23 janvier 2009
L'UMP réfléchit à changer de nom
Selon nos informations, une agence de publicité aurait été sollicitée par l'UMP pour réfléchir, dans la plus grande confidentialité, à un changement de nom.
Le but serait d'adopter une appellation qui ne soit plus un sigle - comme UMP pour Union pour un Mouvement Populaire - mais un acronyme, considéré comme plus moderne. Sur le modèle du MoDem (Mouvement démocrate) de François Bayrou. "Nous n'avons sollicité personne", dément Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, tout en admettant qu'en interne "certains y réfléchissent". "Cela fait partie des choses qui reviennent régulièrement", ajoute-t-il aussitôt comme pour banaliser la question.
"Cela présente un véritable avantage d'avoir une marque qui existe, qui est reconnue, qui a une histoire, poursuit-il. Et, en même temps, l'adosser à une autre phase politique pourrait avoir l'avantage de mieux montrer tous les éléments de la nouveauté." Or, précisément, Nicolas Sarkozy entamera cette année la seconde phase de son quinquennat...
Le parti majoritaire aurait également demandé à l'agence de publicité de trouver un mot pour remplacer celui de "militants". Cette volonté de moderniser le vocabulaire partisan n'est pas nouvelle pour l'UMP, qui avait organisé en septembre dernier non plus une traditionnelle université d'été mais un "campus d'été". L'appel à la société créée en septembre 2008 par le cinéaste Luc Besson et le publicitaire Christophe Lambert irait dans le sens de la modernisation souhaitée, puisque Blue apparaît comme la première agence française d'"advertainment", mélange entre publicité ("advertising") et divertissement ("entertainment").
L'idée d'un nouveau nom pour l'UMP fut déjà été envisagée en 2004. Le journaliste Michaël Darmon avait, en effet, révélé (1) l'existence d'une "note ultra-confidentielle" rédigée par un petit groupe de communicants professionnels dans la perspective de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, en novembre 2004. "L'UMP doit tirer les conséquences de ses échecs (aux élections régionales et européennes, NDLR) et devenir Les Républicains", préconisait le document. Nicolas Sarkozy y avait finalement renoncé. Enfin, à peine lancé, le Nouveau Centre d'Hervé Morin avait aussi envisagé, l'année dernière, d'adopter un acronyme : SoLiD (Social libéral démocrate). Velléité toute aussi vite abandonnée.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 22/01/2009
(1) Sarko Star, Paris, Éditions du Seuil, 2004.
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11 septembre 2008
Nicolas Sarkozy, Benoît XVI et la laïcité
N'en déplaise au collectif "remballe ton pape!", il n'y a rien de choquant à ce que le président de la République française reçoive le chef de l'État du Vatican. Accueillir un chef d'État étranger n'a jamais signifié cautionner tous les actes ou toute la pensée dudit chef d'État. Cette visite ne constitue donc pas, en soi, une attaque contre la laïcité ! Et il faut vraiment être de mauvaise foi – sans jeu de mot – pour clamer le contraire.
Quant au Pape, chef de l'Église catholique, il est tout à fait normal qu'il veuille aller à la rencontre d'un peuple dont la majorité des croyants se revendiquent de son autorité spirituelle (et même, d'ailleurs, si ce n'était pas le cas !). Je dis bien "spirituelle". Et c'est là que l'argumentation du collectif "remballe ton pape!" tombe à l'eau. Qu'une Église dise ce qu'elle considère comme bon ou juste n'a rien d'attentatoire à la liberté individuelle. C'est, justement, ce que permet ce bien précieux qu'est, en France, la laïcité. Ce n'est en effet que lorsque pouvoir politique et pouvoir spirituel se confondent que commencent les atteintes à la liberté individuelle. Sauf en cas d'un improbable dérapage théocratique, les propos de Benoît XVI, chef d'État étranger, ne pourront donc en rien constituer une attaque contre la laïcité. Non-croyants ou croyants d'une autre religion, nous sommes libres de les écouter ou non, de les critiquer ou de les approuver.
Personnellement, c'est plutôt Nicolas Sarkozy, président de notre République, qui m'inquiète. Cette semaine, un de ses proches m'assurait que le chef de l'État n'irait "pas plus loin" que dans ses discours de Latran (20/12/2007) et Riyad (14/01/2008). "Si tu vas plus loin, tu me retrouveras dans la rue avec les manifestants", lui a même répondu cet interlocuteur commun. Se voulant rassurant, ces propos m'ont, au contraire, plutôt inquiété en ce qui concerne l'état d'esprit profond de Nicolas Sarkozy...
