23 mai 2008
Les langues régionales s'invitent dans la Constitution
Un amendement au projet de révision constitutionnelle disposant que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France" a été adopté jeudi. Pour la première fois, les langues régionales font donc leur entrée dans la Constitution.
Dire que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France" est une réalité. Comme les monuments historiques ou la gastronomie française. Dès lors, pourquoi l'inscrire dans la Constitution ?
Soit c'est simplement pour faire joli.
Soit c'est pour contourner la jurisprudence du Conseil Constitutionnel et du Conseil d'État.
Alors, regardons précisément à quoi s'oppose cette jurisprudence :
- à l'intégration des écoles Diwan (enseignement par immersion en breton) dans l’enseignement public (Conseil d'État, 2002). Or au nom de quoi des professeurs de l'école publique gratuite, laïque et obligatoire (financée par nos impôts) devraient-ils enseigner en dialectes bretons ? Autant est-il heureux que l'État propose l'enseignement optionnel des langues régionales (comme du latin et du grec), autant les fonctionnaires de l'éducation nationale n'ont pas à enseigner en langues régionales, dont l'utilisation relève de la sphère privée et non de la sphère publique.
- à la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (Conseil Constitutionnel, 1999). Or cette charte est incompatible avec l'universalisme républicain, qui ne reconnaît que des citoyens égaux en droits et en devoirs (sans distinction d'origine, de sexe, d'orientation sexuelle, d'opinions politiques ou religieuses) et non des minorités ou communautés.
Depuis plusieurs années, cet universalisme républicain reçoit des coups de boutoir (lois sur la parité, irruption du thème de la diversité raciale en politique, etc.).
On a parfaitement le droit de vouloir remettre en cause le républicanisme hérité de la Révolution française (1789 mais aussi 1792 : victoire des Jacobins contre les Fédéralistes girondins). Mais, alors, qu'on l'assume pleinement, qu'on abroge le Préambule de la Constitution (Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen) et que l'on cesse de proclamer dans la Constitution des principes contradictoires (indivisibilité de la République et égalité des citoyens d'un côté, organisation décentralisée de la République, libre administration et droit à l'expérimentation des collectivités locales de l'autre).
Les amendements poposés par Noël Mamère (la France "se reconnaît comme plurielle et garante de la diversité qui la compose"), Camille de Rocca Serra et Marc Le Fur (la langue de la République est le français "dans le respect des langues régionales qui fondent sa diversité") avaient au moins le mérite d'être moins hypocrites.
Sauf à considérer que l'amendement adopté jeudi n'avait, finalement, pour objectif que de faire joli...
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Commentaires
L'amendement n'a pour fonction que de faire joli. Il ne définit aucune obligation à l'égard du légisateur, de mon point de vue (http://www.erasoft.fr/2008/05/23/le-breton-est-une-race-tetue-ou-la-reconnaissance-des-langues-regionales-dans-la-constitution/)
Si l'amendement avait été un amendement à une loi, le Conseil constitutionnel l'aurait à coup sûr censuré, pour défaut de normativité, c'est-à-dire de pouvoir juridique.
Par ailleurs, Goasguen a immédiatement, dans les débats, dit que cet amendement n'avait pas vocation à autoriser la Charte européenne pour les langues régionales et minoritaires. Le député Jean-Jacques Urvoas réaffirme sur son blog que cet amendement ne changeait rien pour le moment (http://assemblee.blogs.liberation.fr/urvoas/2008/05/race-et-langues.html).
Et en plus de ça, le Conseil constitutionnel est toujours jacobin :) Je dormirai tranquille !
Écrit par : erasoft | 24 mai 2008
C'est également mon analyse ! Mais je suis resté prudent dans ma note, car les députés que j'ai appelés pour un article (à paraître lundi seulement dans La Croix) m'ont soutenu le contraire...
C’est en définitive un amendement gagnant-gagnant ;))
- Jean Luc Warsmann a sauvé le fond en repoussant les amendements anti-républicains (je le cite : « cette mention ne serait pas créatrice de droits nouveaux (en particulier celui d’exiger la traduction des documents administratifs) » et « ne vise pas à permettre à des groupes ou à des particuliers de poser une quelconque revendication »)
- Marc Le Fur a sauvé la forme et peut faire mine de crier victoire en mettant en avant l’introduction des langues régionales dans la Constitution
Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 mai 2008
On voit bien avec cet amendement sur les langues régionales que les députés en sont finalement réduits à ne modifier qu'à la marge le projet de révision constitutionnelle.
Certes, on peut citer quelques autres avancées: la parité hommes/femmes dans la sphère professionnelle, l’instauration de votes du Parlement à l’issue de déclarations thématiques du gouvernement et la saisine du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) par les justiciables.
Pour le reste, toutes les autres modifications votées par l’Assemblée nationale sont dérisoires. Ainsi du prétendu « référendum d’initiative populaire », qui n’est en réalité ni d’initiative populaire (ce sont les parlementaires qui déclenchent la procédure), ni même forcément… un référendum (il suffit que la proposition de loi soit examinée par les deux assemblées pour qu’il ne soit pas organisé). Dérisoire est également l’institution d’un veto parlementaire sur certaines nominations présidentielles, qui suppose de réunir une majorité des 3/5e au sein de commissions dominées par la majorité gouvernementale. Dérisoire est la limitation de l’intervention du président de la République devant le Parlement aux seules réunions du Congrès. Dérisoire est l’obligation de ratification parlementaire expresse des ordonnances lorsque l’on apprend au même moment que les circonscriptions électorales seront prochainement redécoupées via cette procédure de contournement du Parlement.
Pour une analyse critique du projet et des apports de l'Assemblée nationale, voir:
www.alter-reformeconstitutionnelle.com
Écrit par : G. | 03 juin 2008
@G. : Je suis heureux de constater que votre site refonctionne (j'avais voulu le citer l'autre jour, mais il n'était plus accessible...).
Je suis d'accord avec votre note sur la dénonciation des hypocrisies : référendum d'initiative populaire, contrôle du Parlement sur certaines nominations présidentielles, Turquie (http://www.ipolitique.fr/archive/2008/05/30/referendum-turquie.html ), équilibre des finances publiques (http://www.ipolitique.fr/archive/2008/05/19/constitution-regle-d-or.html ).
Mais je suis, en revanche, en TOTAL désaccord avec vous sur la parité professionnelle (http://www.ipolitique.fr/archive/2008/05/28/parite-constitution.html ).
Quant à l'expression du président de la République devant le Congrès, c'est une solution de compromis entre la Ve République et la VIe République (présidentielle, pas primoministérielle comme la vôtre !) rêvée par Nicolas Sarkozy (http://www.ipolitique.fr/archive/2008/04/23/reforme-des-institutions.html ).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 03 juin 2008
La DEMOCRATIE CHRETIENNE rappelle la déclaration de Jean-Paul II depuis les 3 Gaules " Les laïcs ne doivent pas abandonner les bancs de la Politique ".Pour ceux et celles qui croient que les valeurs morales et spirituelles doivent inspirer la vie économique et sociale et animer la Politique , doivent savoir qu'il existe une troisième voie entre le Marxisme totalitaire et le Libéralisme sans freins ni règles .
