08 février 2010
Les régionales, des élections pièges pour le MoDem
François Bayrou utilise les sondages quand cela l'arrange. Début janvier, en présentant ses vœux pour 2010, le président du MoDem avait mis en avant une enquête indiquant que 67% des Français n'avaient "confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays" (1). Début février, interrogé sur un sondage créditant le MoDem de seulement 4% des suffrages exprimés (2), il est soudainement moins loquace. "Je ne participe pas à la guerre des sondages", a-t-il tranché en fin de semaine dernière.
Les élections régionales – comme les municipales ou les législatives – constituent des scrutins pièges pour toutes les forces souhaitant incarner une alternative à la droite (l'UMP et ses alliés) et à la gauche (le PS et ses alliés), puisque ce sont par nature des élections d'alliance au second tour. Seul moyen d'en sortir : atteindre le poids électoral nécessaire pour se maintenir seul au second tour, c'est-à-dire dépasser le seuil des 10% des suffrages exprimés. Or, le MoDem semble de plus en plus s'en éloigner. Au premier tour de la présidentielle, François Bayrou avait atteint ce seuil dans la totalité des régions métropolitaines. Aux européennes, ce ne fut le cas qu'en Basse-Normandie et en Lorraine.
Pour faire bonne figure électorale, le parti centriste a donc décidé de se rapprocher des écologistes non Verts, qui avaient obtenu 3,63% aux européennes (8,46% pour le MoDem). Dans certaines régions, il s'est ainsi allié avec l'Alliance écologiste indépendante dans son ensemble. Dans d'autres, il ne s'est allié qu'avec une de ses composantes, Génération écologie, présidé par Jean-Noël Debroise. Ce dernier a été désigné tête de liste en Charente-Maritime (Poitou-Charentes). À l'inverse, en Languedoc-Roussillon, Marc Dufour (MoDem) et Patrice Drevet (GE-AEI) ne sont finalement pas parvenus à un accord.
Là où le MoDem et ses alliés obtiendront entre 5% et 10%, ils n'auront pour unique choix, s'ils veulent exister au conseil régional, que de fusionner entre les deux tours avec la gauche. Ce qui laisse présager de nouvelles tensions internes. Selon les régions, les figures locales du MoDem appartiennent en effet à des exécutifs locaux tantôt avec le PS - François Deseille en Bourgogne, Marc Dufour en Languedoc-Roussillon, Catherine Levraud (ex-Verts) en Paca - tantôt avec l'UMP - Geneviève Darrieussecq en Aquitaine ou Bruno Joncour en Bretagne.
Opposés à une perspective d'alliance avec la gauche, certains responsables du MoDem l'ont déjà quitté pour rallier les listes de la majorité présidentielle, comme le sénateur des Yvelines Nicolas About ou les responsables locaux Laurent Gérault (Maine-et-Loire, ex-chef de file du MoDem pour les régionales en Pays de la Loire) et Luc Binsinger (Meurthe-et-Moselle). À l'inverse, Alexis Blanc (Charente-Maritime) a devancé l'alliance avec la gauche en figurant dès le premier tour sur la liste de Ségolène Royal (PS). Pour ne rien arranger, Corinne Lepage n'en finit pas de prendre ses distances avec François Bayrou. L'ancienne ministre de l'environnement pourrait même soutenir dans plusieurs régions la liste Europe écologie plutôt que celle du parti dont elle est vice-présidente !
Reste à savoir quel sera l'impact pour François Bayrou d'une nouvelle contre-performance électorale du MoDem. Dans le dernier sondage sur la présidentielle de 2012, il conserve pour l'instant la troisième place, avec 12 % d'intentions de vote (3), loin derrière Nicolas Sarkozy (32%) et Martine Aubry (19%). Talonné, surtout, par Marine Le Pen (10%), Dominique de Villepin (9%) et Cécile Duflot (8%).
