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20 avril 2007

Philippe de Villiers

objectif : obtenir plus de 5%

 

medium_devilliers04.jpgIl s'agit de la seconde candidature de Philippe de Villiers à une élection présidentielle. En 1995, le président du Mouvement pour la France (MPF) avait obtenu 4,74% des suffrages exprimés, c'est-à-dire juste en dessous de seuil symbolique et financier des 5%. Au regard des enquêtes d'opinion, il en serait cette fois encore plus loin. À l'exception des questions morales et éthiques, où il se retrouve sur la ligne défendue en 2002 par Christine Boutin (1,19%), les principaux thèmes développés par Philippe de Villiers ont été préemptés durant cette campagne par Nicolas Sarkozy, de la revalorisation du travail à l'identité nationale. Coincée entre le FN et l'UMP, le créneau pour la "droite patriotique de gouvernement" semble aujourd'hui étroit. Mais Philippe de Villiers se positionne également pour la prochaine présidentielle, où il pourrait tenter, avec une image moins controversée, d'incarner la relève de Jean-Marie Le Pen (84 ans en 2012) à la droite de la droite.

Dominique Voynet

objectif : devancer José Bové

 

medium_voynet04.2.jpgLes Verts abordent cette élection présidentielle dans un contexte difficile. Tout d'abord, la signature du Pacte écologique de Nicolas Hulot par plusieurs candidats de tous bords (François Bayrou, Marie-George Buffet, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet) a semblé ôter à leur candidate sa spécificité. Ensuite, Dominique Voynet souffre de la concurrence de José Bové, dont la candidature se positionne sur un créneau électoral très proche, même si sur les questions européennes la candidate des Verts est plus proche de François Bayrou que de la gauche "noniste". Certains membres de la direction du parti (Francine Bavay, Patrick Farbiaz) ont d'ailleurs préféré soutenir le candidat altermondialiste. Enfin, comme l'ensemble des candidats ne pouvant apparemment pas prétendre viser le second tour, Dominique Voynet est crédité d'un très faible score dans les sondages. Dans ce contexte, il lui faudra au moins devancer  José Bové ou ne pas donner à l'écologie politique son plus mauvais score à une présidentielle : 1,32% en 1974 (René Dumont), 3,88% en 1981 (Brice Lalonde), 3,78% en 1988 (Antoine Waechter), 3,32% en 1995 (Dominique Voynet), 5,25% en 2002 (Noël Mamère).

sondages élection présidentielle

Contrairement à 2002, je n'ai pas eu le temps, cette année, de compiler les sondages d'intentions de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle... mais un ami - Jérôme Sterkers - a effectué ce travail pour lui et m'a autorisé à le reproduire sur mon site :

http://francepolitique.free.fr/PR07sondages.htm

 

Qu'il en soit ici remercié !

19 avril 2007

Le spectre de la IVe République

Éclairage

 

medium_queille.jpgDans un entretien, cette semaine, au quotidien Le Républicain Lorrain, Nicolas Sarkozy a dénoncé dans Ségolène Royal et François Bayrou "les dignes héritiers de la IVe République". Déjà, en février, le président de l'UMP avait affirmé que "ce que propose François Bayrou, on l'a parfaitement connu en France, c'était la IVe République". Au moins trois différences fondamentales entre la situation actuelle et celle d'avant 1958 semblent écarter un "retour à la IVe République".

Tout d'abord, les institutions de la Ve République, dont le caractère semi-présidentiel écarte tout risque de régime d'assemblée, ingouvernable et instable. Entre 1947 et 1958, pas moins de 21 gouvernements s'étaient ainsi succédé avec des coalitions à géométrie variable : "troisième force" s'étendant de la gauche non communiste à la droite non gaulliste (1947-1951), coalition allant du centre-gauche à la droite (1951-1956), majorité de gauche (1956-1957), gouvernements allant de la gauche non communiste à la droite (1957-1958). Or, aux antipodes du régime d'assemblée, François Bayrou veut aller vers un régime plus présidentiel.

Ensuite, le mode de scrutin aux élections législatives. Celui actuellement en vigueur est le scrutin uninominal à deux tours. Durant la IVe République, en revanche, était appliquée la représentation proportionnelle départementale, complétée en 1951 et 1956 par le système des apparentements. Or, ni François Bayrou ni Ségolène Royal ne se sont prononcés pour l'instauration de la représentation proportionnelle intégrale, même si tous deux veulent en introduire une dose.

Enfin, sous la IVe République, les coalitions étaient des alliances post-électorales, formées dans le dos des électeurs. Tandis qu'avec l'élection du président de la République au suffrage universel direct, des éventuelles alliances se formeraient aujourd'hui entre les deux tours de la présidentielle. Les électeurs tranchant au second entre l'une ou l'autre nouvelle majorité présidentielle proposée.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 19/04/2007

18 avril 2007

Vers la représentation proportionnelle ?

Éclairage

 

medium_parlement.jpgMême si la prise de position en faveur d'une dose de proportionnelle de Brice Hortefeux, fidèle de Nicolas Sarkozy, a semé le trouble, les positions sur le mode de scrutin aux élections législatives sont relativement claires. À l'exception, justement, de Nicolas Sarkozy, tous les candidats sont favorables à l'instauration d'une proportionnelle partielle (François Bayrou, Frédéric Nihous, Ségolène Royal, Philippe de Villiers) ou de la proportionnelle intégrale (Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Arlette Laguiller, Jean-Marie Le Pen, Dominique Voynet)*.

Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas avant tout l'élection du président de la République au suffrage universel direct qui implique une bipolarisation de la vie politique entre la droite et la gauche, mais l'élection des députés au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Ce dernier est en effet un "scrutin d'alliances" (Maurice Duverger) : le nombre de sièges d'un parti peut dépendre autant de ses alliances au second tour que de son nombre de suffrages. En 2002, la gauche (PS, PCF, PRG, Verts) et la droite (UMP, UDF, MPF) ont ainsi fait bloc au second tour, à l'exception d'une seule circonscription opposant deux candidats de droite et un candidat de gauche.

Dans une note pour la Fondation pour l'innovation politique (février 2007), le politologue Dominique Reynié a appliqué aux résultats des élections législatives de 1988, 1993, 1997 et 2002 le mode de scrutin proportionnel départemental. Dans un seul cas, en 1997, ni la droite ni la gauche n'auraient obtenu la majorité. La seule majorité possible aurait alors été une coalition post-électorale entre le PS et l'UDF. Quant au FN, il aurait obtenu 30 députés en 1988 (+ 29 sièges), 64 en 1993 (+ 63), 93 en 1997 (+ 92) et 54 en 2002 (+ 54). Partielle ou intégrale, le but de la proportionnelle réside là : ne pas exclure de toute représentation parlementaire les forces politiques en marge des deux pôles majoritaires.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 18/04/2007

* la position de Gérard Schivardi n'a malheureusement pas été identifiée