La primaire de la droite, les déçus de François Hollande et les sympathisants de gauche
03 octobre 2016
"S'il y a des déçus du hollandisme - et en ce moment ils sont de plus en plus nombreux -, eh bien qu'ils viennent", a déclaré Alain Juppé, dimanche 11 septembre, sur France 2.
"Je ne suis pas candidat à la primaire de la droite, du centre et de la gauche. Où est la loyauté, quand on appelle des électeurs de gauche à voter, à signer - parjures - un papier dans lequel ils s'engageraient à partager les valeurs de la droite?", a rétorqué Nicolas Sarkozy, le 3 octobre, en réunion publique dans le Bas-Rhin.*
Quelques réflexions:
1. À chaque scrutin, un candidat attire des déçus du président de la République sortant. En 2012, par exemple, 10% des électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle de 2007 ont voté pour François Hollande (sondage TNS Sofres jour du vote).
2. En appeler aux "déçus", ce n'est pas en appeler aux sympathisants: les déçus du "sarkozysme" n'étaient pas forcément des sympathisants UMP (devenue LR), les déçus du "hollandisme" ne sont pas forcément des sympathisants PS.
3. Il y a entrisme si et seulement si des sympathisants des partis de gauche ou d'extrême droite votent à la "primaire de la droite et du centre" (à laquelle ne participent en réalité que des partis de droite: LR, PCD et CNIP).
4. La "Charte de l'alternance" à signer pour voter à la primaire organisée par LR est la suivante: "Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m'engage pour l'alternance afin de réussir le redressement de la France".
Ces valeurs n'étant pas définies (ce qui est impossible, la droite - comme la gauche - étant idéologiquement hétérogène), on peut très bien considérer que "les valeurs républicaines de la droite et du centre" sont tout simplement les valeurs républicaines, que la gauche partage donc également.
En revanche, la formule "je m'engage pour l'alternance" ferme la porte de cette primaire aux électeurs qui ne souhaitent pas l'alternance, c'est-à-dire à ceux qui soutiennent la majorité de François Hollande (par contre, sont pour l'alternance les sympathisants de toutes les oppositions: d'extrême gauche, de gauche, du centre, de droite ou d'extrême droite).
Infographie: Proximité partisane des électeurs certains d'aller voter à la primaire de la droite
* Nicolas Sarkozy "oublie" qu'Alain Juppé vise aussi les "déçus" du lepénisme: "S'il y a des déçus du hollandisme - et en ce moment ils sont de plus en plus nombreux -, eh bien qu'ils viennent. S'il y a des électeurs du Front national qui se rendent compte que le programme de ce parti nous amène dans le mur, eh bien qu'ils viennent. Voilà mon état d'esprit".
1 commentaire
5. La primaire a justement été imposée à Nicolas Sarkozy pour contourner les militants LR, réputés favorables à l'ancien président de la République.
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