Jean VICENDO
Démocratie Chrétienne Sociale Française
Écrit par : VICENDO Jean | 16 juin 2008
si les décisions du chef de l'état ouvrent le débat social sur certaines réformes, restons logiques dans nos conclusions. L'Evangile prêche la Paix et l'amour du prochain. Il appartient à nos dirigeants de protéger ses citoyens contre toute agression de la vie. Les jeunes doivent retrouver la FOI en l'homme qui s'acquiert au berceau et se développe dans la famille .
Démocratie Chrétienne Sociale Française
Écrit par : VICENDO Jean | 16 juin 2008
Un peu d'histoire de la République ne peut nuire à voir les choses dans toute leur pespective, une perspective qui vient de très loin, au sujet des langues régionales:
Le premier point concerne la "politique d'éradication" menée par les gouvernements de la III° République. C'est un sujet habituellement tabou, la République n'ayant jamais eu une très grande capacité à faire une auto-critique sur ses propres dérapages éventuels (la guerre d'Algérie pourrait ici, toutes choses égales par ailleurs, figurer en gage d'archétype).
Il y a eu de manière répétée des instructions des "Ministres de
l'Instruction Publique" successifs de la III° République, envoyées aux Recteurs d'Académie, leur demandant de parvenir à "l'éradication" des langues régionales, dans les différentes régions concernées.
La mise en oeuvre n'était pas toujours identique au niveau local mais un très grand nombre d'instituteurs se montraient particulièrement zélés (j'y reviendrai infra), dans le relais de cette politique gouvernementale décidée au niveau national.
Il est vrai que l'ont sortait tout juste, lors de l'installation de la III° République en 1870, de la débacle militaire du Second empire et qu'on n'a dû alors le rétablissement de la République qu'au refus intraitable et obstiné du Cte de Chambord, dernier Bourbon prétendant au trône, d'accepter le drapeau tricolore. Rappelons-nous que Thiers, Mac Mahon élu Président de la République, et beaucoup d'autres d'une assemblée dominée par les monarchistes qui voulaient alors rétablir la royauté, lui offraient le trône sur lequel il serait monté sans coup férir, s'il avait eu un esprit moins rigide et passéiste. Pour combien de temps? Ce serait une autre question, mais s'il s'était agi d'un esprit plus ouvert et moderne à la Juan-Carlos d'Espagne, acquis et attaché aux valeurs des Lumières, sans doute pour longtemps. La jeune République était fragile et elle voyait d'un très mauvais oeil les langues régionales perçues à tort ou à raison comme un ferment de régionalisme associé à la monarchie (cf. l'exécution à la guillotine des Girondins par Robespierre et les Montagnards pendant la révolution, dont vous parlez vous-même en 1792) et surtout perçue comme une menace directe de division contre l'unité de la République (ce qui subsiste, c'est remarquable, dans l'argumentation de certains aujourd'hui sous la forme de l'argument de la "balkanisation").
Peut-être qu'une touche paranoïaque est-elle là inconsciemment à l'oeuvre depuis longtemps, depuis les premiers temps de la République révolutionnaire menacée dès ses débuts par l'Europe des monarchies coalisées et par le soulèvement notamment des régions de l'ouest, contre le tout nouveau régime?
Un autre point important à souligner est que l'on avait à l'époque vers 1870, aucune notion des possibilités d'une éducation bilingue, voire trilingue (langue nationale, langue régionale et langue étrangère: anglais, allemand, espagnol ou italien par exemple). Alors qu'on sait aujourd'hui, les meilleurs chercheurs et linguistes en attestent, que cette éducation, si elle est bien conduite, je veux dire avec les moyens qu'elle suppose, permet non seulement une ouverture d'esprit aux autres et au monde plus grande de ceux qui peuvent en bénéficier, mais que, si elle n'empêche aucunement une bonne maîtrise de la langue nationale et de son écriture, elle est de plus extrêmement propice à l'apprentissage ensuite facilité de plusieurs autres langues étrangères.
Ce n'est peut-être pas un hasard si les français sont hélas connus pour leur niveau médiocre en langues étrangères, la politique anti-langues régionales alliée à celle d'un enseignement mono-lingue privilégiant exclusivement l'apprentissage du français sans insister suffisamment celui des langues étrangères pendant plus d'un siècle jusqu'à il y a peu, n'y sont peut-être pas pour rien? C'est peut-être une des racines inconscientes (donc complètement inaperçue) de ce difficile problème collectif français.
La France, patrie des droits de l'homme et du citoyen, la République, n'aime pas beaucoup disais-je supra la "repentance" ou ce qui ressemble a un mea culpa sur sa conduite en matière de droits de l'homme (cf. la façon dont est habituellement traitée la période de la Terreur révolutionnaire dans les programmes des manuels scolaires d'histoire). Elle est par contre assez championne, il faut le reconnaître, pour donner la leçon aux autres nations y compris en matière de diversité culturelle et de respect de leurs minorités culturelles et aussi linguistiques (cf. les Inuits au Groenland ou autres etc.). Cela pourrait paraître un comble, mais c'est en fait assez logique car le: "faites ce que je dis et pas ce que je fais", caractérise fréquemment la posture de celui qui ne veut pas regarder le réel de son histoire nationale en face, sans fard, ce qui n'est certes pas toujours agréable. Aussi est-il remarquable que l'éducation que nous fournit l'école de la République est proprement amnésique et muette sur le sujet des langues régionales et surtout de cette politique d'éradication menée pendant 70 ans jusqu'en 1940 où ce furent des brimades, des humiliations morales et physiques jusqu'aux châtiments corporels répétés qui étaient employés par la République sur une partie de ses enfants, pour parvenir par tous les moyens à ses fins. Violence assez totalitaire tant dans l'esprit que dans la pratique faisant penser à des procédés de régimes de sinistre mémoire et irrespect flagrant de la diversité culturelle et de l'altérité hélas..! Mais là, on franchit à nouveau la ligne rouge, cela est politiquement incorrect à rappeler, bien que ce soit la triste réalité de ce qui s'est passé.
A décharge est-il important de souligner qu'à l'époque les châtiments corporels envers les enfants étaient communément admis dans l'éducation, tout comme dans un tout autre domaine était aussi tout autant admis le colonialisme en matière de politique nationale par exemple. Mais cela ne réduit pas les conséquences sur plusieurs générations des traumatismes durablement inscrits ainsi. Qui n'a pas connu dans sa famille dans les régions concernées, qui un grand père, qui une arrière-grand-mère envahis par un véritable sentiment de honte intense à l'idée de devoir parler sa langue régionale, perçue et définitivement intégrée au psychisme comme quelque chose de sale, de rabaissant ou d'humiliant?..
