La rigueur n'est pas une fatalité pour tous les responsables politiques
15 novembre 2011
Proposer un autre chemin que la politique de rigueur relève-t-il d'un discours de "doux rêveur", de "démagogue" ou de "populiste"? Non, répond Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République): "L'autre politique, la seule raisonnable, la seule connectée à l'économie réelle consiste au contraire à s'attaquer aux causes profondes de la dette, c'est-à-dire le manque de recettes budgétaires et sociales lié à la mondialisation qui nivelle tout par le bas et, pour la France et les pays du Sud de l'Europe, la politique suicidaire de l'euro cher qui a asphyxié un peu plus nos industries".
"La dette est devenue, pour les tenants de la politique réaliste, ce qu'était le ciel chez les Gaulois: elle pourrait nous tomber sur la tête et bien peu sont ceux qui cherchent à en contrôler la création ou à la faire payer aux plus puissants", poursuit André Bellon, ancien président socialiste de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Dans un récent essai (1), celui qui préside aujourd'hui une "Association pour une constituante" dénonce les élus qui, en lieu et place du mandat octroyé par les citoyens, acceptent un mandat des marchés comme si ceux-ci "étaient des êtres vivants ou, du moins, comme s'ils étaient une force transcendantale à laquelle nul ne peut résister". Ce qui revient à "transférer la souveraineté populaire aux agences de notation", renchérit Jean-Pierre Chevènement (Mouvement républicain et citoyen).
Selon le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, "l'UMP et le PS ont démissionné et sont entrés dans la même logique d'austérité culpabilisatrice de Pierre Laval en 1935", c'est-à-dire une politique de déflation. "Le concours du sang et des larmes repart de plus belle", dénonce parallèlement le socialiste Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), estimant que "l'austérité a fait plus de dégâts en Grèce que la dette".
La même expression de Churchill avait été employée par Marine Le Pen dans une lettre adressée cet été à Christine Lagarde, directrice générale du FMI. "Le projet de redressement que je propose aux Français est en même temps un projet d'espérance, écrit la présidente du Front national. Je ne me résous pas à la rigueur, à la dette, au marasme social et à l'austérité sans fin. Je refuse d'offrir comme seule perspective à mon peuple de la sueur et des larmes."
Comparant le énième plan de rigueur du gouvernement à "une nouvelle saignée pour l'économie française", Jean-Pierre Chevènement entend également offrir un autre horizon que celui "d'une austérité à perpétuité" dans le seul but de conserver la note "triple A" de la France.
Au-delà de l'affirmation que la politique de rigueur n'est pas une fatalité, les alternatives économiques avancées présentent cependant des convergences et des divergences. Tous plaident en faveur de l'abrogation de la loi de 1973 obligeant la France à emprunter sur les marchés financiers, alors qu'auparavant elle pouvait directement emprunter auprès de la Banque de France sans payer d'intérêts ou à un taux bien inférieur à celui des marchés.
Afin de "démondialiser" et de "relocaliser" la production, le protectionnisme est la solution commune, mais Jean-Pierre Chevènement, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan l'envisagent à l'échelon national, là où Jean-Luc Mélenchon (comme Arnaud Montebourg) le propose à l'échelon européen.
Enfin, Jean-Luc Mélenchon souhaite une dévaluation de l'euro, tandis que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan veulent en sortir. Jean-Pierre Chevènement, lui, laisse les deux portes ouvertes: "Soit on réforme l'architecture de la monnaie unique, soit on ne peut pas car l'Allemagne s'y refuse et alors il faut envisager la mutation de la monnaie unique en une monnaie commune". Rappelant, non sans malice, que cette dernière correspondait à l'option originellement défendue par Pierre Bérégovoy à gauche et Édouard Balladur à droite.
Laurent de Boissieu
La-Croix.com, 09/11/2011
(1) Ceci n'est pas une dictature, Mille et une nuits, 179 pages, 10 €.
24 commentaires
Un très bon résumé des différentes positions "alternatives" actuellement proposées par des personnalités candidates à l'élection présidentielle dont les propositions sont au mieux caricaturées, au pis purement et simplement ignorées.
