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04 septembre 2013

Le centre est-il au centre?

C'est un de mes leitmotivs: ne pas classer au centre un parti qui appartient au bloc de droite (dominé par l'UMP) ou au bloc de gauche (dominé par le PS).

Si les mots ont un sens, le centre ce n'est en effet ni la droite ni la gauche. Sauf à utiliser deux oxymores, en considérant qu'il existe aussi un centre de gauche (le "centre gauche": PRG, CAP21, GE) et un centre de droite (le "centre droit": UDI).

Je n'ai pas ce souci de vocabulaire par snobisme. Mais tout simplement parce que, sinon, cela introduit à un moment ou un autre un biais dans l'analyse politique.

D'où vient le problème? Du fait que lorsque la vie politique s'est bipolarisée, c'est-à-dire lorsque le centre a disparu, le tronçon majoritaire du centre qui s'est intégré au bloc de droite a continué à être abusivement qualifié de centre. D'où la fameuse phrase de François Mitterrand sur le centre qui ne serait "ni de gauche ni de gauche" (au passage, si quelqu'un possède la référence exacte de cette citation, je suis preneur!).

Longtemps, cet abus de langage n'a pas soulevé de problème concrêt, puisque le centre, par définition à équidistance de la droite et de la gauche, n'existait de fait plus en raison de la bipolarisation droite-gauche.

Mais cette erreur sémantique pose un problème évident depuis que François Bayrou a fait renaître un centre en créant le Mouvement démocrate. Car, du coup, il n'existe plus de mot disponible pour qualifier son positionnement puisque le mot "centre" a été galvaudé en devenant un synonyme de "centre droit", c'est-à-dire de l'aile modérée de la droite. Modérée, certes, mais bien une partie, une composante du bloc de droite.

 

Le récent entretien dans le Journal du Dimanche de Jean-Luc Bennahmias, vice-président du MoDem venu de la gauche, est révélateur de cette impasse sémantique:

(...) le MoDem s'est créé pour dépasser le cadre du centrisme. (...) Mais nous sommes très loin de former des listes communes MoDem-UDI. Il faudrait d'abord que les centristes soient capables de comprendre la position politique du MoDem, hors du clivage droite-gauche. (...)

 

En réalité, le MoDem s'est créé non pas pour "dépasser" mais pour retrouver un centre, qui n'existait plus en raison de la bipolarisation. Et ce n'est pas parce qu'ils seraient au centre que les dirigeants de l'UDI diffèrent du positionnement politique de ceux du MoDem, mais au contraire parce qu'ils sont à droite et qu'ils ne sont pas, eux, au centre!

Commentaires

Si Bennahmias est au centre, moi je suis à l'extrême gauche (et croyez moi, j'en suis loin). C'est un mec de gauche, venu au centre par opportunisme (la place étant bouchée à gauche) et qui agite faussement le drapeau du centre indépendant mais qui en realité n'envisage que des alliances à gauche. Bref, s'il y a un abus de langage sur le mot centre ajd, il y en a aussi un abus de sincérité sur le positionnement de Bennahmias.

Écrit par : Smogg | 04 septembre 2013

Qu'il s'agisse de Jean-Luc Bennahmias ou de n'importe quelle autre personnalité politique, je ne peux pas sonder les reins et les cœurs. Donc je m'en tiens à son engagement politique, actuellement au centre et ouvert à des alliances aussi bien avec la gauche qu'avec la droite.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 04 septembre 2013

si bayrou fait des listes communes ave l'UDI, ce sera une erreur strategique enorme. l'UDI en demandant des gages au modem est capable avant meme les elections de siphoner une fois de plus ses militants , et son peu d'elus.
d'autant que l'ump va vite siffler la fin de la récréation avec l'UDI, l'UMP en a les moyens financiers, c'est eux qui payent pour l'UDI!! et ils ont aussi les moyens de leur proposer de renouveler leurs elus sortanst, connaissant le courage de borloo qui rebrousse chemin avant de sauter, le temps que bayrou se brule une fois de plus. et quelle perte de temps alors cela aura été pour bayrou, tout ça pour au final essayer de recreer l'UDF.
qu'il ne vienne pas parler de centre independant en s'alliant avec l'UDI, il aura tout renier et mis ses convictions au placard.
sans parler des batailles qui vont faire rage dans chaque ville.
l'udi avec ses 5 % a plus besoin des 8 % du modem, c'est au modem de demander des gages à l'UDI pas l'inverse

