007: parmi ses électeurs d'alors, seul un sur trois déclare une probabilité forte de voter pour lui en 2012", tempèrent cependant les chercheurs Bernard Denni, Nonna Mayer et Vincent Tiberj dans une enquête réalisée cet été par la Sofres (1) pour les centres de recherche de trois Instituts d'études politiques (Paris, Grenoble, Bordeaux).
Cette étude, qui permet également de dégager la vulnérabilité et l'attractivité des candidats, montre que François Bayrou est davantage menacé sur sa gauche que sur sa droite: plus de la moitié de ses électeurs potentiels sont également électeurs potentiels de François Hollande (54%) ou Martine Aubry (52%). À l'inverse, le candidat centriste menace peu les autres candidats: seuls 23% des électeurs potentiels d'Eva Joly (malgré de réelles convergences avec des personnalités comme Daniel Cohn-Bendit ou Laurence Vichnievsky), sur sa gauche, et de Jean-Louis Borloo, sur sa droite, se déclarent aussi électeurs potentiels de François Bayrou. Ces chiffres montrent en tout cas que la rupture du président du MoDem avec la droite est désormais bien ancrée dans l'esprit des électeurs.
Aujourd'hui, c'est pourtant vers la droite que l'ancien président de l'UDF cultive en public ses contacts. "L'étape actuelle de la recomposition d'un centre solide passe par le retour de gens qui se sentaient au centre-droit", théorise un de ses proches. Participent en effet à cette université de rentrée Pierre Méhaignerie (vice-président du conseil national de l'UMP), Jean Arthuis (président de l'Alliance centriste), Bernard Bosson, Anne-Marie Idrac et Pierre Albertini (2). De fait, il lui faut également reconquérir l'électorat de centre-droit, qui était historiquement le sien mais au sein duquel il est actuellement concurrencé par Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin.
Parmi les autres invités figurent notamment "des compagnons de route dont on disait qu'ils s'étaient éloignés", comme Jean-François Kahn ou Jean Peyrelevade. Ancien vice-président du MoDem, ce dernier est le seul à véritablement incarner ce week-end le centre-gauche, puisqu'il a apporté son soutien à François Hollande. "La primaire du PS a gelé la venue de personnalités de centre-gauche socialistes ou radicales de gauche", regrette toutefois un dirigeant du MoDem, citant les noms de François Hollande, Manuel Valls, Vincent Peillon ou encore Hubert Védrine. Seul ce dernier aurait toutefois été officiellement contacté.
Laurent de Boissieu
La Croix, 16/09/2011 (version plus longue que celle publiée)
(1) Enquête réalisée les 6 et 7 juillet auprès d'un échantillon représentatif de 1 009 personnes.
(2) Bref rappel de leur parcours politique:
Jean Arthuis: UDF -> Bayrou 2002 -> UDF -> MoDem (2007) -> Alliance Centriste (2008)
Pierre Albertini: UDF -> retrait vie politique (2007)
Bernard Bosson: UDF -> Chirac 2002 -> UDF -> retrait vie politique (2007)
Anne-Marie Idrac: UDF -> Bayrou 2002 -> UDF -> retrait vie politique (2002) -> Nouveau Centre (2009)
Pierre Méhaignerie: UDF -> Bayrou 2002 -> UMP (2002)
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Commentaires
Entre une campagne du PS qui se joue de plus en plus sur le centre-gauche, un centre-droit qui s'unifie autour de l'ARES, le moment ne semble guère propice à ce qu'un centre indépendant se manifeste autrement que comme acteur de second voire troisième ordre.
Une fois de plus, la stratégie de François Bayrou est la bonne : ne pas trancher entre le centre "troisième pôle" et le centre "convergence des deux pôles" afin de ratisser le plus large possible pour l'élection hors-norme qu'est la présidentielle, afin de tenter la constitution d'un "centre-pilier" tout en gardant ouverte la possibilité d'un "centre-pivot" en cas d'échec. Reste à savoir si la force d'attraction personnelle du candidat François Bayrou arrivera à réunir les conditions nécessaires à ce succès en 2012.
Écrit par : Brath-z | 17 septembre 2011
Désolé pour le double-post, je tiens seulement à préciser que je ne pense pas que même en cas d'élection de F. Bayrou en 2012 il puisse être envisager la naissance d'un "centre-trait d'union". Je crois cette formule (qui grosso-modo consisterait à faire une union gouvernementale recouvrant l'intégralité du "cercle de la raison" réunie autour du centre) absolument incompatible avec l'état d'esprit français et les institutions de la Vème République.
Écrit par : Brath-z | 17 septembre 2011
La décomposition du sarkozysme ouvre des opportunités, la montée en puissance du souverainisme donne une chance au centre d'être très important pour le PS. Je ne vois rien d'autre mais ma culture politique est limitée.
Écrit par : jardidi | 20 septembre 2011