Jusqu'à présent, sur cette question de la dette publique, j'ai repéré plusieurs attitudes possibles, toutes présentant certains inconvénients :
- la rigueur budgétaire
- l'augmentation des recettes fiscales
- le moratoire
- le désaveu
De mon point de vue, la meilleure solution à court terme serait un moratoire, la nomination d'une commission exceptionnelle d'examen de la dette souveraine et enfin, sur la base de cet examen, une réévaluation unilatérale de la dette. Évidemment, ce serait une solution qui ferait "mal voir" la France sur "les marchés", notamment par les fameuses "agences de notation". Pour éviter d'avoir à subir à terme des conséquences de cette décision, je ne vois que deux alternatives :
- la sortie pure et simple du système de la dette : la récupération par l'état du monopole de la création monétaire (au risque de l'inflation... encore que ce "risque" puisse parfois être une bénédiction !)
- l'assumation du système de la dette : puisque le système de la dette n'a pas pour objectif de garantir la prospérité collective mais d'entretenir une certaine "stabilité monétaire" au prix d'une rente instituée des institutions bancaires et financières, il faut contraindre le service de la dette afin qu'il soit considérablement réduit, et empêcher par une "règle d'or" que le remboursement de la dette dépasse un certain seuil du budget (3% ?)
Jusqu'à présent, même Jean-Pierre Chevènement n'a pas posé la situation en ces termes...
Pour ce qui concerne l'euro, il semblerait que les thèses d'Emmanuel Todd ont fait florès un peu partout chez les alternatives à TINA ("There Is No Alternative") : il semblerait qu'aussi bien Jean-Luc Mélenchon que Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement et Marine Le Pen (ainsi que d'autres candidats moins visibles encore, comme François Asselineau ou encore Jean-Marc Governatori, même si j'ai plus de mal à cerner le programme économique de ce dernier) envisagent de faire jouer le rapport de force pour contraindre nos "partenaires européens" à modifier les "règles du jeu" soit dans la gestion de l'euro, soit carrément dans le système économique européen, en menaçant de mettre un terme pur et simple à l'union monétaire. Reste à savoir si une telle menace (qui serait forcément officieuse) suffira, et si l'un(e) ou l'autre, pour qu'il (elle) se retrouve en position, puisse assumer les deux termes de son alternative en mettant la menace à exécution en cas de refus.
Je salue J-P Chevènement qui combat l'austérité perpétuelle.
Avec un HLM dans le 5ème arrondissement de Paris malgré l'assujettissement à l'ISF, voilà quelqu'un bien qui sait refuser, au moins pour lui-même, l'austérité.
Alex > C'est marrant, je ne sais pas d'où ça vient, cette histoire de HLM, mais c'est persistant. Rétablissons la vérité :
- il ne s'agit pas d'un HLM mais d'un appartement d'un autre type du parc de la RIVP
- il est locataire de son logement depuis maintenant 28 ans, ce qui explique que son loyer actuel (même réévalué) soit inférieur au prix du marché (reste à savoir si la différence actuelle entre son loyer et le prix du marché est conforme, mais ça, ce n'est pas mon domaine du tout)
Si on peut estimer que moralement cette situation n'est peut-être pas appropriée concernant quelqu'un disposant d'une indemnité destinée à se loger sur Paris (sénateur), il n'y a là rien d'illégal, et il ne s'agit absolument pas d'une location de HLM par quelqu'un d'assujetti à l'ISF.
Ai-je dit que c'était illégal ?
Je me place d'un strict point de vue moral, en comparant le comportement privé d'un homme qui, dans son discours public, clame qu'"il n'y a plus de mobilité sociale [...]. La responsabilité principale, je l'impute aux élites" (blog de JPC, 28 octobre 2011).
La mobilité, ça passe par le logement: on pourrait, avec le logement de M. Chevènement, faciliter la mobilité sociale ascendante d'une famille de la classe moyenne avec deux enfants en la faisant résider au plus près des grands lycées parisiens.
Voilà. Après, que ces réalités déplaisent, j'en suis désolé.
Ai-je dit que c'était illégal ?
Je me place d'un strict point de vue moral, en comparant le comportement privé d'un homme qui, dans son discours public, clame qu'"il n'y a plus de mobilité sociale [...]. La responsabilité principale, je l'impute aux élites" (blog de JPC, 28 octobre 2011).
