François Hollande et Jean-Luc Mélenchon: le social-démocrate n'est pas celui que l'on croit...
05 avril 2012
Le libéralisme est tellement discrédité en France que tous les qualificatifs sont en décalage avec la réalité:
- Jean-Luc Mélenchon, dont le programme est social-démocrate, est ainsi qualifié de "communiste", c'est-à-dire dans un sens commun de marxiste.
- François Hollande, dont le programme est social-libéral, est ainsi qualifié de social-démocrate.
Jean-Luc Mélenchon, marxiste?
Non, car le candidat du Front de Gauche n'est, ni pour remplacer la démocratie libérale par la dictature du prolétariat (première phase dite "socialiste" du marxisme), ni pour la socialisation de l'ensemble des moyens de production.
François Hollande, social-démocrate?
Non, car le candidat PS-PRG-MRC-GE a toujours soutenu l'actuelle Union Européenne néolibérale, incompatible avec une politique sociale-démocrate:
- mise en concurrence des systèmes fiscaux et sociaux des États au sein d'un marché unique
- libéralisation des services publics en réseau (1)
- monétarisme de la Banque Centrale Européenne (BCE)
- obstacle à toute politique industrielle volontariste (article 107 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne)
- obstacle à toute politique de protection du modèle social face à la concurrence d'États moins avancés socialement (article 206 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne)
- interdiction de toute politique nationale de relance keynésienne par l'investissement public (critère budgétaire de Maastricht puis Mécanisme européen de stabilité et Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (2))
Bref, tant que François Hollande ne s'oppose pas dans ses votes à l'Union Européenne néolibérale, il ne peut qu'être qualifié de social-libéral.
Tandis que si Jean-Luc Mélenchon s'oppose à l'Union Européenne néolibérale, ce n'est pas par marxisme, mais simplement pour pouvoir conduire une politique sociale-démocrate et keynésienne...
(1) Directives acceptées par tous les premiers ministres PS successifs
(2) Rappel: François Hollande veut le renégocier non pas pour enlever la "règle d'or" budgétaire néolibérale, mais pour y ajouter (comme François Bayrou) la possibilité de recourir à des emprunts européens pour des investissements d'avenir
Photo: Michel Soudais
[Ajout 14/01/2014]
Complément:
François Hollande est-il social-démocrate ou social-libéral?
24 commentaires
Si vous avez suivi de près certains sondages, vous savez que l'électorat de FB ne se reportera pas sur FH.
@Martine: aucun rapport avec ma note (généralement dans ce cas j'écrase le commentaire...); mais, si vous avez suivi de près les sondages, ça s'est équilibré (un gros tiers kif-kif Hollande-Sarkozy, le reste abstention), alors qu'avant on avait effectivement plus de la moitié des reports de voix sur Hollande.
J'ai bien suivi l' évolution des sondages au contraire.
Après, vous pouvez écraser tout ce que vous voulez, rien à cirer.
Premier tour, période de vacances alors prédire une abstention massive...Point besoin d'etre voyant.
"Écraser" ne contenait aucune connotation péjorative, c'est juste un terme informatique...
Pour l'abstention ok, mais quel rapport, encore une fois, avec ma note?
Une excellente raison de voter Hollande donc.
Si vous êtes social-libéral, oui! Mais François Bayrou n'est pas très loin sur ce créneau...
En revanche, si vous êtes social-démocrate, non!
Jean-Luc Mélenchon ne se décrit pas comme "communiste" ou comme "marxiste". Ce sont ses contradicteurs de droite et d'extrême-droite et leurs médias qui lui attribuent ces qualificatifs en espérant jouer sur la peur du communisme.
De fait, puisque Mélenchon n'est pas communiste (dans sa définition de "révolutionnaire"), il est donc social-démocrate (ou réformiste, selon).
Quant à la dictature du prolétariat, c'est un concept abandonné par le PCF dès 1976 ce qui ne l'empêchait pas de prôner une voie française vers le socialisme.
Est-ce à dire que le PCF n'est plus communiste ? C'est à voir.
En ce sens, plusieurs dirigeants sud-américains affirment construire le socialisme dans leur pays (Chavez, Correa,...) sans appliquer de dictature du prolétariat.
Être communiste aujourd'hui, ce ne serait donc pas forcément prôner la révolution et vouloir établir une dictature du prolétariat mais bien "renverser" le système économique capitaliste et le remplacer par un système économique social et durable par une voie pacifique.
