Quand VGE réécrit l'histoire de l'UDF
05 octobre 2016
"L'UDF n'est pas née d'un calcul politicien ni de considérations électorales mais de la conviction qu'il y avait au centre des gens qui partageaient les mêmes convictions", a déclaré Valéry Giscard d'Estaing, le 4 octobre, à l'occasion d'un dîner au Sénat réunissant de nombreuses anciennes personnalités du parti giscardien.
À ma table, un parlementaire qui fut membre de la première direction provisoire de l'UDF, en mars 1978, ne put s'empêcher de tiquer et contredire sur ce point l'ancien président de la République.
Cette affirmation ne résiste en effet pas aux faits.
L'UDF a été créée pour les élections législatives de mars 1978 afin de faire pièce au RPR chiraquien, lancé en 1976. Or, il ne s'agit à l'origine que d'un cartel électoral, et non d'un parti en tant que tel. "Simple apparentement électoral, prolongé comme il se devait par la constitution d'un groupe à l'Assemblée nationale, ou force politique neuve, se substituant rapidement à ses composantes, tels sont les deux termes de l'alternative qui semble s'offrir à l'UDF", s'interrogeait en avril 1978 Le Monde.
Ce cartel anti-chiraquien réunissait plusieurs familles idéologiques:
- les libéraux, à droite (voire très à droite) depuis la première guerre mondiale.
- les démocrates-chrétiens, au centre jusqu'en 1969 (CDP) ou 1974 (Centre démocrate).
- des radicaux, à gauche jusqu'en 1972 puis au centre jusqu'en 1974.
- des socialistes dissidents (opposés à l'alliance avec le PCF), au centre jusqu'en 1974.
Bref, des familles idéologiques que beaucoup d'éléments opposent. Certaines pouvant par ailleurs être placées à la gauche du RPR, et d'autres à la droite du RPR. En février 1982, un dirigeant de l'UDF (Olivier Stirn) pouvait ainsi encore déclarer que "l'UDF doit éclater en ses deux tendances naturelles - libérale et sociale-démocrate - pour que chacune établisse, selon ses convictions propres, sa conception de la société".
De fait, l'équation "ex-UDF = centristes" est assez délirante lorsqu'on dresse cette liste de personnes passées par l'UDF: Michel Poniatowski, Alain Griotteray, Jean-Claude Gaudin, Jean-Yves Le Gallou, Philippe de Villiers, Charles Millon, Alain Madelin, Claude Goasguen, Christine Boutin, Hervé Mariton ou encore Jean-Frédéric Poisson.
Des "centristes"?
Une initiative de l'Institut Jean Lecanuet (Yves Pozzo di Borgo).
"Les pays doivent être gouvernés au centre".
Anciens présidents de l'UDF: à gauche Bayrou, à droite Giscard d'Estaing.
4 commentaires
On n'oubliera pas parmi les non-centristes Olivier d'Ormesson, député européen UDF sur la liste de Simone Veil en 1979 puis député FN du Val-de-Marne en 1986.
Olivier d'Ormesson était CNIP et non UDF!
Etonnant que cet attelage hétéroclite ait pu tenir plus de 20 ans! On notera que Giscard, malgré son image de "moderne" est plutôt rattachable à la sensibilité droitère.
Sa famille politique d'origine était incontestablement la plus à droite dans la paysage parlementaire de l'après guerre, il a voté contre l'abolition de la peine de mort, avait d'excellentes relations avec Jean-Marie Le Pen, a accueilli à bras ouverts les ex d'Occident, a bénéficié de l'aide d'une partie de l'extreême-droite en74, et ce n'est pas par hasard si son fiston appartenait à la sensibilité ultra-libérale de l'UMP... Entre Chirac et lui, le vrai réac n'était pas celui qu'on a longtemps cru. Mais il faut dire que sans la complaisance de bon nombre de vos confères, ce mythe du Giscard "centriste" n'aurait pas autant prospéré.
Mais l'illusion était forte. Je revois encore mes parents préparant soigneusement leurs bulletins blancs (nuls en l'occurence) pour le duel UDF-RPR au second tour des législatives de 93... mais beaucoup d'électeurs de gauche avait préféré voter pour le candidat UDF... un certain Jean-Jacques Descamps. Pas exactement un modéré, vous en conviendrez...
Rien à ajouter! Si ce n'est, en effet, Mylène et Jean-Jacques Descamps, encore de grands giscardiens pas vraiment centristes!
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