Jean-Marie Le Pen passe le flambeau mais ne quitte pas la vie politique
07 janvier 2011
C'était jeudi la dernière fois que Jean-Marie Le Pen présentait ses vœux à la presse en tant que président du FN. Une fonction qu'il assume depuis la création du parti d'extrême droite en 1972. Mais aucune nostalgie ne se lit sur le visage de celui qui, à 82 ans, chemine vers le buffet en sautillant et en chantonnant Y'a de la joie de Charles Trenet. "Il y aurait de l'outrecuidance à sous-estimer les handicaps de l'âge, même si ceux-ci semblent laisser un répit à celui qui a aujourd'hui l'âge de vos pères et même de vos grands-pères", avance l'intéressé afin d'expliquer pourquoi il a décidé de ne pas se "représenter comme candidat à la présidence de la République et à la présidence du FN".
Tout en ressentant "l'émotion du coureur de relais qui passe le flambeau au coureur suivant", Jean-Marie Le Pen est surtout fier d'avoir "installé le FN dans la pérennité". Se comparant même au "premier étage d'une fusée" avec sa qualification au second tour de l'élection présidentielle: "2002, c'était le premier étage; le second étage, c'est d'atteindre l'objectif, d'être élu."
Reste à savoir qui, de Bruno Gollnisch ou de Marine Le Pen, lui succédera au congrès organisé à Tours (Indre-et-Loire) les 15 et 16 janvier. Une compétition au sein de laquelle le père a nettement marqué sa "préférence familiale" pour sa fille. "J'aurais préféré que Jean-Marie Le Pen conservât une position d'arbitre, regrette ainsi Bruno Gollnisch. Mais il a parfaitement le droit d'exprimer une préférence."
Quoi qu'il en soit, si Jean-Marie Le Pen quitte la présidence du FN, il ne prend pas pour autant sa retraite politique. D'une part, il continuera d'exercer ses mandats au Parlement européen et au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. D'autre part, il sera élu, au congrès, président d'honneur du FN, et donc "membre de droit de toutes les instances".
"Sans empiéter, bien sûr, sur les prérogatives de la nouvelle présidence ni sur celles des organismes statutaires du FN, je pense pouvoir être d'utile conseil", assure-t-il. Interrogé sur la question des 35 heures, Jean-Marie Le Pen a ainsi en préalable mis en avant sa volonté de ne "pas polluer le sujet et anticiper sur la position que prendra le candidat du FN" à la présidentielle de 2012.
Mais l'ombre du commandeur continuera de planer sur son successeur. Quitte à gêner Marine Le Pen – dont Bruno Gollnisch ne conteste pas la candidature à l'Élysée même s'il est élu président du FN – dans sa volonté de se démarquer des racines les plus controversées de l'extrême droite, de la collaboration en 1940 avec l'Allemagne aux attentats de l'OAS pro-Algérie française. Sans renier les fondamentaux du parti (indépendance nationale; lien entre insécurité, chômage et immigration; préférence nationale; différenciation entre "Français de souche" et Français d'origine immigrée), Marine Le Pen a d'ailleurs insisté hier pour établir une "différence" entre le programme du FN et son futur programme présidentiel. Sans doute le moyen pour elle de préparer un élargissement de sa base électorale.
Laurent de Boissieu
La Croix, 07 janvier 2011
1 commentaire
J'ai lu qquepart que JM Le pen restait aussi à la tête du micro-parti (d'un nom style Cotelec) qui sert à financer le FN.
Statue du commandeur, "père de", président d'honneur, "conseiller utile", trésorier non officiel... C'est partir pour mieux rester ?
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