29 octobre 2013
UDI-MoDem, en attendant la charte: ambiguïté et lectures divergentes
Je vous invite à lire mon article dans La Croix:
Le MoDem en passe de renoncer à sa position centriste
Complément:
Ce matin, sur iTélé, François Bayrou a défendu la prise en compte des circonstances locales afin de pouvoir renouveler des alliances PS-MoDem aux élections municipales (sauf villes "emblématiques", dont bien entendu Marseille où le MoDem penche pourtant à gauche):
"On ne doit pas nationaliser toutes les élections municipales de France. Il y a une réalité, qu'il faut voir en face: il y a un petit nombre de villes – trois, quatre, cinq – qui sont très politiques, très emblématiques, dans ce petit nombre de villes-là, il est évident qu'on doit faire attention à la signification des choix que l'on fait. Mais il y a 36.000 communes en France. Et dans ces 36.000 communes-là, il faut pouvoir avoir de la souplesse et la prise en compte des personnalités: il y a des équipes, il y a des projets qui n'entrent pas dans le cadre de la bipolarisation nationale, et il est bon qu'il en soit ainsi. Je défends donc l'idée que les élections locales doivent prendre en compte le fait urbain, territorial, ville par ville."
Ce qui signifie que la charte est suffisamment floue - et "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup" - afin de permettre deux lectures divergentes:
- Côté UDI, on insiste sur une stratégie locale conforme "à la cohérence nationale qui place [le rassemblement UDI-MoDem] dans l'opposition". Bref, dorénavant plus aucune alliance PS-MoDem (donc le MoDem quitte le centre pour aller à droite).
- Côté MoDem, on insiste sur les "spécificités individuelles" et le "fait territorial". Ce qui laisse éventuellement encore une porte ouverte à des listes PS-MoDem (donc le MoDem reste au centre).
Mais une union politique peut-elle tenir dans la durée sans trancher au préalable une telle ambiguïté?
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Commentaires
Ces petits arrangements politiciens ne changeront pas la donne, ne pèseront pas électoralement. François Bayrou rentre dans le rang de la droite. Ils n'enrayeront pas la montée du FN qu'explique bien le documentaire diffusé hier, lundi 28 octobre sur France3.
Écrit par : cording | 29 octobre 2013
Vos analyses sont très fouillées et les contributions très pertinentes. Je relève la justesse du constat électoral fait par Cording, dans ses deux avis. En effet, le Modem s'est retrouvé dans la meme situation que sa famille Centriste, et comme le Parti Radical, avec une direction pouvant pencher à gauche, mais un électorat toujours orienté à droite, ce qui impose un grand écart, comme pour EELV ou le PCF avec leur tuteur du PS hégémonique, conditionnant la réélection de leurs édiles locaux, et donc des financements.
J'estime que le seul qui aurait pu accomplir cette prouesse bicéphale, et qui l'avait commencée avec Jean LECANUET et Michel PINTON, était Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER. Après avoir pris le contrôle du Parti Radical, il constitua le Mouvement Réformateur, avec des livres-manifeste à chaque fois, et co-fonda avec ses deux amis l'UDF, justement pour peser face au parti néo-gaulliste chiraquien. Mais VGE ne le soutenant que mollement, son départ rapide du gouvernement, puis son échec aux législatives de 1978 ou il échoua à se faire réélire, mirent un terme à cette tentative prometteuse et inédite.
Jean BOTHOREL lui avait consacré une biographie, peu avant sa mort, retiré du monde prématurément, avec une maladie précoce.
- Celui qui voulait tout changer. Les années JJSS. Robert LAFFONT.
Écrit par : Alex57 | 30 octobre 2013
Vous avez parfaitement raison @Alex57. J'avais un projet de livre sur l'histoire du centre en France (mais éditeurs pas intéressés car moins vendeur qu'un pamphlet sur Bayrou ou un livre-kleenex), et, avant Bayrou-2007, la dernière véritable aventure centriste fut celle de JJSS.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 octobre 2013
Merci pour votre réponse rapide abondant dans mon sens, vos notices doctorales sont précises et concises, résumant de façon limpide l'essence du gaullisme. Je ne peux que regretter que votre projet n'ait pu aboutir, par la frilosité mercantile des éditeurs établis, j'espère qu'une maison modeste spécialisée osera l'inclure dans sa collection, en accord avec sa ligne éditoriale.
Mr Jean-Pierre RIOUX a sorti récemment Les Centristes. De Mirabeau à Bayrou, chez Perrin, dans la collection Tempus. Vous pouvez aussi consulter Mr Julien FRETEL, un spécialiste reconnu de cette famille de pensée.
En tant qu'expert des courants gaullistes, et vu l'origine DC de Mr CHARBONNEL, je note que vous n'évoquez pas l'UPF, qui a un positionnement Centriste, puisque associé localement à des listes du MODEM. Ni l'UPR, que l'on peut rattacher au courant Souverainiste du gaullisme, à l'instar de DLR.
Il est vrai que vos occupations écrasantes sont déjà considérables et que le travail abattu est énorme. Mais comme vous etes une référence incontournable sur ce thème précis, je me dois de vous signaler ces absences pour connaitre votre avis autorisé sur ces deux partis récents, dont la filiation idéologique me semble établie avec le gaullisme: versus fédéral/confédéral. Cordiales Salutations.
Écrit par : Alex57 | 30 octobre 2013
PS: les éditions AUTREMENT co-éditent avec le CEVIPOF des ouvrages en Sciences Politiques, parmi les cinq premiers titres disponibles, aucun ne porte encore sur le Centrisme, ni sur le Gaullisme. Votre travail pourrait examiner la synthèse féconde entre ces deux familles de pensée, dans un essai combinatoire allié à la rigueur historique. Votre travail méritant d'etre connu du plus grand nombre. Bien à Vous.
Écrit par : Alex57 | 30 octobre 2013
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