Écrit par : guenec | 04 septembre 2013

Là, je suis 100 fois d'accord avec votre article, qui me semble très clair.
D'accord aussi avec Guenec. Mais je doute fort que Bayrou veuille s'allier avec une UDI sous la coupe de l'UMP. Peut-être qu'il veut seulement obliger Borloo à clarifier sa situation et à adopter une position claire.

Écrit par : Monique Héliot | 04 septembre 2013

Pour moi le concept de "centre" est une aberration politique pour ne pas dire un non sens, par nature la vie politique est bipolarisée droite ou gauche, le centre ne veut rien dire ou alors il existe justement pour ne rien dire. La politique c'est prendre partit pour une idée, un concept, une vision on doit choisir une voie a prendre et le centre par nature n'en donne pas. On est de gauche ou de droite mais au centre ce n'est que de l'opportunisme.

Écrit par : Laurent | 05 septembre 2013

@Laurent: ce que vous dites n'est factuellement pas exacte. Historiquement en France ou aujourd'hui dans d'autres États il a existé ou il existe bel et bien un centre, c'est-à-dire que le choix entre les partis de gouvernement ne se limite pas à deux. Ce n'est pas une question d'opportunisme, c'est une question de système électoral, de mode de scrutin. Le scrutin majoritaire uninominal à deux tours actuellement en vigueur en France est en effet le principal obstacle à l'existence d'un centre en France.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 05 septembre 2013

Chers amis, camarades, compagnons et plus,
L'évacuation de toute notion idéologique du centre (une position de conciliation du social et du libéral et/ou l'héritage de traditions idéologiques radicales/chrétienne-démocrates/sociales-libérale/libérale sociales, etc.) au profit d'une simple définition géographique (équidistance gauche-droite) ne permet pas de comprendre le problème actuel UDI-Modem.

Le problème provient justement de la collision entre les 2 définitions différentes du centre :
- En vertu des traditions politiques, tout rapproche UDI et Modem, et donc il y a une forte et naturelles inclination des différents centristes à se retrouver (fédéralisme européen, conciliation lib-soc, etc.).
- Mais en vertu des stratégies de positionnement politique (UDI à droite et Modem au centre), un rapprochement est problématique et ne peut que tourner court.
Mais les deux défintions restent essentielles.

J'enfonce les portes ouvertes ou tout est soudain plus clair ??

Écrit par : Libéral européen | 05 septembre 2013

Gauche ou droite ou centre, les politiciens sont des vendeurs d'illusion.

Écrit par : Jacky | 05 septembre 2013

Les Jeunes centristes – UDI restent persuadés que l’Union Européenne est la plus belle chose qui soit arrivée à l’Histoire de notre continent en lui apportant la paix, la démocratie et la prospérité. Aujourd’hui elle préserve nos intérêts dans la mondialisation.

Les Jeunes centristes – UDI se réjouissent que les Croates puissent bénéficier des bienfaits de l’Union Européenne et sont certains qu’ils nous apporteront beaucoup. Ne serait-ce que pour notre politique de gestion des frontières.

Écrit par : Andre | 05 septembre 2013

Il y a aussi une raison historique à cette confusion. Les politiciens de droite ont longtemps refusé de s'assumer en tant que tels, préférant les termes "centre", "modérés" ... car le mot "droite", depuis la IIIe République, est associé à la monarchie, prenant ainsi une coloration péjorative (synonyme de conservatisme voire de réaction).
A cause de cet héritage, les partisans de J-L Borloo jugent plus valorisant de s'identifier au Centre qu'au Centre-droit qu'ils incarnent en réalité.

Écrit par : Joseph | 08 septembre 2013

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