Précisons néanmoins que Mélenchon cite Marx comme l'une de ses inspirations... parmi d'autres : Jaurès, Gambetta, Robespierre, Mitterrand, Hugo, figurent notamment parmi les références intellectuelles qu'il avance.
Pour ce qui est du programme du Front de Gauche, il faudrait en effet être de bien mauvaise foi pour le qualifier de "communiste" ou même de "socialiste". Cependant, le terme "social-démocrate" pose malgré tout problème : si la sociale-démocratie originelle (quasi révolutionnaire !) n'est plus un référent politique pour personne, l'étiquette "social-démocrate" a longtemps été mal vue à gauche, où on l'associait (y compris au PS) à une politique d'accommodements entre capital et travail. Et, de fait, pour décridibiliser l'ambition sociale des gaullistes, on parlait souvent à gauche de "compromis social-démocrate" à propos de l'idée de la "participation" et du dirigisme économique gaulliste.
Ce n'est que depuis les années 1990 que le terme a commencé à être revendiqué par des membres du Parti Socialiste (François Hollande dès 1988 !). Avec l'élection de Bill Clinton aux États Unis d'Amérique, puis de Blair, de Jospin et de Schroeder, les "sommets des modernisateurs" transforment la doctrine globale de l'Internationale Socialiste en lui faisant adopter des notions telles que "l'économie sociale de marché"... et la "sociale-démocratie".
Cependant, au sein du PS, l'appellation "social-démocrate" (revendiquée ouvertement dès 1995 par quelqu'un comme Jacques Delors) fait l'objet d'enjeux majeurs, et précisément Jean-Luc Mélenchon s'était toujours refusé à être ainsi qualifié.
Aussi je m'interroge : est-ce qu'un qualificatif plus adapté ne serait pas celui par lequel une bonne partie du PS se désignait jadis : "le socialisme démocratique" ?
L'expression proposée par Brath-z ("le socialisme démocratique") me parait opportune pour les deux programmes. Celui de JLM a des relents jacobins (centralisme, Robespierre, autoritarisme) qui sont dans la continuité du PC, celui de FH est plus rassembleur et précis. Reste que la constitution actuelle réclame un parti fort pour que la Gauche arrive au pouvoir, comme l'avait compris Mitterrand. Il ne faudrait pas rater cette élection-ci en cherchant la division alors que la crise financière et les aberrations du système qu'elle met en évidence devraient ouvrir un boulevard pour proposer une alternative à NS. Cela devrait être possible dans la mesure où les divergences paraissent un peu amplifiées pour des effets de tribune: dans l'un et l'autre cas je n'ai pas décelé de vraie rupture. Par ailleurs, je note qu'historiquement ce ne sont pas les plus extrêmes qui ont fait le plus pour le peuple malgré leurs discours: cf Jaurès/ Guesde, Blum /Thorez, Mendes/ Mollet, voire Condorcet/ Robespierre et les pays nordiques sont ces purs sociaux démocrates, donc longtemps honnis par la "vraie"gauche française (cf le PC ou Guy Mollet), mais qui ne se portent pas si mal.
@dandin: je vois au contraire une incompatibilité absolue entre les programmes de JL Mélenchon et de F Hollande. F Hollande ne remet pas fondamentalement en cause le système, JL Mélenchon oui: en ce sens, il est plus proche (ce qui ne veut pas dire semblable, bien entendu!) des programmes de N Dupont-Aignan ou de M Le Pen que de F Hollande!
Effectivement, bien que soutenu par le PCF, ni JL Mélenchon ni son programme ne sont communistes.
Nathalie Arthaud a donc raison de se définir comme "la seule candidate communiste de cette présidentielle". Son programme et celui de son parti l'UCI, connu sous le nom de LO, comprennent effectivement la dictature du prolétariat et la socialisation de l'ensemble des moyens de production.
Philippe Poutou et le NPA ne se revendiquent pas explicitement du communisme, particularisme d'un parti dont le nom le situe en négatif (anticapitaliste) plutôt qu'en positif (socialiste ?, communiste?, autogestionnaire ?, guevariste ? altermondialiste ?).
Je partage entièrement l'analyse de M. de Boissieu.
