Hervé Morin ce week-end: un franc-parler qui fait du bien
05 septembre 2011
Au sein des partis de droite, les divergences idéologiques ou stratégiques sont très rarement publiquement et clairement énoncées: elles le sont généralement sous forme allusive ou de petites phrases assassines et plus ou moins off (sans doute parce que la démocratie interne y est moins développée qu'au sein des partis de gauche: les débats sont alors le plus souvent tranchés entre hauts dirigeants à huis clos et non par le vote des militants).
Une semaine avant l'université d'été de l'Alliance républicaine, écologiste et sociale, Hervé Morin a pourtant clairement placé Jean-Louis Borloo au pied du mur, ce week-end, à l'occasion de son "rassemblement normand", en posant concrètement deux conditions à leur alliance:
"UN: Cela veut dire que nous aurons un candidat à l'élection présidentielle d'avril 2012, et je dis bien un candidat pour le printemps 2012 pas un candidat seulement pour l'hiver 2011. Celui qui sera désigné, en clair Jean Louis Borloo ou moi, devra prendre l'engagement d'aller jusqu'au bout. Quels que soient les sondages. Quelles que soient les pressions. Quelles que soient les difficultés d'une campagne. Moi, en avril prochain, je veux voir des bulletins de vote avec le nom de notre candidat. Je ne me contenterai pas d'une belle annonce de candidature en octobre ou novembre et ensuite pschitt, plus rien.
DEUX: Il faut que ce candidat soit réellement indépendant de l'UMP. Indépendant financièrement. Indépendant intellectuellement. Mais aussi indépendant politiquement. Si je dis ça, ce n'est pas tout à fait par hasard. Savez-vous combien de députés radicaux ont quitté le groupe UMP à l'Assemblée nationale depuis les grandes déclarations d'indépendance du printemps? Je vais vous le dire, ce n'est pas difficile à calculer. Zéro. Aucun. Je leurs dis à nouveau, comme le leur disait François Sauvadet, notre porte est grande ouverte pour un groupe commun.
Et surtout je vous pose la question quelle sera la crédibilité d'un candidat soutenu par des élus qui auront une jambe dans chaque parti?"
C'est clair, net et précis. C'est ce que tout analyste politique ne peut que constater, mais quel plaisir d'entendre un tel franc-parler de la part d'un responsable politique de droite! (ou de le lire après coup, car j'étais à Marseille pour l'UMP et non en Normandie).
À Jean-Louis Borloo maintenant d'apporter une réponse aussi claire, nette et précise...
17 commentaires
Merci Herve d'avoir tenu ces propos que nous sommes.nombreux a avoir attendus cet ete...
Merci a vous, Monsieur de Boissieu de les avoir rapportes....
Merci Monsieur De Boissieu,
Espérons que grâce à des journalistes tels que vous , Hervé Morin aura la notoriété et la reconnaissance qu'il mérite.
Ah, le courage du centre!
Je vais le dire autrement: "Maintenant que nous savons que l'UMP connaitra un désastre en 2012, il est temps de nous en éloigner pour éventuellement s'allier au PS et gouverner avec lui". Ne s'agit-il pas d'une simple défense lucide du bout de gras?
Les centristes ont-ils des valeurs humanistes? Le racisme allemand ne les dérange pas, par exemple.
@jardidi. Pourquoi parler de centre? Comme je l'ai maintes fois développé ici, Hervé Morin (idem pour Jean-Louis Borloo) ne sont pas au centre mais à droite: ils représentent un second choix à droite, de même par exemple qu'Europe écologie Les Verts représente un second choix à gauche.
Oui cela fait du bien d'entendre ces vérités de la bouche du patron du NC mais compte tenu de son revirement en 2007 , lâcher Bayrou pour Sarkozy, ("insupportable à entendre" ?), sa parole sur le long terme manque de crédibilité. Mais qui sait, les épreuves peuvent changer un homme.
Au fait je pensais que l'ARES voulait être une seconde droite ? contre l'UMP ?
qui peut garantir que l'Etat français ne se rend jamais complice de CRIMES ?