Laurent de Boissieu
© La Croix, 08/02/2010
(1) Enquête réalisée du 9 au 19 décembre par TNS Sofres pour le Cevipof, l'Institut Pierre-Mendès-France et Edelman auprès d'un échantillon représentatif de 1 502 personnes inscrites sur les listes électorales.
(2) Enquête réalisée les 1er et 2 février par TNS Sofres pour France Télévisions, Radio France et Le Monde auprès d'un échantillon national représentatif de 1 000 personnes.
(3) Enquête réalisée les 2 et 3 février 2010 par CSA pour Marianne auprès de 802 personnes inscrites sur les listes électorales.
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Commentaires
Cette histoire de sondage est en effet étrange.
D'un coté mettre en lumière le fait (presque avéré) que les sondages soient utilisées comme des armes électorales afin de décourager les indécis (gros de l'électorat modem) à voter pour le parti orange.
D'un autre coté le sondage exprimant le manque de confiance des Français sort du cadre électorale et en aucun cas commandité par Bayrou, mais simplement utilisée, comme doit faire un politique pour appuyer ses arguments.
Par leurs natures ces sondages sont différents, mais par leurs emploies on est tout a fait dans de la politique politiciennes. Est-ce reprochable ?
Écrit par : Jean Baptiste Houriez | 08 février 2010
Tout le monde utilise les sondages quand cela les arrange...
Bayrou à 4% dans les sondages sur les régionales : c'est une arme utilisée par ses adversaires.
Bayrou à 12% dans les sondages sur les régionales : cela devient une arme qu'il utilise contre ses adversaires.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 08 février 2010
Je suis un peu déçu : j'amais bien le Modem et François Bayrou.
Les adversaires de Bayrou attribueront cette chute - si elle est confirmée dans les faits - à une sorte de mégalomanie solitaire, au mieux gaullienne, au pire suicidaire.
Mais la cause me semble surtout structurelle/institutionnelle : elle me semble surtout confirmer la difficulté qu'il y a, dans le système politique français, à faire émerger une entité de poids, indépendante, au centre.
L'émergence d'une force aux extrêmes des deux blocs de gouvernement est possible (FN, Front de gauche, NPA, Verts dans leur aspect 68ard et autres le prouvent) en puisant dans les votes protestatires et en négociant ou non avec le bloc de gouvernement le plus proche (PCF-PS, Verts-PS, RPF-UMP..).
L'émergence d'une force au centre est autrement plus difficile puisqu'elle empiète alors directement sur le coeur du bloc de gouvernement et que la culture du basculement des alliances a été perdu en France depuis 1958.
Bien sûr, la stabilité des majorités est un acquis gaulliste essentiel qu'il faut préserver. Mais ce verrouillage du centre, en contraste avec ce qui existe ailleurs (RFA, UK, Italie) et en contraste avec la fluidité de l'espace "extrême" des 2 blocs de gouvernement en France pose quand même problème s'il s'avère que la cause en est institutionnelle.
Écrit par : Libéral européen | 09 février 2010
Libéral européen > La RFA n'existe plus depuis un certain temps déjà (;p), et il me semble qu'en Allemagne, le centre peine de la même manière à exister indépendamment de la gauche et de la droite.
Écrit par : Brath-z | 09 février 2010
Comme je l'ai écrit dans mon article, tout dépend du mode de scrutin. Le mode de scrutin à deux tours (législatives, régionales, municipales) est par nature un scrutin d'alliance au second tour; donc un scrutin difficile pour toute force souhaitant incarner une alternative au bloc de droite et au bloc de gauche.
Au Royaume-Uni, le scrutin uninominal à deux tours permet, certes, au centre d'avoir des élus, mais ne lui permet pas de gouverner (aucun des deux blocs n'a besoin de lui pour former une majorité).
En Allemagne, le mode de scrutin mixte donne au centre une position charnière (l'un ou l'autre des deux blocs a parfois besoin de lui pour former une majorité).
