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23 janvier 2009

Les têtes de listes UMP aux élections européennes de 2009

Mes informations pour les tandems têtes de listes de l'UMP aux élections européennes :

 

  Sud-Est

F. Grossetête

G. Franco
  Nord-Ouest

D. Riquet

*
  Île-de-France

M. Barnier

R. Dati
  Ouest

C. Béchu

É. Morin
  Sud-Ouest

D. Baudis

**
  Est

J. Daul

V. Mathieu
  Massif central-Centre 

J.-P. Audy

C. Colonna
  Outre-mer

M.-L. Penchard

en gras : sortant

en italique : ministre

 

* Tokia Saïfi ou Brigitte Fouré (NC)

** Christine de Veyrac ou Sonia Dubourg-Lavroff

Pour mémoire, les têtes de liste pressenties qui ont dit "non" à Nicolas Sarkozy : Rama Yade (UMP, Île-de-France), Jean-Michel Lemétayer (société civile, Ouest - mais Luc Guyau devrait être en troisième place), Valérie Létard (Nouveau Centre, Nord-Ouest).

 

euro.jpg

L'UMP réfléchit à changer de nom

Selon nos informations, une agence de publicité aurait été sollicitée par l'UMP pour réfléchir, dans la plus grande confidentialité, à un changement de nom.

Le but serait d'adopter une appellation qui ne soit plus un sigle - comme UMP pour Union pour un Mouvement Populaire - mais un acronyme, considéré comme plus moderne. Sur le modèle du MoDem (Mouvement démocrate) de François Bayrou. "Nous n'avons sollicité personne", dément Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, tout en admettant qu'en interne "certains y réfléchissent". "Cela fait partie des choses qui reviennent régulièrement", ajoute-t-il aussitôt comme pour banaliser la question.

"Cela présente un véritable avantage d'avoir une marque qui existe, qui est reconnue, qui a une histoire, poursuit-il. Et, en même temps, l'adosser à une autre phase politique pourrait avoir l'avantage de mieux montrer tous les éléments de la nouveauté." Or, précisément, Nicolas Sarkozy entamera cette année la seconde phase de son quinquennat...

Le parti majoritaire aurait également demandé à l'agence de publicité de trouver un mot pour remplacer celui de "militants". Cette volonté de moderniser le vocabulaire partisan n'est pas nouvelle pour l'UMP, qui avait organisé en septembre dernier non plus une traditionnelle université d'été mais un "campus d'été". L'appel à la société créée en septembre 2008 par le cinéaste Luc Besson et le publicitaire Christophe Lambert irait dans le sens de la modernisation souhaitée, puisque Blue apparaît comme la première agence française d'"advertainment", mélange entre publicité ("advertising") et divertissement ("entertainment").

L'idée d'un nouveau nom pour l'UMP fut déjà été envisagée en 2004. Le journaliste Michaël Darmon avait, en effet, révélé (1) l'existence d'une "note ultra-confidentielle" rédigée par un petit groupe de communicants professionnels dans la perspective de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, en novembre 2004. "L'UMP doit tirer les conséquences de ses échecs (aux élections régionales et européennes, NDLR) et devenir Les Républicains", préconisait le document. Nicolas Sarkozy y avait finalement renoncé. Enfin, à peine lancé, le Nouveau Centre d'Hervé Morin avait aussi envisagé, l'année dernière, d'adopter un acronyme : SoLiD (Social libéral démocrate). Velléité toute aussi vite abandonnée.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 22/01/2009

(1) Sarko Star, Paris, Éditions du Seuil, 2004.

22 janvier 2009

La future nouvelle direction de l'UMP

C'est aujourd'hui que devrait être connu le nouvel organigramme de l'UMP, qui sera ratifié samedi par le conseil national. Statutairement, la direction de l'UMP est assurée pendant la durée du quinquennat par un secrétariat général (élu pas le bureau politique), composé d'un secrétaire général et de deux secrétaires généraux adjoints, et par un bureau du conseil national (élu par le conseil national), composé d'un premier vice-président et de deux vice-présidents. État des lieux, d'après mes informations.

 

Le choix de Nicolas Sarkozy :

  • secrétaire général : Xavier Bertrand
  • secrétaires généraux adjoints : Nathalie Kosciusko-Morizet (sortante) et Éric Besson (nouvel adhérent)
  • premier vice-président du bureau du conseil national : Jean-Pierre Raffarin (sortant)
  • vice-présidents du bureau du conseil national : Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo
  • porte-parole : Frédéric Lefebvre (sortant)
  • président de la commission nationale d'investiture : Brice Hortefeux (initialement préssenti pour une vice-présidence supplémentaire du conseil national)
  • chargé des investitures au comité de coordination de la majorité : Jean-Claude Gaudin
  • chargé du projet au comité de coordination de la majorité : Pierre Méhaignerie

 

La solution avancée par Xavier Bertrand, après consultations, compte tenu que Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie souhaitent rester au bureau du conseil national :

  • secrétaire général : Xavier Bertrand
  • secrétaires généraux adjoints : Nathalie Kosciusko-Morizet (sortante), Éric Besson (nouvel adhérent), Nadine Morano et Marc-Philippe Daubresse
  • premier vice-président du bureau du conseil national : Jean-Pierre Raffarin (sortant)
  • vice-présidents du bureau du conseil national : Jean-Claude Gaudin (sortant), Pierre Méhaignerie (sortant), Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo
  • porte-parole : Frédéric Lefebvre (sortant)
  • président de la commission nationale d'investiture : Brice Hortefeux

Cette solution nécessiterait, samedi, une révision préalable des statuts de l'UMP.

