14 mai 2007
Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères ?
Étrange ! Nicolas Sarkozy aurait proposé à la fois à Hubert Védrine et à Bernard Kouchner le poste de ministre des Affaires étrangères...
Le plus étrange n'est pas tant le fait qu'il s'agisse de deux membres du PS (même si, durant la campagne présidentielle, que n'a-t-on pas entendu les sarkozystes dauber sur l'idée de François Bayrou de rassembler des gens de droite et des gens de gauche au sein d'un même gouvernement !).
Non, le plus étrange est qu'il s'agit de deux hommes qui, comme le résume parfaitement un parlementaire européen PS, "défendent deux conceptions tout à fait opposées de la politique étrangère et de la politique européenne".
Le plus logique serait la nomination de Bernard Kouchner. Au moment de la crise irakienne (2003) notamment, Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy avaient défendu des positions très proches, que l'on peut résumer ainsi : mieux vaut en dernier recours une guerre sous l'égide de l'ONU plutôt qu'une guerre unilatérale américaine. Une position aux antipodes de celle de la France, décidée - avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin - à utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU contre toute résolution sur l'envoi de troupes en Irak. Avec Nicolas Sarkozy à l'Élysée et Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, il en aurait certainement été autrement*.
* Nicolas Sarkozy ayant déjà reçu, avant le premier tour de l'élection présidentielle, le soutien des intellectuels de gauche favorables à la guerre en Irak : Pascal Bruckner, André Glucksmann, Marc Weitzmann...
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10 mai 2007
Mouvement Démocrate
Pour la troisième fois de sa vie, François Bayrou lance ce jeudi, dans la salle de la Mutualité à Paris, un parti politique : le Mouvement démocrate. En 1995, il avait élargi le Centre des démocrates sociaux (CDS), composante d'inspiration démocrate-chrétienne de l'UDF, en le transformant en Force démocrate. En 1998, après la scission de Démocratie libérale (Alain Madelin), il avait unifié la plupart des autres composantes de l'UDF au sein de la Nouvelle UDF. Cette fois, il ne s'agit toutefois ni d'élargissement ni d'unification, mais bel et bien d'une rupture avec le passé.
Une rupture qui, comme toutes les ruptures, ne s'opère pas tranquillement. Sur les 30 députés UDF sortants, 24 ont d'ores et déjà décidé de rejoindre la nouvelle majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. Entre cinq et six devraient donc participer aujourd'hui au lancement du Mouvement démocrate : Gilles Artigues (1re circonscription de la Loire), François Bayrou (Pyrénées-Atlantiques, 2e), Anne-Marie Comparini (Rhône, 1re), Jean Lassale (Pyrénées-Atlantiques, 4e) et Gérard Vignoble (Nord, 8e). Quant à Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e), dans la circonscription duquel Ségolène Royal est arrivée en tête au second tour, il tarde à rendre public son choix.
Quoi qu'il en soit, c'est par un vote à bulletins secrets que les 4 600 membres du conseil national de l'UDF vont se prononcer sur la création du Mouvement démocrate, en attendant la tenue d'un véritable congrès fondateur. Préalablement au conseil national, François Bayrou aura réuni l'ensemble des instances de l'UDF : le comité exécutif (45 membres) hier soir, le bureau politique (515 membres) ce matin. "L'UDF dans sa dénomination, ses statuts et son règlement reste totalement intacte", a précisé hier Didier Bariani, vice-président de l'UDF en charge des questions statutaires. Le parti sera en effet "membre fondateur" ou "partie constituante" du nouveau Mouvement démocrate, au même titre que d'autres mouvements politiques. À commencer par le parti écologiste de Corinne Lepage, Cap 21, qui s'était déjà allié avec l'UDF aux élections régionales de 2004. Mercredi, on ne savait en revanche toujours pas ce que comptaient faire les autres personnalités qui avaient soutenu François Bayrou au premier tour de la présidentielle : Jean Peyrelevade (en déplacement à l'étranger cette semaine), ancien directeur adjoint de cabinet de Pierre Mauroy à Matignon, symbole de l'ouverture au centre gauche, et Azouz Begag, ancien ministre du gouvernement Villepin.
Enfin, pour les élections législatives des 10 et 17 juin prochains, les candidats adopteront l'étiquette "UDF - Mouvement démocrate". L'objectif est de geler la marque UDF, déposée à l'Institut national de la propriété industrielle par Hervé de Charette, ex-UDF rallié en 2002 à l'UMP, afin d'éviter qu'elle ne soit utilisée par le futur "pôle centriste" de la nouvelle majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Le Mouvement démocrate connaîtra donc son baptême du feu aux élections législatives. Avec un enjeu majeur : conserver un groupe parlementaire (actuellement 20 membres minimum). Or, avec seulement cinq ou six députés sortants, le pari n'est pas gagné d'avance. Crédité de 12 à 15% d'intentions de vote dans les sondages, le Mouvement démocrate serait assuré d'avoir des élus avec la représentation proportionnelle. Mais en raison de l'actuel mode de scrutin majoritaire, il faudra soit compter sur la dynamique de la création d'un nouveau parti, soit trouver des candidats bien implantés.