Peut-être que la façon dont est traité du sujet des langues régionales est-elle la meilleure illustration de ce que j'avance ici de ce formatage inconscient auquel on a abouti par le silence, l'amnésie et une forme d'autisme de l'enseignement de l'histoire nationale par l'école de la République, mené depuis si longtemps. C'est vrai en particulier, mais pas seulement, sur le sujet des langues régionales et sur le regard dépréciatif que l'on peut voir porté le cas échéant sur elles notamment en les qualifiant de "dialectes" ou pire de "patois" (cf. infra), dans un "bien penser collectif" commun assez intouchable, l'"arriéré" le disputant au "ringard" ou au "plouc" dans les étiquettes dont elles sont affublées, quand on les entend quelques fois brocardées. Rappelons à titre de simple exemple que la langue d'Oc (occitan) est une langue de grande culture, c'était rien moins que la langue des troubadours du moyen âge, ceux de l'Europe entière de la Scandinavie à la Sicile, une sorte d'anglais poético-littéraire de l'époque d'une rare richesse, plus littéraire encore que peut l'être le français aujourd'hui. A l'époque ou les chevaliers de langue d'Oïl de la moitié nord de la France signaient d'une croix, ne sachant pas écrire, les comtes de Toulouse ne s'exprimaient-ils pas, eux, en langue occitane, en vers? Mais qui le dit à l'école aux enfants actuellement, qui leur en parle?
A titre d'illustration de ce qui se vivait en particulier dans les écoles sous la III° République, deux exemples:
- en Bretagne on lisait: "Défense de cracher par terre et de parler breton" dans les lieux publics et les écoles et on attachait un sabot pendant toute une journée au cou de l'enfant ayant été surpris par le maître d'école à prononcer ne serait-ce qu'un seul mot dans sa langue familiale et régionale. On imagine les dégâts de semblable méthode.
Point n'est besoin d'être grand analyste pour apercevoir l'ampleur du trauma psychique vécu par l'enfant, ainsi devenu l'objet de dérision de tous ses camarades pendant toute une journée et sa souffrance morale alliée à un sentiment de honte extrême..
- en Languedoc et dans toute l'Occitanie (soit 32 départements du sud de la France de langue d'Oc): dans certains villages l'enfant surpris était amené à s'agenouiller les bras en croix sur l'estrade pendant le temps que le maître le voulait, sur une règle en fer, sous les quolibets suscités de ses petits ou petites camarades. D'autres, décidément très ingénieux dans leur zèle, avaient mis au point le système particulièrement pervers du "témoin", au sens de celui des courses de relais. Le premier enfant surpris se voyait remettre par l'instituteur le "témoin" et il lui incombait d'espionner, toute la journée le cas échéant, ses petits ou petites camarades pour le repasser dès que l'un ou l'une laissait échapper par mégarde, malgré la menace de l'interdit qui pesait constamment, un mot ou une expression dans sa langue familiale et régionale. Et pourquoi fallait-il qu'il soit si attentif, mis en situation de délation des ses camarades? Parce que le malheureux enfant qui le soir, à la fin de la journée, était possesseur de ce "témoin" était châtié en public, à la main, voire à la règle et même hélas parfois chez certains instituteurs les plus sadiques au fouet, devant toute la classe, pour faire un bonne leçon à tous. Il est sûr que la leçon qui se voulait "inoubliable" devait en effet être inscrite et pour longtemps dans les mémoires et l'inconscient des petits et petites et, partant, dans la mémoire collective des populations des régions concernées.
A l'inverse il est vrai que certains instituteurs courageux n'appliquaient pas, quels que soient les risques qu'ils prenaient ainsi pour leur carrière, cette poitique.
Afin de ne pas allonger mon propos, je n'ajouterai pas d'autres exemples qui, nombreux, seraient tout aussi saisissants et éloquents. Ceux-ci ne suffisent-ils pas amplement déjà?
Il est à noter que les maîtres d'école comme les maires et autres représentants des différentes Institutions menaient parallèlement une active politique de sensibilisation des mères de famille, basée sur l'argument central que si elles continuaient à parler à leurs enfants la langue (d'ailleurs systématiquement ravalée au rang de "patois", expression employée à dessein bien que pourtant absolument impropre puisqu'uniquement idoine pour les parlers issus du français, ce qui n'est le cas d'aucune des langues régionales de France qui via le roman médiéval dérivent directement du latin pour certaines (catalan, occitan, corse) ou sont d'une tout autre origine comme le breton, le basque, le lorrain, l'alsacien le flamand etc.) elles feraient de leurs filles ou de leur fils des "ratés" sans avenir qui ne pourraient jamais réussir dans la vie, ou qui resteraient des "ploucs".
Il y eu au moment de la signature de la Charte européenne des langues régionales par le gouvernement de la République, une brève ouverture qui s'était, jusqu'au débat récent sur l'amendement constitutionnel, bien vite refermée. Le Ministre de l'Éducation Nationale d'alors, avait décidé de l'intégration des écoles bretonnes Diwan dans le Service public de l'éducation, entraînant une levée de bouclier sans précédent des parangons de l'unité de la République "menacée", République jacobine s'entend (cf. les réactions de J.P. Chevènement, M. Charasse notamment et de bien d'autres) ayant abouti, suite à une action menée devant le Conseil d'État à l'annulation pure et simple de la décision du Ministre qui dût reculer, rappelons-le nous quand même ce n'est pas rien, la décision du Juge Admistratif suprême s'imposant bien évidemment à lui. Le Ministre avait eu pour la première et unique fois jusqu'à ce jour dans l'histoire de la République, des paroles très fortes et courageuses de reconnaissance du tort causé aux enfants de France des régions concernées par cette politique d'éradication des langues régionales (qualifiant d'indignes ses méthodes passées), prise de position que certains ne lui ont d'ailleurs jamais pardonnée.
Il est vrai que nos langues de France sont moribondes (voire mortes) en ce péril extrême où elles ont été mises par la politique menée si longtemps et qui, c'est un fait, s'est avérée très efficace, puisqu'elle a dramatiquement et fort bien réussi en un siècle, à la quasi disparition de leur pratique et de leur usage dans la vie courrante.
Le premier véhicule de la culture et de "la diversité culturelle" dont on célébrait la journée récemment est, d''abord la langue. L''émotion impressionnante ressentie par les habitants du Nord, du Pas de calais et de la Picardie dans les retrouvailles qu''ils ont pu faire avec leur langue picarde-chti à l''occasion de la sortie du film "Bienvenue chez les Chtis" n'en est-elle pas un magnifique exemple et témoignage? Elle a même raisonné pour 20 millions de spectateurs de toutes régions. N'est-ce pas un signe qu''un manque existe chez les français dans cette amnésie forcée que la politique d''éradication linguistique délibérée et systématisée des langues régionales, menée pendant 70 ans par les gouvernements de la III° république a causé?
Le Président de la République lui-même, pourtant peu suspect de sympathie envers les langues régionales (dont il s'était dit hostile à leur enseignement pendant la campagne présidentielle), ne s'y est pourtant pas trompé, lui qui vient de faire le réalisateur de "Bienvenue chez les Chtis", Dany Boon, chevalier de la Légion d'Honneur ce 14 juillet à l'Elysée..
Ne faudrait-il pas enfin sortir d''une vision jacobine de la culture française (à laquelle nous sommes restés collés depuis Robespierre, Napoléon et la III° République tout spécialement en matière linguistique!)? Où y a-t-il eu "balkanisation" en Europe chez tous nos voisins qui ont ratifié et appliquent la Charte? Quand renoncera-t-on à agiter ces épouvantails aussi caricaturaux que risibles?
J'ai conscience d'avoir été long, mais je pense que cet échange peut faciliter un travail de mémoire qu'il faudra pourtant bien que la République arrive à faire un jour, peut-être stimulée par l'Europe et nos voisins tant Espagnols qu'Italiens ou Allemands et même Anglais qui n'ont pas, eux, ce qu'ils disent clairement et unanimement à ce sujet être pour les Français: "un problème"..!