En France, seule l'élection présidentielle au suffrage universel direct peut permettre une recomposition du paysage politique avec l'émergence d'une force incarnant une alternative au bloc de droite et au bloc de gauche. Mais c'est "one shot" : si ça loupe, les scrutins entre deux présidentielles sont par nature difficiles (cf. le MRC aux législatives de 2002; cf. le MoDem depuis 2007) - sauf les européennes (un peu moins vrai depuis 2003).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 09 février 2010
OK pour tous vos avis sur les centres en Europe.
@Brath-z : Je me concentrerai sur la question de la RFA : l'Allemagne atuelle étant issue d'une adhésion de la RDA à la RFA (sauf erreur, la nom officiel est Beitritt der DDR im Grundgesetz der BRD = Entrée de la RDA dans la Loi fondamentale de la RFA), le nom officiel reste bien RFA, même si on l'utilise moins actuellement.
Écrit par : Libéral européen | 09 février 2010
La rubrique "Allemagne politique" n'existant pas encore sur europe-politique.eu, je ne peux pas prouver mes dire avec un site de réference ;-) mais c'est quand même vrai.
Écrit par : Libéral européen | 09 février 2010
http://www.europe-politique.eu/allemagne-politique.htm
Écrit par : Laurent de Boissieu | 09 février 2010
Désolé Laurent, je n'avais pas vu : j'avais regardé le menu vertical de gauche de ce blog et, dans la section "Europe" l'Allemagne n'apparaît que sous la rubrique "élections européennes Allemagne", d'où mon erreur : je pensais que la présentation de l'Allemagne était en travaux ou qquechose de ce genre. Mais j'aurais dû me douter qu'un Etat européen aussi important y figurait bel et bien.
Écrit par : Libéral européen | 10 février 2010
@Libéral européen : merci, il y a effectivement une petite erreur dans le menu de gauche...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 10 février 2010
Si, vous me permettez les réflexions suivantes, en y apportant une réponse la discussion sera très intéressante...
Où est la dimension chrétienne dans les différents partis centrises français, à l'exeption de la trop dévote Mme Boutin?
Ce n'est pas une remise en cause de la laïcité, à laquelle je me livre, car pour moi, la référence religieuse ne constitue pas un lien direct avec un discour théologique, au contraire l'émancipation vis-à-vis des institutions de l'Eglise, est la règle.
Néanmoins, en dépit du paradoxe de fédérer autour d'elle croyants et non-croyants, la réthorique politique de "ce" bloc, si elle était développée aurait-elle une efficacité politique?
Écrit par : maringouin | 10 février 2010
Quand vous dites que la recomposition du paysage politique n'est possible qu'à l'occasion du scrutin présidentiel c'est vrai en théorie mais finalement assez faux dans les faits.
Depuis 1965, je ne vois que deux "recompositions" effectives. Avec l'émergence de l'UDF suite à la victoire de VGE, et la confirmation de la domination du PS à gauche avec celle de Mitterrand...
Ceux qui arrivent 3e au scrutin n'ont jamais réussi à capitaliser sur leur score, à moins de pouvoir s'appuyer sur un parti dominant leur camp.
Et finalement, assez logiquement, ce sont plutôt les scrutins à la proportionnelle qui ont permis à de nouvelles forces d'émerger. Parfois durablement comme le FN ou les Verts. Plus souvent de façon éphémère comme pour Villiers, Pasqua, Tapie...
Force est de constater que sans parti dominant un camp, et sans confirmation de son assise électorale aux scrutins proportionnels, la stratégie de Bayrou semble vouée à se briser contre les lignes de forces de la Ve République.