Soit, encore, nouer une alliance avec l'UMP ou avec le PS entre les deux tours des législatives. Ce qui correspondrait à la logique du scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui induit des alliances pour le second. L'exemple du FN ayant montré qu'il est quasi impossible, sans alliance, pour un tiers parti de faire élire un député en cas de triangulaire. D'autant plus que François Bayrou est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle dans seulement quatre circonscriptions législatives : la sienne et trois autres des Pyrénées-Atlantiques, dont celle de son ami Jean Lassale. Dans les quatre, c'est Ségolène Royal qui est arrivée en tête du second tour.
Reste à savoir quelle sera la stratégie de François Bayrou aux législatives, après avoir détaché le centre de la droite. Maintien d'une ligne centriste ? Ou alliance avec la gauche, c'est-à-dire, en définitive, passage du centre-droit au centre-gauche ? L'essentiel étant, dans les deux cas, la prochaine présidentielle, seule élection où il est possible de restructurer la vie politique. Toute la difficulté consistant à exister d'ici à 2012 et, s'ils sont électoralement liés à l'un des deux blocs, à composer avec des élus.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 10/05/2007
(article remanié et exceptionnellement publié le matin même de sa parution dans La Croix)
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09 mai 2007
Des députés bayrouistes en peau de chagrin
François Bayrou avait raison : l'élection présidentielle peut effectivement être l'occasion d'une recomposition du paysage politique français. Sauf que, non élu, cette recomposition risque de s'organiser à ses dépens. Sur les trente parlementaires UDF sortants, seule une poignée n'a pas encore rallié la nouvelle majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. La rupture entre François Bayrou et ses élus s'est effectuée en plusieurs temps.
Le 4 octobre 2006, un premier député UDF, Pierre-Christophe Baguet, annonce qu'il soutiendra Nicolas Sarkozy. "Homme libre au sein de l'UDF, j'entends être un homme libre aux côtés de Nicolas Sarkozy", affirme l'élu de Boulogne-Billancourt. Les 10 et 11 octobre 2006, Pierre-Christophe Baguet est exclu du groupe UDF de l'Assemblée nationale puis suspendu du parti. Il demeure toutefois président du groupe UDF et apparenté au conseil général des Hauts-de-Seine.
Le 11 février 2007, le second député UDF des Hauts-de-Seine, André Santini, apporte à son tour son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy. "Je ne rallie pas un parti, je rallie un homme, je rallie un projet, explique le maire d'Issy-les-Moulineaux. Je demeure libre dans un parti qui se dit libre." Dix jours plus tard, André Santini est suspendu de l'UDF.
Les proches de François Bayrou ne s'inquiètent alors pas de ces défections et insistent sur l'"effet Hauts-de-Seine", dont Nicolas Sarkozy préside le conseil général. André Santini et Pierre-Christophe Baguet ont en outre en commun d'être issus de la même ancienne composante de l'UDF, le Parti social-démocrate, qu'ils ont relancé le 24 janvier 2007 sous le nom de Cercle démocrate, républicain et social. Au même moment, Christian Blanc se rapproche également de Nicolas Sarkozy, mais le député n'est pas membre de l'UDF : il n'est qu'apparenté au groupe parlementaire.
Jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle, dopée par les bons sondages, la maison Bayrou reste donc en ordre de bataille. Rien à voir avec ce qui s'était passé en 2002, lorsqu'une petite moitié des parlementaires UDF avaient soutenu dès le premier tour la candidature de Jacques Chirac. En aparté, les proches de François Bayrou se déclarent même "soulagés" par le ralliement, le 31 mars, de Gilles de Robien à Nicolas Sarkozy, tant ils craignaient que le ministre de l'éducation nationale ne contrarie l'offensive de François Bayrou au sein de l'électorat enseignant.
Les murs de l'UDF commencent toutefois à trembler au soir du premier tour. Dès 22 h 20, des parlementaires UDF appellent dans un communiqué "à se rassembler autour de la candidature de Nicolas Sarkozy" : "C'est une chance, pour nous, UDF, de défendre nos valeurs au sein d'une nouvelle majorité présidentielle, unie et forte de sa diversité", écrivent-ils. Figure parmi les signataires, outre le suppléant de Gilles de Robien (Olivier Jardé), Francis Hillmeyer, seul député alsacien resté fidèle à l'UDF en 2002. Finalement, entre les deux tours, la quasi-totalité des députés UDF annoncent qu'ils voteront, contrairement à François Bayrou, pour le président de l'UMP : Pierre Albertini (maire de Rouen), Nicolas Perruchot (maire de Blois), Maurice Leroy (président du conseil général du Loir-et-Cher), François Sauvadet, Hervé Morin, Charles de Courson...
