Immigration: Marine Le Pen dans la continuité lepéniste (22 février 2011)

Retour aux fondamentaux pour Marine Le Pen, qui présentait mardi sa politique "contre l'immigration". Une présentation qui "trouve son actualité dans les événements inquiétants qui se produisent ces jours-ci en Italie", la nouvelle présidente du FN qualifiant d'"éclaireurs d'une nouvelle vague migratoire gigantesque" les "milliers de clandestins tunisiens - et demain libyens, égyptiens, algériens ou marocains - qui débarquent sur les côtes italiennes et commencent à s'installer en France".

La fille de Jean-Marie Le Pen a demandé "un moratoire stoppant toute immigration en cours" et prôné un durcissement des conditions d'accès à la nationalité française ainsi que d'entrée et de séjour des étrangers: "arrêt immédiat du regroupement familial", contrat de travail "exclusivement à durée déterminée" pour l'immigration professionnelle, "reconnaissance d'une validité de dix ans aux titres de séjour en cours et invitation à quitter le territoire pour les cartes arrivant à expiration au fur et à mesure de leur péremption", etc.

Seule nouveauté: le rejet de fait de l'objectif d'une "immigration zéro", remplacé par celui de "réduire l'immigration régulière à 10.000 par an", perçu comme le "seuil incompressible permettant une immigration très qualifiée dans des secteurs où nous manquons réellement de compétences". Tout en précisant qu'il s'agira de "privilégier l'immigration européenne". Un même ethnicisme voire racialisme inspire d'ailleurs la présidente du parti d'extrême droite lorsqu'elle dénonce dans la politique "UMPS" de l'immigration "un processus fou dont on se demande s'il n'a pas pour objectif le remplacement pur et simple de la population française".

Marine Le Pen a également proposé la suppression de tous les droits sociaux ouverts aux étrangers, qu'ils soient en situation régulière ou irrégulière, "parce qu'un clandestin sait qu'il a aujourd'hui une bonne chance d'être régularisé, d'avoir un jour des papiers et donc d'en bénéficier". Le but est de casser toutes les "pompes aspirantes de l'immigration" en les réservant aux seuls Français, conformément au principe de la préférence nationale: allocation de chômage (les cotisations des travailleurs étrangers servant à payer le "retour au pays des chômeurs étrangers"), revenu de solidarité active, allocations familiales, aide sociale aux personnes âgées, accès au logement social, aide médicale d'État, obligation scolaire, etc.

Enfin, la présidente du FN lance un appel à connaître "la part des étrangers et personnes d'origine étrangère" dans les prisons et dans les auteurs de crimes et délits. Cette demande de statistiques ethniques constitue une rupture avec le principe républicain d'égalité des citoyens sans distinction d'origine. Du reste, en parlant depuis des années de "Français de souche", l'extrême droite a été la première à opéré un tri entre les citoyens français en fonction de leur origine, avant même que les notions de "diversité" ou de "discrimination positive" n'émergent dans le débat politique.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 22 février 2011 (version un peu plus longue que celle publiée sur papier)

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