Des étudiants souverainistes lancent un nouveau syndicat: La Cocarde étudiante
01 septembre 2015
Je vous invite à lire mon article dans La Croix. Ayant envoyé un article trop long, celui-ci a été logiquement coupé. En voici pour info la version longue:
Des Républicains au FN, des étudiants souverainistes lancent un nouveau syndicat: La Cocarde étudiante.
Il s'agit de la première concrétisation d'un projet souverainiste transpartisan et brisant le "cordon sanitaire" autour du FN.
Le souverainisme peut-il réunir au-delà des appartenances partisanes ? La question se pose depuis les débats sur le référendum du traité de Maastricht, en 1992. Elle est actuellement relancée.
Souverainistes "des deux rives"
Le 21 août 2015, l'économiste Jacques Sapir a déclaré espérer, "à terme", la création d'une large "alliance anti-euro", du Front de gauche au Front national. "Rassembler au-delà des appareils les patriotes de droite, de gauche et d'ailleurs", a repris Nicolas Dupont-Aignan, le 29 août, dans son discours de clôture de l'université de Debout la France, dont Jean-Pierre Chevènement était l'invité.
Le 26 septembre, son club République Moderne ambitionne justement d'organiser une rencontre sur le thème "Europe et souveraineté", où "chacun exprimera son approche", de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan en passant par Arnaud Montebourg.
"Le débat de fond seul fera bouger les lignes", plaide Jean-Pierre Chevènement dans le JDD du 30 août 2015 en souhaitant accueillir les "républicains des deux rives". Sans cependant "supprimer le cordon sanitaire qui écarte les responsables du FN de l'espace politique républicain".
Dissidents de l'UNI
Ce sont toutefois des étudiants de droite souverainistes qui sont allés le plus loin dans un projet souverainiste transpartisan, en s'affranchissant, eux, de ce "cordon sanitaire". Le 4 septembre 2015 ils présenteront publiquement un "nouveau syndicat étudiant", La Cocarde étudiante, dont seize sections ont été montées depuis mai.
À l'origine se trouvent des dissidents des sections de l'UNI de Pau et de Panthéon-Assas. "L'UNI c'est Les Républicains, or ni Les Républicains ni Nicolas Sarkozy n'incarnent les idées gaullistes, explique le président de La Cocarde étudiante, Maxime Duvauchelle. Nous sommes des gaullistes sociaux, nous ne sommes pas des ultra-libéraux".
Si l'UNI a successivement été proche du RPR puis de l'UMP et des Républicains, elle a suivi l'évolution majoritaire des héritiers du gaullisme. En 1992, l'UNI avait ainsi activement participé à la campagne pour le non au traité de Maastricht. En 2005, elle a, à l'inverse, initié des comités "Les étudiants pour le oui" à la Constitution européenne.
Maxime Duvauchelle vient d'ailleurs de l'UNI et des Républicains, où il représentait le courant de La Droite populaire à son conseil national. "La condition sine qua non pour défendre les étudiants, c'est d'être indépendant de tout parti politique, poursuit-il. Par souci d'indépendance, j'ai démissionné des Républicains et de La Droite populaire."
Du FN aux Républicains
L'originalité de la nouvelle organisation étudiante est d'ambitionner de rassembler sans exclusive, des Républicains au FN. "Nous faisons abstraction de tout engagement politique extérieur, précise Maxime Duvauchelle. La seule condition pour adhérer, c'est d'être sur une ligne gaulliste et souverainiste". Dans un souci d'équilibre, il affirme que ses troupes comportent "40% de non-encartés, 20% de Républicains, 20% de Debout la France et 20% de FN". De fait, les dirigeants des courants ou des partis concernés lui réservent un bon accueil.
"Que le gaullisme et le souverainisme s'exportent un peu partout est une bonne chose", se réjouit Pierre Gentillet (Les Républicains), président des jeunes de La Droite Populaire. Il n'affiche donc "pas d'opposition" à la participation de militants de son mouvement, se déclarant "neutre" sur la présence de membres du FN. "Cela ne me regarde pas car c'est en dehors de l'espace partisan. La Cocarde étudiante est un syndicat, nous nous sommes un parti politique".
