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01 décembre 2007

L'UDF dit "au revoir" à la vie politique

Dirigé depuis près de dix ans par François Bayrou, le parti créé en 1978 par Valéry Giscard d'Estaing a choisi de disparaître au profit du Mouvement démocrate

 

08801931b07baafd84942e044c91a8e3.gifL'UDF semblait jusque-là avoir été douée de régénération, cette capacité que possèdent certains êtres vivants à se re­constituer après une amputation. Car l'UDF de 2007 n'était déjà plus qu'un morceau de ce que représentait l'UDF de 1978. Ce qui n'avait pas empêché ce parti de demeurer, malgré les scissions, un acteur incontournable du paysage politi­que. Le congrès extraordinaire qui se déroulait hier à Villepinte (Seine-Saint-Denis) a clos définitivement ce chapitre de l'histoire politique française. Sans surprise, les participants ont voté une résolution prévoyant son absorption par le Mouvement démo­crate (MoDem), qui tient dans la foulée, aujourd'hui et demain, son congrès fondateur. Même si, afin de geler l'utilisation du nom, l'UDF conservera pendant trois ans une existence juridique.

Tout est parti, entre 1976 et 1978, de la volonté de Valéry Giscard d'Estaing de contrebalancer le poids du RPR de Jacques Chirac en coordonnant les autres composantes de sa majorité. En 1978, l'Union pour la démocratie française (UDF) naît donc en tant que confédération de partis issus principalement de trois familles politiques historiquement opposées. L'ancien centre d'inspiration démocrate-chrétienne, avec Jean Lecanuet (décédé en 1993), André Diligent (décédé en 2002), René Monory ou Jean-Marie Vanlerenberghe, toujours sénateur Union centriste-UDF du Pas-de-Calais. L'aile droite du centre républicain radical, autour de Jean-Jacques Servan-Schreiber (décédé en 2006), Didier Bariani et André Rossinot. Et la droite libérale, avec Valéry Giscard d'Estaing lui-même, Roger Chinaud ou Bernard Lehideux, actuel parlementaire européenne UDF-MoDem.

Durant vingt ans, à droite, un double équilibre s'établit alors à l'Assemblée nationale. D'une part un bipartisme UDF-RPR. D'autre part, au sein de l'UDF, une réparti­tion relativement stable entre 1978 et 1997 : les libéraux du Parti répu­blicain représentaient la moitié des députés, le Centre des démocrates sociaux (CDS) un tiers, les autres composantes se partageant le reste. Tout semblait pouvoir conti­nuer longtemps ainsi. Sauf que, en 1988 puis en 1995, l'UDF n'a pas été en mesure de présenter de candidat à l'élection présidentielle. Certes, en 1988, elle soutient Raymond Barre, qui en est apparenté. Mais en 1995 elle se trouve réduite à trancher entre deux candidats issus du RPR, Édouard Balladur et Jacques Chirac.

Cette situation, un homme ne l'ac­cepte pas. C'est François Bayrou. Il n'a alors qu'une obsession : mettre l'UDF en situation de présenter un candidat et de remporter l'élection présidentielle. Dans son esprit, ce candidat c'est bien entendu ...François Bayrou. En 1998, l'UDF se trouve toutefois amputée de son aile libérale. Présidée par Alain Madelin, Démocratie libérale (ex-Parti républicain) quitte la con­fédération. L'équilibre créé en 1978 est rompu, même si une vingtaine de personnalités libérales restent à l'UDF (François Léotard, Gérard Longuet, Gilles de Robien, François Sauvadet...). L'UDF est morte, vive la nouvelle UDF ! C'est cette rupture qui va en effet permet­tre à François Bayrou de prendre la présidence du parti et de poursui­vre son unification. Avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2002...

Cette année-là, François Bayrou obtient 6,84% des suffrages expri­més. L'UDF connaît cependant une nouvelle dissidence : la majorité de ses élus, dont une partie avait sou­tenu Jacques Chirac dès le premier tour, participe à la création de l'UMP (Philippe Douste-Blazy, Pierre Méhaignerie, Gérard Longuet, Hervé de Charette, Pierre-André Wiltzer, le Parti radical...). Aux élections législatives, l'UDF n'est plus que l'ombre d'elle-même avec un groupe parlementaire de 29 dépu­tés. Contre 113 en 1997, puis 82 après la scission de Démocratie libérale.

À l'époque, l'UDF s'est toutefois maintenue autour d'une ambiguïté qui a resurgi lors de la dernière élec­tion présidentielle. Pour certains, il s'agissait de refuser le monopartisme à droite et au centre droit en main­tenant l'UDF. Telle était la ligne de Gilles de Robien et celle des députés qui ont rompu avec François Bayrou pour créer, dans le contexte des der­nières élections législatives, le Nou­veau Centre (Hervé Morin, François Sauvadet, André Santini...). Disposant d'un groupe parlementaire, alors que François Bayrou et Jean Lassalle siègent désormais parmi les députés non-inscrits, le Nou­veau Centre aspire à prendre la succession de l'UDF au centre droit. Pour Fran­çois Bayrou, en revanche, l'objectif demeure l'élection présidentielle et la stratégie centriste qu'il a adoptée dans cette perspective, à équidis­tance de l'UMP et du PS. Une stra­tégie qui passe dorénavant par la création d'un nouveau parti : le Mouvement démo­crate (MoDem). Après avoir obtenu 18,57% à l'élec­tion présidentielle, François Bayrou dispose enfin d'une machine mi­litante créée par et pour lui.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 30/11/2007 (version mise à jour)

 

Pour aller plus loin :

histoire de l'UDF

biographie de François Bayrou

Mouvement Démocrate

Commentaires

Vous écrivez, "le Nou­veau Centre aspire à prendre la succession de l'UDF au centre droit". Je ne suis pas de cet avis. Depuis l'élection présidentielle de 2002 et l'enracinage de Bayrou à la tête de l'UDF, le parti s'était indépendantisé de la droite, alors que le Nouveau Centre reste très dépendant de l'UMP !

Écrit par : Lectumag | 02 décembre 2007

J'ai répondu dans une nouvelle note :
http://www.ipolitique.fr/archive/2007/12/02/centre-modem.html

Écrit par : Laurent de Boissieu | 02 décembre 2007

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