15 mai 2008
Paroles, paroles...
Demain, le Nouveau centre d'Hervé Morin tient son congrès fondateur. Aujourd'hui, Bernard Kouchner a affirmé qu'il était toujours "de gauche" (À vous de juger, France 2).
Qu'est-ce qu'être centriste ? C'est être positionné à équidistance de la droite et de la gauche, représenter une alternative à la droite et à la gauche ou être dans l'état d'esprit de potentiellement nouer des alliances aussi bien avec la droite qu'avec la gauche.
Le Nouveau centre est-il centriste ? Non, bien entendu. Le Nouveau centre a simplement succédé au centre droit à l'UDF, qui n'a jamais été centriste.
Qu'est-ce qu'être "de gauche" ? Bonne question, car cela ne signifie rien, justement ! Être de gauche, c'est simplement appartenir à un parti qui siège sur les rangs de gauche des hémicycles parlementaires (et inversement pour la droite).
Bernard Kouchner est-il de gauche ? Non, bien entendu, à partir du moment où il appartient à un gouvernement de droite...
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16 avril 2008
L'UDF est la réponse, mais quelle est la question ?
Le bureau mis en place le 30 novembre 2007 dans le but de garantir "les intérêts juridiques, matériels, moraux, les idées et les valeurs de l'UDF" se réunit ce mercredi. Plusieurs de ses membres (les sénateurs Michel Mercier et Jean Arthuis, le parlementaire européen Thierry Cornillet) aimeraient en effet "faire revivre l'UDF".
Juridiquement, le parti de centre droit créé en 1978 existe, certes, toujours. Mais, depuis le congrès de Villepinte, le 30 novembre 2007, l'UDF est devenue "membre fondateur" du Mouvement démocrate et n’est plus qu'une coquille vide. La motion votée à l'époque est explicite : "À dater du 1er décembre 2007, tout adhérent de l'UDF est adhérent du Mouvement démocrate. L'UDF délègue aux instances du Mouvement démocrate la responsabilité de l'action et de l'expression communes. Les autres instances nationales et locales de l'UDF s'intègrent aux instances correspondantes du Mouvement démocrate."
L'enjeu n'est en fait pas la renaissance de l'UDF mais l'organisation des ex-UDF dans la majorité. Deux partis sont issus l'année dernière de l'UDF :
- le Mouvement Démocrate (MoDem) de François Bayrou qui se situe dans l'opposition à la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy
- le Nouveau centre qui participe à la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy
L'ambiguïté avait toutefois été maintenue au Sénat, le Groupe Union centriste-UDF ayant conservé son unité sous la présidence de Michel Mercier.
Or Michel Mercier, Jean Arthuis (président de la commission des finances du Sénat) et leurs amis entendent aujourd'hui affirmer leur appartenance à la majorité ...sans adhérer au Nouveau centre. Plus que le Mouvement Démocrate (MoDem) - car a priori la décision du dernier congrès de l'UDF est sans ambiguïté - c'est donc le Nouveau centre qui joue gros.
De deux choses l'une. Soit le Nouveau centre parvient à s'affirmer dans la majorité comme le pôle de rassemblement des ex-UDF de la majorité (ce que les ex-UDF de l'UMP, comme Pierre Méhaignerie, ne voient pas d'un bon oeil). Soit le Nouveau centre ne devient qu'un pôle parmi d'autres des ex-UDF de la majorité, aux côtés d'Avenir démocrate (qui compte trois parlementaires européens : Jean-Marie Cavada, Janelly Fourtou, Claire Gibault) et de l'Union centriste (Michel Mercier, Jean Arthuis, Jo Kerguéris, etc.). Sans en être réellement une, l'Union centriste était d'ailleurs juridiquement considérée comme une composante à part entière de l'UDF (aux côtés du Parti radical, du Parti populaire pour la démocratie française, de Force démocrate et jusqu'en 1998 de Démocratie libérale).