Écrit par : Pas-d-amnésie | 15 juillet 2008
Je ne suis pour ma part pas trop impliqué dans la question, mais ton exposé (qui dit certaines choses très intéressantes comme la capacité des français à apprendre les autres langues) me fait penser à deux choses :
* Ce n'est pas parce que certaines méthodes employées il y a un siècle par les hussards noirs de la République étaient parfois indignes (et ce serait effectivement bien que que celà soit reconnu, même si les moeurs étaient différents en particulier dans l'éducation et si les méthodes que tu décris étaient également employées pour les conjugaisons et les tables de multiplication) que celà donne plus de droit aujourd'hui aux langues régionales. Leur droit d'exister vient simplement du fait qu'elles appartiennent au patrimoine national français au même titre que l'ensemble des éléments de culture régionale (architecture, artisanat et savoir-faire, gastronomie, mentalités, structures familiales, accents, etc.).
* Ce n'est pas parce que ces langues sont un élément de culture de l'hexagone qu'elles doivent avoir un statut officiel, dans la constitution (Molière et Hugo sont des éléments de la culture nationale et ne sont pas cités pour autant dans la constitution), ou être mis sur le même plan que la langue nationale. La vie associative, familiale, personnelle est assez riche et diverse pour les entretenir.
* Concernant les Ch'tis, le film commet une petite erreur. Le Ch'ti est un parler privé que les gens du Nord n'utilisent pas dans un lieu public, de surcroît administratif, comme La Poste. La distinction langue publique (nationale, administrative)/langue privée (familiale) est plus plus forte dans la réalité que ne le montre le film.
Écrit par : Libéral européen | 16 juillet 2008
Je suis, pour une fois !, globalement d'accord avec Libéral européen...
Quelques précisions, toutefois.
* "les langues régionales perçues à tort ou à raison comme un ferment de régionalisme associé à la monarchie (cf. l'exécution à la guillotine des Girondins par Robespierre et les Montagnards pendant la Révolution, dont vous parlez vous-même, en 1792) et surtout perçue comme une menace directe de division contre l'unité de la République"
-> Je rappelle, d'une part, que les Girondins étaient régionalistes/fédéralistes ET républicains. Mais le fait est que ce sont les Jacobins qui ont forgé l'"identité constitutionnelle", pour reprendre l'expression du Conseil constitutionnel, de la France républicaine, à commencer effectivement par les principes d'indivisibilité de la République et d'unicité du peuple français.
-> Je rappelle, d'autre part, que la fabrication de cette "identité constitutionnelle" a en réalité commencé sous la monarchie, puisque c'est notamment l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) qui a imposé l'usage du français dans les actes officiels. Ce n'est donc pas une "vision jacobine de la culture française", c'est la culture française en tant que telle.
* "Il y a eu au moment de la signature de la Charte européenne des langues régionales par le gouvernement de la République, une brève ouverture qui s'était, jusqu'au débat récent sur l'amendement constitutionnel, bien vite refermée"
-> Le problème que soulève la Charte européenne des langues régionales et minoritaires n'est pas celui de l'enseignement des langues régionales mais celui de la reconnaissance au sein de la République de minorités disposant en tant que telles de droits particuliers.
* "Le premier véhicule de la culture et de "la diversité culturelle" dont on célébrait la journée récemment, est d'abord la langue"
-> Vous confondez diversité culturelle interne (qui n'existe en effet pas au sein d'un État-nation unitaire ou jacobin comme la France) et diversité culturelle entre les peuples, à l'échelon mondial.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 17 juillet 2008
Merci à Libéral européen pour tes commentaires.
Je souhaite continuer le dialogue si tu veux bien:
- Il me semble que le fait que les langues régionales qui étaient constamment employées dans la vie courante jusqu'à la réussite de cette politique, en effet "in-digne" (le mot me paraît très bien choisi car très ajusté), c'est à dire pour simplifier jusqu'aux années 40 ou 50 selon les régions, mériteraient dans une perspective de reconnaissance et de réparation des dommages qui leur ont été délibérément causés, (par une politique de la République, là est la pointe du propos), de figurer dans la Constitution. Tu conviendras avec moi j'en suis persuadé que ni "architecture, artisanat et savoir-faire, gastronomie, mentalités, structures familiales" n'ont subi le même sort ou n'ont eu le même "privilège", dirais-je avec un peu d'humour! Je n'ai pas laissé les "accents" dans la citation de ton propos, eux qui sont très souvent proscris des médias nationaux qui le plus souvent ne reflètent que le "mode de parler" de Paris, de façon massivement majoritaire, voire exclusive souvent. Certains journalistes de l'audio-visuel, sont même depuis longtemps, s'ils veulent percer au niveau national, amenés à corriger "de force" pourrait-on dire leur accent régional, "à le perdre" comme l'on dit élégamment mais à juste titre, car oui, c'est d'une "perte" dont il s'agit. On voit que l'aspect linguistique n'est pas traité de la même façon, à parité, par rapport par exemple à la gastronomie des régions, au contraire très souvent valorisée comme une richesse y compris dans les grand médias nationaux.
Sans partir dans des comparaisons abusives ne constate-t-on pas qu'une population persécutée "mérite" habituellement des égards ou une reconnaissance particulière? N'y a-t-il pas danger à manier l'argument que la persécution ou l'emploi de méthode "in-dignes", ne confère "pas plus de droit"?
- Tu dis ensuite des langues régionales: "La vie associative, familiale, personnelle est assez riche et diverse pour les entretenir". Je serais d'accord avec toi si cette politique menée par la République durant 70 ans, n'avait abouti à leur quasi disparition aujourd'hui près de 140 ans après son début vers 1870. Mais là il s'agirait plutôt d'un sauvetage d'urgence à opérer pour qu'elles ne meurent et ne disparaissent pas définitivement, ce qui est déjà très avancé en 2008. Depuis les années 40 et 50, alors que la politique d'éradication dans sa forme massive avait pris fin, c'est un recul de la connaissance et de la pratique spectaculaire qui s'est produit, effet retard de la politique antérieure, dû à la pyramide des âges. Aussi ne serait-il pas assez logique tout de même que la République, prenant acte de ses fautes passées à ce sujet, inscrivant les langues régionales dans la Constitution, donne ainsi un signe symbolique fort de reconnaissance voire de réhabilitation d'une part, associé d'autre part à titre de réparation à une active politique de soutien réel, sans commune mesure avec la situation des langues régionales à l'heure actuelle dans l'enseignement de l'école de la République (cf. la division par 4 du nombre de postes ouvert à concours pour le Capes d'occitan au cours des 5 dernières années, ce qui donne l'équation: plus d'enseignants, bientôt plus du tout de locuteurs ou presque!)?