Écrit par : Bob | 10 février 2010
@maringouin. Il n'y a plus en France de parti représenté au Parlement majoritairement démocrate-chrétien (le PCD étant plutôt chrétien-conservateur). Les étapes de cette disparition :
- 1966 : élargissement du MRP en Centre démocrate
- 1995 : fusion du CDS et du PSD au sein de FD
- 1998 : fusion de FD, du PRIL et des AD au sein de la Nouvelle UDF
- 2002 : la majorité des démocrates-chrétiens de l'UDF adhèrent à l'UMP (Barrot, Méhaignerie, Daubresse).
Depuis cette date, l'UDF hier et le MoDem ou le Nouveau Centre aujourd'hui ne sont plus majoritairement - loin de là - démocrates-chrétiens (il faudrait regarder de plus près en ce qui concerne l'Alliance centriste, il est vrai).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 10 février 2010
@Bob. Je ne suis pas complètement d'accord avec vous... mais pas non plus complètement en désaccord !
Ce qui rend possible la recomposition du paysage politique français, c'est un scrutin à l'échelon national de type élection présidentielle ou élections européennes avant 2004. Or, en ce qui concernait les européennes, cela ne pouvait être qu'un feu de paille (Verts 1989, Tapie et Villiers 1994, Pasqua 1999). Tandis que la victoire à la présidentielle d'un troisième homme conduirait nécessairement selon moi à une recomposition politique aux législatives. Ce fut effectivement le cas une seule fois : VGE en 1974 face à Chaban et Mitterrand, marquant la disparition (et non pas la victoire !) du centre en France (même si les législatives avaient eu lieu avant, le centre d'opposition disparaît alors en ralliant la majorité de droite). Mais cela aurait été le cas en 2002 avec la victoire de Chevènement ou en 2007 avec la victoire de Bayrou. Je vous rappelle d'ailleurs qu'à deux reprises (sur huit) le second tour d'une présidentielle n'a pas opposé la droite à la gauche : Poher-Pompidou en 1969 et Le Pen-Chirac en 2002.
Donc je maintient que le centre :
- est étouffé par les scrutins à deux tours territorialisés (municipales, régionales, législatives)
- respire un peu au scrutin proportionnel à un tour territorialisé : élections européennes (et éventuellement futur mode de scrutin des élections territoriales)
- respire beaucoup au scrutin proportionnel à un tour nationalisé : élections européennes avant 2004 et premier tour de l'élection présidentielle (les politologues ayant depuis longtemps démontré qu'il fonctionne comme un scrutin proportionnel)
- ne peut recomposer le paysage politique français que si et seulement si il obtient une victoire à l'élection présidentielle...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 11 février 2010
bonjour,
le comportement de Bayrou et sa situation politique est la suite logique après 2007 ... il a voulu tué l'UDF et s'est étonné que l'UDF renaisse de ses cendres quelques jours plus tard par la volonté des parlementaires de l'UDF qui ont recréé tous seuls le Nouveau centre. Etonné de ne pas être suivi par la base et les élus de centre droit qui voulaient rester au centre droit, il a décidé de montrer sa vision démocratique en prétendant être l'udf qu'il était en train de tuer et que tous ceux qui ne le suivaient pas étaient des "traitres" comme si un parti politique de plus de 30 ans d'existence se résumait à un homme quelque soit ses positions politiques et choix !
Aujourd'hui, il lui reste très peu d'électorat de centre droit dans ses bases puisqu'au fur et à mesure, ils ont rejoint le Nouveau centre comprenant la supercherie ... idem pour les élus ... le peu d'élu du centre droit qu'il lui reste vont enfin comprendre !
L'UDF a toujours été le centre droit et a toujours combattu notamment les communistes et socialistes (notamment sous VGE) donc si Bayrou est capable de s'allier aux socialistes, cela démontre que Bayrou n'est plus du tout l'UDF, qui est aujourd'hui au Nouveau centre ... allié comme l'UDF l'était à un parti plus à droite ....
