Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17 janvier 2008

Laïcité "positive"

4dcfa13485cf1aff0a1a039b774d52da.jpg"Laïcité positive", un concept qui pose question. En défendant l'idée d'une "laïcité positive", Nicolas Sarkozy sous-entend en effet que la laïcité française, historique, républicaine, serait une laïcité "négative".

 

 

Qu'est-ce que la laïcité ? (source : France Républicaine)

  • La séparation des églises et de l'État (Loi de 1905)
  • La neutralité de l'État, et donc des agents publics (interdiction de tout port de signes religieux visibles)
  • La République assure la liberté de conscience (article 1 de la Loi de 1905), liberté de croire (c'est mon cas) ou de ne pas croire et liberté de pratiquer une religion dans le respect des lois de la République
  • La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (article 2 de la Loi de 1905).

 

Qu'en est-il des discours du président de la République ?

  • amalgame entre laïcité et anti-religieux, d'où l'appel à une laïcité "positive" (sous-entendu : qui ne soit pas, elle, antireligieuse); or, contrairement à ce que dit Nicolas Sarkozy, la laïcité ce n'est pas l'anti-religieux dans la société mais c'est l'a-religieux dans la sphère publique.
  • primauté de la morale religieuse sur la morale laïque (discours de Latran, 20/12/2007 : "S'il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu'il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D'abord parce que la morale laïque risque toujours de s'épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini. Ensuite parce qu'une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité (...) Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance")
  • négation de l'athéisme (discours de Riyad, 14/01/2008 : "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme.").

L'attention a été focalisée sur des expressions qui ne sont que le reflet d'une réalité historique (donc, bien entendu, du passé et non du présent) : la France "fille aînée de l'Église", les "racines chrétiennes" de la France (même si, contrairement au président de la République, on ne peut pas considérer qu'elles le soient "essentiellement"). Mais les trois points ci-dessus exposés me semblent bien plus importants (inquiétants ?) !

 

P.S.: autre élément surprenant dans le discours de Riyad : Nicolas Sarkozy s'est non seulement adressé "à toute la nation saoudienne", mais "aussi à toute la nation arabe et à toute la communauté des croyants". En quoi la France doit-elle subreptiscement reconnaître l'exitence d'une "nation arabe" par-dessus les États ou saluer une communauté de croyants lorsqu'il s'adresse non pas à un dignitaire religieux mais à une assemblée politique ?

16 janvier 2008

Taux du livret A

925436104db443583b295647f0a6cc1a.jpgEn démocratie, seules les décisions prises directement par les citoyens ou par l'intermédiaire de leurs représentants sont légitimes. Le politique a cependant de plus en plus tendance à se défausser de ses responsabilités (François Fillon en parlait très bien, lorsqu'il était séguiniste). C'est ainsi qu'a été créé un mode de calcul automatique du taux de Livret A. C'est ainsi encore que le gouvernement envisage de créer une "commission des sages" qui plancherait sur la revalorisation annuelle du SMIC.

Or, selon le mode de calcul automatique, le taux du Livret A devrait passer le 1er février 2008 de 3% à 4%. Mais que décide le gouvernement ? De ne retenir qu'une hausse de 3,5% ! Si l'on peut se féliciter que le politique reprenne ses responsabilités... politiques, gageons que ce sera à chaque fois pour minorer une mesure (Livret A ou SMIC) qui, elle, pourrait concrètement augmenter les revenus et le pouvoir d'achat des Français les plus modestes (avec, de surcroît, un discours culpabilisant opposant épargne populaire et logement social alors que, parallèlement, on ne s'oppose pas à la libéralisation du Livret A).

15 janvier 2008

Révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne

c54d5baf0197872d38fb4c674307f5b1.jpgLe Parlement commence ce mardi l'examen du projet de loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution. Ce texte procède aux modifications de la Constitution préalables à la ratification du traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007.

 

Quelles sont les étapes nécessaires à la ratification du traité de Lisbonne ?

C'est normalement le Parlement qui autorise la ratification par le président de la République d'un traité international. L'article 54 de la Constitution précise toutefois que "si le Conseil Constitutionnel (...) a déclaré qu'un engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l'autorisation de ratifier ou d'approuver l'engagement international en cause ne peut intervenir qu'après révision de la Constitution". Or, dans sa décision du 20 décembre 2007, le Conseil constitutionnel a jugé que des dispositions du traité de Lisbonne appellent bien une révision de la Constitution. Deux étapes parlementaires sont donc nécessaires avant la ratification du traité. D'une part, la révision de la Constitution. D'autre part, l'autorisation de ratifier proprement dite.

