Emmanuel Macron: au centre ou à gauche?
24 avril 2017
Selon que l'on classe la candidature d'Emmanuel Macron au centre ou à gauche, les analyses électorales divergent (cf. mes infographies depuis 1965).
Mon choix est de le classer au centre gauche, donc à gauche, pour quatre raisons:
1. Son parcours politique: conseiller à l'Élysée d'un président de la République de gauche (François Hollande) puis ministre de l'économie d'un gouvernement de gauche (celui de Manuel Valls).
2. Ses soutiens politiques: tous de gauche (PS, PRG) ou du centre (MoDem), à l'exception de seulement sept parlementaires de droite (un sénateur LR: Jean-Baptiste Lemoyne; un député UDI: Philippe Folliot; trois sénateurs UDI: Michel Canévet, Jean-Marc Gabouty et Christian Namy; deux parlementaires européens UDI ou ex-UDI: Jean Arthuis et Jean-Marie Cavada).
3. Son électorat (1):
-> composé à 46% d'électeurs de François Hollande en 2012 (de Nicolas Sarkozy: 17%; de François Bayrou: 16%)
-> a attiré 48% des électeurs de François Hollande en 2012 ayant voté au premier tour en 2017 (26% vers Jean-Luc Mélenchon, 16% vers Benoît Hamon)
4. La signification de sa candidature: Emmanuel Macron porte - en voulant aller certes plus loin - la ligne sociale-libérale majoritaire au sein du PS (70% au dernier congrès), celle qui a été suivie sous le quinquennat de François Hollande, de façon de plus en plus intense et assumée jusqu'aux lois Macron et El Khomri.
Celui qui l'incarnait à la primaire est Manuel Valls, qui fut d'ailleurs majoritaire auprès des seuls sympathisants PS (43% au premier tour, 52% au second cf. mon infographie). Mais, puisqu'il s'agissait d'une primaire ouverte, c'est Benoît Hamon qui a pu l'emporter. C'est tout le paradoxe de Benoît Hamon dans cette élection présidentielle: candidat officiel du PS, mais n'en portant qu'une ligne anti-libérale minoritaire (30% au dernier congrès). Il a donc été électoralement siphonné des deux côtés par des candidatures davantage cohérentes: sur sa droite par Emmanuel Macron, sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon.
(1) Sondage jour du vote réalisé par l'Ifop et Fiducial auprès d'un échantillon représentatif de 3 668 personnes pour Paris Match, CNews et Sud Radio.
2 commentaires
Le soutien à Emmanuel Macron est plus large, côté ALLIANCE CENTRISTE et Mouvement Démocrate.
L'essentiel des parlementaires d'AC est au Sénat.
Reste qu'il est de mise au Sénat de rester prudent dans son expression, ses manifestations cf Yves Detraigne
Une seule exception, celle de François Zochetto...un soutien affirmé à FF présenté comme relevant d'anciens liens d'amitié personnelle.
La Position particulière d'ALLIANCE CENTRISTE a reçue en interne, de nombreuses expressions de soutiens de militants et élus d'autres mouvements de la CONFEDERATION Udi...dans le silence d'Hervé Morin, coinçé par ses alliés d'élection LR...en Normandie.
Personne n'est dupe des raisons de l'accord électoral passé par l'exécutif actuel de L'UDI pour assurer les meilleures conditions de réélection des sortants, les circonscriptions complémentaires prétendument offertes étant loin d'être des cadeaux...
Pour compléter, on soulignera que la décision d'Alliance centriste de soutenir Emmanuel Macron n'a pas été automatiquement prise à la suite de la prise de position de Jean Arthuis, beaucoup d'entre nous, ayant soutenu au préalable la candidature d'Alain Juppé avant les très "dextristes" primaires et le succès de la secte de Solesmes...
Voici ce que j'ai écrit sur ce sujet:
Éclatement de l’Alliance centriste
La candidature d’Emmanuel Macron provoque toutefois l’éclatement d’une composante de l’UDI, l’Alliance centriste. Le comité exécutif de celle-ci a en effet décidé, le 18 mars, de soutenir à 66% la candidature d’Emmanuel Macron, contre 18 % celle de François Fillon (16% de non-participants). Son fondateur, le parlementaire européen Jean Arthuis (ex-MoDem), avait rejoint l’ancien ministre de l’économie de François Hollande dès décembre 2016.
Samedi 25 mars, le bureau exécutif de l’UDI en a tiré les conclusions en excluant l’Alliance centriste et ses membres – dont son président le député Philippe Folliot – qui soutiennent Emmanuel Macron.
Une partie de l’Alliance centriste (qui comptait jusqu’à présent deux députés et dix sénateurs) a toutefois confirmé sa préférence pour François Fillon, et reste donc au sein de l’UDI. C’est notamment le cas du député Yannick Favennec (ex-UMP) et du sénateur François Zocchetto, président du groupe UDI-Union centriste.
http://www.la-croix.com/France/Politique/LUDI-resiste-tant-bien-tentation-Macron-2017-03-26-1200834837
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