(Courte) lettre ouverte d'un journaliste politique aux sondeurs
13 janvier 2012
Les sondages font partie de la matière à partir de laquelle les journalistes politiques travaillent.
Pourtant, paradoxalement à l'heure où certains de mes confrères découvrent le "datajournalisme" comme monsieur Jourdain découvre qu'il s'exprime en prose, cette matière s'appauvrit considérablement. Non pas, certes, en quantité, mais en qualité.
Pour nourrir nos analyses politiques, nous autres journalistes politiques avons en effet besoin des résultats détaillés des sondages: non seulement la distribution des intentions de vote, mais également la pénétration et la composition des électorats, politiquement comme sociologiquement.
Or, aujourd'hui, vous autres sondeurs nous envoyez de jolies présentations, avec force couleurs et photos, mais où ces données se raréfient voire deviennent inexistantes.
Messieurs les sondeurs, chers amis, s'il vous plait, permettez-nous de faire sérieusement notre travail et rendez-nous ces chiffres!
4 commentaires
Je crains fort que la multiplication constante des sondages qu'on enregistre depuis maintenant plusieurs années n'aille de pair avec une perte de plus en plus patente de qualité, d'approfondissement, voire de fiabilité des sondages eux-mêmes.
Merci et bravo en tout cas pour une indication très précieuse, source OpinionWay, dans votre article http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Francois-Bayrou-poursuit-sa-reconquete-de-l-opinion-_EG_-2012-01-15-758020 : un "éventuel transfert (entre électorats de M. Bayrou et de Mme Le Pen) ne correspond ... à « aucune réalité statistique, la porosité entre les deux électorats étant extrêmement faible »."
OpinionWay est, avec son panel, la meilleure source pour apprécier ce taux de transfert ou de "porosité" (même si c'est une source médiocre pour apprécier le niveau global des intentions de vote). Mais ces informations ne sont habituellement pas publiques ; et la déclaration de M. Goarant est, à ma connaissance, la 1ère d'OpinionWay sur ce sujet.
Un constat grave, qui pose une question non moins grave : Pourquoi ? S'agit-il de négligence, d'une conséquence de cette augmentation du nombre de sondages, d'une volonté de réduire ce type d'information, ou plus simplement parce que les journalistes sérieux qui utilisent ces informations capitales sont de plus en plus rares ?
Je pense qu'en effet certains de mes confrères sont plus en attente de belles présentations à mettre en ligne sur leur site que de chiffres à analyser...
Cela dit, les sondeurs que je connais m'ont contacté pour me rassurer sur la (re)mise à ma disposition des détails de leurs enquêtes!
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