 

Ajout dans la journée : devraient également participer à la nouvelle équipe Dominique Paillé (porte-parole sortant, à la demande expresse de l'Élysée), Axel Poniatowski (à la place de Jean-Claude Gaudin au bureau du conseil national), Christine Boutin (sans toutefois décrocher, malgré sa demande, un poste au secrétariat général ou au bureau du conseil national), etc.

Ce qui pourrait finalement donner :

  • secrétaire général : Xavier Bertrand
  • secrétaires généraux adjoints : Nathalie Kosciusko-Morizet (sortante), Éric Besson (nouvel adhérent), Nadine Morano et Marc-Philippe Daubresse
  • conseillers politiques : Christine Boutin, Christian Estrosi (secrétaire général adjoint sortant), Rachida Dati, Laurent Hénart, Fabienne Keller, etc.
  • premier vice-président du bureau du conseil national : Jean-Pierre Raffarin (sortant)
  • vice-présidents du bureau du conseil national : Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo, Brice Hortefeux et Axel Poniatowski
  • porte-parole : Frédéric Lefebvre (sortant)
  • porte-parole adjoint : Dominique Paillé (porte-parole sortant)
  • coprésidents de la commission nationale d'investiture : Brice Hortefeux (représentant l'UMP) et Jean-Claude Gaudin (représentant le comité de coordination de la majorité)
  • délégué général au projet : Pierre Méhaignerie
  • président du comité de coordination de la majorité : Jean-Claude Gaudin

24 novembre 2008

Les convictions d'abord !

marianne.jpgLes courants minoritaires dans un parti se sont tous posés un jour la question. Faut-il rester en attendant d'être en situation de changer son parti de l'intérieur, quitte en attendant à cautionner une ligne politique opposée à ses convictions profondes. Ou faut-il prendre acte de son impossibilité à devenir majoritaire et, du coup, rompre pour partir créer sa propre organisation partisane. Tel est le choix opéré récemment à droite par Nicolas Dupont-Aignan, ex-UMP, et à gauche par Jean-Luc Mélenchon, ex-PS.

L'un et l'autre étaient sans doute las de jouer le rôle de l'éternel minoritaire de service.

À deux reprises, Nicolas Dupont-Aignan s'est en effet présenté à la présidence de l'UMP. En 2002 face à Alain Juppé (15%) puis en 2004 face à Nicolas Sarkozy (9%). Dimanche, il a officiellement transformé son club Debout la République - créé en 1999 au sein du RPR - en véritable parti politique.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, depuis vingt ans il a été de tous les courants à la gauche du PS : Nouvelle École Socialiste (1988), Gauche Socialiste (1991), Nouveau Monde (2002), Trait d'Union (2005), Un Monde d'Avance (2008). "Ça suffit comme ça", estime-t-il aujourd'hui en créant le Parti de Gauche.

Les socialistes républicains du PS comme les gaullistes nationaux-républicains du RPR ont pourtant bel et bien été à un moment à la tête de leur formation respective. Pour rien. Henri Emmanuelli a ainsi été premier secrétaire du PS entre 1994 et 1995, mais sur la base d'une motion hétéroclite sans odeur, sans saveur et sans couleur. Philippe Séguin a été président du RPR de 1997 à 1999, mais dans le contexte d'une alliance idéologiquement contre-nature avec les balladuro-sarkozystes. Bref, ni l'un ni l'autre n'ont pu enrayer la dérive libérale commune aux deux partis qu'ils ont respectivement dirigés.

D'aucuns raillent aujourd'hui la démarche de Jean-Luc Mélenchon et de Nicolas Dupont-Aignan. Personnellement, je préfère plutôt saluer leur courage. Les précédents, de Michel Jobert à Jean-Pierre Chevènement, ainsi que le mode de financement de la vie politique française (figée entre deux élections législatives), incitaient effectivement plus à fermer sa gueule et mettre son drapeau dans sa poche qu'à démissionner pour porter haut et fort ses convictions.