- Pour ce que tu dis de chez les Chtis, c'est exact en 2008, mais dans les années 50 ce n'était pas du tout le cas. Les langues régionales étaient couramment, certes d'avantage dans les communes moyennes ou petites que dans les capitales régionales (encore que, cf. infra), employées chez les commerçants et même au bureau de Poste (cela existe encore aujourd'hui dans quelques villages bretons de Cornouaille ou d'autre lieux du Finistère par exemple). Il faut être conscient que la distinction aussi marquée que celle que nous connaissons en 2008, entre "langue publique (nationale, administrative)/langue privée (familiale)" dont tu parles, est assez récente. Elle s'est renforcée en particulier à cause de l'effet de la politique de destruction des langues régionales et du recul spectaculaire consécutif que les langues régionales ont connu dans leur apprentissage et leur pratique dans la vie courante. Il convient de rappeler à titre d'illustration que dans les années 50 encore, il s'entendait sur les quais de la gare de Toulouse Matabiau ou de Marseille St Charles beaucoup parler en langue d'Oc (occitan languedocien ou provençal) entre méridionaux. On voit le glissement énorme qui s'est produit de ce point de vue là en à peine 50/60 ans où ce n'est plus du tout le cas..!
Merci aussi à vous Laurent de Boissieu de vos commentaires, poursuivons aussi si vous le voulez bien:
- En effet, le Girondins étaient pour la plupart des Républicains comme vous le soulignez, en tout cas en 1792. Je dirais surtout après la fuite à Varennes en fait, qui avait fait prendre conscience au pays de la possibilité de se passer du roi (la France ayant pu de fait pour la première fois depuis de siècles vivre sans, pendant quelques jours) et avait aussi discrédité Louis XVI et la confiance dans la royauté de ceux qui dans les rangs de Girondins, dans les premiers temps de la révolution, étaient encore Monarchistes constitutionnels. C'étaient aussi, c'est un fait, des régionalistes fédéralistes, dont la vision de la République était en complète opposition avec le centralisme jacobin parisien des Montagnards et de Robespierre, d'où leur fin funeste.
- Si Villers Cotteret est bien en effet un premier pas vers "l'identité constitutionnelle", c'est plus à titre de très lointains prémisses il me semble. Notons en effet que l'organisation de la monarchie était beaucoup moins centralisée que notre République actuelle. Les régions disposaient d'une autonomie du point de vue de la Loi beaucoup plus grande, (ce qui avait certes l'inconvénient d'une disparité de la Loi d'une région à l'autre). En effet même Louis XIV, le monarque qu'on nous décrit dans les manuels scolaires d'histoire comme absolu et tout puissant, ne pouvait pourtant pas faire appliquer ses édits (i.e. la Loi sous la monarchie) dans le royaume, dans ses provinces, sans que ceux-ci soient enregistrés (i.e. acceptés) par les parlements des différentes provinces pour qu'ils puissent y avoir force de loi (N.B. il s'agissait de parlements judiciaires). Seul depuis des siècles le déplacement du roi en personne, devant le parlement qui avait refusé l'enregistrement d'un édit royal comme ne convenant pas à la situation ou à la volonté d'une province, pouvait forcer, par "la tenue d'un lit de justice du roi en parlement" comme cela se disait, l'enregistrement par le parlement concerné et partant l'application d'un édit, donc de la Loi dans une région. Vus les transports de l'époque on perçoit que c'était assez rare et que malgré Villers-Cotterêt on était, même presque deux siècles plus tard, encore très loin dans les faits d'une conception unifiée de la Loi comme celle de la République actuelle, comme aussi bien de celle du pouvoir centralisé jacobin parisien et de cette "identité constitutionnelle" dont vous parlez qui prévaut de nos jours, depuis 1870 .
- Je ne confonds pas "diversité culturelle interne" et "diversité entre les peuples", je soulignais plutôt à travers mon propos que la conception de "l' État-nation unitaire ou jacobin comme la France" pour vous citer, nie la première, comme vous le soulignez très justement vous-même en disant que "la diversité culturelle interne" n'y "existe en effet pas". Vous l'aurez perçu, mon opinion est que ce n'est pas quelque chose de bénéfique pour le Pays, mais bien plutôt quelque chose qui l'appauvrit de beaucoup de richesses.
Peut-être en serez vous heurté? Mais je suis favorable pour ma part à ce que "la reconnaissance au sein de la République de minorités disposant en tant que telles de droits particuliers" existe au niveau linguistique pour toutes les régions qui ont eu une langue régionale depuis des siècles, langue dont la République les a de fait amputé très largement et finalement fort récemment au regard de l'histoire du pays, par sa politique d'éradication menée pendant 70 ans à partir des années 1870. C'est pourquoi je ne parlais pas uniquement de la ratification de la Charte du point de vue du seul enseignement des langues régionales, même si par souci de ne pas allonger un propos déjà fourni, j'avais effectué une forme de raccourci.
Merci pour cet échange stimulant. Bien à vous.
Écrit par : Pas-d-amnésie | 17 juillet 2008
@Pas-d-amnésie : nous n'en avons pas la même opinion, mais au moins nous sommes d'accord pour dire que l'identité politique de la France - de Philippe le Bel au Code civil - c'est l'indivisibilité (du royaume, certes imparfaite, puis de la République) et l'unicité du peuple français. Vous avez bien entendu parfaitement le droit d'être contre, mais le jacobinisme n'est qu'un avatar de cette idéologie constitutionnelle française (qui peut cependant avoir des fondements différents : asseoir le pouvoir royal sous la monarchie absolue, réaliser l'égalité des citoyens devant la loi sous la République).
Reconnaitre au sein de la République des minorités disposant en tant que telles de droits particuliers, c'est rester dans la République en tant que forme de gouvernement mais c'est sortir des valeurs républicaines françaises telles que définies depuis 1792, depuis la victoire des Jacobins sur les Girondins (on parle beaucoup des guerres royalistes mais on oublie souvent la guerre fédéraliste).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 17 juillet 2008
Il est certes un socle commun, sans lequel il n'est plus de vivre ensemble commun possible, sur lequel se retrouver. Notre France continue.
Écrit par : Pas-d-amnésie | 17 juillet 2008
Il est certes un socle commun, sans lequel il n'est plus de vivre ensemble commun possible, sur lequel se retrouver. Notre France continue.
Écrit par : Pas-d-amnésie | 17 juillet 2008
Désolé pour le doublage bien involontaire ci-dessus de ma dernière réponse!
Écrit par : Pas-d-amnésie | 17 juillet 2008
A titre d'illustration ci-dessous le courrier adressé par le Conseil Culturel de Bretagne aux 331 sénateurs avant le vote de la seconde lecture, c'est édifiant notamment sur le regard désastreux que fait porter à l'internationnal le "problème" que nous avons en France avec les langues régionales! (cf en particulier l'article paru dans la très respectée revue anglophone "Nature"):
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
103 Sénateurs, en première lecture, ont voté l'amendement qui intégrait les langues régionales dans la Constitution. Nous tenons à les en remercier très sincèrement.
L'Assemblée nationale vient de confirmer en deuxième lecture son premier vote en adoptant à nouveau à la quasi-unanimité, une disposition de compromis qui affirme que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ».
En reportant cet amendement dans le titre 12, alors que beaucoup auraient souhaité voir les langues régionales reconnues dans l'article 2 à côté du français, l'Assemblée nationale a toutefois pris en compte l'argument de ceux des Sénateurs qui ne voulaient pas les voir mentionnées dans la Constitution avant même le français.