Si l'on classait les candidats sur un spectre économique étatisme vs libéralisme (le terme "étatisme" me semble plus juste que celui de "socialisme" ou de "social-démocratie"), on aurait la répartition suivante, du plus étatiste au plus libéral
-artaud
-poutou
-mélenchon
-cheminade
-MLP
-dupont-aignan
-joly
-hollande
-bayrou
-sarkozy
(ce qui montre encore une fois combien le "clivage droite-gauche intemporel" est bidon, puisque nous aurions à gauche poutou et cheminade ; à droite sarkozy et hollande ; au centre eva joy et marine le pen!)
J'inverserais juste Sarkozy et Bayrou, ainsi éventuellement que Joly et Hollande.
d accord avec colbert , les vrais candidats communistes marxistes sont arthaud et poutou, mélenchon est plus du socialisme a la jaurès ou a la blum, meme si il a quelques références marxistes,
pour ma part lutte ouvrière et npa sont plus des syndicats qu autre chose qui doivent tout de meme exister .
le programme de mélenchon et marine le pen d un point de vue économique est très proche, dailleurs les cinq points qu a gagne mélenchon COINCIDENT AVEC LA BAISSE DE LE PEN DANS LES SONDAGES, en matière de politique internationale ils ont la meme ligne politique qui est la démilitarisation de la france dans le commandement de l otan,
bayrou et hollande sont assez proches malgrè que i bayrou reste lplus libéral mais on note une raprochement des idées entre bayrou et hollande
enfin de tte manière , ils se piquent chacun des idées, dans certains domaines ils ont des lignes communes avec plsuisurs candidats: LE PEN ET BAYROU , le produire francais
mélenchon et le pen la démondialisation
hollande et mélenchon la taxation des hauts revenus,
mélenchon , dupont aignan et le pen le souverrainisme de l état
je me trompe sans doute dans mon analyse mais si je devais les classés sur l echiquier politique J AURAI BCP DE MAL
POUR MOI POUTOU ET ARTHAUD SONT CLAIREMENT ANCRE A GAUCHE, sarkozy cklairement a droite néo libérael conservatrice
marine le pen comme disait son père économiquement je suis a droite socialement je suis a gauche
dupont aigan un électron libre
hollande bayrou social libéral
J'inverserai également MLP et Dupont-Aignan : le programme économique et social de 2012 du FN est très, très libéral (à mon sens bien plus que celui de l'UMP), et cela n'est pas vraiment compensé par l'exigence d'intervention étatique dans d'autres secteurs (réglementations, services publics).
Pour moi cela donnerait du plus étatiste au moins étatiste :
- Artaud
- Poutou
- Mélenchon
- Cheminade
- Dupont-Aignan
- Hollande
- Le Pen
- Joly
- Sarkozy
- Bayrou
Sachant que même le moins étatiste des 10 candidats demeure favorable à une très forte intervention de l'état, si on compare aux orientations présentes par exemple au Royaume-Uni ou en Italie.
Existe-t'il un site qui compile les programmes précis des dix candidats ?
(sinon, après réflexion, je suis assez d'accord avec le correctif de M. de Boissieu, un peu moins avec celui de M. Brathz, car il est possible que le programme de NDA soit plus étatiste que celui de MLP, mais qualifier ce dernier de "très très libéral" me semble un peu exagéré. Elle ne prône pas la suppression du RSA ou du SMIC ou le retour aux 40 heures, je crois - bien que je ne puisse être affirmatif sur ce dernier point)
en tout cas, comme vous le soulignez, M. Brathz, aucun de nos 10 candidats n'est aussi libéral qu'un programme du labour anglais, ou du parti démocrate américain (pour qui l'instauration d'une sécurité sociale nationale est une innovation récente!).
(comme les commentaires sur l'article cheminade sont fermés, je répond ici à l'intervenant qui écrit, je cite "Cela me rappelle vos analyses byzantines sur les 342 527 courants qui cohabitent au sein de l'UMP."
et bien sachez monsieur ou madame, que nous sommes certains fondus de politique qui ADORENT cette cartographie des courants politiques français, qui sont effectivement aussi nombreux que les affluents de l'Amazone !
(et fondu pour fondu, j'aimerais que cette cartographie ne remonte pas seulement à 1871 mais au XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle et période 1789-1870 !)
@Brath-z. Marine Le Pen est globalement moins libérale que François Hollande: interventionnisme de l’État, protectionnisme, monétisation de la dette publique, dé-libéralisation des services publics, etc.
La société easylius se prétend la solution pour la "création et développement de sites internet". D'après son site (easylius.eu), en cas de besoins il faudrait donc faire appel à elle.