La mobilité, ça passe par le logement: on pourrait, avec le logement de M. Chevènement, faciliter la mobilité sociale ascendante d'une famille de la classe moyenne avec deux enfants en la faisant résider au plus près des grands lycées parisiens.
Voilà. Après, que ces réalités déplaisent, j'en suis désolé.
Et bien vous avez parlé de l'occupation par quelqu'un qui n'y a pas droit d'un HLM, donc oui, vous avez parlé de quelque chose d'illégal.
Après, moralement, on peut estimer toutes sortes de choses (après tout, locataire depuis si longtemps, il peut, comme chacun, bénéficier de certains avantages, et je ne vois pas qui pourrait le lui reprocher du moment qu'il n'y a pas de passe-droit). Par exemple, le fait que son propriétaire soit une régie publique peut apparaître gênant.
Pour résumer: Chevènement ce n'est pas une HLM, ce n'est pas illégal mais ce n'est pas un comportement exemplaire.
Pour revenir à la question de la dette, je lis beaucoup de n'importe quoi de la part de personnes, y compris parmi les responsables politiques, qui ne comprennent rien (ou font semblant de ne rien comprendre pour parvenir à faire des raccourcis oratoires saisissants) à ce qui se passe vraiment.
Si tous les raisonnements concernant des politiques de relance possède un fondement solide (il faut aussi relancer la production et la croissance pour pouvoir rembourser ses dettes, c'est vrai), les diatribes sur les "attaques des marchés", la "dictature des marchés", "les marchés contre la démocratie" (titre du Libé d'hier) sont de la pure propagande.
La vérité, c'est que les Etats n'ont rien à faire des agences de notation et des marchés... tant qu'ils ne viennent pas, de leur propre chef, leur demander en permanence des milliards et des milliards !
On ne paie qu'une chose : des années de laxisme. Des hommes politiques qui ont manqué de courage, des fonctionnaire essentiellement occupé à faire croître à l'infini leurs services, des syndicats qui bloquent la moindre réforme, des électeurs incohérents ou arc-boutés sur le moindre "avantage acquis", du lobbying corporatiste tous azimuts au mépris de l'intérêt commun, etc.
On est bien sûr tous coupables. Pourquoi n'a-t-on pas été fichu d'avoir un seule budget équilibré depuis 30 ans, que l'année soit bonne ou mauvaise, que la croissance soit forte ou faible ?
Les 4 erreurs majeures sont les suivantes :
1) Avoir, par facilité, accumulé les budgets en déficit, qui forment au final une énorme dette.
2) Avoir émis la dette nationale sur les marchés internationaux (c'est le fait, non de doctrinaires des libéraux, mais de technocrates étatiques attachés à trouver des recettes plus vite, plus nombreuses et à moindre coût pour l'Etat. On refait d'ailleurs aujourd'hui la même l'erreur avec la Cades...). Il fallait au contraire continuer comme avant à lancer de grands emprunts nationaux (le Japon est surendetté, mais celà ne pose pas problème puisque c'est une dette détenue par les Japonais eux-mêmes).
3) Avoir endetté pour une bonne part les Etats sur le court terme, ce qui oblige à revenir voir les marché pour d'énormes montant avec une grande régularité. Ainsi l'Italie doit renouveler 53 milliards d'emprunts d'ici la fin 2011. Les fonds internationaux qui gèrent l'épargne mondiale n'ont pas trop envie de lui prêter, où alors à des taux élevés qui rémunèrent le risque. d'où le risque de faillite de l'Italie.
- Enfin, dans certains pays, avoir toléré des montants de fraudes (fiscales, sociales...) colossales (Grèce, Italie, mais la France n'en est pas exempte non plus).
Il n'y a au final aucune dictature des marchés. Il y a seulement des investisseurs (qui gèrent l'épargne et l'épargne-retraite de millions d'européens, américains ou asiatiques) qui sont réticents à prêter à certains débiteurs dont la capacité de remboursement appparaît douteuse. On ne peut rien reprocher à ces épargnants.
Ceux qui commettent l'erreur, ce sont simplement les Etats qui viennent depuis des décennies demander toujours plus de milliards sur les marchés, ce qui les poussent évidemment à chercher à leur plaire.
+ 1 avec libéral européen même si les marchés ont aussi leur part de responsabilité.