Avec l'élection, dimanche, de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, et alors que les candidatures pour les élections législatives de juin doivent être déposées entre le 14 et le 18 mai, l'heure du choix a sonné pour les députés UDF sortants. Ou bien rejoindre Gilles de Robien et André Santini au sein du futur "pôle centriste" de la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. Un choix déjà fait par des députés très proches de François Bayrou comme Hervé Morin, président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, François Sauvadet, porte-parole de l'UDF, ou Maurice Leroy. Ou bien préparer l'élection présidentielle de 2012 autour de François Bayrou en participant, jeudi, à la fondation d'une nouvelle maison : le Mouvement démocrate. Au risque d'affronter, au premier tour des législatives, à la fois le PS et l'UMP. Et, en raison du mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, de devoir de toute façon nouer une alliance avec l'un ou l'autre entre les deux tours.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 09/05/2007
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Les législatives, l'heure de vérité pour les centristes
Il est toujours délicat de transposer le résultat d'une élection sur une autre. Mais il n'est pas inintéressant de regarder le score de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle dans les 577 circonscriptions législatives. Le président de l'UDF obtient, sans surprise, son meilleur résultat dans sa circonscription (Pyrénées-Atlantiques, 2e) : 36,79% des suffrages exprimés. Sur 30 députés UDF et apparentés sortants, 23 sont élus dans une circonscription ayant donné à François Bayrou un résultat supérieur à sa moyenne nationale (18,57%). Le président de l'UDF arrive par ailleurs en tête - avec des scores supérieurs à 30% - dans quatre des six circonscriptions des Pyrénées-Atlantiques, dont il a longtemps présidé le conseil général.
Aux élections législatives, ne peuvent se présenter au second tour que les candidats ayant obtenu au premier un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits (barre plus difficile à atteindre si la participation électorale est plus faible). Dans deux circonscriptions, la 5e de la Somme (11,85%) et la 3e des Alpes-Maritimes (11,99%), François Bayrou n'a pas atteint ce seuil. Compte non tenu de leur implantation locale personnelle, les deux députés sortants, respectivement Stéphane Demilly et Rudy Salles, ont de bonnes raisons de ne pas se fâcher avec l'UMP : dans les deux cas, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête du premier tour.
Le président de l'UMP obtient en effet au premier tour des scores très importants dans plusieurs circonscriptions détenues par des UDF ou apparentés : 50,84% dans celle de Pierre-Christophe Baguet (Hauts-de-Seine, 9e), 48,91% dans celle de Christian Blanc (Yvelines, 3e), 42,46% dans celle de Rudy Salles (Alpes-Maritimes, 3e), 36,06% dans celle de Bernard Bosson (Haute-Savoie, 2e), 34% dans celle d'André Santini (Hauts-de-Seine, 10e), 33,75% dans celle de Pierre Albertini (Seine-Maritime, 2e), 33,73% dans celle d'Yvan Lachaud (Gard, 1e)... Enfin, au second tour, Ségolène Royal n'est arrivée en tête que dans trois circonscriptions UDF : celles de Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e), François Bayrou (Pyrénées-Atlantiques, 2e) et Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques, 4e). Ce dernier fait partie de la poignée de députés UDF sortants qui participeront, jeudi, à la création du Mouvement démocrate. Quant au maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, il "réfléchissait" encore, mardi, à son choix.
François Bayrou peut cependant, au vu des chiffres du premier tour de la présidentielle, espérer de bons scores des candidats du futur Mouvement démocrate dans les circonscriptions législatives des départements de tradition centriste : l'Ouest (Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire, Finistère, Mayenne, Morbihan, Loire-Atlantique) et l'Est (Bas-Rhin, Haut-Rhin), la Haute-Savoie, le Rhône... Auxquels s'ajoutent certaines circonscriptions de la région parisienne : dans les Hauts-de-Seine, les Yvelines, ou encore à Paris.
Enfin, dans deux circonscriptions il pourrait y avoir un second tour entre l'UMP et le futur Mouvement démocrate (la 2e du Bas-Rhin et la 5e du Haut-Rhin), tandis que dans trois il y aurait une triangulaire entre l'UMP, le Mouvement démocrate et le FN (7e, 8e et 9e du Bas-Rhin).
Laurent de Boissieu
© La Croix, 09/05/2007
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Nicolas Sarkozy à Malte
Nicolas Sarkozy a décidé de faire une "retraite" dans un lieu à connotation "spirituelle" comme il me l'avait confié passer des vacances de milliardaire hors du territoire national, à Malte. Il avait ainsi indiqué qu'il ne participerait pas, mardi, aux côtés de Jacques Chirac, aux cérémonies de commémoration du 8 mai 1945 afin de ne pas "donner l'impression d'une République à deux têtes" ...tout en annonçant qu'il participera, jeudi, aux cérémonies de commémoration de l'abolition de l'esclavage !
Après le Fouquet's, Nicolas Sarkozy a visiblement décidé de faire, depuis son élection à la présidence de la République, un 100 fautes...
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