Le modem ne représente pas grande chose ... puisqu'il recherche un nouvel électorat déjà découpé entre les verts et le ps ... avec quasiment aucuns élus (quand l'udf/nouveau centre a 26 députés, 11 sénateurs, 2500 élus locaux... et presque autant d'adhérents qu'à l'époque de l'udf) le modem essaie tant que possible de sauver quelques sièges autour de l image encore médiatique de son chef : seule raison de l'existence de ce parti !
Bref le modem n'a rien de centriste : c'est un nouveau parti de gauche voire de nul part !
Écrit par : liloo | 11 février 2010
@liloo : je bondis en lisant les dernières lignes ton avis.
1) Le modem est bien au centre, au vrai CENTRE. C'est-à-dire capable d'attirer (en proportion variable selon les moments) des Hommes de droite et de gauche et de s'allier à droite comme à gauche.
C'était au contraire l'UDF giscardienne qui, en se réclamant du "centre" mais en s'ancrant en fait définitivement à droite depuis 1974, trahissait le mot "centre". Je comprends qu'on s'y soit habitué mais l'histoire longue (que je défends !) prouve que le "centre" n'est pas fatalement un appendice de la droite.
Il suffit de regarder le MRP, le parti radical-socialiste ou le petit UDSR (1944-1965). Des partis dont les courants internes et les alliances allaient bien de la gauche à la droite (là aussi par en proportion 50/50).
2) Ce n'est pas parce qu'il cherche aujourd'hui une alliance à gauche et attire aujourd'hui plus de déçus de gauche que de droite que le Modem est ""un nouveau parti de gauche". C'est une analyse de courte vue.
a) La stratégie d'alliance à gauche du Modem est obligatoire dans un premier temps. Notamment parce que, pour bâtir un vrai centre après 35 ans d'ancrage à droite, Bayrou n'a d'autre choix que de s'allier qques temps avec la gauche. Pour prouver qu'il peut passer de l'un à l'autre, casser symboliquement l'ancrage UDF-droite et ré-initier en France le mouvement de balancement du centre. Mais celà ne veut bien sûr pas dire que ce soit définitif.
b) D'autant que, le jour où il y aura des déçus de l'UMP - il y en aura forcémment un jour (même Churchill et de Gaulle ont été un temps rejetés par les électeurs, ne serait-ce qe par lassitude) - il est parfaitement crédible qu'une bonne part des déçus de droite rejoignent le Modem et le redroitise un peu.
Écrit par : Libéral européen | 11 février 2010
C'est en effet ce que je répète inlassablement depuis des années : l'UDF n'a jamais été centriste. La création de l'UDF est même l'aboutissement de la fin du centre dans un paysage politique français bipolarisé :
http://www.france-politique.fr/bipolarisation.htm
François Bayrou a recréé avec le MoDem un centre en France. Il était donc logique que la plupart des élus ex-UDF ne le suivent pas dans cette rupture avec la droite et restent à droite (ou au centre droit, si on détaille, même si je ne suis pas certain qu'Hervé Morin soit moins à droite que Xavier Bertrand...). C'est pouquoi, contrairement à beaucoup de mes confrères, je n'ai jamais qualifié les fondateurs du Nouveau Centre de traîtres : ils n'ont pas bougé et sont restés à droite (ou au centre droit).
Le centre - c'est-à-dire le MoDem - a-t-il une place dans la vie politique française ou est-il condamné à tomber à gauche ? Tout dépendra des prochaines élections.
Si le MoDem s'inscrit durablement aux seconds tours dans le jeu d'alliance à gauche, il devra en effet être considéré comme une composante de la gauche, aux côtés du PS, des Verts, du PCF, du PG, du PRG et du MRC. Ce qui ne l'empêche pas d'être autonome au premier tour.
Si, au contraire, le MoDem se maintient aux seconds tours face à la gauche et à la droite, il pourra continuer à être étiqueté centriste. C'est pourquoi, alors que des alliances avec la gauche sont attendues dans plusieurs régions où il aura obtenu entre 5 et 10% des suffrages exprimés, il est essentiel pour François Bayrou que son parti dépasse 10% dans au moins une région (au hasard : l'Aquitaine) afin de pouvoir maintenir au moins une liste indépendante au second tour des régionales.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 11 février 2010
Moi aussi (je fais référence surtout à votre dernier commentaire), je suis à la fois d'accord avec vous et pas tout à fait.