D'autant plus que sa "laïcité positive" constitue, déjà, une attaque directe contre la laïcité (la laïcité point : ajouter un qualificatif est d'emblée suspect; comme si la laïcité française, historique, républicaine était une laïcité "négative" ou "fermée"). Plutôt que de faire un copié-collé, je vous renvoie à ma note du 17 janvier dernier sur la "laïcité positive".
"François Mitterrand n'avait laissé aucune consigne à ses proches, leur disant simplement qu'une messe est possible, poursuit mon interlocuteur. Nicolas Sarkozy est également en recherche. Mais ce n'est pas dans son tempérament volontariste de laisser les autres décider à sa place". Je respecte profondément la quête spirituelle de l'être humain. Je la comprends, même. Mais ledit être humain est aussi président d'une République laïque. Et, hors conversations privées, c'est à ce seul titre qu'il doit s'exprimer et se comporter face à un chef religieux. Car la France ne doit pas devenir le laboratoire d'expérimentation d'une quête spirituelle personnelle.
P.S.: le plus drôle, c'est que certains signataires du collectif "remballe ton pape!" s'étaient opposés à la loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics !
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02 septembre 2008
La loi du clan ?
Dominique Rossi, coordonnateur des services de sécurité intérieure auprès du préfet de région Corse, a été soudainement relevé de ses fonctions, lundi soir, par un coup de téléphone du ministère de l'Intérieur. Samedi, la résidence secondaire de Christian Clavier, ami personnel de Nicolas Sarkozy, avait été occupée par les indépendantistes corses...
De deux choses l'une. Soit l'affaire de l'occupation de la propriété d'un intime du président de la République n'est qu'un prétexte pour se débarrasser d'un fonctionnaire déméritant et depuis longtemps dans le collimateur de la Place Beauvau.
Soit il y a bien une relation de cause à effet entre l'occupation de samedi et le limogeage de lundi. Dans ce cas, il s'agit d'un véritable scandale, preuve (supplémentaire) de la conception clanique du pouvoir de Nicolas Sarkozy. La résidence secondaire de l'acteur n'a en effet ni été saccagée ni cambriolée. Elle a "simplement" été occupée. A-t-on relevé de leurs fonctions tous les directeurs de la sécurité publique ou commandants du groupement de gendarmerie des départements où un citoyen Français "ordinaire" a vu son domicile violé ou sa voiture brûlée (sans même parler d'atteintes à la personne !) ? Je cite rarement positivement des personnalités politiques sur mon blog, mais pour une fois je tiens à partager avec vous la réaction de François Bayrou : "Autrefois, on avait le crime de lèse-majesté. Aujourd'hui, on a le crime de lèse-copain de la majesté".
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25 juillet 2008
Quand Nicolas reçoit son copain Barack à la maison
Nicolas Sarkozy a reçu aujourd'hui Barack Obama à l'Élysée (passons sur le côté "petit garçon fébrile dans la cour des grands", comme dirait PPDA, qui dit dans Le Figaro "Obama ? C'est mon copain"). Un passage de la conférence de presse conjointe est particulièrement étonnant :
"Cela fait maintenant près de trois décennies que tous vos ministres des Affaires étrangères n'ont pas des noms américains : Madame Albright, Colin Powell, Madame Rice. C'est pour cela que j'aime les États-Unis. Et c'est pour cela que dans le gouvernement de la France, il y a Rachida Dati, il y a Fadela Amara, il y a Rama Yade, justement pour que chacun ait sa chance."
En quoi Albright, Powell et Rice ne sont-ils pas des noms américains ? Sauf à considérer que les origines tchèques de Madeleine Albright n'en font pas une citoyenne américaine comme les autres, de même que la couleur de la peau de Condoleezza Rice et de Colin Powell.
Le 24 septembre 2007, déjà, dans un entretien accordé au New York Times, Nicolas Sarkozy avait affiché cette même approche de la personne humaine :
"Je suis fier d'être l'ami des Américains. Et vous savez, je le dis au New York Times, mais je l'ai dit aux Français, c'est un peu plus courageux et un peu différent. Ecoutez, je n'ai jamais caché mon admiration du dynamisme américain, pour la fluidité de la société américaine, pour sa capacité à porter au plus haut niveau des gens à l'identité différente. Cela fait plus de vingt ans, vingt et un ans que le Secrétaire d'État américain n'est pas un Américain mais un Américain de l'extérieur, Madeleine Albright, Colin Powell, Condoleeza Rice, un grand exemple à suivre."