Il ne fait pas de doute que le résultat du premier vote, tout autant que la position de l'Académie française ont été perçus comme des manifestations d'un archaïsme et d'un conservatisme d'un autre âge, tant par la population française elle-même que par l'opinion internationale. En témoigne le sondage CSA des 18 et 19 juin 2008 pour le premier quotidien français, Ouest-France, selon lequel 68 % de la population, en particulier les plus jeunes (81% des 18/24 ans), sont favorables à la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. En outre, contrairement à l'avis des membres de l'Académie, 70 % d'entre eux considèrent qu'il ne s'agit nullement d'une «atteinte à l'unité nationale». Unité rime avec diversité et non avec uniformité, nous le savons tous. Pour la très grande majorité de nos concitoyens d'où qu'ils soient, cela semble donc une évidence qui doit être reconnue et non réservée aux discours de circonstance.
En outre au plan international, le vote du Sénat a provoqué la consternation et parfois la dérision. Par exemple, l'une des revues scientifiques les plus lues dans le monde, le magazine en langue anglaise « Nature » a consacré un éditorial le 26 juin à «l' hypocrisie de la France » et au « conservatisme du Sénat », compte tenu notamment des avantages intellectuels scientifiquement reconnus du plurilinguisme pour lequel les langues régionales peuvent être un remarquable premier élément.
Comment la République française qui a été à l'avant garde de deux conventions internationales de l'UNESCO qu'elle a immédiatement ratifiées, la Convention pour la Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003) et la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005), pourrait-elle justifier son refus de reconnaître le principe même de la diversité linguistique dans son texte fondamental ?
Nos amis Québécois de l'Observatoire des langues dans le monde (nos langues appartiennent en effet aussi au patrimoine de l'Humanité et la France en a la responsabilité) de l'Université Laval affirment : « la crédibilité de la France paraîtrait plus forte, et surtout beaucoup plus cohérente, si l'État s'engageait dans une réelle reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique sur son propre territoire. Pour le moment, sur le plan de la protection linguistique, la France fait figure de « pays attardé ». Ils concluent : « La France a intérêt à engager des réformes institutionnelles qui, plutôt que de contrarier ces nouvelles tendances, les accompagneront, sinon elle risque de se laisser déborder »... « Pour le moment, cette position isole de plus en plus la France parmi les pays comparables ».
Votre responsabilité est donc grande aujourd'hui pour permettre à la République française d'évoluer vers une véritable reconnaissance de sa diversité culturelle et linguistique.
Comme l'ensemble des organisations qui, sur toute la France, ont soutenu une reconnaissance constitutionnelle des langues régionales, nous attendons de vous que vous répondiez à l'attente de vos concitoyens et que vous ne les déceviez pas une nouvelle fois.
Veuillez agréer, Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur, l'assurance de nos salutations très distinguées.
Le président du Conseil Culturel de Bretagne
Patrick Malrieu
sondage Ouest-France Juin 2008
Voir en ligne Conseil culturel de Bretagne:
http://www.kuzul.info/article-21249397.html
autre lien possible:
http://ouiaubreton.com/spip.php?article5123
Écrit par : Pas-d-amnésie | 17 juillet 2008
Ah oui, le Conseil Culturel de Bretagne c'est l'association qui avait organisé aux dernières élections des débats en breton. La HALDE a-t-elle été saisie pour discrimination envers les électeurs non-bretonnants ?
Écrit par : Laurent de Boissieu | 17 juillet 2008
Bonjour,
Je rebondis sur ce dernier post de Laurent de Boissieu pour interroger un des nombreux lieux communs qui ponctuent les débats sur les langues "régionales", auquel ce blog de qualité n'échappe malheureusement pas :
L'alsacien, le basque, le breton etc. appartiendraient à la sphère privée, alors que le français serait seule langue légitime dans la sphère publique.
De même qu'une langue n'est pas "régionale" par essence, (même si ses locuteurs peuvent être en majorité localisés dans une zone géographique infranationale), cantonner une langue à un usage privé a priori me semble absurde. Ce qui caractérise une langue c'est en priorité l'usage qu'en font (et que veulent en faire) ses locuteurs!
Pourquoi donc refuser à une langue l'accès à la vie publique et donc notamment au droit d'être financé par l'argent public, pour reprendre l'exemple des écoles immersives en breton?
La République est "aveugle aux différences", de langue entre autres, pour garantir l'égalité de droit de tous. Je comprends et reconnais bien sûr la pertinence de ce principe... sauf qu'il est faussé à la base : la République reconnaît bien une identité puisqu'elle parle le français! Elle passe à côté de son ambition d'universalisme, puisqu'elle choisit de se matérialiser dans une identité culturelle particulière...une véritable république ne peut donc pas être "République française" à moins d'être schizophrène.
Si elle doit exister, la République ne peut être qu'universelle, ou à défaut (car il faut bien des mots pour communiquer cet idéal), elle doit pouvoir se décliner dans toutes les langues sans discrimination.
Si on veut garder l'objectif de l'égalité républicaine (et je crois qu'il le faut), il faut donc :
- Accepter le fait que l'article "la langue de la République est le français" est bien une trahison de l'idéal d'égalité,
- Reconnaitre le droit culturel des locuteurs de langues autres que le français à utiliser leur langue dans la vie publique.
Une langue vaut une langue, et l'égalité républicaine ne peut être que multilingue.
Allez, pour finir sur un ton plus léger (mais ne le prenez pas pour une attaque personnelle) : c'est plutôt quand les débats pré-électoraux ne se font qu'en français que la HALDE devrait être saisie pour discrimination contre les électeurs brittophones!
Bonne journée.
Écrit par : Ael29 | 23 juillet 2008
Poursuivons la réflexion à votre suite Ael29, si vous le voulez bien.
Pour sortir des "lieux communs" en effet habituellement colportés sur les langes régionales voici un texte bien intéressant et assez édifiant. Je renvoie tous ceux qui ont écrit ici sur les langues régionales à ce lien et à ce texte qui bât en brèche tous les arguments mensongers et caricaturaux invoqués contre les langues régionales d'habitude, lieux communs qui témoignent le plus souvent d'une grande méconnaissance et qu'on ne peut décemment plus colporter de bonne fois après avoir lu ce texte.
Voici le lien sur lequel il se trouve où c'est plus agréable à lire du point de vue de la mise en page:
http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=11317
mais je le reproduis aussi ci-dessous vu sa pertinence:
Onze arguments contre les langues régionales : entre caricature et mensonges
COMMUNIQUE de : Eurominority
Porte parole: Mikael Bodlore-Penlaez.
Publié le 26/06/08
QUIMPER/KEMPER — Le débat sur les « langues dites régionales », à savoir les langues minorisées en Alsace, Bretagne, Catalogne nord, Corse, Flandre, Pays basque ou Occitanie … est un film sans fin. On imaginait un épilogue du type « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants… polyglottes. » Mais après un maigre espoir insufflé par les députés qui souhaitaient que les langues régionales fassent partie du patrimoine de la nation, ce que certains appellent la « géronto-génération » siégeant au Sénat en a décidé autrement. Pour prendre une décision pareille, ils ont certainement évalué le pour et le contre. Le pour est simple : « Toutes les langues naissent et demeurent libres et égales en droit. » C'est vrai, existe-t-il des langues supérieures et des langues inférieures, des langues élues et des langues vouées à disparaître, des langues transcrivant parfaitement les principes d'universalité et des langues communautaristes ? Toute personne sensée répondra rapidement à cette question.