Cette opinion est partagée chez Debout la France. "A priori, nous ne pouvons qu'encourager la création d'un syndicat étudiant souverainiste", renchérit Alexandre Loubet, le tout nouveau président de Debout les jeunes. Si des responsables locaux ont créé des sections de la Cocarde étudiante, il compte néanmoins rencontrer d'autres syndicats, dont l'UNI, et attend de savoir "quelles sont les propositions concrètes de La Cocarde étudiante pour le monde universitaire". Surtout, il fixe une limite: « Cela ne nous pose pas de problème qu'il y ait des adhérents du FN, mais l'organisation doit rester indépendante et nous prendrions nos distances si elle s'en rapprochait trop".
Le FN à Sciences Po Paris
Si le FN a déjà créé le collectif Marianne, il n'a en revanche plus tenté depuis longtemps de lancer son propre syndicat étudiant. "On n'est pas là pour bloquer la création d'une structure souverainiste et patriote, bien au contraire», se contente d'avancer Gaëtan Dussausaye. Le directeur du Front national de la jeunesse est persuadé qu'"avec les nouvelles générations, tous les souverainistes et patriotes pourront effectuer un travail collectif sur leurs sujets communs. »
Seule exception, où le parti d'extrême droite ambitionne d'apparaître sous son nom: Sciences Po Paris. "C'est un cas à part car il s'agit de l'unique grande école où les partis politiques sont représentés en tant que tels, expose Gaëtan Dussausaye. Il est anormal que le FN ne le soit pas". Depuis lundi 31 août, la poignée d'étudiants "marinistes" est donc à la recherche des 120 parrainages nécessaires à sa reconnaissance.
Parmi eux, David Masson-Weyl, président du collectif Marianne, et Davy Rodriguez. Issu du Front de gauche, ce dernier est en outre le vice-président de l'association "Critique de la raison européenne"... que présidait jusqu'alors Alexandre Loubet.
En dehors de leur engagement politique, certains sont amis personnels. Responsable de La Cocarde étudiante à Paris-Descartes, Kelly Betesh (FN) avait bien involontairement été à l'origine d'une polémique en publiant sur les réseaux sociaux les photos du réveillon à son domicile, en présence notamment de Maxime Duvauchelle et Pierre Gentillet (UMP-Les Républicains). Florian Philippot, vice-président du FN, était même passé souhaiter une bonne année.
Une "génération Philippot"
C'est la présence de Florian Philippot au FN qui a permis ces rapprochements politiques, dont La Cocarde étudiante est la concrétisation. C'est en effet lui qui a conduit des jeunes se revendiquant "gaullistes", "colbertistes", "sociaux-souverainistes" ou "nationaux-républicains" à rejoindre le FN version Marine Le Pen. Puis ce sont ces jeunes-là qui apparaissent comme des partenaires fréquentables à l'extérieur du parti d'extrême droite.
Reste que le nouveau syndicat n'aura réussi son pari qu'à plusieurs conditions.
Premièrement, s'imposer dans le paysage universitaire en obtenant des élus, ce qui est loin d'être gagné.
Deuxièmement, conserver son orientation "gaulliste et souverainiste", c'est-à-dire ne pas fusionner avec une structure comme "Assas Patriote", qui a obtenu des élus sur une ligne à mi-distance entre le FN version Jean-Marie Le Pen et l'ex-GUD.
Troisièmement, que la direction nationale des Républicains – au-delà du courant de La Droite populaire – n'interdise pas à ses membres d'y militer. Or, rien n'est moins sûr.
Bravo à la @CocardeEtud qui a vocation à fédérer les étudiants patriotes !
— Florian Philippot (@f_philippot) 1 Septembre 2015
2 commentaires
Bonjour.
Je suis votre blog depuis quelques années déjà, et profite de ce commentaire pour vous remercier de l'alimenter régulièrement.
Etudiant dans ladite école, je lis dans tous les journaux des versions sans nombre de son nom : c'est Sciences Po, avec un s. Cf. son site officiel (ou son logo) : http://www.sciencespo.fr.
Bien à vous,
Vous avez parfaitement raison, merci, je corrige!
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