Quant à la question du financement public, seul l'UDF-MoDem (étiquette utilisée en juin 2007 par 530 candidats) en bénéficie directement. Pas plus le Nouveau centre que l'Union centriste n'ont en effet présenté des candidats ayant obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions. Le Nouveau centre, qui a loupé de peu le coche, a donc été contraint de passer une convention avec un parti qui, lui, bénéficie de la première fraction du financement public (le Fetia Api). Ainsi le veut la loi sur le financement des partis politiques, qui fige de fait pendant la durée d'une législature le paysage politique. Réduisant d'éventuelles partis dissidents au régime sec jusqu'aux élections législatives suivantes. Le RPF de Charles Pasqua (ex-RPR) et le MNR de Bruno Mégret (ex-FN) ont avaient déjà fait les frais en leur temps.
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02 décembre 2007
Il y a centre et centre...
Avec la création, ce week-end, du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou a achevé sa mutation centriste. Toutes les ambiguïtés sont en effet en passe d'être levées : l'UDF de centre droit est morte. Vive le MoDem centriste !
Une des difficultés pour le commentateur de cet évènement vient de l'utilisation abusive de l'étiquette "centriste" pour qualifier, depuis 1978, l'UDF.
L'UDF n'a jamais eu un positionnement centriste, c'est-à-dire à équidistance de la droite et de la gauche. L'UDF a toujours eu un positionnement de centre droit, s'alliant exclusivement avec la droite. Et, personnellement, j'ai toujours pris soin, même si la facilité me dictait le contraire, de ne jamais qualifier dans mes articles l'UDF de centriste.
Dès lors, le successeur de l'UDF est plus le Nouveau Centre, de centre droit, que le MoDem, centriste.
Cette utilisation abusive de l'étiquette centriste pour qualifier l'UDF explique pourquoi le député Thierry Benoît (ex-UDF, ni MoDem ni - pour l'instant - Nouveau Centre) et le sénateur Jean Arthuis (ex-UDF, MoDem) continuent à militer pour des retrouvailles entre tous les "centristes" : ceux de l'UMP, du Parti Radical (associé à l'UMP), du Nouveau Centre et du MoDem. "Centristes", cela signifie, pour eux, ex-UDF. Mais c'est ne pas comprendre la démarche de François Bayrou. Véritablement centriste, elle...
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01 décembre 2007
L'UDF dit "au revoir" à la vie politique
Dirigé depuis près de dix ans par François Bayrou, le parti créé en 1978 par Valéry Giscard d'Estaing a choisi de disparaître au profit du Mouvement démocrate
L'UDF semblait jusque-là avoir été douée de régénération, cette capacité que possèdent certains êtres vivants à se reconstituer après une amputation. Car l'UDF de 2007 n'était déjà plus qu'un morceau de ce que représentait l'UDF de 1978. Ce qui n'avait pas empêché ce parti de demeurer, malgré les scissions, un acteur incontournable du paysage politique. Le congrès extraordinaire qui se déroulait hier à Villepinte (Seine-Saint-Denis) a clos définitivement ce chapitre de l'histoire politique française. Sans surprise, les participants ont voté une résolution prévoyant son absorption par le Mouvement démocrate (MoDem), qui tient dans la foulée, aujourd'hui et demain, son congrès fondateur. Même si, afin de geler l'utilisation du nom, l'UDF conservera pendant trois ans une existence juridique.
Tout est parti, entre 1976 et 1978, de la volonté de Valéry Giscard d'Estaing de contrebalancer le poids du RPR de Jacques Chirac en coordonnant les autres composantes de sa majorité. En 1978, l'Union pour la démocratie française (UDF) naît donc en tant que confédération de partis issus principalement de trois familles politiques historiquement opposées. L'ancien centre d'inspiration démocrate-chrétienne, avec Jean Lecanuet (décédé en 1993), André Diligent (décédé en 2002), René Monory ou Jean-Marie Vanlerenberghe, toujours sénateur Union centriste-UDF du Pas-de-Calais. L'aile droite du centre républicain radical, autour de Jean-Jacques Servan-Schreiber (décédé en 2006), Didier Bariani et André Rossinot. Et la droite libérale, avec Valéry Giscard d'Estaing lui-même, Roger Chinaud ou Bernard Lehideux, actuel parlementaire européenne UDF-MoDem.
