Bayrou reste droit dans ses bottes, au centre

J'ai lu cet article avec grand intérêt quand il est sorti, mais ai été étonné par un segment de phrase : "sur une ligne européenne fédéraliste".

Ce n'était pas le François Bayrou que je connais ;-)

J'ai donc été lire ce matin le discours de clôture et y trouve exactement l'inverse : François Bayrou se distingue explicitement de Guy Verhofstadt et Daniel Cohn-Bendit qui appelle à ce fédéralisme. Pour François Bayrou, les Etats ont transféré bien assez de responsabilités à l'Union européenne, le problème n'est pas là, c'est que ces responsabilités ne sont pas assez contrôlées par les citoyens — qui laissent donc la place aux technocraties ou oligarchies. Je cite le discours :

"Guy Verhofstadt (…) avec Daniel Cohn-Bendit (…) dit qu'il fallait un pas fédéral.

Je vais vous dire quelque chose d'autre : la fédération des États-nations européens, elle existe, car quand un ensemble d'États-nations a un Parlement élu au suffrage universel, une organisation exécutive qui bientôt va dépendre des élections, une Banque centrale et une monnaie commune, je voudrais bien que l'on m'explique ce qu'elle est d'autre qu'une fédération ?!…

L'Europe est une fédération d'ores et déjà accomplie. Selon moi, il n'y a quasi rien à changer dans les textes, mais il y a une vérité à défendre, c'est que cette fédération, pour l'instant, n'est pas démocratique ou pas suffisamment démocratique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un citoyen européen, pas un sur mille qui pense, qui soit informé de ce que sont les débats au Parlement
européen.

(…) Ce qui manque à l'Europe (…), c'est que les citoyens aient (…) une possibilité d'influence, une possibilité d'engagement sur les décisions que l'Union européenne prend en leur nom.

Ainsi, le grand sujet de l'avenir européen, ce n'est pas tant le pas fédéral, car il est fait depuis longtemps, c'est la démocratisation des institutions. (…)

Lors des élections européennes (…), nous allons porter la vision d'une Europe rendue aux citoyens européens."

Alors bien sûr ce n'est pas une ligne de sortie de l'Union, de retour au franc etc. ; mais ce n'est pas non plus la tonalité habituelle des fédéralistes, en tous cas pas ceux qui espèreraient faire le bonheur des peuples contre leur gré.

Maintenant, François Bayrou arrivera-t-il à intéresser ses partisans et militants, les députés européens sortants, la presse et l'opinion publique sur une perspective d'Europe démocratique, je n'en sais rien. Il a déjà essayé pour les élections européennes précédentes ( http://www.francedemocrate.info/spip.php?article647 ) et ça avait fait un flop, il était revenu à un discours concentré sur la politique nationale, sur lequel il avait été pris à contrepied dans les trois dernières semaines de campagne.