08 mars 2007
dictionnaires politiques
Dictionnaires de la droite, de la gauche, de l'extrême gauche et de l'extrême droite, Larousse, 4 volumes, entre 264 et 310 pages, 18 euros chacun.
Voilà une initiative d'édition comme on aimerait en voir plus souvent ! Si les dictionnaires sont à la mode, les quatre dictionnaires politiques que vient de publier Larousse - sur la droite (sous la direction de Xavier Jardin), la gauche (Henri Rey), l'extrême droite (Erwan Lecoeur) et l'extrême gauche (rédigé par Serge Cosseron) - méritent une place sur les tables de chevet en ces temps d'échéances électorales.
Chaque ouvrage se divise en trois parties : la présentation, sous forme de questions, de la famille politique concernée ("Existe-t-il plusieurs droites en France aujourd'hui ?", "La droite française est-elle libérale ?", "L'UDF est-elle encore de droite ?", "Le socialisme français résistera-t-il au libéralisme ?", "L'extrême gauche en France : une anomalie européenne ?"...), les "temps forts" de cette famille et, enfin, le dictionnaire proprement dit.
Ce dernier passe en revue trois types d'entrées : les personnalités, les organisations et les mots. Le lecteur peut ainsi, soit naviguer de renvois en renvois au sein d'une même famille politique, soit, démarche particulièrement intéressante que permet cette publication, comparer les interprétations propres à chaque famille politique d'un même mot présent dans plusieurs dictionnaires : "modèle social français", "rupture", "Europe"...
Rédigés par des spécialistes reconnus de la vie politique française (à l'exception de celui sur l'extrême gauche), ces dictionnaires, même s'ils peuvent laisser sur leur faim les lecteurs les plus avertis, ont été écrits avec un grand souci de pédagogie, ce qui en font des ouvrages de qualité universitaire mais accessibles au public le plus large.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 05/03/2007
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05 mars 2007
Bravo TF1 !
TF1 vient - enfin - de décider de présenter tous les soirs les prévisions météo pour la France. Auparavant, nous n'avions en effet droit qu'à la météo pour la métropole. Dorénavant, les dom-tom seront également pris en compte. Bravo TF1 ! Pour une fois, le service public devrait s'inspirer du privé...
20:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
04 mars 2007
François Bayrou veut créer un grand Parti démocrate
Élu à la présidence de la République, François Bayrou a annoncé qu'il créerait "un grand parti démocrate". Celui qui est actuellement président de l'UDF affirme par ailleurs qu'il nommerait "un gouvernement composé de femmes et d'hommes compétents, d'accord sur les grands choix, et représentatif des grandes sensibilités du pays". Pour les élections législatives, "ce gouvernement accordera un label ("majorité présidentielle") dans chaque circonscription aux candidats qui le soutiendront".
1. Que veut dire François Bayrou par "gouvernement de rassemblement" ?
En France, l'élection présidentielle est l'"élection reine". François Bayrou espère que sa qualification au second tour de la présidentielle puis son élection à la présidence de la République permettront de redessiner la paysage politique français.
Le "gouvernement de rassemblement" voulu par François Bayrou se distingue donc d'autres types de gouvernement, avec lesquels il est souvent confondu (François Bayrou lui-même hésitant sur la bonne formulation) :
- gouvernement d'union nationale : face à des circonstances exceptionnelles menaçant la Nation, les partis mettent en sourdine leurs différences et acceptent de gouverner ensemble (Exemple : l'Union sacrée en France en 1914).
- gouvernement de coalition : dans un régime parlementaire, des partis s'associent après les élections générales pour former une majorité parlementaire.
- gouvernement de grande coalition : terme utilisé en Allemagne et en Autriche - deux régimes parlementaires - pour désigner les gouvernements formés par les deux partis à vocation majoritaire lorsqu'aucun des deux ne parvient, seul ou en coalition, à former après les élections générales une majorité parlementaire. Il s'agit d'une majorité par défaut, à laquelle le parti centriste ne participe pas. Transposée en France, la situation allemande donnerait une coalition entre l'UMP et le PS, mais sans l'UDF.
2. Quelle pourrait être la majorité de François Bayrou ?
Tout dépend de la configuration du second tour :
- face à Ségolène Royal, François Bayrou apparaîtrait comme le candidat de la droite (avec le soutien de Nicolas Sarkozy) face au candidat de la gauche. Retour à la case départ pour l'UDF, qui retournerait alors au centre-droit, oubliant ses velléités centristes.
- face à Nicolas Sarkozy, François Bayrou apparaîtrait comme le candidat du centre(-gauche) face au candidat de la droite. C'est dans cette hypothèse que tout serait possible en cas d'élection de François Bayrou...
