Quand le PRG donne raison aux adversaires de la laïcité
06 août 2012
Reçu ce communiqué de presse de Pascal-Éric Lalmy, secrétaire national du PRG chargé de la laïcité: "L'Église n'a aucune légitimité démocratique pour s'immiscer dans le débat politique en France. Les Radicaux de gauche constatent avec inquiétude que l'Église de France a pris l'initiative d'une prière nationale unique pour mobiliser les opposants à la législation sur le mariage homosexuel. Une nouvelle fois, on ne peut que constater que les religions ne renoncent jamais à vouloir imposer leurs dogmes et leurs croyances à la société civile en général et au pouvoir politique en particulier. Cette initiative démontre, si cela était nécessaire, qu'il est urgent de réaffirmer le principe de laïcité en France et renforce la détermination des Radicaux de gauche à obtenir l'inscription du Titre Ier de la loi de 1905 dans la Constitution et d'engager une sortie graduelle et négociée du régime dérogatoire des Cultes en Alsace et en Moselle avant la fin du quinquennat".
Ce sont généralement les adversaires pernicieux de la laïcité qui m'exaspèrent en confondant laïcité et anti-religionisme, en ce qu'ils souhaitent mettre fin à la laïcité au nom d'une soi-disant "laïcité positive" qui, elle, ne serait pas antireligieuse (cf. ma note sur la "laïcité positive").
Ce sont cette fois des partisans de la laïcité qui m'exaspèrent en confondant effectivement laïcité et anti-religionisme ...donnant ainsi en apparence raison aux adversaires de la laïcité.
N'en déplaise aux radicaux de gauche, l'Église catholique - comme toute autre religion - a parfaitement le droit en France de dire ce qu'elle pense d'un projet de loi et de mobiliser pour ou contre ce dernier. Ce qui relève de la simple liberté d'opinion et d'expression n'est en rien assimilable à une quelconque volonté d'"imposer" quoi que ce soit, à partir du moment où aucune action illégale (ce qui n'est pas le cas d'une prière...) n'est menée.
Pour le reste, comme je l'ai déjà écrit ici, oui à la réaffirmation du principe de laïcité en France (où je ne suis d'ailleurs pas sûr que les principales atteintes viennent aujourd'hui de la religion catholique), et oui à l'abrogation du statut d'exception extra-républicain en Alsace-Moselle (en revanche, pour info aux radicaux de gauche, la laïcité figure déjà dans la Constitution).
5 commentaires
Comme d'habitude : net et sans bavure. Ça fait du bien de se balader sur ton site. La politique retrouve de la clarté et de l'intérêt. Tu montres encore toute la subtilité de la réalité qui régit notre "vivre ensemble" et toute la finesse et la force des piliers de notre République Française et surtout combien ces piliers sont encore les bonnes (seules ?) antidotes aux extrêmismes de tout bord qui grignotent nos libertés, nos égalités et nos fraternités. MERCI
Ce domaine, comme beaucoup d'autres, tolère mal les affirmations trop rapides. Permettez-moi d'y apporter un éclairage plus nuancé. L'Eglise a certes le droit de faire valoir ses opinions en tant que courant de pensée, mais elle l'outrepasse quand elle cherche à influer sur le débat politique par des actions de pression. C'est là toute la nuance de la séparation.
La¨laïcité est inscrite dans la constitution, dites-vous. c'est exact, mais son contenu n'y est pas juridiquement défini. L'une des conséquence est une succession d'avis du Conseil d'Etat qui ne cessent d'élargir les autorisations de financement des associations religieuses, ce qui vide peu à peu la loi de 1905 de sa substance. Ce faisant, il brouille la réglementation française vis à vis du fonctionnement des cultes et nous rend d'autant plus vulnérables devant la Cour européenne des droits de l'homme. Celle-ci vient d'ailleurs de condamner la France à restituer 4.6 millions d'euros aux Témoins de Jehovah.
Volà pourquoi les laïques demandent que le titre 1 (articles 1 et 2) de la loi de séparation de 1905 soit intégré à la constitution. Et ceci n'a rien à voir avec un prétendu extrémisme laïque.
Cordialement,
Bonjour,
Si, à cause de raisonnements tortueux du Conseil d’État, il convient aujourd'hui de réaffirmer dans la Constitution le principe de la loi de 1905 pour que cette dernière soit respectée, alors j'y souscris bien volontiers (je n'ai d'ailleurs pas écrit que j'étais contre, mais que je n'en voyais pas l'utilité vu qu'elle y figure d'après moi déjà à travers l'affirmation que la République est laïque).
Quant à assimiler une prière à une "action de pression", je trouve qu'il s'agit là précisément d'une "affirmation trop rapide"... :)
Quoi qu'il en soit, en démocratie l'Église catholique aurait de toute façon bien le droit de lancer des pétitions ou d'organiser des manifestations sur un sujet politique. Ni plus ni moins que toute association ou que tout groupe de pression. Dire le contraire, c'est basculer de la laïcité à l'anti-religionisme.
Cordialement.
P.S.: j'ai mis egale.eu au lieu de egale.fr, puisque je pense qu'il s'agissait d'une petite erreur d'URL de votre part...
Bonjour,
Merci de votre réponse. Effectivement, il ne s'agit pas là de pression à proprement parler, mais dans la conception laïque, l'Eglise est censée s'occuper du culte catholique et pas de politique. Q'une association de catholiques fasse des pétitions, organise des manifestations comme tout autre, ce serait légitime. Cela éviterait une confusion dommageable...à l'Eglise elle-même : tous les catholiques ne partagent pas les mêmes opinions politiques. Imaginez le malaise de ceux qui ne soutiennent pas les prises de position politiques de l'Eglise. Il vaudrait mieux pour elle, me semble-t-il, qu'elle en reste aux questions religieuses, qu'elle émette des avis sur les questions de société qui lui semblent contrevenir à sa morale et qu'elle laisse le champ politique aux regroupements de citoyens, catholiques ou autres.
Pour l'URL, vous avez raison, c'est bien egale.eu
Bien cordialement,
Bonsoir,
J'entends bien la distinction que vous opérez entre Église catholique et association de catholiques, mais je ne suis guère convaincu que la laïcité interdise à l'Église en tant que telle - comme n'importe qui - de défendre sa vision anthropologique dans le débat public. Comme vous le dites vous-même: "qu'elle émette des avis sur les questions de société qui lui semblent contrevenir à sa morale". Or, c'est précisément de cela qu'il s'agit à travers cette prière!
J'entends également ce que vous dites sur "le malaise de ceux qui ne soutiennent pas les prises de position politiques de l'Église". Hé bien, si un jour ils se considèrent trop en contradiction avec l’Église, qu'ils en tirent les conséquences: qu'ils continuent à se dire chrétiens, mais qu'ils ne se disent plus catholiques. C'est une question de cohérence personnelle.
La façon dont j'ai personnellement tranché cette question ne m'empêche pas de conserver de l'affection pour l''Église historique de Pierre et de Paul.
Bien cordialement.
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