Durant vingt ans, à droite, un double équilibre s'établit alors à l'Assemblée nationale. D'une part un bipartisme UDF-RPR. D'autre part, au sein de l'UDF, une répartition relativement stable entre 1978 et 1997 : les libéraux du Parti républicain représentaient la moitié des députés, le Centre des démocrates sociaux (CDS) un tiers, les autres composantes se partageant le reste. Tout semblait pouvoir continuer longtemps ainsi. Sauf que, en 1988 puis en 1995, l'UDF n'a pas été en mesure de présenter de candidat à l'élection présidentielle. Certes, en 1988, elle soutient Raymond Barre, qui en est apparenté. Mais en 1995 elle se trouve réduite à trancher entre deux candidats issus du RPR, Édouard Balladur et Jacques Chirac.
Cette situation, un homme ne l'accepte pas. C'est François Bayrou. Il n'a alors qu'une obsession : mettre l'UDF en situation de présenter un candidat et de remporter l'élection présidentielle. Dans son esprit, ce candidat c'est bien entendu ...François Bayrou. En 1998, l'UDF se trouve toutefois amputée de son aile libérale. Présidée par Alain Madelin, Démocratie libérale (ex-Parti républicain) quitte la confédération. L'équilibre créé en 1978 est rompu, même si une vingtaine de personnalités libérales restent à l'UDF (François Léotard, Gérard Longuet, Gilles de Robien, François Sauvadet...). L'UDF est morte, vive la nouvelle UDF ! C'est cette rupture qui va en effet permettre à François Bayrou de prendre la présidence du parti et de poursuivre son unification. Avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2002...
Cette année-là, François Bayrou obtient 6,84% des suffrages exprimés. L'UDF connaît cependant une nouvelle dissidence : la majorité de ses élus, dont une partie avait soutenu Jacques Chirac dès le premier tour, participe à la création de l'UMP (Philippe Douste-Blazy, Pierre Méhaignerie, Gérard Longuet, Hervé de Charette, Pierre-André Wiltzer, le Parti radical...). Aux élections législatives, l'UDF n'est plus que l'ombre d'elle-même avec un groupe parlementaire de 29 députés. Contre 113 en 1997, puis 82 après la scission de Démocratie libérale.
À l'époque, l'UDF s'est toutefois maintenue autour d'une ambiguïté qui a resurgi lors de la dernière élection présidentielle. Pour certains, il s'agissait de refuser le monopartisme à droite et au centre droit en maintenant l'UDF. Telle était la ligne de Gilles de Robien et celle des députés qui ont rompu avec François Bayrou pour créer, dans le contexte des dernières élections législatives, le Nouveau Centre (Hervé Morin, François Sauvadet, André Santini...). Disposant d'un groupe parlementaire, alors que François Bayrou et Jean Lassalle siègent désormais parmi les députés non-inscrits, le Nouveau Centre aspire à prendre la succession de l'UDF au centre droit. Pour François Bayrou, en revanche, l'objectif demeure l'élection présidentielle et la stratégie centriste qu'il a adoptée dans cette perspective, à équidistance de l'UMP et du PS. Une stratégie qui passe dorénavant par la création d'un nouveau parti : le Mouvement démocrate (MoDem). Après avoir obtenu 18,57% à l'élection présidentielle, François Bayrou dispose enfin d'une machine militante créée par et pour lui.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 30/11/2007 (version mise à jour)
Pour aller plus loin :
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05 novembre 2007
Bipolarisation et bipartisme
Je vous invite à lire une petite étude sur la bipolarisation de la vie politique française. De quand date la bipolarisation de la vie politique française ? Quelles en sont les causes ? La bipolarisation évolue-t-elle vers un bipartisme ?
16:15 | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | Imprimer | |