Je pense que Madeleine Albright, Condoleezza Rice (née à Birmingham en Alabama) et Colin Powell (né à New York) ont été ravis d'apprendre qu'ils n'étaient "pas des Américains mais des Américains de l'extérieur" (on critique à juste titre Jean-Marie Le Pen lorsqu'il parle de "Français de souche"; que dirions-nous s'il déclarait que Rachida Dati, Fadela Amara ou Rama Yade "ne sont pas des Françaises mais des Françaises de l'extérieur" !).
Sans parler de l'insistance sur une "identité différente", qui pourrait se comprendre dans la conception multiculturaliste et communautariste américaine, mais qui est plus que choquante dans la bouche d'un président de la République française.
Ce qu'il peut y avoir de plus beau dans l'exemple américain mentionné, c'est justement que la fille et le fils d'immigrés Madeleine Albright (parents immigrés tchèques) et Colin Powell (parents immigrés jamaïcains) aient pu devenir des Américains comme les autres et accéder aux plus hautes fonctions de l'État. Or c'est précisément ce que nie Nicolas Sarkozy (de père hongrois, et alors ?). Ce dernier ne peut en effet pas s'en empêcher : il réduit toujours la personne humaine à son origine. Une conception essentialiste qui heurte profondément ma philosophie existentialiste et mon humanisme. Quant à Condoleezza Rice, elle a été victime du racisme au sein de la société américaine mais n'est pas d'origine étrangère (sauf à considérer que tous les Américains sont d'origine étrangère, à l'exception des Amérindiens).
Autre chose de choquant dans les propos de Nicolas Sarkozy :
"C'était en 2005. On a eu de grands affrontements et vous aux États-Unis, vous savez ce que c'est, parce que vous les avez connus aussi. Mais on a une différence entre les affrontements que j'ai eus à gérer comme ministre de l'Intérieur et ceux que vous avez gérés aux États-Unis. C'est qu'il n’y a pas eu un mort en France, il n'y a pas eu une balle qui a été tirée par la police. Les seuls blessés qu'il y ait eu, c'étaient les forces de l'ordre. Mais, depuis mon élection, il n'y a pas eu d'émeutes parce qu'on a mis en place un plan de développement et de formation considérable."
Passons, encore, sur le côté fanfaron. La différence fondamentale entre les violences aux États-Unis et en France, ce n'est pas le nombre de victimes, c'est surtout leur caractère : social en France, ethnico-racial aux États-Unis. Que le président de la République n'en ait pas conscience m'inquiète beaucoup...
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14 juillet 2008
14 juillet "bling bling"
Le 14 juillet 2007, j'avais critiqué le défilé sur les Champs-Élysées de troupes étrangères issues de tous les États membres de l'Union Européenne
Paradoxalement en apparence, je salue cette année le défilé de "casques bleus" de l'ONU (avec le secrétaire général Ban Ki-moon "invité d'honneur" du président de la République), soldats de la paix qui, eux, ne se rattachent à aucun État. La France universelle s'honore donc à les mettre à l'honneur le temps d'un défilé, à l'égal de ses propres troupes nationales.
En revanche, deux choses me choquent profondément dans ce 14 juillet 2008 :
- la présence de deux avions militaires étrangers (des MIG 29 roumain et slovène) en hommage à l'OTAN
- la présence dans la tribune présidentielle d'Ingrid Betancourt. Cette française a été libérée. Fort bien. Nous sommes très contents pour elle et sa famille. Mais en quoi la France doit-elle honorer cette femme politique colombienne à l'occasion de la Fête Nationale ? Qu'a-t-elle fait de spécial dans sa vie pour la patrie qui méritât pareil honeur ? C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy exhibait Ingrid Betancourt comme il exhibe volontiers devant ses invités sa Rolex Daytona...
N.B. : De retour de l'Élysée...
Glop-Glop. Cette phrase lucide d'Ingrid Betancourt : "Je suis bien consciente que je ne mérite pas cette distinction [la Légion d'honneur, ndlr] mais elle me fait tellement plaisir", ainsi que l'idée d'associer le lycée hôtelier de Dieuze en Moselle (ville dont le 13e régiment de dragons parachutistes est menacé) au déjeuner offert aux chefs de délégations à l'Hôtel de Marigny.
Pas Glop-Pas Glop. Cette phrase niaise et incongrue d'Ingrid Betancourt (mais qui a dû tellement faire plaisir à Nicolas Bruni) : "Je compte sur Carla, avec sa belle voix et son coeur" [pour que les autres otages des FARC soient libérés aussi]
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