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13 mai 2006

Nicolas Sarkozy reste au gouvernement malgré l’affaire Clearstream

Nicolas Sarkozy a indiqué, samedi, lors d'une réunion des cadres de l'UMP au Carrousel du Louvre, son intention de continuer son "travail au service de la sécurité des Français" afin de ne pas ajouter "une crise à la crise" en créant "les conditions d'une crise politique qui ne profiterait qu'à la gauche et aux extrêmes". Évoquant "une affaire personnelle", le ministre de l’intérieur a toutefois fermement indiqué qu'il voulait "la vérité" sur la "lamentable" affaire Clearstream.

"Je sais ce que mon cœur me dit de faire mais je sais aussi ce que ma raison m’impose", a-t-il poursuivi en affirmant qu'il ne changera "pas de calendrier, de stratégie, d'attitude". Concluant, en faisant référence à l'élection présidentielle de 2007: "Je veux simplement être un jour celui qui aura l'honneur en votre nom, d'incarner la rupture pour construire une nouvelle espérance pour la France".

12 mai 2006

Clearstream

Nouvelles révélations, nouvelles questions

 

L’affaire Clearstream rebondit jour après jour, sans que l’on sache très bien qui, au singulier ou au pluriel, elle va, au final, éclabousser. C’était jeudi au tour du juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur les commissions occultes liées à la vente des frégates de Taïwan, de se trouver au centre de nouvelles interrogations. Le Canard enchaîné avait révélé, mercredi, la tenue d’une rencontre secrète, le 30 avril 2004, hors procédure judiciaire, entre Renaud Van Ruymbeke et Jean-Louis Gergorin. Lors de cette rencontre, l’ancien vice-président exécutif d’EADS aurait donné au juge des informations qui correspondraient à celles qu’il devait recevoir du « corbeau » en mai et juin 2004.

D’où une nouvelle série de questions, qui demeurent, elles aussi, sans réponse. Jean-Louis Gergorin est-il le corbeau ? Les deux hommes ont-ils négocié la remise anonyme des documents, ce que dément formellement Renaud Van Ruymbeke ? Quand ce dernier a-t-il averti ses collègues Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, chargés d’enquêter sur l’identité du « corbeau », de sa rencontre secrète avec Jean-Louis Gergorin ?

Quoi qu’il en soit, le ministre de la justice, Pascal Clément, a saisi, jeudi, l’inspection générale des services judiciaires. Il a également demandé au Parquet de Paris d’ouvrir une information judicaire pour « violation du secret de l’instruction » après la publication dans la presse du procès-verbal d’audition et des notes du général Philippe Rondot.

Mercredi, un avis du Conseil supérieur de la magistrature sur une proposition de nomination de Renaud Van Ruymbeke au poste de président de chambre à la cour d’appel de Paris avait en outre été suspendu.

De nouveaux éléments sont par ailleurs venus s’ajouter en ce qui concerne la chronologie de l’affaire. La société Clearstream, interrogée jeudi par La Croix, assure qu’il était très simple et rapide de prouver le caractère mensonger des listings de comptes numérotés puisque, « statutairement », la banque luxembourgeoise ne gère « pas de comptes de particuliers » et que ses clients sont « uniquement des professionnels ». Reste toujours à savoir si Dominique de Villepin a volontairement tardé ou non à rendre publique la preuve d’une manipulation et donc de l’innocence de Nicolas Sarkozy.

En attendant, Le Monde daté du 12 mai publie des extraits de notes personnelles du général Philippe Rondot, saisies par la justice. Il en ressort que, jusqu’en septembre 2004, le premier ministre affirmait, devant Philippe Rondot, croire en la possible authenticité des listings de comptes numérotés, et donc en l’implication éventuelle de Nicolas Sarkozy. « D de V (NDLR : Dominique de Villepin), que j’ai vu le 2/09/04, n’est toujours pas convaincu qu’il y a une possibilité de montage », écrit le général qui, lui, émet des « doutes » dès février 2004.

Plus troublant, les notes du militaire impliquent directement le président de la République. « Le PR (NDLR : président de la République) voulait un traitement direct avec D de V à son seul niveau », écrit-il le 21 janvier. D’autres réflexions personnelles sont plus étranges, comme celles en date du 19 juillet 2004 : « Je mets en garde sur les retombées négatives que cela peut avoir sur le PR », « Le risque : que le PR soit atteint », « Protéger D de V et PR ». De même que la phrase suivante, attribuée à Dominique de Villepin : « Si nous apparaissons, le PR et moi, nous sautons... »

Une autre question demeure en suspens : Nicolas Sarkozy a-t-il été mis au courant plus tôt qu’il ne le dit du volet le concernant de l’affaire Clearstream, afin de se poser aujourd’hui en victime ? Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Le Point, le journaliste Stéphane Denis, « ami » et « parent » de Philippe Rondot, assure qu’il lui a transmis à deux reprises, en septembre 2004 puis en avril 2005, un message oral du général afin de l’informer de son enquête. Ce que, dans le même journal, Nicolas Sarkozy conteste avec vigueur.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix 12/05/2006

 

11 mai 2006

Clearstream

Quels faits semblent avérés ?

