Drapeau de l'Union européenne dans l'hémicycle: Mélenchon a-t-il raison?
21 juin 2017
"Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt"
Le nouveau député de la nation Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) a eu cette réflexion en entrant dans l'hémicycle:
"Hé, franchement, on est obligé de supporter ça? Non mais attends, c’est la République française ici, c’est pas la Vierge Marie, là. Je ne comprends pas. Ce truc n'est pas constitutionnel. Parce qu'ils l'avaient mis dans le projet de Constitution, tu sais, le drapeau de l'Europe."
Il y a en réalité trois idées dans les propos de l'ancien candidat à la présidence de la République.
1. Drapeau européen et symbole marial
L'inventeur du "drapeau européen", Arsène Heitz, s'est inspiré de l'Apocalypse de Saint-Jean:
"Un grand signe apparut dans le ciel: une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles"
Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, à Paris
Son origine est donc bien chrétienne. Il n'a cependant pas été adopté en 1955 par le Conseil de l'Europe puis en 1986 par les Communautés européennes (devenues Union européenne) pour cette raison, involontaire chez les décisionnaires.
Bref, il est erroné de voir dans le drapeau présent sur le fronton de nos édifices publics ou dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale une référence mariale. De même qu'il est faux d'y voir un "drapeau européen" dans l'absolu: ce n'est en l'espèce pas celui de l'organisation internationale Conseil de l'Europe mais uniquement celui de l'organisation internationale Union européenne.
2. Drapeau européen et projet de Constitution européenne
Jean-Luc Mélenchon explique ensuite que le drapeau de l'Union européenne serait inconstitutionnel puisque le projet de Constitution européenne a été rejeté par le peuple français.
Certes, le traité constitutionnel européen créait une devise ("Unie dans la diversité") et mentionnait les symboles existants (drapeau, hymne). Mais, contrairement à ce qu'il affirme, son rejet n'a pas supprimé ces derniers.
(Sauf à considérer que tout ce que le traité constitutionnel européen reprenait a également été rejeté, et pas seulement les nouveautés, mais dans ce cas l'Union européenne n'existe plus puisque l'ensemble de "l'acquis communautaire" était repris dans sa troisième partie!)
3. Drapeau européen et souveraineté
Comme le dit Jean-Luc Mélenchon, la présence du drapeau d'une organisation internationale (quelle qu'elle soit) est totalement déplacée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, lieu d'expression de la souveraineté populaire.
(Du moins tant que l'Union européenne n'est pas une fédération, avec l'idée - de fait contraire à l'identité constitutionnelle française - d'une souveraineté partagée entre les États fédérés, dont la France, et l'État fédéral incarnant un peuple union-européen)
Incapables de comprendre la spécificité symbolique de ce lieu qu'est l'hémicycle où les députés de la nation votent la loi, les critiques de Jean-Luc Mélenchon ont effectué des parallèles malhonnêtes intellectuellement (par exemple avec l'en-tête de sa fiche d'indemnité ou du papier à lettres qu'il utilisait jusque-là en tant que parlementaire union-européen...).
1 commentaire
Politiquement Mélenchon a raison. Quand on fait le constat que ce qu'est devenue l'UE on ne peut que haïr cet emblème. Les politiques totalement rétrogrades qu'elle impose partout.
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