Mais Libéral Européen, pourquoi donc les "marchés" sont-ils devenus des pourvoyeurs de prêts aux états alors que ce n'est absolument pas leur rôle ?
Déjà, le concept même de "dette d'état" n'a aucun sens. "Dette" veut dire qu'il y a obligation d'un remboursement suivant des modalités définies... or ces modalités, par définition, elles sont déterminées par les entités souveraines, détentrices exclusives de la violence légitime, afin de s'appliquer aux différents acteurs. Par conséquent, une entité souveraine (la Nation, par exemple) peut tout à fait décider légitimement qu'ayant exigé une aide de tel ou tel établissement, elle n'a aucune compensation à faire en contrepartie, étant donné qu'elle a agit dans l'intérêt général, lequel ne peut être mit en balance avec des intérêts privés, fussent-ils la réunion de tous les établissements bancaires et de crédits du monde.
Vous dites que la situation actuelle est la faute des états. Oui, vous avez raison : c'est la faute des états qui prétendent qu'il y a une "dette" à rembourser alors que c'est faux. Il n'y a aucune obligation d'un "remboursement" quelconque. Il n'y a qu'estimation, au regard d'un rapport de force et des nécessités de l'état de garantir l'intérêt général, d'une éventuelle compensation, qui n'est pas forcément en adéquation avec le "prêt" consenti au départ, afin de ne pas faire purement et simplement disparaître des établissements qui ont leur utilité, mais qui peuvent dans l'absolu être sacrifiés si les circonstances l'exigent.
D'où ce que j'ai appelé plus haut "l'assumation du système de la dette" : l'état "emprunte" mais contraint le service afin qu'il soit réduit voire nul (pourquoi pas ?!), et s'engage à ce que le "remboursement" de ses "dettes" ne prenne pas une telle place qu'il grève le budget (car oui, si on a des budgets déséquilibrés, ça reste pour une grande part à cause de l'expansion exponentielle du poste du remboursement de la dette, dont la légitimité est plus que sujette à caution).
Sans oublier le fait, bien sûr, que cette "dette" est beaucoup plus réduite qu'il n'y paraît, puisque la comparaison avec le PIB annuel est absurde (il faudrait comparer avec la richesse produite pendant la durée sur laquelle les titres de dette courent, qui est bien plus grande qu'une unique année).
Bonjour Brath-z.
Nous pouvons reprendre un débat que nous avions déjà eu et qui avait été interrompu.
Je suis parfois d'accord avec toi et admire ta culture politique, mais, là, j'ai vraiment du mal à saisir ta pensée.
Les Etats ont emprunté de l'argent auprès d'acteurs privés sur des marchés. Bien sûr, en tant que "détenteurs exclusifs de la violence légitime", il pourraient décider de ne pas rembourser. Mais :
- Les Etats se doivent tout de même de respecter le droit, notamment lorsqu'ils ont emprunté auprès d'épargnants étrangers (pour les citoyens, l'Etat pourrait certes décider qu'il ne rembourserait pas ses propres citoyens, mais ce serait aussi injuste au passage : ceux qui auraient prété à une entreprises privée seraient remboursés, ceux qui auraient prété à l'Etat ne le seraient pas...).
- Ne pas rembourser ses dettes n'est pas une position moralement légitime. C'est renier de façon nette et élémentaire sa parole (le fameux "crédit de l'Etat").
- Et quand bien même ferait-on fi de toute notion de droit et de morale, c'est être sûr que plus aucun acteur économique ne viendrait prêter à la France pendant des décennies (contrairement à ton schéma). Si la notion de "dette d'Etat" n'a aucun sens, alors plus personne ne prêtera à l'Etat. Ce qui aurait l'avantage de contraindre par la force des choses à l'équilibre budgétaire (ou sinon, à l'hyperinflation).
Indépendamment de toute position "morale" sur la question de rembourser ou pas, confrontons nous au principe de réalité:
le budget de l'Etat repose actuellement (en très gros), sur des dépenses atteignant environ 286 milliards et des recettes de 198 milliards. C'était le projet du PLF 2011, j'imagine que la situation actuelle est encore plus dégradée.
Imaginons qu'on renie notre parole et donc notre dette; pourquoi pas à la limite, si le sort de l'économie "réelle" en dépend.
