15 octobre 2013
Historique des conseillers généraux FN
Chronologie des conseillers généraux élus sous l'étiquette FN (hors conseillers de Paris):
1985 | Bouches-du-Rhône | Marseille-Notre-Dame-du-Mont | Jean Roussel |
1988 | Manche | Canisy | Fernand Le Rachinel |
1989 (p) | Bouches-du-Rhône | Salon-de-Provence | Philippe Adam |
1992 | Alpes-Maritimes | Nice-14 | Jacques Peyrat |
1994 | Manche | Canisy | Fernand Le Rachinel |
Var | Toulon-6 | Eliane Guillet de la Brosse | |
Eure-et-Loir | Dreux-Ouest | Marie-France Stirbois | |
1997 (p) | Haut-Rhin | Mulhouse-Nord | Gérard Freulet |
1998 | Var | Toulon-5 | Dominique Michel |
Oise | Noyon | Pierre Descaves | |
Bouches-du-Rhône | Marignane | Daniel Simonpieri | |
2001 | |||
2002 (p) | Vaucluse | Orange-Ouest | Jacques Bompard |
2004 | Vaucluse | Orange-Est | Marie-Claude Bompard |
2008 | |||
2011 | Var | Brignoles | Jean-Paul Dispard |
Vaucluse | Carpentras-Nord | Patrick Bassot | |
2013 (p) | Var | Brignoles | Laurent Lopez |
(p): élection cantonale partielle
Compilation personnelle à partir de mes archives électorales
Rappels:
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08 octobre 2013
Quand les poujadistes refusaient de siéger à l'extrême droite
La place des groupes au sein des hémicycles parlementaires est un sujet passionnant. Le type même de sujet sur lequel je rêverais de soutenir une thèse, si j'en avais le temps parallèlement à mon travail ...ou si j'étais rentier! Il n'en demeure pas moins qu'au fil de mes recherches sur les groupes politiques j'ai mis de côté plusieurs débats parlementaires sur leur répartition dans l'hémicycle.
Dans le contexte du refus par le FN de l'étiquette d'extrême droite, il me semble intéressant de rappeler l'un de ces débats: celui, après les élections législatives de 1956, autour de la motion préjudicielle déposée par le groupe poujadiste d'Union et fraternité française, qui refusait, déjà, de siéger à l'extrême droite. Au sein de ce groupe figurait justement Jean(-Marie) Le Pen.
Défendue par Jean(-Maurice) Demarquet, cette motion demandait à l'Assemblée nationale "de surseoir à la fixation de son ordre du jour jusqu'à ce que la répartition des places dans l'hémicycle ait été effectuée en conformité avec la logique".
Les députés poujadistes souhaitaient alors siéger au centre de l'hémicycle:
"Notre groupe comporte effectivement des gens de provenance politique très différente. Nous avions pensé que la logique la plus simple devait nous faire siéger approximativement au niveau de ce lieu géométrique idéal, vague ligne de partage des eaux, qui nous aurait permis de repartir nos collègues de groupes de gauche à notre gauche, et nos collègues de groupes de droite à notre droite.
Notre groupe comporte 52 élus, dont environ 30 commerçants et artisans, les autres se répartissant en petits industriels, ouvriers, maraîchers, anciens combattants et même libraire et ancien commissaire de police. Je ne pense pas que, suivant cette provenance sociale - et c'est un premier argument - nous puissions automatiquement être classés de droite".
Autre argument, celui de la nouveauté du groupe poujadiste:
"Cela ne nous étant pas permis [de siéger au centre], je dois préciser que plus importante sera la façon dont nous voterons pour qu'on essaie, d'une manière ou d'une autre - d'une manière que j'espérerai honnête - de nous placer à gauche ou à droite."
Constatant le "caractère majoritaire absolu qui [les] a rejetés vers l'extrême droite", les poujadistes retireront finalement leur motion préjudicielle et accepteront, "comme un exemple de discipline civique", de siéger à ces places.
"Nous allons donc nous asseoir, mais nos électeurs ne s'y tromperont pas, insiste Jean Demarquet. Nous les refusons théoriquement, mais nous ne voulons nous livrer à aucune manœuvre d'obstruction physique. Nous protestons donc vigoureusement, mais, tout de même, pour ne pas perdre de temps, nous acceptons de siéger."
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03 octobre 2013
Le FN et l'extrême droite: les arguments de Marine Le Pen passés au crible
Le débat sur le positionnement du FN se poursuit. Marine Le Pen a en effet précisé lors d'une rencontre organisée mercredi 2 octobre par L'Express puis jeudi 3 octobre sur RTL ses arguments pour réfuter le classement à l'extrême droite du parti qu'elle préside.
Il y en a trois. Passage en revue.
1. Le FN "ni à droite ni à gauche", défendant "des idées radicalement différentes du PS et de l'UMP".
Marine Le Pen a raison: le FN n'est ni à droite ni à gauche car il n'appartient ni au bloc de droite dominé par l'UMP ni au bloc de gauche dominé par le PS.
Comme tout parti politique, le FN est pourtant bien quelque part. Puisqu'il est "ni à droite ni à gauche", il est donc forcément soit au centre, soit à l'extrême gauche, soit à l'extrême droite.
De par son histoire comme de par ses interactions politiques, le FN est bel et bien géographiquement situé à l'extrême droite du paysage politique.
