09 mars 2007
une majorité PS-UDF ?
Je reprends ici les idées développées dans une précédente note, que je complète.
L'hypothèse d'une majorité formée par l'UDF et une partie du PS semble invraisemblable en raison de l'actuelle structuration du paysage politique français. Mais, si on s'intéresse aux idées et non plus aux structures partisanes, cette hypothèse semble tout à fait possible.
Dans la plupart de nos voisins européens, le clivage droite-gauche est une question de degré de libéralisme, avec une droite libérale-conservatrice et une gauche social-libérale. Les acteurs politiques rejetant le capitalisme libéral étant disqualifiés à l'extrême gauche (cf. en Allemagne le départ d'Oskar Lafontaine du SPD). Cette situation est notamment une conséquence, dans le contexte de la construction européenne, de l'évolution idéologique des partis sociaux-démocrates (ou travaillistes) vers un social-libéralisme.
En France, le terme social-libéralisme est toutefois utilisé négativement pour se démarquer au sein de la gauche (le PCF dénonçant le social-libéralisme du PS) ou au sein du PS (Jean-Luc Mélenchon dénonçant le social-libéralisme de Dominique Strauss-Kahn). Le PS français étant, contrairement à ses partenaires européens, pour moitié environ (le clivage apparu lors des débats sur la Constitution européenne est révélateur à ce sujet) composé de militants qui rejettent la capitalisme libéral.
Sans utiliser le mot (même Jean-Marie Bockel se réclame d'un "socialisme libéral" et non du "social-libéralisme"), une partie du PS est pourtant sur la même ligne idéologique que la gauche social-libérale dite "gauche réformiste". Il suffit par exemple de regarder les participants français aux cercles de réflexion qui s'y rattachent :
- Policy Network, qui s'inspire du Britannique Tony Blair (partisan d'une "troisième voie" entre social-démocratie et libéralisme), de l'Allemand Gerhard Schröder (promoteur d'un "nouveau centre") et, outre-Atlantique, du Parti démocrate : Alain Minc, Dominique Strauss-Kahn, Patrick Weil, Jean Pisani-Ferry, Marisol Touraine, Olivier Ferrand
- Gauche Réformiste Européenne (GRE), association belge : Olivier Ferrand, Gilles Finchelstein, Élisabeth Guigou, Pascal Lamy, Pierre Moscovici, Dominique Strauss-Kahn
- À Gauche En Europe (AG2E), association française : Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici, Marisol Touraine, Olivier Ferrand...
Idéologiquement, cette gauche réformiste est plus proche de l'UDF et de François Bayrou que de l'aile gauche du PS ou des partis situés à la gauche du PS (PCF, MRC, LCR...). Dans cette perspective, l'entretien accordé par Dominique Strauss-Kahn au Monde est intéressant à analyser :
- soutien de Ségolène Royal, il refuse logiquement de se situer dans l'hypothèse d'une victoire de François Bayrou à l'élection présidentielle et, donc, de répondre à la question de sa nomination à Matignon en cas d'élection de François Bayrou à la présidence de la République.
- soutien de Ségolène Royal, il appelle logiquement François Bayrou à soutenir également Ségolène Royal et récuse la stratégie "centriste" du président de l'UDF.
- en revanche, là réside le principal intérêt de cet entretien, Dominique Strauss-Kahn qualifie de "belle majorité pour changer la France" une majorité associant le PS et l'UDF.
À ma connaissance, il s'agit de la première fois qu'un éléphant du PS imagine publiquement un gouvernement PS-UDF...
(ajout du 10 mars : dans Le Parisien, Laurent Fabius a, en revanche, "exclu" que le PS gouverne avec François Bayrou)
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Commentaires
Intéressant !
Écrit par : Denis Vinckier | 10 mars 2007
C’est la grande surprise de cette campagne présidentielle.Véritable flèche dans les sondages, il vient dangeureusement talonner Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal à six semaines du premier tour. Mais le changement que Francois Bayrou prône est illusoire et risque de noyer la France dans l’immobilisme.
Sa stratégie éléctorale est très simple : opportuniste, elle consiste à renvoyer dos à dos la droite et la gauche en les rendant au passage fautifs et responsables de tous les maux actuels dont souffre la France, conséquences directes et inévitables, d’après lui, de leur longue alternance au pouvoir. La solution pour la nation serait donc là, elle s’appellerait Francois Bayrou. A l’entendre, il suffirait d’oublier tout affrontement idéologique, et de faire travailler ensemble, grâce à un coup de baguette magique, droite et gauche dans un pot pourri nommé rassemblement. Les sondages en témoignent, cette stratégie séduisante à première vue est terriblement efficace, donnant aux Francais l’illusion de pouvoir faire un tri épuratoire grâce auquel on garderait seulement les meilleures idées de la droite et la gauche pour la France. Pour cela, lui-même se présente comme un personnage neutral hors-système, oubliant au passage qu’il a été un homme de droite dans un gouvernement de droite cinq années durant. Il n’y a bien sûr aucun mal à changer de camp et d’idées au cours d’une vie politique tant qu’on assume son passé, mais renier et accuser violemment après coup l’équipe à laquelle on s’est investi corps et âme pendant plus de cinq ans est synonyme d’hypocrisie.