 

Comment la Constitution sera-t-elle révisée ?

Selon la procédure de l'article 89 de la Constitution, le projet de loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution doit d'abord être voté par les deux assemblées en termes identiques. Il sera donc examiné à l'Assemblée nationale à partir de ce mardi, puis au Sénat. Le projet de loi constitutionnelle doit ensuite être approuvé soit par référendum, soit par le Parlement (577 députés et 331 sénateurs) convoqué en Congrès. C'est cette dernière procédure qui sera utilisée avec la convocation du Congrès, à Versailles, "dans la semaine du 4 février". Le projet de révision devrait alors être approuvé à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Sur le papier, la gauche (355 parlementaires), les centristes (une trentaine) et les souverainistes de droite (une dizaine) peuvent donc tout arrêter là.

 

Comment le traité de Lisbonne sera-t-il ratifié ?

Une fois la Constitution révisée, le processus de ratification du traité de Lisbonne proprement dit peut s'enclencher. Ici encore, deux possibilités. Soit la voie parlementaire normale, soit la voie référendaire de l'article 11 de la Constitution, utilisée en 1992 pour le traité de Maastricht et en 2005 pour le traité constitutionnel européen. Comme il l'avait indiqué durant la campagne présidentielle, et en dépit de la controverse que cela suscite en raison du rejet par le peuple français du projet de Constitution européenne auquel il succède, Nicolas Sarkozy a décidé d'utiliser pour le traité de Lisbonne la voie parlementaire. Le projet de loi autorisant sa ratification sera alors soumis au Parlement selon la procédure législative habituelle, le 6 février à l'Assemblée nationale, puis le 7 février au Sénat.

08 janvier 2008

De la monarchie élective

Nicolas Sarkozy (voeux à la presse) : "Monarchie, ça veut dire héréditaire. Vous croyez que je suis donc le fils illégitime de Jacques Chirac, qui m'a mis sur un trône ? Monsieur Joffrin, un homme cultivé comme vous, dire une aussi grosse bêtise. Moi, issu de la monarchie ? Okay, alors si la monarchie c'est l'élection, c'est plus la monarchie, Monsieur Joffrin. Ah non ! Excusez-moi Monsieur Joffrin, les mots ont un sens. Ils doivent l'avoir pour vous s'ils l'ont pour moi. Soit c'est une monarchie, donc c'est l'hérédité. Dans ce cas là j'aimerais qu'on m'explique de qui je suis l'héritier (...) Soit c'est l'élection et dans ce cas là c'est pas la monarchie."

N'en déplaise à Monsieur Sarkozy, une monarchie peut être élective. Ce fut la cas en France et, de façon plus pérenne, en Pologne.

Dur dur de parler sans Henri Guaino pour tenir la plume...

 

7c3263168ba562ce54515d174228c265.jpg

timbre "Hugues Capet élu roi de France" (1967)

07 janvier 2008

La politique, c'est sale

75ddecda2d85bc558a57a51c641a9f63.jpgÀ l'approche de toute élection locale (municipales, cantonales, régionales), il se trouve une personnalité politique pour déclarer que ces élections sont, ou, au contraire, ne sont pas, "politiques".

"J'entends tous ceux qui veulent transformer ce scrutin en message national : le politiser, c'est faire le jeu des extrêmes", Jean-Pierre Raffarin (premier ministre) en 2004

"Politiser au maximum les élections régionales pour éviter l’abstention et la montée de l'extrême-droite, car quand on politise on intéresse", François Hollande (premier secrétaire du PS) en 2004

"Nous ne voulons pas en faire une affaire purement locale et nous voulons politiser ces élections", Patrick Devedjian (secrétaire général de l'UMP), ce lundi 7 janvier

 

Comme si une élection politique n'était pas - par définition - ...politique !

Bien entendu, je vois très bien ce que les uns et les autres veulent dire (faut-il ou non mener une campagne nationale pour des scrutins locaux ? faut-il ou non en tirer des conséquences nationales ?). Mais une telle confusion de vocabulaire ne peut qu'alimenter le discrédit de la politique... nationale.