Je passe quand même sur l'effet macro-économique désastreux d'une mesure qui ferait fondre le patrimoine des français en supprimant leurs économies investies en obligations française. Admettons encore.
Donc on repart de zéro, mais avec un budget structurellement en déficit de 100 milliards par an, ce qui signifie qu'au bout de, quoi, une quinzaine d'années maxi compte tenu des intérêts, on se retrouve à nouveau avec 1600 milliards d'euros de dette publique, c'est à dire ce qu'on a actuellement.
Qui va prêter sur un tel schéma? Qui même peut avoir la moindre confiance en notre économie?
Il faudra de toute façon des réformes structurelles, toutes celles qu'on a pas faites depuis des années, pour relancer la croissance de notre pays et mieux contrôler la dépense publique.
Alors, ces réformes ?
Commençons par le consensuel: la dépense publique nuisible et inutile.
Je pense d'abord aux niches fiscales qui ne font que fausser un marché qui, ma foi, se régulerait cahin-caha de lui-même.
-Les aides à l'immobilier, et notamment tous les dispositifs de défiscalisation, qui ont permis d'inonder certaines villes de logements inadaptés, mal construits et trop nombreux (ah, les plaisirs d'un Scellier à Tarbes, Carcassonne ou Montauban, futurs HLM de demain).
-La déductibilité des intérêts d'emprunt, le prêt à taux zéro, qui gonflent artificiellement, aux frais de l'Etat, la solvabilité des ménages primo-acquérants et permettent à ces derniers de racheter à prix d'or les logements que les baby-boomers avaient acheté avec de la monnaie de singe (merci l'inflation...) dans les années 70. L'exploitation du travailleur par le rentier...
Alex > Si on renie purement et simplement la "dette" (ce qui n'est pas ce que je préconise, même si je ne l'exclue pas), alors il faut retirer des postes budgétaires le poste du service de la dette, qui représente une dépense de 118 milliards d'euros par an. Avec un budget déficitaire d'environ 90 milliards d'euros, cela signifierait que dans l'absolu, sans le service de la dette, le budget serait bénéficiaire.
Même si, bien sûr, le désaveu de la "dette" entrainerait forcément des conséquences économiques qui réduiraient probablement l'activité économique pour un moment (quelques mois voire années seulement si on sort de ou assume le système de la dette, plus si on reste dans la situation actuelle).
Libéral européen > Faire respecter le droit, c'est bien beau, mais le droit, qu'est-ce c'est ? C'est de la norme, certes, mais c'est aussi et surtout de la justice.
L'emprunt auprès d'acteurs étrangers peut être légitime tout comme il peut être une rente institutionnalisée. En cas d'audit de la dette, on pourrait trier le bon grain de l'ivraie, distinguer ce qui a été prêté légitimement de ce qui n'est rien d'autre qu'une usure à une échelle inédite.
On est bien d'accord que le désaveu aurait des conséquences (conséquences qui peuvent être limitées néanmoins pour peu qu'on sorte du système de la dette ou qu'on l'assume). Je note toutefois que lorsqu'un état respecte sa parole et est malgré tout placé en défaut de paiement, son crédit est autant si ce n'est plus entamé à l'international.
Or le défaut de paiement, c'est quelque chose de suffisamment envisageable pour être une menace, y compris pour des pays comme la France ou l'Allemagne.
Enfin, il ne faut pas être aussi catégorique : les investissements étrangers ne disparaîtront pas du jour au lendemain même en cas de désaveu (ils ne disparaissent pas en cas de défaut de paiement, qui est une situation bien plus préoccupante quant à la confiance qu'on peut mettre dans un état). C'est sûr que les possibilités d'emprunt, elles, seront réduites. Mais si on sort purement et simplement du système de la dette (au prix de l'inflation, qui peut être une bénédiction), ça n'aura aucune importance, et si on assume le système de la dette en en contraignant le service (donc notamment en imposant nous-mêmes les taux d'intérêts), alors peu importe que le volume à disposition diminue, même drastiquement, si ce qui serait emprunté (de force si besoin) ne grève plus le budget.
Et il y a aussi un point que tu as oublié, c'est le déficit de crédit vis-à-vis de nos "partenaires économiques". Appelons un chat un chat : si après pareille mesure, il y a rétorsion de leur part, nous serons en train de subir une agression (du reste, ils n'ont pas attendu un audit sur la dette pour nous agresser : les établissements bancaires français, dont les fonds sont garantis par l'état, subissent déjà une agression caractérisée). En cas d'agression, il faut se défendre et contre-attaquer.