 

Jean-Louis Gergorin, vice-président exécutif d’EADS, avertit en octobre 2003 le général Philippe Rondot, « conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales » au cabinet de la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, de l’existence, selon lui, d’une vaste entreprise de corruption mise au jour par Imad Lahoud, informaticien et directeur scientifique chez EADS. Jean-Louis Gergorin remet ensuite à Philippe Rondot, le 5 novembre, un document manuscrit comportant quatorze noms de bénéficiaires supposés de commissions occultes. Puis, le 23 novembre, un listing informatique de comptes numérotés. Y figurent plusieurs personnalités : industriels, hommes politiques, vedettes du show-biz et membres des services de renseignement.

Le général avertit le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie, Philippe Marland, et débute une enquête se limitant aux personnes citées ayant des liens avec le ministère de la défense. Le résultat de cette enquête est transmis le 19 octobre 2004 à Michèle Alliot-Marie. Entre-temps, le 9 janvier 2004, Philippe Rondot a participé à une réunion dans le bureau de Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, en présence de Jean-Louis Gergorin. Ce dernier a de nouveau montré un listing de comptes numérotés.

Parallèlement, le 3 mai 2004, Renaud Van Ruymbeke reçoit une première lettre anonyme l’informant de l’existence d’un « groupe mafieux » auquel seraient liées plusieurs personnalités du monde de l’industrie de la défense : Philippe Delmas, vice-président d’Airbus, Alain Gomez, ancien PDG de Thomson, ainsi que son ancien collaborateur Pierre Martinez. Ils sont accusés d’avoir perçu, via la société luxembourgeoise Clearstream, des commissions occultes liées au marché des frégates de Taïwan, dont a été saisi le juge. Les 9 et 14 juin 2004, Renaud Van Ruymbeke reçoit une nouvelle lettre anonyme accompagnée d’un cédérom de comptes numérotés. Y figurent cette fois plusieurs personnalités politiques : Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin, Nicolas Sarkozy (sous deux identités : Paul de Nagy et Stéphane Bocsa) et Dominique Strauss-Kahn. En novembre 2005, Renaud Van Ruymbeke conclut définitivement à une manipulation. La justice s’intéresse désormais au seul « corbeau ».

 

Ces faits ne sont pour l'heure contestés par aucun protagoniste.

 

 

Quelles sont les zones d’ombre ?

 

La principale incertitude concerne la teneur exacte de la réunion du 9 janvier 2004 au ministère des affaires étrangères : Dominique de Villepin a-t-il demandé au général Philippe Rondot de s’intéresser aux personnalités politiques citées, en marge de son enquête pour le ministère de la défense ? Dans le procès-verbal de son audition, le 28 mars 2006, par les juges d’instruction Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, le militaire indique que Dominique de Villepin lui a demandé « d’investiguer sur instruction expresse du président de la République » : « Il s’agissait de vérifier la validité de cette liste de comptes pour savoir si oui ou non les personnalités qui étaient citées possédaient un compte Clearstream ainsi que cela était mentionné sur ces listings. » Une version corroborée par les notes qu’il a prises à l’issue de la réunion et saisies par la justice. Mais contredite par Dominique de Villepin et Jacques Chirac. « S’agissant de l’affaire Clearstream , le président de la République dément catégoriquement avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques dont le nom a pu être mentionné », a indiqué, le 28 avril, l’Élysée. Même dénégation de la part du premier ministre, qui a redit, jeudi dernier, qu’il n’avait « à aucun moment » demandé « d’enquêter sur des personnalités politiques ». Plus troublant, Philippe Rondot est revenu sur ses propres déclarations à la justice en affirmant, dans Le Figaro du 2 mai, que « jamais Dominique de Villepin » ne lui avait demandé de s’intéresser « à un moment ou un autre » aux hommes politiques cités.

Autre zone d’ombre autour de cette réunion : la manière dont a été avancé le nom de Nicolas Sarkozy. Le 2 mai dernier, sur Europe 1, Dominique de Villepin a affirmé qu’« à aucun moment, le nom de Nicolas Sarkozy n’a été évoqué ». Avant de reconnaître, le 4 mai, que le nom de Nicolas Sarkozy « a été évoqué » mais seulement « comme ministre de l’intérieur ». Pour sa part, la déposition de Philippe Rondot contredit ses notes. Dans ces dernières, il parle d’« enjeu politique », avec une mention explicite : « Fixation Nicolas Sarkozy, référence conflit Chirac-Sarkozy. » Tandis que, face aux juges, le général a affirmé, au contraire, que le nom de Nicolas Sarkozy a bien été évoqué lors de cette réunion « parmi les personnes citées comme titulaires de comptes Clearstream », mais qu’« il n’y a pas eu de fixation particulière à ce sujet ». Enfin, reste à déterminer le moment où les différents protagonistes ont été avertis du déroulement de l’affaire. Dominique de Villepin a-t-il tardé à rendre publique la preuve d’une manipulation et donc de l’innocence de Nicolas Sarkozy ? Ce dernier a-t-il été mis au courant plus tôt qu’il ne le dit, afin de se poser en victime ? Autant de questions qui, pour l’instant, ne trouvent pas de réponses.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix 11/05/2006