2. "Dans le même sac, on met Breivik, Aube dorée, on secoue bien et on se dit qu'il y aura une bonne image bien crade".
Marine Le Pen a raison: l'extrême droite est plurielle, comme tout positionnement politique. La Fédération Anarchiste, ce n'est pas le PCOF. Le MRC, ce n'est pas EELV. L'UDI, ce n'est pas DLR. Le FN, ce n'est pas l'AF ou le GRECE. Pour autant, il s'agit bien de mouvements respectivement positionnés à l'extrême gauche, à gauche, à droite ...et à l'extrême droite.
Bref, la présidente du FN a raison sur le risque théorique d'amalgame mais elle a tort sur la conséquence. D'autant plus que personne d'honnête ne peut amalgamer les idées des uns et des autres, celles du FN, de l'AF ou du GRECE. Mais personne d'honnête et non militante ne peut non plus ne pas classer le FN à l'extrême droite.
3. "Le ministère de l'Intérieur a une nomenclature pour les partis politiques en matière électorale: il y a Front national ET extrême droite"
Marine Le Pen a raison: le ministère de l'intérieur distingue le FN de l'extrême droite.
Pourquoi? Parce que le bureau des élections du ministère de l'intérieur sort un parti des grandes catégories si celui-ci a atteint un certain poids électoral, c'est-à-dire en ce qui concerne le FN depuis les élections législatives de 1986.
Mais aux législatives de 1973, 1978 et 1981, c'est-à-dire lorsque le FN n'était qu'un groupuscule d'extrême droite parmi d'autres, ce parti était bien une composante non différenciée de la grande catégorie "extrême droite".
Le processus fut le même pour Les Verts/EELV, qui n'ont été retirés de la grande catégorie "écologistes" qu'aux élections législatives de 2002!
18:51 | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | | Imprimer | |
02 octobre 2013
Le FN est-il à l'extrême droite?
Que le Front National refuse l'étiquette d'extrême droite n'est pas nouveau. D'autres partis politiques revendiquent d'ailleurs un positionnement qui ne correspond pas à la réalité: par exemple le Nouveau Centre d'Hervé Morin est à droite mais se dit au centre, la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel est à droite mais se dit à gauche.
Cela fait justement bien longtemps que je suis à la recherche d'une technique pour classer le plus scientifiquement possible les partis politiques. Technique qui se doit bien entendu d'être opérante à la fois dans le temps et dans l'espace.
J'en suis vite arrivé à la conclusion qu'il fallait, déjà, impérativement séparer les idées du positionnement politique. Pourquoi? Tout simplement parce que les familles idéologiques bougent dans le temps (les libéraux à gauche au XIXe siècle puis à droite au XXe siècle) et dans l'espace (il existe en Europe des partis libéraux positionnées à gauche, au centre, à droite ou à l'extrême droite).
À ces deux critères, qu'il convient de distinguer, s'ajoute celui du rapport au pouvoir en place, c'est-à-dire l'appartenance à la majorité gouvernementale ou à l'opposition, ou plutôt aux oppositions puisqu'elles sont toujours plurielles.
En résumé, un parti politique peut toujours se définir par trois critères:
1) Son attitude vis-à-vis du gouvernement, qui se résume à deux positions: majorité ou oppositions.
2) Son idéologie de référence (possibilités illimitées).
3) Son positionnement géographique sur l'échiquier politique, qui se résume à cinq positions: extrême droite ou droite ou centre ou gauche ou extrême gauche.
Qu'en est-il du Front National? Marine Le Pen a-t-elle raison en refusant de classer son parti à l'extrême droite?
1) Son attitude vis-à-vis du gouvernement. Le FN est bien entendu dans l'opposition à la majorité présidentielle de François Hollande et à la majorité parlementaire de Jean-Marc Ayrault.
2) Son idéologie de référence. Comme la plupart des partis politiques aujourd'hui, qualifier l'idéologie du FN n'est pas évident. Le terme de national-populisme est souvent utilisé, et selon moi avec raison, même si le frontisme est passé d'un national-libéral-populisme sous Jean-Marie Le Pen à un national-social-populisme sous Marine Le Pen (avis aux cons: il ne s'agit absolument pas sous ma plume d'une allusion au national-socialisme hitlérien, le gaullisme par exemple étant lui-même national et social).
3) Son positionnement sur l'échiquier politique. C'est là que Marine Le Pen bloque sur son classement à l'extrême droite. Pourtant, où d'autre classer le FN sur l'échiquier politique?
À droite? Non, car il n'appartient pas au système d'alliance de la droite dominé par l'UMP. Au centre? À gauche? À l'extrême gauche?
De par son insertion dans aucun système d'alliance, de par ses interactions politiques et de par son histoire, le FN appartient aujourd'hui à l'extrême droite. Peut-être cela changera-t-il demain. François Bayrou, par exemple, sans changer de corpus idéologique est passé de la droite au centre en 2005-2007 puis semble actuellement repasser à droite.
De fait, comme Jean-Pierre Chevènement en 2002, François Bayrou en 2007-2012 et Marine Le Pen, je considère que les frontières partisanes ne correspondent pas aux vrais clivages idéologiques. Une recomposition du paysage politique n'est donc pas à exclure un jour, mais elle ne pourrait s'opérer que dans la foulée d'une élection présidentielle victorieuse.
En conclusion, le FN est un parti national-populiste positionné à l'extrême droite et appartenant à l'opposition.
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