Il est indéniable que l'UDF était avant tout un parti de droite avant d'être une formation centriste. Son positionnement sur l'échiquier a presque toujours été clair de ce point de vue.
Cela dit, je trouve que limiter le centrisme à une position sur l'échiquier politique est une clé d'analyse un peu courte.
Si l'UDF était positionnée à droite, on ne peut pas non plus nier qu'elle était idéologiquement le prolongement des forces centristes françaises, alliées aux libéraux.
Vous me répondrez certainement que le centrisme n'est pas une idéologie. Soit. Mais la démocratie chrétienne, les chrétiens sociaux, les libéraux modérés, les sociaux libéraux... etc... toutes ces petites tendances se fondent bien sur des valeurs et pas uniquement sur un positionnement politique. Et cette "nébuleuse" a toujours été considérée comme une force centriste "à la française".
Par ailleurs, si l'UDF avait véritablement était simplement de droite, elle n'aurait peut-être pas autant multiplié les candidatures indépendantes au scrutin présidentiel ou aux européennes.
Quand Veil fait une liste contre VGE, ce n'est pas pour incarner une composante de la droite, mais bien la fibre européiste de la famille centriste.
Même lorsqu'il intègre un des deux pôles de droite ou de gauche, je pense que le centre conserve une originalité qui lui est propre. Et qui tient, en plus des valeurs centristes, au fait qu'il ne s'interdit pas, au moins en théorie, de quitter le camp auquel il appartient.
C'est ce caractère latent, qui permet à une part sensible du CDS de répondre favorablement à l'ouverture de Mitterrand au début de ce second mandat.
Tout cela pour dire, que plutôt que "centriste", je pense que le MoDem est plus justement un parti d'origine centriste adoptant un positionnement central, allié à la gauche.
Quant au Nouveau Centre, il s'agit d'un parti d'origine libérale et centriste ancré à droite.
Écrit par : Bob | 11 février 2010
Comme souvent, tout est question de définition ! En partant de définitions différentes du centre, nous arrivons forcément à des conclusions différentes...
Le centre n'est en effet pour moi pas une idéologie mais uniquement un positionnement politique. De même que les mots droite et gauche, le mot centre ne signifie idéologiquement rien. Je pense ainsi que tout parti se définit par deux critères :
- son idéologie (filiation des grandes familles politiques)
- son positionnement (variable dans le temps et dans l'espace pour une famille donnée)
Là où les choses se compliquent, c'est que certains partis ne se créent pas autour d'une idéologie mais autour d'un positionnement; c'est typiquement le cas du Nouvea Centre; et là où les chose se compliquent davantage encore en France, c'est qu'avec l'élection présidentielle au suffrage universel direct certains partis sont uniquement des écuries présidentielles; c'est typiquement le cas du MoDem. Mais cela n'a selon moi rien de choquant : le MoDem est un parti destiné à porter François Bayrou à l'élection présidentielle, et alors ? Où est le problème ? Le problème est plutôt pour les partis - comme le PS - qui ne tiennent pas compte de cette logique de la Ve République (que François Mitterrand avait pourtant autrefois si bien comprise).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 11 février 2010
J'aimerais revenir sur votre article concernant la double nationalité lié à la décisoin de Mr Yamgnam
Que pensez vous aujourd'hui d'un parti qui essaie vainement de faire élire des "français issus de la diversité", qui possèdent la double nationalité (extra européenne) alors que ceux ci sont nés en France ?
Que pensez vous du droit de ces mêmes français de représenter leur concitoyens français, lorsque leur culture est essentiellement empreinte de leur pays d'origine: mariage dans leur " autre" pays, investissements dans leur "autre" pays extra européen?
pensez vous qu'ils puissent au regard de la loi être éligible?