Que l'on ne me fasse pas croire que la 5ème économie mondiale, première puissance agricole mondiale, avec le premier réseau diplomatique de la planète, etc. n'aurait aucun moyen de répondre à une agression. Le petit Équateur, puissance insignifiante à côté de la France, y est parvenu sans problème.
@Brath-z.
a) Sur la question de la légitimité de la dette, je ne pense pas qu'on parviendra à se convaincre mutuellement.
Pour me part, je ne pense pas qu'en faisant un audit on puisse déterminer que telle ou telle partie de la dette est légitime ou non. C'est la France qui vient régulièrement pour emprunter par des appels d'offres (adjudications) à court terme (bons du trésor) ou long terme (OAT). Ce ne sont jamais les marchés qui nous fourguent de la dette dont on n'a pas besoin.
b) Sur les conséquences d'un défaut de remboursement, je suis plus catégorique que toi sur le fait que plus personne ne nous prêterait pendant de longues années voire plus.
Une solution de financement de l'Etat par création monétaire est théoriquement envisageable bien sûr. Mais on réduit ainsi d'autant la valeur de la monnaie et on risque de provoquer de de l'hyperinflation.
c) Sur l'inflation. Je suis aussi personnellement pour un peu d'inflation. Non pour effacer la dette (par une sorte de tricherie), mais parce que celà favorise les éléments dynamiques de la société (jeunes, investissements..) sur la partie non dynamique. Mais il faut se garder des dérapages : celà part vite avec l'inflation, on l'a oublié.
d) Sur des contraintes concernant le service de la dette, celà paraît séduisant... mais irréaliste. On peut très bien imposer nous même des taux d'intérêt, mais, si les "investisseurs" (qui gèrent pour le compte de millions d'épargnants du monde entier) jugent que le taux proposé par la France est trop faible, alors ils n'apporteront tout simplement pas leur argent à la France. Et l'Etat aura du mal à payer ses fonctionnaires à la fin du mois. C'est malheureusement tout simple.
On peut contraindre par une règle globale le service de la dette, mais comme on ne peut fixer les taux soi-même (c'est une négo avec ceux qui vont nous prêter), alors, la variable d'ajustement est le montant emprunté, et donc, au final, le solde budgétaire. On se rapproche du concept classique de la "règle d'or".
e) La solution alternative, celle que je prône, c'est d'emprunter par de grands emprunts auprès du grand public français (ce que Montebourg, je crois, appelle "renationaliser la dette"). Mais on ne peut lever des montants aussi importants que sur les marchés.
f) Si on décrète unilatéralement un non remboursement de la dette, il y aura peut-être une guerre économique, mais c'est nous qui l'aurions déclenché. En tout cas, les guerres économiques, la dernière fois, celà a mal fini pour tout le monde (1939).
Disons que si on renie la dette entièrement ou partiellement, cela va provoquer un manque de confiance qui va aller au delà des marchés financiers et bancaires car les banques étrangères vont perdre de l'argent qui va en finalité touchés les états et donc on risque de perdre la confiance de nos partenaires économique et politique. L'Europe se déstabiliser et de disparaitre car la fracture entre l'Allemagne et la France sera trop grande (si l'Europe se casse la figure, il n'y aura plus la PAC qui sauve une partie de notre agriculture), nos partenaires n'achèterons plus nos airbus ou en moindre quantité, les Etats Unis risqueront de remettre un embargo sur le foie Gras et le vin...
Et si on me dit que l'Argentine s'en sort très bien, je dirais est ce qu'on peut vraiment comparer l'Argentine à la France que ça soit sur son poids sur la place mondial au niveau politique, économique et de transaction commercial et financière ?
Libéral européen >
a) En effet, nous ne pourrons pas nous convaincre mutuellement, c'est une certitude. Néanmoins, j'observe que dans l'histoire, avant 1830, aucun état (lesquels se confondaient plus ou moins dans des souverains...) n'aurait seulement envisagé une quelconque légitimité au fait qu'il faille rembourser une "dette" souscrite dans l'intérêt public. Il y a bien des compensations, mais elles ne sont pas nécessairement en adéquation avec l'emprunt, et sont parfois (souvent, en particulier pour la France) tout simplement inexistantes.
