MoDem et majorité: la gueule et le iota
07 août 2012
Depuis les propos de Robert Rochefort affirmant dans La Croix que le MoDem était "la première pièce politique disponible" pour un "élargissement" de la majorité de gauche, je lis un peu tout et n'importe quoi.
Quelques rappels.
1) "Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l'ouvrir, ça démissionne." (tous droits réservés Jean-Pierre Chevènement)
Contrairement à ce qu'écrit Le Lab d'Europe 1, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, n'a pas "soumis une telle arrivée à plusieurs couches de conditions".
Ce proche de François Hollande a en effet simplement rappelé le principe de toute participation à toute coalition gouvernementale: "Le soutien à une politique, celle définie par le président de la République, et à une action, la sienne". Bref, "pleinement assumer la solidarité avec les décisions prises".
Un gouvernement est en effet un organe collégial et solidaire: le ministre de l'éducation nationale est ainsi co-responsable en tant que membre du gouvernement de l'action, par exemple, de son collègue de la défense.
D'aucuns plaident il est vrai dorénavant pour la nomination de ministres à durée et mission limitées, le cas d'espèce étant le "haut-commissaire" Martin Hirsch, qui, eux, n'assumeraient pas la globalité de la politique gouvernementale. Or, c'est selon moi la porte ouverte à toutes les confusions intellectuelles et politiques, sur le mode "je participe à un gouvernement de gauche mais je ne suis pas de gauche et je ne cautionne pas sa politique de gauche".
Au premier rang des partisans de cette monstruosité juridique et politique figurent François Bayrou et Robert Rochefort. Ce dernier avait déjà plaidé devant moi en ce sens le 28 juin lors de l'émission Face aux chrétiens. Il a récidivé dans son entretien à La Croix, expliquant qu'il regrettait "que notre système ne comprenne pas que l'on peut accompagner une majorité politique sans y être complètement intégré".
2) "Le MoDem ne bouge pas d'un iota."
Comme l'a rappelé Marielle de Sarnez dans Le Parisien, l'entretien de Robert Rochefort ne change rien à la position - ou plutôt à la non-position - du MoDem.
Depuis l'alternance, ce parti est en effet divisé en trois, comme je l'ai détaillé dans La Croix:
- un centre gauche, qui se considère dans la majorité.
- un centre droit, qui se situe dans l'opposition.
- François Bayrou, qui veut croire qu'on peut se situer ailleurs, ni dans la majorité ni dans l'opposition.
Or, ce qui a changé depuis l'entretien de Robert Rochefort, c'est juste que ce dernier est passé de "ailleurs" au centre gauche. Mais le MoDem, lui, reste toujours en tant que structure au milieu de nulle part (tout comme, au passage, le Front de Gauche).
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