08 octobre 2008

L'unité nationale : sois d'accord et tais-toi !

union.jpgLa déclaration du gouvernement suivie d'un "débat" sans vote sur la crise financière et bancaire sera aujourd'hui l'occasion pour François Fillon de relancer son appel à l'"unité nationale". "Dans cette conjoncture exceptionnelle, j'invite tous les Français, qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche, à faire preuve d'unité", avait encore plaidé le premier ministre, vendredi dernier, aux journées parlementaires de l'UMP. Invitant la majorité et l'opposition à "dégager des points de consensus" et à mettre de côté les "querelles subalternes".

Mais, pour qu'il y ait "unité nationale", encore faudrait-il qu'il y ait consensus national sur les réponses politiques à apporter à la crise. Or celles-ci sont multiples et opposées. Si François Fillon hésite entre politique de rigueur (diviser par deux le rythme de croissance annuel de la dépense publique et ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partants à la retraite) et politique de relance libérale par l'offre ("le taux de prélèvement obligatoire n'augmentera pas et toute reprise de la croissance sera mise à profit pour le baisser d'ici 2012"), le chef du gouvernement refuse, en dépit des mesures annoncées en faveur des PME et du logement, toute idée de relance keynésienne par la demande, qui sortirait de fait la France des clous de Maastricht.

Fin de non recevoir, donc, pour Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, qui avait plaidé pour que "temporairement" les critères de Maastricht ne soient plus "la priorité des priorités". Il est vrai que si l'ensemble du PS reproche au gouvernement de ne plus avoir de marges de manœuvre budgétaires à cause du "paquet fiscal" voté l'année dernière, seule l'aile gauche du parti remet pareillement en cause les critères de Maastricht. "Je pense que c'est une bonne idée", avait ainsi répondu Benoît Hamon, premier signataire de la motion "Un monde d'avance", interrogé sur la proposition d'Henri Guaino. Il ne faut "pas prendre prétexte de cette crise et de ces circonstances exceptionnelles pour jeter le bébé avec l'eau du bain et se débarrasser de ces règles de bonne gestion qui devraient rassembler tous les Européens", a rétorqué Elisabeth Guigou, député PS et ex-ministre des affaires européennes.

Comme toujours depuis 1983, du référendum sur le traité de Maastricht (1992) au référendum sur le traité constitutionnel européen (2005), c'est bien le même clivage qui oppose d'une côté les partisans du "cercle de la raison" et de l'autre les adversaires de la "pensée unique", c'est-à-dire de l'orthodoxie budgétaire et monétaire. "Lorsque le sage montre la lune l'imbécile regarde le doigt" : ce clivage est avant tout économique et social, alors qu'il est le plus souvent dénaturé et présenté comme une opposition entre pro-européens (les gentils) et anti-européens (les méchants).

Quant à l'idée d'"unité nationale", outre le fait qu'un tel appel relève du chef de l'État et non du premier ministre, elle puise sa source historique dans l'Union sacrée durant la première guerre mondiale. La France "sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée", avait déclaré le président de la République Raymond Poincaré dans son message aux chambres, le 4 août 1914. Un gouvernement inédit d'unanimité nationale est alors mis en place, allant de la SFIO (d'août 1914 à septembre 1917) à la droite royaliste (d'octobre 1915 à août 1917). Mais dès 1917 cette unité nationale se brise. La déclaration ministérielle de Georges Clémenceau, commençant par "Je fais la guerre", le 20 novembre 1917, est ainsi votée par 418 députés contre 65 (dont 64 SFIO) et 40 abstentions.

La France a connu deux autres expériences de gouvernements d'unanimité nationale. La première à la Libération, dans le prolongement de la Résistance à l'occupant, jusqu'à la démission des ministres communistes en mai 1947 (guerre froide). La seconde lors de l'installation de la Ve République, jusqu'en janvier 1959. Cette dernière unité nationale fut toutefois imparfaite, puisqu'elle n'inclut ni une minorité de la gauche non communiste (réunie au sein de l'Union des Forces Démocratiques : Pierre Mendès France, François Mitterrand, etc.) ni le PCF.

Enfin, les gouvernements dits d'"union nationale" sous la IIIe République étaient en fait des gouvernements de centre-droit allant de la droite au centre-gauche (radicaux, socialistes non SFIO) : Raymond Poincaré en 1926 (après l'échec du Cartel des gauches) puis Gaston Doumergue en 1934 (après les évènements du 6 février 1934). Même scénario en 1938, après la chute du Front populaire. Par 514 voix contre 8, la chambre des députés autorise en effet le gouvernement du radical Edouard Daladier à agir par décret-loi "pour faire face aux dépenses nécessitées par la défense nationale et redresser les finances et l'économie de la nation". Cette unité nationale vole cependant vite en éclats, lorsque le président du conseil estime que ce redressement passe par la remise en cause de certains acquis du Front populaire (les 40 heures). Quitte à ma répéter : pour qu'il y ait unité nationale, encore faut-il qu'il y ait préalablement consensus national sur la politique à mener. Sinon, l'appel à l'unité nationale revient simplement à demander à l'opposition de la fermer.