Pourtant pour un petit développement qui n'a rien de folichon (voir ici) elle fait appel à moi qui suis développeur freelance. Jusqu'ici rien de bien grave, même si on peut se demander pourquoi elle ne développe pas son propre site en interne.
Pourtant après réalisation du travail et des difficultés de communications, plus aucunes réponses ne m'est accordé, la solution mise en place restant pourtant affiché sur son site. Le paiement (exorbitant) de 100euros ne m'est bien sur pas réglé non plus.
Je profite donc de cet article pour pousser un petit coup de gueule, et attends de google qu'il me place vers le haut de sa page sur le nom easylius.
Malheureusement ce n'est pas la première fois que je rencontre ce genre de problèmes, dommage, celle ci fut celle de trop.
Un jour je vous parlerais (surement pas) des méthodes de dumping social de la société feerik
Non, M. de Boissieu je suis en complet désaccord avec votre propos, pour le coup.
Ni la monétisation de la dette ni le protectionnisme ne sont des caractères antilibéraux. Le libéralisme, c'est la possibilité d'entreprendre et de commercer sans obstacles réglementaires et géographiques au sein d'un marché. Que ce marché soit ou non ouvert est une question qui a surgit au XIXème siècle, et il n'y a pas de consensus des libéraux sur cette question, même s'il règne depuis une trentaine d'années seulement une large domination du libre-échangisme chez les libéraux (mais aussi chez les keynésiens et les socio-démocrates). De même, nombreux sont les libéraux à réclamer une monétisation de la dette afin de permettre à l'état de récupérer le levier budgétaire des politiques publiques (rendu soit-disant inutilisable par le franchissement d'un soit-disant "point d'élasticité maximale" de la dite "dette publique") pour assurer sa fonction libérale d'intervenant circonstanciel et de garantie sociale.
Le programme du FN (parfois difficile à saisir du fait de l'emploi d'un vocabulaire technocratique qui n'a rien à envier aux réglementations de l'UE...) demeure fondamentalement antifiscaliste et antiréglementaire, même si moins qu'en 2007. La délibéralisation des services publics n'est que très partielle dans ce programme (qui ne pose pas le monopole public comme condition sine qua non de l'accomplissement des missions de service public) et ne compense aucunement à mes yeux la vocation de désengagement de l'état dans l'économie que porte le programme du FN.
L'interventionnisme du FN demeure également circonstanciel et sans que soit indiquée l'éventualité d'une administration publique, par exemple du crédit.
Bref, à mes yeux, le "tournant antilibéral" du FN demeure une chimère colportée (avec talent) par Marine Le Pen mais qui, confrontée à la réalité de son programme économique et social, ne tient pas. Sur le plan économique pur, le FN, s'il n'est plus "reagganien", demeure très libéral, et s'il a opéré sur la question de la réglementation étatique un timide retournement vers le consensus étatiste français (défendu par tous les candidats à l'élection présidentielle), il continue de défendre l'idée d' "aménagements" sectoriels voire au cas par cas.
Si le FN ne défend plus "l'état minimal", il est loin d'être interventionniste.
Je ne fais absolument pas la même lecture du programme du FN!
Je ne sais pas si vous avez lu comme moi le programme du FN mais je constate juste, tout de même, que Marine Le Pen entend abroger la fameuse loi de 1973 pour engager la possibilité pour l'équivalent de 100 milliards d'euros de masse monétaire nouvelle dont 45 destinés au fonctionnement de l'Etat en lieu et place de la sollicitation de la dette publique (aujourd'hui on émet pour 190 milliards d'euros, rappelons le), 45 destinés à payer les intérêts de la dette existante (les marchés financiers sont donc rassurés, ils toucheront au moins les intérêts des placements antérieurs) et 10 seulement pour financer des dépenses nouvelles, attendu que le FN attend beaucoup des "économies" sur certaines dépenses présumées liées à l'immigration pour solder l'affaire.
Question : est ce un programme libéral que celui qui laisse la France emprunter 145 milliards en dehors de la "monétisation" de la dette et assure aux créanciers de notre pays le versement des intérêts ou est ce un programme colbertiste, se délivrant de la tutelle des marchés et des banques ?
Curieuse dérive d'un débat autour d'un article comparant Mélenchon et Hollande !...
Faut croire que l'héritière de la maison Le Pen captive plus les attentions ici !
@Solidaire27: je déteste également quand les commentaires deviennent hors sujet, donc je participe peu...
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