3. François Bayrou peut-il attirer à lui une partie du PS ?
L'hypothèse, en cas d'élection de François Bayrou face à Nicolas Sarkozy, d'un gouvernement réunissant l'UDF et une partie du PS semble invraisemblable en raison de l'actuelle structuration du paysage politique français. Mais, si l'on s'intéresse aux idées et non plus aux structures, cette hypothèse semble tout à fait possible.
Dans la plupart de nos voisins européens, le clivage droite-gauche est une question de degré de libéralisme, avec une droite libérale-conservatrice et une gauche social-libérale. Les acteurs politiques rejetant le capitalisme libéral étant disqualifiés. Or, la différence entre le PS français et ses équivalents de gauche en Europe, c'est que le PS français est, pour moitié environ (le clivage apparu lors des débats sur la Constitution européenne est révélateur à ce sujet), composé de militants qui rejettent la capitalisme libéral. Le SPD allemand a longtemps été dans une situation similaire, mais le départ des keynésiens, derrière Oskar lafontaine, a clarifié la situation.
Imaginer que l'UDF et une partie du PS (qui éclaterait alors) converge sur une ligne social-libérale au sein d'un même gouvernement n'aurait donc rien de politiquement incohérent. La création, dans le perspective des élections législatives, d'un nouveau "parti démocrate" n'en serait ensuite que la conséquence logique. À l'image de la création de l'UMP, entre l'élection présidentielle et les élections législatives de 2002.
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23 juin 2006
augmentation du smic
Le débat politique ressurgit chaque année avant l’été : faut-il ou non donner un coup de pouce au smic, c’est-à-dire l’augmenter au 1er juillet au-delà de la hausse automatique ? Le gouvernement de Dominique de Villepin pourrait répondre le 25 juin par la positive. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un de ces grands rendez-vous annuels qui permettent d’identifier l’orientation économique d’un gouvernement. En apparence, la réponse apportée à cette question permet de classer les partis politiques en deux camps, qui coïncident exactement avec le clivage droite-gauche.
Dans le « projet socialiste pour 2007 », adopté le 22 juin par les adhérents, le PS promet de porter « le smic au moins à 1 500 euros bruts avant la fin de la législature ». Toujours à gauche, le PCF propose également un « smic à 1 500 euros bruts par mois pour 35 heures », précisant qu’« une augmentation significative immédiate sera décidée, avec un calendrier pour atteindre rapidement les 1 500 euros ». Sur ce point, les deux principaux partis de gauche représentés au parlement sont donc d’accord.
À droite, une même unanimité règne, mais cette fois contre l’idée d’une telle hausse du smic. Commentant, lors du conseil national de l’UDF, le 10 juin, la proposition du PS, François Bayrou a lancé, sans véritablement trancher : « Ou bien cette annonce est truquée, parce que comme les syndicats l’ont dit, l’inflation va amener naturellement à ce montant. Ou bien elle est nocive pour la société, parce que si on le fait brutalement, il ne sera plus possible de pourvoir certains emplois, et que le smic va devenir la situation majoritaire des salariés ». Mêmes réticences de la part de Nicolas Sarkozy. Jeudi dernier, à Agen, le président de l’UMP a en effet accusé une gauche qui veut, selon lui, « construire le progrès social contre l’économie » : « Ils disent : augmentons le smic, l’entreprise paiera ! Mais si elle ne peut pas payer, elle licenciera ou elle ira produire ailleurs ou elle se rattrapera sur tous les autres salaires ».
Plus généralement, le député UMP Alain Madelin dénonce, sur son site Internet du « projet 2007 des libéraux » (liberaux2007.fr), la « smicardisation » de la société française. Pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002, cette situation a notamment pour cause les « augmentations artificielles du smic au-delà de la seule inflation par des gouvernements qui en font leur vitrine sociale ». N’hésitant pas à dénoncer l’attitude de son propre parti : « Le gouvernement Raffarin ne mettait-il pas à son actif le fait qu’il avait augmenté le smic de façon beaucoup plus importante que ne l’avait fait le gouvernement Jospin ! ».
Dans les détails, la droite et la gauche ne sont cependant pas épargnés par un débat interne sur le smic. Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a en effet décidé d’harmoniser entre 2003 et 2005 les différents smic issus de la loi sur la réduction du temps de travail. Or, en 2004, les plus libéraux de la majorité, derrière Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’économie et des finances, avaient envisagé d’« étaler » cette harmonisation entre 2005 et 2006. Finalement, le premier ministre de l’époque trancha en faveur de Jean-Louis Borloo, ministre de l’emploi et de la cohésion sociale. « Au 1er juillet 2005, le processus de convergence des smic a été achevé, mettant fin au désordre des différents smic sources d’inégalités entre les salariés, se félicite son ministère dans son bilan 2005. Ainsi, en trois ans, le pouvoir d’achat du smic aura augmenté de 11,4 %, soit la plus forte augmentation depuis vingt ans ». Un chiffre que les plus libéraux de la majorité et le Medef jugent déjà trop élevé pour envisager aujourd’hui un coup de pouce supplémentaire.
