Les villepinistes espèrent toujours former un groupe à l'Assemblée nationale (06 octobre 2010)

C'est un échec politique pour Dominique de Villepin. Alors que vient de s'ouvrir cette semaine la session parlementaire 2010-2011, les députés villepinistes ne sont finalement pas parvenus à trouver suffisamment d'alliés pour former un nouveau groupe. Depuis mai 2009, il suffit pourtant de réunir quinze membres sur un total de 577 députés. Or, si un groupe peut se constituer à tout moment, il lui faut en revanche impérativement exister au début de la session s'il veut bénéficier des droits spécifiques aux groupes d'opposition ou minoritaires et être représenté dans les organes de l'Assemblée nationale. C'est donc raté pour cette session, voire pour la législature. Qu'à cela ne tienne : les villepinistes ne renoncent pas. "Le besoin d'expression libre et indépendante des républicains sociaux se consolide de jour en jour, expose sereinement Marie-Anne Montchamp. Il faut le temps que chacun fasse son chemin, mais je suis absolument certaine que nous y arriverons."

La constitution de ce nouveau groupe se heurte pour l'instant à deux écueils. Le premier est interne : combien d'élus villepinistes sont vraiment prêts à rompre avec le groupe UMP ? Huit députés UMP adhèrent au parti de Dominique de Villepin, République solidaire, auxquels s'ajoute le non-inscrit Daniel Garrigue. Or, sur la réforme des retraites, sept villepinistes se sont abstenus (Marc Bernier, Daniel Garrigue, François Goulard, Jean-Pierre Grand, Jacques Le Guen, Marie-Anne Montchamp et Jean Ueberschlag), tandis que deux autres (Guy Geoffroy et Michel Raison) votaient pour.

Le second écueil est externe : avec qui s'allier pour atteindre le seuil de quinze membres ? Les villepinistes possèdent comme allié naturel le parti gaulliste Debout la République, qui compte deux députés : Nicolas Dupont-Aignan et François-Xavier Villain. Marie-Anne Montchamp avance en outre une "compatibilité" avec l'unique député et président du CNI, Gilles Bourdouleix. Mais ce dernier n'est aujourd'hui "pas prêt à franchir le Rubicon". Un autre député pourrait compléter le dispositif : le "gaulliste social de centre droit" Philippe Folliot (apparenté au groupe Nouveau Centre et porte-parole de l'Alliance centriste). Enfin, quelque huit députés sociaux du groupe UMP, gaullistes ou démocrates-chrétiens, seraient potentiellement intéressés… mais souhaitent attendre et conserver pour l'instant leur anonymat. Tout au moins "jusqu'au remaniement ministériel", confie l'un d'eux. En clair : tout dépendra de l'orientation, plus ou moins sociale, du futur premier ministre.

Cet été, les villepinistes avaient même proposé, non sans débats internes, une alliance technique avec les trois élus du MoDem. Mais François Bayrou - qui aurait également pu renouer à cette occasion avec le député Nouveau Centre Nicolas Perruchot - avait posé comme condition une rupture totale avec l'UMP, aussi bien avec le groupe parlementaire qu'avec le parti. Une condition irrecevable alors que Dominique de Villepin, en tant qu'ancien premier ministre encarté, est lui-même actuellement membre du bureau politique de l'UMP.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 6 octobre 2010

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