Dominique de Villepin est-il pour la préférence nationale? (14 avril 2011)
J'ai assisté ce matin à la présentation par Dominique de Villepin de son projet "pour une société de dignité" (article demain dans La Croix).
Une interrogation mérite toutefois d'être soulevée. La proposition phare de l'ancien premier ministre chiraquien est l'instauration d'un "revenu citoyen de 850€ pour les personnes sans ressources et dégressif pour les personnes aux revenus inférieurs à 1.500€", qui se substituerait aux allocations sociales existantes (revenu de solidarité active, allocation de solidarité spécifique, prime pour l'emploi, allocation de solidarité aux personnes âgées, allocation personnalisée d'autonomie, allocation de rentrée scolaire, etc.).
Or, ce "revenu citoyen" serait réservé aux "citoyens français majeurs". Ce qui signifie que les étrangers en situation régulière, qui perçoivent actuellement les allocations sociales, s'en trouveraient de fait exclus à travers une sorte de "préférence nationale" non assumée.
À moins que des droits sociaux équivalents ne fassent partie du "titre de séjour unique et progressif comportant des devoirs et des droits". Mais, pour l'instant, le projet villepiniste ne le dit pas.
[Ajout du 19 avril: les allocations sociales seraient conservées pour les étrangers ainsi que pour les Français qui refuseraient la contrepartie du revenu citoyen, à savoir "l'engagement moral de poursuivre une activité: travail, formation, bénévolat associatif, engagement politique ou syndical, création artistique"]
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Commentaires
L'idée d'un revenu citoyen est intéressante si elle n'est pas le masque d'une forme particulière de libéralisme (Hayek était pour une allocation de ce type). Elle est proposée depuis de années par le FRS/PCD. La question de son financement paraît quasi insoluble...
Sur la question de la nationalité, il faut ajouter que cela ne serait pas conforme au droit communautaire...
Écrit par : nicolas | 14 avril 2011
Christine Boutin propose effectivement un "dividende universel" fixé à 400€ seulement - contre 850€ pour le "revenu citoyen" de Dominique de Villepin - afin de ne pas "encourager l'oisiveté et discréditer le goût de l'effort".
Sinon, en quoi la préférence nationale ne serait-elle pas "conforme au droit communautaire"? Une "préférence européenne" (non-discrimination entre nationaux et ressortissants de l'Union européenne) le serait-elle?
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 avril 2011
Mouais, cela ouvre la porte à l'esclavagisme des temps modernes, "librement" consenti.
Ensuite, un peu inquiète nos finances n'étant pas au beau fixe, loin de là.
De plus limite pétainiste ces propositions^^^.
Enfin bon bref
Écrit par : Martine | 14 avril 2011
C'est difficile de concilier le tout autant que c'est difficile pour le français moyen d'arriver à la fin du mois. Si vous souhaitez vous exprimez sur le sujet, je vous invite sur les facettes de l'adhésion par déclamation pour en discuter.
Écrit par : Cervera Gaëlle | 18 avril 2011
Il faudrait cesser de penser qu'à partir du moment ou la préférence nationale est prônée ce serait du racisme déguisé. Il est évident que celle-ci devrait être appliquée dans notre pays, d'autres le font. En outre, il est à noter qu'à partir de 1893 des débats eurent lieu à la Chambre des députés afin de privilégier l'embauche d'employés français (taxes sur les ouvriers étrangers). Jaurès avait d'ailleurs voté l'une d'entre elles.
Écrit par : L'indépendant | 21 avril 2011
Personne n'a écrit ici que c'était du racisme, et la préférence nationale n'en est effectivement pas (sauf bien entendu pour ceux qui défendent une conception raciale de la nation). Dire cela, c'est être honnête intellectuellement, ce n'est pas forcément être 1) pour la préférence nationale 2) pour la préférence nationale telle que la propose le FN.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 21 avril 2011