Je vous remercie d'éclairer ma lanterne de français en panne de citoyenneté.
Bien amicalement
Mr Pielout
Écrit par : PIELOUT | 12 février 2010
En fait, je partage votre définition. La difficulté que je relevais - de façon peut-être un peu confuse - c'est que pour le centre la clé idéologique et la clé positionnement ont tendances à se confondre un peu plus qu'ailleurs.
En raison de la faiblesse des "troupes" se rangeant derrières chacune des petites familles de pensée qui composent le centre. Du coup ces familles se sont intimement entremêlées, et je ne vois pas trop comment définir ce "synchrétisme" que par le terme "centrisme". Du coup, il me paraît assez peu adapté pour désigner le positionnement "central" d'un parti.
Sur le MoDem et le PS je vous rejoins totalement, à un détail près, tenant au fait que le MoDem n'assume pas vraiment d'être une simple écurie présidentielle. Ce qui est en grande partie la source de ses difficultés. Tant en interne où les militants ne réalisent que depuis les européennes que le seul scrutin qui intéresse le MoDem est la présidentielle. Qu'en externe, où cela ajoute au manque de lisibilité électorale du parti.
Écrit par : Bob | 12 février 2010
@Laurent
La position du centre au Royaume Uni va peut-être changer lors des prochaines législatives : il n'est plus exclu que les libéraux-démocrates s'imposent comme parti charnière indispensable à la constitution dune majorité, et obtiennent en contrepartie un changement du mode de scrutin.
Il me semble qu'en France aucune troisième force centriste (ou écologiste) ne peut s'affirmer durablement sans l'introduction d'une part au moins de proportionnelle aux législatives. Quoique que cela fragilise son emprise sur l'opposition, je pense que le PS est culturellement et historiquement plus ouvert à cette perspective que l'UMP. Cet élément seul suffit à expliquer (et justifier) le rapprochement de Bayrou avec la gauche.
Écrit par : Megalon | 13 février 2010
Long time no see :)
A première vue, on pourrait penser à un échec de François Bayrou à travers cet échec prévu du MoDem (dont je le vois difficilement dépasser les 5% dans la plupart des régions). Mais je ne pense pas que cela soit le cas. Au contraire, tel un phénix je le vois ressortir du trou sur une élection présidentielle, et que le MoDem même moribond est une écurie suffisante pour le conduire à jouer les troubles fêtes à de telles élections.
Le seul danger que représente cette élection pour lui est s'il y a un renversement du pouvoir au sein du parti, chose qui semble être voué à l'échec au regard des tentatives quand il était président de l'UDF qui se sont soldées par les départs successifs des troublions.
Le position idéologique est peu important au final, il fait en fonction de ce qui est disponible, et progressivement il glisse vers des couleurs plus roses (voir rouges). Je pense que ceci n'est que le reflet de la recherche des trous laisser par des partis (le PRG moribond laisse un trou à ce qu'on appelait le "centre gauche", surtout avec un PS dont un groupe presque majoritaire tend à chercher des alliances vers le "centre gauche").
Comme tu le dénotais par le passé dans un des postes sur l'idéologie du MoDem potentiellement en rupture avec son passé UDF, on voit très nettement une orientation marquée par un retrait des éléments caractéristiques du mouvement chrétien démocrate dont il est issu pour les remplacer par leurs opposés appartenant aux sociaux-démocrates, (dont un certains nombres sont représentés par Royal, Peillon, Collomb...). Mais à l'intérieur de ce mouvement restait jusqu'à maintenant des irreductibles de droite mais ceux-ci préfèrent assurer leurs arrières et se mettent en congé (pour combien de temps, et pourquoi ne sont-ils pas virés comme les précédents ? )
Écrit par : TomasD | 15 février 2010
@PIELOUT : hors sujet, donc je vous répondrai plus tard !