Partant du principe que toutes langues sont égales, comment expliquer qu'il existe encore des opposants aux « langues régionales » ?
Pourtant, les pires clichés circulent dans la presse. Peut-être agacé par le récent sondage de Ouest-France, estimant que 68 % des sondés sont favorables aux « langues régionales », une presse très conservatrice, Le Figaro, a emboîté le pas, laissant ses colonnes à l'expression des clichés les plus caricaturaux qu'on puisse trouver. Ces interventions, fortement imprégnées de ce qu'on appelle l'anti-communautarisme, ne sont autres que l'expression la plus simpliste d'un nationalisme d'un autre âge. Celui qu'on hait souvent pour son intolérance et sa bêtise, et qui parfois a eu des effets désastreux. L'analyse de différents articles parus dans la presse nationale (Figaro donc, mais aussi L'Express ou Le Monde) ces dernières semaines de juin permet de prendre conscience des maigres arguments développés par ces éditorialistes attitrés ou d'un jour.
— Premier argument : les langues régionales ne sont pas des langues mais de vulgaires patois
Lorsqu'on lit Paul-Marie Coûteaux, député européen, proche des milieux souverainistes et villiéristes, on s'aperçoit immédiatement du dédain qu'il exprime envers les langues autres que le français. Relatant ses vacances en Occitanie, il nous dit avoir « assisté un soir d'été à une représentation théâtrale jouée par une compagnie d'amateurs du canton entièrement en patois » (Le Figaro, 24/06/2008). L'occitan est en effet immédiatement qualifié de patois. Pourquoi parlerait-il de langues parce qu'il estime apparemment qu'il ne s'agit que de sous-langues, le terme patois étant utilisé de manière évidemment volontaire et péjorative. Il s'agit souvent d'une façon dévalorisante d'écarter tout débat sur la place des langues régionales dans nos sociétés.
— Deuxième argument : il y a 73 langues minoritaires en France et elles sont trop nombreuses pour les protéger toutes
Le même auteur voit « un autre problème : les minorités linguistiques sont si nombreuses en France, 73 selon le rapport de l'ancien délégué à la Langue française, M. Cerquiligni, que leur protection serait infinie » (Paul-Marie Coûteaux, Le Figaro 24/06/2008). En effet, les opposants aux langues régionales avancent le fait qu'il y aurait 73 langues minoritaires en France, selon le rapport officiel et très contestable de Bernard Cerquiglini. Il s'agit d'une longue liste de langues et de leurs variantes, comme si, pour le français, on comptait les variantes du Québec, et celles parlées en Afrique ou ailleurs. Il s'agit pourtant de la même langue prononcée parfois de manière différente. Un autre rapport, rédigé par Bernard Poignant pour le Premier ministre (Lionel Jospin à l'époque) était plus pragmatique et recensait pour sa part 8 langues métropolitaines : l'alsacien-mosellan (forme écrite allemand), le basque, le breton, le catalan, le corse, l'occitan, le flamand (forme écrite néerlandais) et l'arpitan (appelé franco-provençal), ainsi que les créoles et les langues des DOM-TOM, dont le tahitien et le kanak sont les plus emblématiques et le cas particulier des langues d'oïl. Et qu'importe en définitive, toutes les langues se valent, qu'il y en ait 300 ou 2 !
— Troisième argument : les langues régionales mettent en péril l'unité nationale
Les langues régionales sont vues comme des ennemies à la nation. Le 18 juin dernier, l'Académie française, sortant de son rôle (la promotion du français), estimait que l'inscription des langues régionales dans la Constitution était une atteinte à l'unité nationale française. En effet, les opposants aux langues régionales développent souvent des théories des plus saugrenues sur les objectifs des défenseurs des langues autres que le français. Pour les opposants aux langues régionales, sans caricaturer outre mesure leurs arguments, les locuteurs de langues régionales sont téléguidés par les ethnicistes allemands, eux-mêmes très influencés par les Américains impérialistes n'ayant qu'un seul objectif : détruire la France. Pour preuve Alain-Gérard Slama , éditorialiste au Figaro, estime que la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution « serait faire droit à des revendications extrémistes et une poussée de replis identitaires » (Le Figaro 21/06/2008). Arrêtons-là la plaisanterie. Il existe en effet des liens au niveau européen entre les communautés de langues minoritaires. Des échanges de pratiques existent, en termes linguistique (terminologie, lexicographie, mise en place d'observatoires…), et parfois politique. De là à imaginer que l'Allemagne, rance de son passé peu glorieux, est un modèle pour les communautés minoritaires de France, il y a des limites que la décence ne peut pas accepter.
— Quatrième argument : l'encouragement de la francophonie est incompatible avec la défense des langues régionales
Cette théorie développée dans un article de François Taillandier, écrivain, est pour ainsi dire bizarre. Il prône l'encouragement de la francophonie, en affirmant qu'« une France qui voudrait se relier au monde commencerait par renforcer les liens de la francophonie » (Le Figaro, 24/06/2008). N'est-ce pas déjà le cas ? La promotion de la francophonie est dotée de moyens que les langues régionales aimeraient bien se voir attribuer. Même s'il est vrai que les défenseurs des langues régionales, étant souvent francophones, ne s'y opposent pas. F. Taillandier doit imaginer que la reconnaissance des langues régionales serait un frein à la francophonie. Le fait que les francophones défendent leur langue est légitime. En effet, la langue française vaut tout autant que l'anglais, le swahili ou le basque. Elle n'est ni supérieure, ni inférieure. Mais en quoi les langues régionales peuvent-elles nuire à l'épanouissement du français ? Prône-t-il en filigrane l'impérialisme francophone, devant entraîner l'éradication de la pluralité linguistique ?
— Cinquième argument : les langues régionales ne permettent pas de véhiculer la modernité
Cet argument consiste à mettre sur des plans différents le français et les langues régionales. Le français est la langue de la modernité, tandis que les langues régionales sont des langues du passé. F. Taillandier parle des « langues que la modernité« [et pas seulement en France] »voue à mourir », thèse également développée par Alain-Gérard Slama qui estime que les langues régionales « tendent à décliner, moins par la volonté de l'État que sous le choc de la modernité ». Le premier insiste en estimant que « le comportement de nos élus en cette affaire a donné une pénible impression d'irresponsabilité ». Il enfonce le clou en indiquant que les promoteurs des langues régionales souhaitent accomplir « les rêves pastoraux du maréchal [Pétain] ». Ces propos ne sont pas tenus dans une gazette anonyme d'illuminés mais un journal d'audience nationale, se disant sérieux, à savoir Le Figaro. Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu'ils souhaitent véhiculer un message des plus grotesques, à savoir que les langues régionales condamnées à mourir ne peuvent pas transmettre la modernité et sont la réminiscence d'idées pétainistes, chose défendue par nos élus qui se laisseraient embarquer dans l'affaire. On croit halluciner !
