Jean-Louis Borloo recoiffe Marianne (10 décembre 2010)
Mon petit bilan du "dîner de la République" de Jean-Louis Borloo:
Sur la forme:
- ambiguïté sur la nature de l'évènement: réunion politique ou colloque sur la loi de 1905? Certains étaient venus pour le premier aspect, d'autres exclusivement pour le second.
- il s'agissait donc davantage pour Jean-Louis Borloo d'un test (réussi) de notoriété personnelle que de capacité de mobilisation politique.
Sur le fond:
- discours très ferme et courageux contre "le communautarisme et l'intégrisme", pour le modèle républicain français d'intégration et de citoyenneté, c'est-à-dire contre le multiculturalisme et pour l'assimilation ("la République demande à chacun d'entre nous de mettre de côté nos origines, nos appartenances").
- pour le reste: proclamation par Jean-Louis Borloo de valeurs consensuelles (la République, le progrès, la justice, l'égalité, la fraternité) sans en donner sa propre définition, c'est-à-dire sans prendre le risque de cliver.
- mais peut-on parler de laïcité "parfois menacée" sans évoquer la "laïcité positive" (antilaïque) de Nicolas Sarkozy? Peut-on parler de fiscalité républicaine en s'interrogeant sur le concept même de niche fiscale ("n'est-il pas, pour l'essentiel, étranger à la conception républicaine de la fiscalité?") sans dénoncer la tendance, depuis 1993, à la remise en cause de la progressivité de l'impôt (remise en cause dont Jean-Louis Borloo fut solidaire en tant que membre de gouvernements qui y ont participée)?
La petite phrase:
- "Oui, les conservateurs ont l'air raisonnable, sérieux, bien coiffés. Mais en réalité, ce sont eux qui ne sont pas raisonnables. Ce sont eux qui ne sont pas professionnels. Car un professionnel s'adapte toujours au progrès et au mouvement".
- cette petite phrase visait implicitement François Fillon, que Jean-Louis Borloo ambitionnait de remplacer à Matignon; il s'agit en quelques sortes de la réponse de Jean-Louis Borloo aux attaques implicites de François Fillon, le 4 novembre dernier, en plein débat sur le choix du Premier ministre.
P.S.: me recevant auparavant, avec une quinzaine de confrères, au siège du Parti radical, Jean-Louis Borloo s'est refusé de répondre non seulement à nos questions stratégiques et partisanes mais également de positionnement idéologique: centriste? républicain? démocrate? "J'ai déjà du mal à combiner Jean-Louis et Borloo...", nous a-t-il lâché!
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Commentaires
Bonjour Laurent,
En gros...Tempete dans un verre d'eau ?
Écrit par : JFM | 10 décembre 2010
Bonjour,
J'ai une question qui n'a que peu de rapport avec la note : j'ai appris sur la dernière note du blog de Jean-Luc Mélenchon que la députée (apparentée ?) du groupe des député-e-s communistes, républicains, parti de gauche (c'est l'intitulé qu'en donne leur site, mais le votre comme celui de l'Assemblée le désignent sous la dénomination "groupe de la gauche démocrate et républicaine") Martine Billard avait fait une proposition de loi combattant la mise en coupe réglée des budgets nationaux par la commission européenne.
Dans cette même note, Jean-Luc Mélenchon s'émouvait de voir que hormis Henri Emmanuelli personne en dehors du groupe parlementaire en question n'avait voté en faveur de la proposition, soulignant que les députés issus du MPF et Nicolas Dupont-Aignan étaient absents lors de la séance. Cependant, je me demandais si Christian Hutin, seul député issu du MRC il me semble, était présent à cette séance et si oui s'il avait prit part au vote et dans quel sens il avait voté.
Qu'il y ai prit part ou non, avez-vous eu connaissance d'une réaction du MRC sur la question de cette proposition de loi et, d'une manière plus générale, de la "surveillance" des budgets nationaux par l'UE ?
Je vous remercie d'avance de bien vouloir éclairer ma lanterne pour peu que vous ayez des informations à ce sujet.
Écrit par : Brath-z | 10 décembre 2010
Bonjour,
Pour info, Martine Billard est membre du groupe GDR (membre et donc non pas apparentée) dont les députés du Parti de Gauche sont membres.
GDR est le nom officiel mais qui ne précise pas la diversité de ce groupe technique qui regroupe communistes et apparentés, verts et parti de gauche (d'où le nom "public" qui reprend les seuls élus de gauche hors Verts, ces derniers étant autonomes au sein du groupe).
La proposition de loi en question a obtenue 23 voix (22 GDR + Henri Emmanuelli) seulement. Les 4 députés verts se sont abstenus et François Bayrou a voté contre.
Écrit par : Solidaire27 | 10 décembre 2010
Merci de ces précisions, Solidaire27. Savez-vous si le député apparenté socialiste, radical, citoyen et divers gauche Christian Hutin (MRC) a prit part au vote ?
Écrit par : Brath-z | 11 décembre 2010