04 janvier 2008
Ségolène Royal dévoile ses nouvelles ambitions
La bataille pour l'élection présidentielle de 2012 va-t-elle démarrer au sein du PS dès... 2008 ? En faisant un pas de plus vers une candidature au poste de premier secrétaire du parti, dont le congrès est prévu cette année, Ségolène Royal a donné un coup de pied dans la fourmilière. "En cette année je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle", a précisé hier, sur France 2, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle.
"Il faut que nous évitions à tout prix une primaire interminable entre des présidentiables qui s'affronteraient dès maintenant jusqu'en 2012", s'est aussitôt alarmé, sur RMC, Arnaud Montebourg, qui n'exclut pas d'être lui-même candidat à la succession de François Hollande. "Il est prématuré de savoir s'il faut mettre un présidentiable à la tête du parti", a poursuivi l'ancien porte-parole de la candidate, qui redoute "des affrontements un peu à la façon du congrès de Rennes". "L'annonce de la ronde des présidentiables n'est pas inattendue mais vraiment malvenue" et "prématurée", a renchéri Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn.
Une analyse qui rejoint celle de l'Appel pour que le PS se mette au travail, rédigé, entre autres, par l'ancien premier ministre Michel Rocard, Pierre Larrouturou et quatorze parlementaires. "La droite espère que 2008 sera pour la gauche une nouvelle année de divisions et de déchirements", écrivent les signataires en soulignant que "la situation risque d'empirer après les municipales de mars 2008, avec la préparation d'un congrès qui risque d'être un nouveau congrès de Rennes, un congrès de déchirements personnels bien plus qu'un temps de reconstruction intellectuelle".
Le Congrès de Rennes, c'est la hantise de tous les socialistes, en référence au congrès de 1990 où les éléphants du parti (Lionel Jospin, Laurent Fabius, Michel Rocard) s'étaient affrontés dans un combat relevant plus du choc des ambitions personnelles que de la confrontation idéologique. Ségolène Royal a toutefois posé ses conditions à sa candidature au poste de premier secrétaire : "avoir la capacité de faire une offre politique" et de "rassembler les socialistes autour de cette offre politique". C'est donc sur le terrain des idées qu'elle entend se placer. Plus question pour elle d'accepter de porter, comme elle l'avait fait durant la campagne présidentielle, des propositions auxquelles elle ne croit pas mais qui figureraient dans le programme de son parti.
Si Ségolène Royal parvient à conquérir le PS en maintenant le cap défini durant sa dernière campagne présidentielle, avec une ouverture vers le centre et la volonté de briser les tabous idéologiques de la gauche (ordre, autorité, Nation, économie de marché...), ce serait la première fois que le PS serait pris par sa droite. C'était sur une position médiane, entre son aile droite (Pierre Renaudel) et son aile gauche (Jean Zyromski), que la SFIO avait été tenue par Léon Blum et Paul Faure dans l'entre-deux-guerres. C'était encore en alternant les alliances avec la gauche (Jean-Pierre Chevènement) et la droite (Pierre Mauroy, Michel Rocard) du parti que François Mitterrand avait dirigé le PS dans les années soixante-dix. Enfin, c'est en ne tranchant pas entre social-libéralisme (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn) et anti-libéralisme (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli) que François Hollande s'est maintenu à sa tête.
Reste que le principal rival de Ségolène Royal appartient, lui aussi, à l'aile droite du parti : Bertrand Delanoë. Ce dernier demeure toutefois silencieux sur ses ambitions au sein du parti. Et pour cause. Contrairement à la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le maire de Paris a d'ici au congrès du PS un rendez-vous décisif : les élections municipales de mars.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 04/01/2008
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