09 novembre 2007
Nicolas Sarkozy et le général de Gaulle : le fond contre la forme
"Les héritiers politiques de la famille gaulliste ont une tendance certaine à la nostalgie, qui s'illustre notamment dans le pélerinage annuel à Colombey. Depuis la mort du général de Gaulle, c'est en effet tous les 9 novembre un rituel pour les gaullistes que de se rendre sur sa tombe, de dire une messe, d'aller se recueillir au pied de la Croix de Lorraine et même certaines années de visiter La Boisserie (...) Je m'en veux d'ailleurs d'avoir sacrifié cette année encore à cette forme de totem. J'ai pourtant clairement cosncience que nous entretenons ainsi une caricature, chaque jour plus désuète".
L'auteur de ces lignes n'est autre que Nicolas Sarkozy dans son livre Libre (XO Éditions, 2001). Il y qualifie également de "simagrées", ayant "perdu toute signification", "le pèlerinage" des parlementaires du RPR. On peut se féliciter que Nicolas Sarkozy, élu à la présidence de la République, s'adonne finalement à cette "nostalgie" en se rendant aujourd'hui sur la tombe de Charles de Gaulle.
Encore faut-il que cet hommage rendu soit cohérent avec ses propos et ses actes. Or, hasard malheureux du calendrier pour le président de la République, quelques jours plus tôt il prononçait à Washington un discours devant le congrès des États-Unis d'Amérique dont le ton atlantiste a été de nature à faire se retourner le général de Gaulle dans sa tombe.
Autant est-il honorable et légitime de commémorer la sacrifice des soldats américains qui ont contribué à la libération de la France, après l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique pour défendre leurs intérêts (attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941). Autant la "dette éternelle" de la France ne signifie-t-elle pas donner quitus à la politique étrangère américaine partout et jusqu'à la fin des temps.
"Chaque fois que dans le monde tombe un soldat américain, je pense à ce que l'armée d'Amérique a fait pour la France, a déclaré Nicolas Sarkozy. Je pense à eux et je suis triste, comme on est triste de perdre un membre de sa famille. Cela, c'est plus important que tous les désaccords que nous avons pu avoir et que tous les désaccords que nous pourrons avoir".
Non, monsieur le président de la République française, en ce qui me concerne je ne pense pas "à ce que l'Amérique a fait pour la France" lorsqu'un soldat américain meurt en Irak. Je pense plutôt à la gandeur de la France qui s'est opposée, peut-être contre vos propres convictions et celle de votre ministre des affaires étrangères, à cette invasion illégitime.
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