Ces chiffres masquent toutefois des disparités en fonction des anciens smics. Entre le 1er juillet 2002 et le 1er juillet 2005, ces derniers « ont progressé en pouvoir d’achat entre 0 et 118 euros, soit une croissance comprise entre 0 % et 12 % en trois ans », analyse le Centre d’études économiques et sociales du Groupe Alpha. Les anciens smics ont en effet convergé vers le smic le plus élevé, qui, lui, n’a pas été revalorisé (hors hausse automatique). C’est ce qui fait dire à la gauche qu’il s’agit en réalité d’une augmentation du smic en « trompe l’œil ».
Mais au PS également, en y regardant de plus près, la question du smic divise. L’aile gauche du parti qualifie en effet de « dérisoire » la proposition d’un smic à 1 500 euros bruts avant 2012. « Pour simplement préserver le pouvoir d’achat du smic actuel en dépit de l’inflation, il faudrait que le montant du smic brut atteigne 1 400 euros en 2012, analyse Jean-Jacques Chavigné dans la revue Démocratie & Socialisme. L’augmentation réelle du smic mensuel brut proposée par le projet socialiste n’est donc que de 100 euros entre 2005 et 2012 ». La bataille du smic ne fait que continuer.
Laurent de Boissieu
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14 mai 2006
Clearstream
Le général Philippe Rondot confirme la version du premier ministre, selon laquelle ce dernier ne lui a jamais demandé d’enquêter sur Nicolas Sarkozy
Pour la première fois depuis le début de l’affaire Clearstream, le général Philippe Rondot a parlé à visage découvert dans un entretien publié dimanche par le Journal du Dimanche. Visiblement en colère, le militaire, qui dit avoir vainement « demandé à bénéficier du statut de témoin assisté pour avoir accès au dossier », assure d’emblée qu’il ne se rendra plus aux convocations des juges et qu’en tout état de cause il ne répondra plus à leurs questions.
Admettant qu’il a fait « quelques confusions » lors de son audition, l’ancien conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales au ministère de la défense entend donc maintenant rétablir sa vérité sur l’affaire Clearstream. « Il y a trop de fuites, trop de manipulations, trop de publications tronquées de mes écrits ou de mes propos », explique-t-il en dénonçant ceux qui ont choisi de publier « certains extraits » de ses notes « à des fins douteuses, pour mettre en cause le président de la République, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie ».
Selon Philippe Rondot, son « ami » Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président exécutif d’EADS, « est à l’origine de l’affaire » : « Dominique de Villepin était de bonne foi » et l’industriel « a dû le convaincre qu’il y avait quelque chose, et que, dans le doute, il fallait continuer à chercher ». Bref, le chef du gouvernement aurait été « instrumentalisé », de même que le juge Renaud Van Ruymbeke.
En se poursuivant, l’enquête a continué « à alimenter la rumeur » et Dominique de Villepin et Jacques Chirac ont été « mis en danger », reconnaît Philippe Rondot. C’est ce qui expliquerait la phrase suivante, prêtée au premier ministre le 19 juillet 2004 : « Si nous apparaissons, le PR (NDLR : président de la République) et moi, nous sautons… ». Cette explication de texte signifierait que le premier ministre était déjà convaincu qu’il s’agissait d’une manipulation. Or, d’après les extraits publiés par Le Monde des notes du général, Dominique de Villepin a évoqué jusqu’en septembre 2004, devant le militaire, la possibilité de l’authenticité des listings de comptes numérotés.
Philippe Rondot redit toutefois qu’«il n’y a jamais été question d’enquêter sur Nicolas Sarkozy ou sur les autres hommes politiques dont les noms sont apparus dans les listings ». Dominique de Villepin aurait même été « embarrassé » de voir qu’ils s’étaient « engagés dans une enquête au cours de laquelle était apparu le nom de Nicolas Sarkozy, pouvant laisser croire qu’on enquêtait sur lui ». Au sujet de la fameuse réunion du 9 janvier 2004, le général assure ainsi qu’«il n’y a pas eu de fixation sur Nicolas Sarkozy » même si « son nom a dû être cité par Gergorin et susciter un intérêt ». Une version conforme à son audition devant les juges, mais que semblent contredire ses notes, où figurerait la mention « fixation Nicolas Sarkozy ».
Enfin, Philippe Rondot affirme qu’il a « fait passer un message à Nicolas Sarkozy », par l’intermédiaire du journaliste Stéphane Denis, un de ses « petits cousins », « pour le prévenir » de son enquête. Insistant : « Stéphane Denis m’a dit qu’il avait fait passer le message ». Ce qui accréditerait l’idée que Nicolas Sarkozy aurait été mis au courant plus tôt qu’il ne le dit. Une version que conteste avec vigueur le ministre de l’intérieur.
Laurent de Boissieu
© La Croix 15/05/2006
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