Bref, j'ai le sentiment (étayé sur des faits) d'avoir l'histoire de mon côté sur ce coup-là.
b) Nous divergeons de diagnostic. La France, qu'elle rembourse ou pas, reste une grande puissance économique, dans laquelle investir présent des intérêts certains. Même si les possibilités d'enrichissement à court terme se réduisent voire se tarissent, j'ai la certitude qu'il restera toujours des établissements suffisamment intelligents pour savoir quel est leur intérêt, et pour savoir que peu vaut bien mieux que rien.
La création monétaire n'est pas la panacée, mais c'est un levier utile (et qui est aujourd'hui très actif : les établissements bancaires et de crédit accroissent continuellement dans des proportions énormes la masse monétaire en circulation) dont l'état aurait tort de se priver.
c) Là-dessus, nous sommes grosso-modo d'accord, même si je pense que l'inflation comme "guerre contre la rente" peut aussi être très utile.
d) Que je sache, l'état français peut bien imposer des emprunts forcés, non ? Cela c'est fait de manière suffisamment fréquente dans l'histoire contemporaine, et sans que cela ai jamais entraîné de problème, d'ailleurs. Là, je préconise une mesure autrement moins ambitieuse, qui est la contrainte du service. Aucun établissement privé, aucune coalition d'établissements privés, ne peuvent se mettre en balance avec l'intérêt général.
Si c'est possible, comptons donc sur la bonne volonté des établissements privés. Comme ce n'est pas possible, ayons recours à la force : la force de la loi.
Sinon, je ne vois pas en quoi l'état ne pourrait pas imposer lui-même les taux d'intérêts auxquels les emprunts qu'il souscrirait. Le rapport de force est par définition tellement en sa faveur qu'il pourrait tout à fait décider qu'un établissement bancaire lui fasse un don gratuit sans que cela pose le moindre problème, alors imposer un prêt à intérêts réduits, c'est largement en sa mesure.
Et pour ce qui est de l'argument "l'état aura du mal à payer les fonctionnaires à la fin du mois", j'aurais deux remarques :
1° C'est ce qui se prépare d'ores et déjà (après le gel des salaires des fonctionnaires vient en général la suspension de ces salaires, et après l'échec prévisible du prochain plan de rigueur, cela devrait être effectif)
2° Si je préconise de s'abstraire du système de la dette (soit en en sortant soit en l'assumant), ce n'est pas pour rien : l'un des objectifs est que le recours à l'emprunt auprès d'établissements privés ne serve plus à financer l'activité ordinaire de l'état. Car le service de la dette grève littéralement le budget de l'état, et il est avec la baisse des rentrées fiscales la principale raison qui fait que l'état ne parvient plus à assumer ses fonctions avec ses ressources propres.
e) De telles mesures ne sont pas incompatibles avec ce que je préconise moi-même.
f) Mais enfin, la guerre économique est d'ores et déjà déclarée, et nous sommes agressés ! Et ce n'est pas moi qui le dis, ça : c'est le marxiste-léniniste révolutionnaire bolchévique bien connu Alain Minc, suivi en cela par à peu près toute la presse économique du pays.
Vous oubliez que la globalisation et entre-melage Economie/Financier/Polotique n'a jamais était aussi forte qu'aujourd'hui et que les solutions du passés ne sont plus forcément valable car aurais une répercussion automatiquement sur le monde entier. Aujourd'hui, le principe de base est la confiance que ce soit à nos partenaires étrangers (Européen ou pas), commercial (car on ne peut vendre nos produits français que si on à la confiance de nos acheteurs) et financier (pour les investissements de fonds étranger dans nos entreprises).
Dans un premier temps, votre solution ne pourra pas faire unilatéralement, il faudra convaincre nos deux principaux partenaires : Allemagne et les USA (vue qu'il y aura des incidences dans leurs économies et donc ce n'est pas gagné)
Après, il faudrait voir les conséquences sur les Français sur le niveau de vie, sur le plan social....
Le problème est qu'il n'est pas que économique mais il est aussi et surtout politique
J'aime beaucoup comme votre conclusion contredit vos prémices : c'est précisément parce que le problème est avant tout question de volonté politique que le moratoire et l'audit de la dette publique est possible !