 

01 mai 2006

Vie politique

nouvelles versions des pages du site France Politique sur la vie politique française :

http://francepolitique.free.fr/extreme-gauche.htm

http://francepolitique.free.fr/gauche.htm

http://francepolitique.free.fr/centre.htm

http://francepolitique.free.fr/droite.htm

http://francepolitique.free.fr/extreme-droite.htm

 

01 mars 2006

Alternative libérale

Naissance, aujourd'hui, d'un nouveau parti politique : Alternative libérale. Ses fondateurs sont doublement courageux. D'une part parce qu'ils sont jeunes et s'engagent en politique en créant leur propre parti. D'autre part parce qu'ils relèvent l'étiquette libérale, ce qui n'est pas évident dans une France à l'identité jacobino-bonaparto-gaulliste.

 

Historiquement, rares sont en France les mouvements politiques à avoir adopté l'étiquette libérale :

  • Action libérale populaire (1901-1919) : parti de défense religieuse créé après le Ralliement des catholiques à la République
  • Parti libéral européen : créé au début de la Ve République par le radical anti-communiste Jean-Paul David
  • Alliance républicaine indépendante et libérale : scission (1971) du parti de Jean-Louis Tixier-Vignancour (extrême droite)
  • Génération sociale et libérale : mouvement des jeunes giscardiens des années 70'
  • Mouvement des sociaux-libéraux : créé en 1977 par Olivier Stirn après son départ du RPR et avant son adhésion au Parti radical "valoisien"
  • Convention libérale européenne et sociale (CLES) de Raymond Barre
  • Rassemblement social et libéral : petit parti créé en 1997
  • Démocratie libérale (DL) : issu de la refondation du Parti républicain (PR) par Alain Madelin en 1997, composante de l'UDF jusqu'en 1998 puis parti fondateur de l'UMP en 2002
  • Génération libérale : créée en 1998, après la dissolution des Cercles Idées-Action d'Alain Madelin, par Jacques Garello, président de l'Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS)
  • Pôle républicain indépendant et libéral (PRIL) : courant créé en 1998 par les ex-DL fidèles à l'UDF
  • Droite libérale-chrétienne : parti créé en 1999 par Charles Millon (bien que ce dernier aurait préféré la dénomination Droite personnaliste chrétienne)

 

Tous ces mouvements ne se rattachaient pas au courant libéral. L'Alliance libérale populaire était ainsi divisée entre catholiques-libéraux (Jacques Piou) et catholiques-sociaux anti-libéraux (Albert de Mun). À noter que le qualificatif "libéral" est souvent atténué (voire neutralisé ?) par l'étiquette "sociale"...

 

En France, les grandes structures se rattachant au courant libéral ont généralement préféré l'étiquette "indépendants" (les "modérés" de la IVe République) et "républicains", ou la thématique de la défense de la "liberté" et, plus récemment, des "réformes" :

  • Parti républicain de la liberté (PRL) à la Libération
  • Républicains indépendants (RI) de Valéry Giscard d'Estaing
  • Parti républicain (PR) : composante libérale de l'UDF jusqu'à la création de Démocratie libérale (DL)
  • Parti pour la liberté (PPL) : petit parti créé en 1997 par Claude Reichman et Alain Dumait
  • Les Réformateurs : courant libéral de l'UMP, qui sera officiellement lancé le 7 mars 2006 (après une existence en tant que regroupement informel de parlementaires)
  • Réforme et Modernité : club "villepiniste" créé par le libéral Hervé Mariton

 

Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive, et les libéraux ont parfois adopté d'autres dénominations :

  • les radicaux représentent historiquement la fraction des libéraux favorables à l'alliance avec les socialistes face aux conservateurs (ce sont en quelques sortes des libéraux "de gauche" ou des "sociaux-libéraux")
  • le giscardien Hervé de Charette a successivement créé le Parti populaire pour la démocratie française (PPDF, issu des clubs Perspectives et Réalités) puis la Convention démocrate
  • Christian Blanc (ex-rocardien, député apparenté UDF) a créé le parti Énergies démocrates
  • le "socialiste libéral" Jean-Marie Bockel (sénateur PS) a créé le club Gauche moderne
  • la Droite libre de Rachid Kaci est un courant national-libéral de l'UMP
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