— Sixième argument : les langues régionales mettent en péril l'apprentissage du latin et du grec ancien
F. Taillandier pose la question suivante : « Donnera-t-on demain au basque, au catalan, au breton ces heures d'enseignement, ces postes que l'on s'obstine à retirer au latin et au grec, deux langues anciennes qui constituent le socle historique et culturel de la maison Europe ? ». Sait-il que l'apprentissage d'une langue régionale stimule l'apprentissage des langues en général ? Est-il un monolingue frustré pour imaginer cela ? Sait-il que les lycéens Diwan obtiennent souvent des résultats au baccalauréat que de nombreuses écoles leurs envieraient certainement.
— Septième argument : il vaut mieux apprendre l'anglais qu'une langue régionale
On nous le répète sans cesse. « Tout jeune Français devrait apprendre une des langues de l'Union, ainsi qu'une des grandes langues véhiculaires [l'espagnol, l'anglais]. » Mais cela n'est pas opposé à l'apprentissage d'une langue régionale. L'apprentissage d'une langue régionale, entretenant des liens avec le territoire, de manière précoce, vaut largement la pédagogie désastreuse d'apprentissage de langues étrangères à un âge avancé. Les différentes études menées sur ce sujet, dont celles de Gilbert Dalgalian, spécialiste de l'apprentissage précoce des langues, le prouve largement. Nous savons ainsi qu'un enfant apprenant le breton, le basque, le catalan dans leur région auront plus de facilité à apprendre une langue d'un autre pays.
— Huitième argument : le français doit être la langue exclusive en France
C'est ce qu'on comprend à la lecture d'Alain-Gérard Slama qui se fait plus direct quand il estime que « l'affaire ne souffre aucune discussion ». Donc ni débat, ni confrontation. Monsieur a raison et c'est tout. Soit, mais comment justifier cela ? C'est simple : pour lui l'Académie française a dit « depuis plus de cinq siècles, la langue française a forgé la France ». Faux, archi-faux, mensonge historique éhonté. Ces cinq derniers siècles, les langues régionales ont été parlées en France et sur des territoires qui, à cette époque, n'étaient pas français. L'exclusivité du français sur le territoire n'a jamais été le cas.
— Neuvième argument : les langues régionales sont en bonne santé, pourquoi les défendre alors ?
« La demande d'enseignement en breton est forte. Donc pourquoi en faire plus ? » lancent certains détracteurs. Il s'agit évidemment d'un mensonge. Les langues régionales agonisent, sont étouffées par une administration française zélée ne leur laissant aucune place. Les blocages pour l'ouverture de classes sont permanents. Certes, la demande est forte, mais l'offre n'est pas promue.
— Dixième argument : l'Europe veut imposer à la France sa vision de la pluralité
Le plus nationaliste des « écrivains » français s'inquiète a priori que la France puisse se démocratiser. En effet quand il écrit que « faire entrer [les langues régionales] dans la Constitution peut être une porte ouverte vers la ratification de la Charte européenne sur les langues régionales », il a raison. Et nous pourrions lui répondre que c'est un bien. En effet, pourquoi les différents États européens ayant adhéré à l'UE ont-ils été obligés de signer et ratifier ce texte (souvent sommés par la France de le faire), et que la France pourrait s'en dédouaner ? La France doit respecter les mêmes critères démocratiques que ses voisins ! La protection légale des langues régionales et minoritaires est un droit améliorant le standard démocratique permettant d'atteindre un niveau élevé de cohésion d'une société. Il ne s'agit en rien d'un élément de division, mais plus de cohésion européenne. L'Europe ne pourra se construire que dans le respect des autres, de leurs différences et des langues pratiquées par les citoyens, qu'elles soient nationales ou régionales.
— Onzième argument : la France est une exception culturelle
Si on suit ce raisonnement, cela veut peut-être dire que la France ne peut pas suivre la vague de démocratisation déferlant sur le reste du monde, car ses coutumes et ses dogmes l'en empêchent. En effet, si l'exception culturelle prônée par les détracteurs des langues régionales empêche toutes avancées en matière de reconnaissance de la diversité culturelle, peut-on estimer que la France est un modèle universaliste ? Après en avoir fait l'expérience, lorsqu'il arrive de discuter avec un Allemand, un Italien ou un Chinois de cette exception française, ils rient, bien évidemment. Ils répondent tout simplement qu'ils sont aussi une exception car, qu'il s'agisse des peuples majoritaires ou minoritaires, chacun a ses particularismes culturels. La France n'est donc pas une exception. Elle crée son exception. Les plus beaux discours peuvent être tenus quant à la survie des peuples premiers (le musée du quai Branly à Paris en est la preuve formelle), mais s'ils ne s'appliquent qu'à l'extérieur, n'est-ce pas des incantations sans fondement ? Le conseil constitutionnel estimant que le concept de minorité n'existant pas sur le « sol français », la défense des langues minoritaires n'est par conséquent pas possible. C'est le cas surtout depuis 1992, lorsque pour s'opposer à l'anglicisation de la société, les parlementaires ont ajouté à la Constitution l'article 2 stipulant que « le français est la langue de la République », principe s'étant retourné immédiatement contre les langues régionales. Les parlementaires avaient pourtant fait la promesse que ce ne serait pas le cas.
L'attitude qu'on peut qualifier de sectaire, pour rester gentil, des défenseurs exclusifs du français est honteuse. Leurs arguments sont caricaturaux, faux et méprisants. Ils rappellent le plaidoyer de Marine Le Pen contre les panneaux bilingues en Bretagne, estimant que le rôle de la France est d'assimiler les populations au détriment de leurs origines et de leurs langues. En les lisant, on a l'impression que la langue française est supérieure aux autres langues. Le français n'est pas la seule langue parlée en Bretagne, au Pays basque, en Catalogne nord, en Alsace ou en Corse... Des locuteurs de langues minorisées veulent les parler, qu'elles soient enseignées et officialisées. Comment, au moment où l'ONU a décrété l'année 2008 Année mondiale des langues, de tels comportements peuvent-ils encore exister ? Espérons, comme le montrent les récents sondages, que les citoyens européens soient plus ouverts d'esprit que ces derniers spécimens d'une autre époque. Ces raisonnements écœurants ne peuvent qu'amener les Alsaciens, Basques, Bretons, Catalans, Corses, Flamands ou Occitans a ne plus croire dans ce modèle fait de mensonges, de mauvaise fois et de mépris.
Eurominority.eu est une association créée en 1999 en Bretagne, qui diffuse des données et des informations sur les Nations sans État et les peuples minoritaires d'Europe, grâce à un site Internet en 30 langues. Voir le site
Écrit par : Pas-d-amnésie | 27 juillet 2008
Bon, je ne vais pas me répéter ni me lancer dans un long exposé, mais ce texte n'est absolument pas convaincant.
Au contraire, les arguments dix et onze ne peuvent que desservir ceux qui veulent promouvoir les langues régionales sans ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, c'est-à-dire sans remettre en cause l'unité de la République et l'unicité du peuple Français.
Que disent, en effet, ces arguments ? Que derrière l'excuse des langues régionales, c'est bien la France, telle qu'elle s'est construite au fil des siècles, ce qui est devenu son modèle républicain (même si pour vous ce n'est pas un modèle, j'ai bien compris), que l'on veut assassiner (en la remplaçant par une France plurielle, composée de peuples-communautés à la langue et aux droits particuliers).
Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 juillet 2008
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