Primaire de la droite: qui a parrainé qui?
11 septembre 2016
Afin d'être candidats à la primaire de la droite, les membres du parti Les Républicains devaient présenter un certain nombre de parrainages, dont ceux d'au moins vingt parlementaires. Ces derniers devaient déclarer sur l'honneur partager "les valeurs républicaines de la droite et du centre" et s'engager "pour l'alternance".
Bien qu'il n'y ait que des partis de droite qui y participent (Les Républicains, Parti chrétien-démocrate, Centre national des indépendants et paysans), cette primaire se revendique abusivement "de la droite et du centre" afin de s'adresser aux élus et électeurs de l'UDI et du MoDem. Ce qui fait qu'au total 448 parlementaires pouvaient potentiellement parrainer des candidats.
(non compté Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l'élection présidentielle;
LR = LR et apparentés; UDI = UDI et apparentés)
Le nombre de parrainages (hors ceux des candidats n'ayant pas atteint les seuils requis) s'est élevé à 360, dont:
- deux sénateurs qui ont parrainé à la fois François Fillon et Nicolas Sarkozy, passant de l'un à l'autre (Colette Giudicelli et Didier Robert) - ces doublons devraient logiquement être annulés par la Haute Autorité, nous les avons attribués à Nicolas Sarkozy.
- un député qui a parrainé François Fillon mais qui soutient finalement Nicolas Sarkozy (Pierre Lellouche) - nous avons laissé ce parrainage à François Fillon.
- quatre parlementaires divers gauche: deux députés de gauche ayant voté contre la loi Taubira ont parrainé Hervé Mariton (Bruno Nestor Azerot et Jérôme Lambert), tandis que deux sénateurs guérinistes ont signé pour Nathalie Kosciusko-Morizet (Mireille Jouve et Michel Amiel).
Les parlementaires LR ont massivement parrainé des candidats (au moins 88% d'entre eux):
Nicolas Sarkozy (102) est celui qui a réuni le plus de parrainages LR, devant François Fillon (80) et Alain Juppé (51). Parmi les sénateurs LR, Nicolas Sarkozy (30) est toutefois devancé par François Fillon (35) et même Alain Juppé (31).
Si l'UDI ne participe pas à la primaire, presque la moitié de ses parlementaires ont parrainé un candidat, dont un quart (18) Alain Juppé.
Au total, Nicolas Sarkozy a déposé 103 parrainages, François Fillon 82 (non comptabilisés les deux doublons), Alain Juppé 72, Bruno Le Maire 34, Jean-François Copé 24, Nathalie Kosciusko-Morizet 23 et Hervé Mariton tout juste 20.
Les parrainages extérieurs à leur parti sont significatifs chez Alain Juppé (29% du total), et surtout chez les deux candidats qui ont rencontré le plus de difficultés à les réunir: Nathalie Kosciusko-Morizet (39%) et Hervé Mariton (40%).
À noter que si pour les autres candidats un parrainage vaut de fait soutien, NKM et Hervé Mariton ont bénéficié de signatures d'élus souhaitant simplement qu'ils puissent concourir (par exemple Jean-Christophe Fromantin pour Hervé Mariton ou le filloniste Gilles Carrez pour Nathalie Kosciusko-Morizet).
Si Nicolas Sarkozy a attiré presque la moitié des copéistes de 2012 (48%, à commencer par Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale), il a également convaincu un cinquième des fillonistes de 2012 (tandis que 45% sont restés fidèles).
Nicolas Sarkozy est par ailleurs favori chez les anciens signataires en 2012 des motions La Droite Forte (61%), qui se réclamait de lui, et La Droite Populaire (44%). Il est aussi en tête chez ceux de la motion Gaullistes en Mouvement (bâtie sur l'ex-RPR) et même de la motion France Moderne et Humaniste (bâtie sur l'ex-UDF giscardienne).
Il est en revanche dépassé par François Fillon (39% contre 28%) chez ceux de la motion La Droite Sociale de l'ex-filloniste redevenu sarkozyste Laurent Wauquiez (à l'époque, 88% de ses signataires avaient voté pour François Fillon).
Bruno Le Maire (35%) et Alain Juppé (29%) ne sont, eux, en tête que chez les anciens signataires de la petite motion La Boîte à Idées.
2 commentaires
Merci pour ce travail comme toujours tres interessant!
Finalement dans le duel attendu entre Juppe et Sarkozy, ne retrouve-t-on pas une traditionnelle opposition qui naguere aurait ete entre l'UDF et le RPR?
D'un cote un certain liberalisme economique et un positionnement social de nature a attirer les centristes de tous bords, de l'autre un plus grand dirigisme (volontarisme, dirait-il) et une ligne dure sur l'immigration.
L'incapacite chronique des centres a produire un presidentiable credible (ET suivi par un nombre credible de parlementaires) les poussait par necessite a une alliance instable avec les liberaux (ou plus tot les independants). Il semblerait que le phenomene se poursuive de nos jours avec Juppe (qui bien que RPR n'a jamais vehicule d'idees typiquement 'gaullistes' en son temps).
Bonjour et merci pour votre article.
Pourriez-vous m'indiquer où trouver des informations sur les candidats à la primaire qui n'ont pas réussi à se présenter à la primaire? Ont-ils loupé le seuil de peu ou de loin?
Je pense notamment à Henri Guaino et Nadine Morano.
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