05 mai 2015
FN: le grand clivage
"La radicalité n'est pas la provocation", résumait judicieusement un cadre des Identitaires. De fait, il y a en réalité deux débats au sein du FN.
Le premier porte sur les provocations et ambiguïtés de Jean-Marie Le Pen sur la Seconde Guerre mondiale. Sur ce terrain, le président fondateur du FN est ultra-minoritaire puisque, sur quarante-quatre membres du bureau politique, seuls trois ont voté contre la motion condamnant ses propos dans l'hebdomadaire Rivarol: lui-même, Bruno Gollnisch et Alain Jamet (une abstention: Catherine Salagnac; un non-votant: Bruno Subtil). Même Marion Maréchal - Le Pen et Marie-Christine Arnautu l'ont votée. Il est vrai qu'afin de favoriser l'ascension interne de sa fille, l'ancien président du FN a exclu beaucoup de ceux qui, aujourd'hui, auraient pu le soutenir (on les retrouve notamment au Parti de la France de Carl Lang). Au bureau exécutif (9 membres), seule Marie-Christine Arnautu a néanmoins refusé dans la foulée de suspendre Jean-Marie Le Pen (absent) dans la perspective de lui retirer sa présidence d'honneur.
Le second clivage porte sur l'orientation idéologique, avec la cohabitation de deux FN:
- un FN "républicain", pour qui l'identité est une question culturelle et l'arrêt de l'immigration perçu comme le seul moyen de permettre l'assimilation des immigrés déjà présents. Conformément aux statuts du FN et à la ligne portée par Marine Le Pen, il s'agit de défendre "tous les citoyens français sans distinction d'origine, de race ou de religion". Concrètement, ce FN est par exemple opposé aux statistiques ethniques.
- un FN "identitaire" au sens des Identitaires, pour qui il s'agit de défendre les "Français de souche" (l'ex-FN Jean-Yves Le Gallou: "Le Français de souche, c'est un Français blanc"). L'objectif est donc non seulement la fin de l'immigration mais aussi la "rémigration" des "extra-européens" afin de revenir sur le "grand remplacement" (théorisé par le non-FN Renaud Camus) en France en particulier et en "Europe" en général des blancs par des non-blancs de peau. Cette ligne racialiste, qui n'est plus officiellement celle du FN sous Marine Le Pen, était celle sous Jean-Marie Le Pen, défenseur du "monde blanc" (Rivarol, 09/04/2015). Concrètement, ce FN est par exemple favorable aux statistiques ethniques (voire à l'émergence d'un "communautarisme" blanc comme Julien Rochedy, ex-directeur national du FNJ).
Comme Les Identitaires, des cadres du FN qui se trompent dorénavant de parti s'amusent ainsi (sans l'assumer!) à effectuer un comptage "racial" débectant à partir de la couleur de peau. Par exemple Laurent Morin, 1er adjoint au maire de Mantes-la-Ville, parlant du club de football de sa propre ville, le FC Mantois 78 (composé selon Wikipédia de 14 Français, 3 Sénégalais, 2 Maliens, 1 Congolais et 1 Mauritanien):
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