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 février 2010
@Bob. Il est d'autant plus difficile d'admettre en interne que le MoDem est une écurie présidentielle que cela va à l'encontre de la culture parlementariste héritée de l'UDF. Sinon, je suis d'accord pour dire qu'il manque au vocabulaire politique un terme - social-libéralisme ? solidarisme ? - pour désigner l'idéologie du MoDem (et celle d'autres partis en Europe).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 février 2010
@Megalon : c'est vrai, mas une dose de proportionnelle irait à l'encontre de la volonté hégémonique du PS à gauche...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 février 2010
@TomasD : je suis d'accord pour dire que les compteurs seront en partie remis à zéro pour la présidentielle; de toute façon, tout ce qui se passe (départ du reliquat de centre droit, difficultés aux élections municipales et régionales) était prévisible ...à l'exception du "hold-up électoral" d'Europe écologie aux européennes ! Alors que ce dernier scrutin aurait pu être pour le MoDem l'occasion de reprendre son souffle et de confirmer - au moins en partie - le résultat de la présidentielle; maintenant, le MoDem fait un peu penser au fromage blanc : 20% MG, 10% MG, 5% MG...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 février 2010
Le modem fait dans le "light" faute d'avoir su percer dans le "bio"...
(J'aurais évidemment du écrire "allégé", mais "light" était plus percutant, désolé pour le français).
Écrit par : Libéral européen | 16 février 2010
Et bien merci de cette précision, Libéral européen ! Voila une lacune de ma culture générale comblée ! Donc la RFA existe toujours, et la réunification allemande a été l'adhésion de la RDA à la loi fondamentale de la RFA. Une sorte d'élargissement de la RFA, en somme.
Sinon, M. de Boissieu, le solidarisme est un terme très flou, idéologiquement parlant... il recouvre des positions géographiques et idéologiques très diverses. Par exemple, le Parti Populiste, parti populiste d'extrême-droite issu du MNR, se revendique du solidarisme, quand Léon Bourgeois, père du concept, était un radical de centre-gauche.
Wikipédia (vous me pardonnerez, je pense, d'avoir approché la géhenne) établi une distinction sur la page "solidarisme" entre le "vrai" solidarisme et le "solidarisme d'extrême-droite", se bornant à écrire que le second n'a aucun lien avec le premier... sans expliquer pourquoi ! Même si je ne connais pas les mouvements présentés dans cette section de l'article, force est de constater que le Parti Populiste, qui est bien à l'extrême-droite, a parfaitement analysé le solidarisme de Bourgeois et propose un projet politique qui s'en inspire indéniablement.
Écrit par : Brath-z | 16 février 2010
@Brath-z : oui, le mot solidarisme possède en effet plusieurs significations ! (pour info, j'ai travaillé en IEP sur l'extrême droite en France et en Belgique)
Écrit par : Laurent de Boissieu | 16 février 2010
A Laurent de Boissieu
Désolé de squatter vos commentaires pour ce faire, mais j'ai une petite question à vous soumettre.
Je m'amuse tous les ans à produire un petit billet sur mon blog au sujet du financement public attribués au MoDem et au NC... Cette année le MoDem a obtenu le rattachement de 25 sénateurs contre 19 l'an passé. J'ai cherché d'où pouvaient venir ces renforts, et il semble qu'il s'agisse des non-PRG membres du RDSE...
Mais cette explication ne me satisfait pas... Soit il y a une autre explication, soit il faut que l'on m'explique ce qui a motivé Michel Charasse ou Jean-Pierre Chevènement à attendre 2010 pour se découvrir une fibre démocrato-centriste...
Voici le lien vers mon billet : http://partisocialliberaleuropeen.hautetfort.com/archive/2010/02/19/qui-sont-les-25-senateurs-qui-soutiennent-financierement-le.html
Si vous avez la solution...
Écrit par : Bob | 19 février 2010
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