Oui Laurent, mais cela a du mal à rentrer. Droite aujourd'hui, centristes demain, non, qui pourraient tout aussi bien s'allier au PS? Vous qui les connaissez mieux que moi, ce discours n'existe que parce que Sarkozy est affaibli, n'est-ce pas?
morin peut toujours bavasser, il n'en reste pas moins le traître qui s'est allié avec Toupti Ier...
Judas un jour, Judas toujours.
Son indépendance, morin l'a perdu aux semelles de sarkozy; ses discours sont frappés de "mensonges" immédiats quelles que soient les situations.
Supposons que Borloo y aille, s'engage à tenir jusqu'au bout, puis, finalement, renonce à 2 mois de l'échéance. Que se passe-t-il? Morin est candidat? Il rejoint Sarkozy ou Bayrou?
Quand aux députés, c'est encore plus fort : le Parti Radical a quitté l'UMP, mais les députés sont toujours dans le groupe? Comment ça s'appelle, quand la consigne du parti n'est pas suivie? A quand des suspensions ou exclusions?
Enfin, n'oublions pas ce que Morin a raconté lui-même à la télé il y a quelques années : il pensait que Bayrou se rallierait à Royal et qu'ainsi, lui même obtiendrait un poste de ministre. Comme Bayrou refusait cette alliance avec le PS, il est allé offrir ses services à Sarkozy, et c'est comme ça que le Nouveau Centre s'est créé; Il s'agissait d'une opportunité de poste, certainement pas de conviction politique...
Sur la présence des députés radicaux dans le groupe UMP, je pense que le sénat démontre tous les jours que la logique partisane et la logique des regroupements parlementaires sont en décalage : actuellement, les députés Verts font partie du même groupe (Gauche Démocrate et Républicaine) que les députés PCF et PG, alors même qu'Europe Écologie est formée. De même, il me semble que durant les années 1988-1993, une partie des députés UDF, CNI, etc. avait formé un groupe (l'Union du Centre) à part du groupe UDF.
Ce que Hervé Morin reproche aux députés radicaux n'est donc pas une inexistante "désobéissance aux consignes" mais de ne pas manifester leur bonne volonté de contribuer à l'ARES en venant former avec les députés du Nouveau Centre un groupe commun.
Je précise, car ce n'est pas clair dans mon message, que les groupes que j'ai donnés en exemple (GDR et UDC) ne sont pas des groupes du sénat (dans lequel de tels exemples de groupes multi-partisans en décalage avec le contexte partisan sont en général la norme et non l'exception) mais des groupes de l'assemblée nationale.
Et son franc-parler dans son discours de Juin 2006, où il clamait l'indépendance, que l'indépendance, rien que l'indépendance c'est passé aux oubliettes!... Heureusement les vidéos se conservent très bien.
@davalie: l'histoire entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007, c'est que Morin a conseillé à Bayrou de prendre position, sachant que Bayrou opterait pour Royal mais que, lui, opterait pour Sarkozy. La rupture politique entre les deux hommes était de toute façon inévitable.
@alouette: ...sauf que c'était plus compliqué que ça: "indépendance" pouvant aussi bien signifier "indépendant de l'UMP (tout en étant allié à l’UMP au sein de la droite, ce qui sera la position du Nouveau centre)" que "indépendant de la droite UMP et de la gauche PS (ce qui sera la position du MoDem)". Ce fut là toute l'arnaque / l'habileté du "parti libre" de Bayrou en 2005...
Il n'était pas dit qu'il opterait pour Sarkozy, loin de là.
http://www.marianne2.fr/Herve-Morin,-opportuniste-sans-conviction_a91527.html
Morin a moins de notoriété que Bayrou et Borloo? normal, il a 10 ans de moins.... mais il a, comme vous le soulignez, cette franchise qui fait du bien, cette approche de la politique qui fait que ceux qui ont la chance de le rencontrer s'engagent derrière lui avec enthousiasme... Allez Hervé, on est avec toi!
Une video sur le net montre Borloo littéralement à plat ventre devant un dirigeant chinois...
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