Sinon, la mondialisation libérale n'est pas un modèle indépassable, bien au contraire, puisqu'elle s'effondre sous nos yeux dans le SEUL espace AU MONDE qui en ai jamais appliqué les principes fondamentaux : l'Union Européenne. Parce qu'en-dehors de cet espace, aucune sphère n'a jamais prit le risque du libre-échange généralisé, et certainement pas les États Unis d'Amérique.
je ne trouve pas que ma conclusion contredise mon début car je parle de politique au niveau international ;) donc le président français n'irait pas contre l'Europe et les USA vue qu'il est en partenariat avec eux. La France est souveraine mais aussi responsable envers ses partenaires. Un effondrement de l'UE, ferait que le centre géopolitique ne serait plus axés sur l'Europe ou la relation Europe/USA mais si la relation USA/Chine. Pour les Américains (qui seraient déçu par notre Europe décadente et irresponsable), les relations ne serait que commercial et l'UE resterait un bastillon avancé au niveau du moyen Orient mais les relations diplomatiques serait dégradé et marcherait pendant un certain temps au minima jusqu'à temps que la confiance revienne.
Tous les partenariats du monde de quelque nature qu'ils soient ne peuvent empêcher la moindre catastrophe d'arriver. L'effondrement de l'UE s'amorce déjà avec le prochain défaut de paiement (Italie ou Portugal ? Les paris sont ouverts !), sauf que là, au nom de la "responsabilité vis-à-vis de nos partenaires" (des "partenaires" qui ont d'ores et déjà lancé des attaques contre nos économies sans s'encombrer de ce genre de considérations, d'ailleurs), on décide de ne tout simplement pas apporter la moindre réponse. Efficace.
Je ne sais pas si la catastrophe va arriver ou pas mais je préfère amplement aller jusqu'au bout du système et garder une unité de l'Europe qui pourra repartir après (si cela est possible) que d'annoncer un crash de l'Europe et jouer contre nos partenaires Européens (de façon purement égoïste) et mondiaux. Jouer contre ses partenaires peut être plus dangereux que d'être dans le respect de nos partenaires.
Attention, ce n'est pas les USA qui attaque l'Europe mais les marchés. Les marchés sont indépendants et nullement nos alliés.
Mais enfin, quand l'Allemagne mène une politique de déflation compétitive, c'est une agression caractérisée de ses "partenaires européens" ! L'UE est en guerre économique interne ouverte depuis plus d'une décennie. Ce ne serait, de la part de la France, que la réponse du berger à la bergère.
Quant aux "marchés", ils sont tout sauf indépendants. Les "marchés", ce sont les institutions bancaires, financières et de crédit. Autant d'institutions qui sont adossées aux états au travers de garanties, de fonds à disposition, voire d'associations pure et simple. Lorsqu'on subit une attaque caractérisée, organisée, coordonnée, cela n'a rien du hasard : c'est qu'au mieux on laisse faire les agresseurs, au pire on les encourage.
facile de tout mettre sur le dos des autres quand on voit que l'Etat et son fonctionnement est largement dépassé. Un véritable mille feuilles opaque qui génère des dépenses qu'on ne maitrise plus. La France à toujours rechigner a aller vers l'innovation et quand il y a innovation, il reste sur ses lauriers. Tellement, qu'on perds des marchés sur le nucléaire (notre secteur de prédilection), sur les trains à grandes vitesse (on ne fait plus vraiment de recherches à ce niveau là, on n'essaie de refourguer des rafales invendable au lieu de tirer les conclusions et d'avancer.
votre solution est une fuite en avant pour cacher les véritables problèmes.
Après, qui a voulu créer l'Euro ? sachant que l'Allemagne n'était pas chaude pour y entrer et que si elle y rentrait, c'était avec ses propres règles .
Non, ce n'est pas les politiques américaines qui attaque l'Euro mais les grosses fortunes qui n'ont pas aimer un jour entendre, il y a quelques années, que l'Euro pouvait prendre la place du dollars en tant que monnaie internationale référente.
Connaissez-vous un engagement politique majeur comme la création de l'euro qui soit remis en cause et qu'on fasse route en sens inverse ?
personnellement, je ne vois pas.
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