Quant à son programme, il n’est finalement rien d’autre qu’une vague copie de celui de la droite, présenté bien plus tardivement que l’original avec, en moins, les éléments concrets pour la relance de la croissance. C’est en effet un programme se voulant celui du changement et de la modernité, mais fondé hélas sur une simpliste vision comptable et réductrice de l’économie. Francois Bayrou ne propose rien de vraiment nouveau si ce n’est la solide volonté de réduire la dette publique, volonté certes honorable et pas des moindres en cette époque, mais malheureusement insuffisante car elle n’est pas présentée comme une mesure au sein d’un grand programme cohérent, mais plutôt comme une priorité absolue aux dépens de celle que devrait d’abord être la croissance. En fait, Francois Bayrou n’a pas de « rupture » propre à lui-même, son programme soi-disant social-libéral à petit budget n’a pas vocation à faire vraiment bouger les choses. Il risque très fortement de décevoir là où la France est à la recherche désespérée d’espoir politique et de prospérité, déception qui renforcerait malheureusement une fois de plus les extrêmes.
Mais au-delà des idées et de la stratégie éléctorale, c’est surtout la méthode qui bloque. Cette méthode annoncée pour gouverner est d’autant plus abérrante qu’elle est irréaliste. La volonté de rassembler la droite et la gauche pour gouverner ensemble peut certes donner une bonne conscience de complémentarité novatrice, elle ne rime pas pour autant avec efficacité. Tout au contraire. Le clivage droite gauche ne peut être oublié, d’ailleurs durant cette éléction il est plus que jamais présent sur de nombreuses idées capitales telles les 35 heures, l’immigration, le travail ou encore la place de l’Etat dans l’économie. Comment dès lors faire travailler ensemble dans un même gouvernement des divergences aussi marquées ? En France, ces différences qui ont toujours fait la force de la pluralité des idées et l’existence des partis ne peuvent être effacées par une simple volonté présidentielle soudaine pour un gouvernement rassemblé. C’est pourtant ce que Francois Bayrou est en train de faire croire aux Francais, séduits par cette idée dont l’aspect inédit leur fait complétement oublier l’irréalisabilité politique. Il est d’ailleurs assez paradoxal de voir qu’il parle de rassemblement, lui même qui l’avait refusé lorsque Chirac le lui avait proposé entre les deux tours de la présidentielle de 2002, après un choc profond où les circonstances étaient propices au rassemblement. Mais aujourd’hui, le clivage politique francais est loin d’être prêt pour un gouvernement de la sorte, et vouloir forcer aveuglement la réalité politique ne laisse présager rien de bon pour la France. Car Francois Bayrou, s’il est président, ne pouvant gouverner avec son seul groupe à l’Assemblée, devra composer avec d’autres partis, et gouverner à coups de compromis et manoeuvres interminables, réduisant fortement l’ampleur et l’importance des grandes décisions dont la France a pourtant rapidement besoin. Le résultat risque d’avoir une forte odeur d’immobilisme et d’instabilité gouvernementale majeure.
Finalement, plutôt que de laisser les Francais choisir utilement pour un véritable nouveau projet de société de droite ou de gauche, Francois Bayrou profite de leur longues hésitations, inévitables et justifiées face à de tels décisions et enjeux, pour leur proposer un non-choix qui ne rime qu’avec immobilisme et fiction mais sûrement pas avec changement. Au milieu de deux grands projets, il offre la possibilité d’un petit vote aussi confortable que lâche qui évite aux Francais l’effort certes pénible mais pourtant indispensable de trancher clairement en faveur d’un bord ou l’autre afin de faire changer la France.
Maxime SBAIHI
Écrit par : Maxime Sbaihi | 11 mars 2007
La bourgeoisie me fait bien marrer... La PS ou l'UMP sont dans un cadre étroit du capitalisme moribond mondial (paradoxe?), au service de la marchandisation de la planète et de l'humain.
Tous les discours vont dans quelques semaines se rejoindre sur beaucoup de dossiers, ouvrez bien vos oreilles...!
Pas de démocratie sans le pouvoir au peuple !
La révolution mondiale prolétarienne approche à grands pas...
Votez Rémi !!!
http://remito.zeblog.com/
Écrit par : Rémi | 13 mars 2007
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