Bilan des élections cantonales pour le MoDem (31 mars 2011)

Le MoDem n'a pas beaucoup fait parler de lui aux élections cantonales. Quelques jours après le second tour, ses dirigeants affichent pourtant leur satisfaction. "Nous voyons nettement progresser le nombre de nos nouveaux conseillers généraux: ils sont désormais 32 élus MoDem et sympathisants MoDem contre 12 sortants", énumère Yann Wehrling, son porte-parole. "Ces résultats favorables valident notre choix de respecter les réalités locales et de soutenir des candidats à la fois ancrés et prometteurs", insiste-t-on au siège du parti centriste.

Une satisfaction qui tranche avec les résultats délivrés par le ministère de l'Intérieur. En nombre de sièges, la Place Beauvau ne comptabilise en effet que 16 conseillers généraux MoDem (2 au premier tour et 14 au second). Selon les statistiques officielles, les 237 candidats du parti auraient en outre récolté 111.806 voix, soit 1,22% en moyenne nationale au premier tour (1). Mais les proches de François Bayrou s'élèvent contre "le mode de calcul trompeur utilisé par le ministère de l'intérieur, qui consiste à rapporter nos voix à l'ensemble des 2026 cantons renouvelables". En rapportant les voix du MoDem aux seuls 237 cantons où il était présent, il aurait obtenu en moyenne 8,73% au premier tour. Il n'empêche, le nombre de candidats présentés par une force politique dit tout de même quelque chose sur son implantation locale et sur sa force de frappe. Même si Yann Wehrling avance que "c'était pour le MoDem un choix stratégique de ne pas présenter des candidats partout mais uniquement dans les départements où il était bien implanté".

D'après les pointages de La Croix, la réalité en nombre d'élus est entre les deux: une vingtaine de conseillers généraux authentiquement encartés au MoDem contre une dizaine d'ex-UDF aujourd'hui plus ou moins proches du MoDem. Parmi lesquels Jean-Jacques Weber, ancien président du conseil général du Haut-Rhin (1988-1998) et ami de François Bayrou. Ou encore Alain Lauriou, revendiqué à la fois par le MoDem et par le Nouveau Centre d'Hervé Morin!

Dans le Rhône, dont le président du conseil général est Michel Mercier, ministre de la justice "en congé du MoDem", le parti de François Bayrou revendique deux réélus: Jean-Luc Da Passano, qui appartient à la majorité départementale (groupe centristes et démocrates pour le Rhône), et Thomas Rudigoz, qui siège, lui, dans l'opposition départementale (groupe radical, écologiste et démocrate). Le premier est étiqueté divers droite par le ministère de l'intérieur, le second divers gauche. Pas facile pour les électeurs de s'y retrouver...

De fait, le MoDem s'interroge depuis les élections municipales de 2008 sur son attitude à adopter aux élections locales. Difficile en effet d'incarner un centre d'opposition à la majorité nationale de droite tout en étant presque partout allié localement avec la droite, sauf dans quelques municipalités (Montpellier, Grenoble, Dijon...) et à La Réunion. "Les élections cantonales sont une somme de particularités locales, répond Yann Wehrling. N'en tirons pas des enseignements nationaux tronqués." Une posture qui arrange bien le parti centriste, mais qui correspond également à ses convictions décentralisatrices.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 30 mars 2011

(1) Le ministère de l'Intérieur compte en réalité 238 candidats, mais j'ai retitré les voix d'un candidat Gauche Moderne avec suppléante MoDem.

Répartition selon le ministère de l'Intérieur des élus revendiqués par le MoDem:

MODM 16 32
DVD 9
M-NC 2
M 2
AUT 2
DVG 1

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