Le courant Borloo s'affirme autour d'un texte commun
02 septembre 2010
Le Parti radical (associé à l'UMP), présidé par Jean-Louis Borloo, organise ce week-end, à Lyon, ses "ateliers des radicaux" dans le but de plancher sur "une nouvelle société plus républicaine, écologique et sociale". Une allusion à la Nouvelle société présentée en 1969 par le premier ministre gaulliste Jacques Chaban-Delmas, d'ailleurs issu du radicalisme.
À cet occasion, comme je l'annonce dans l'édition de demain de La Croix (dans un hors-texte, donc non signé), un texte commun devrait être présenté par plusieurs "centristes" de la majorité ambitionnant de parler "d'une seule voix".
D'après mes informations, il s'agit de :
- Jean-Louis Borloo bien entendu, vice-président du conseil national de l'UMP, président du Parti radical, Ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.
- Jean-Marie Bockel, président de La Gauche moderne, secrétaire d'État à la Justice.
- Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP en charge de la Vie quotidienne des Français, Ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives.
- Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du Nouveau centre, député.
- Brice Lalonde, ancien président-fondateur de Génération écologie (dont fut membre Jean-Louis Borloo)
- Maurice Leroy, porte-parole du Nouveau centre, député.
- Pierre Méhaignerie, délégué général de l'UMP en charge du programme, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale
- Jean-Pierre Raffarin, premier vice-président du conseil national de l'UMP, ancien premier ministre (2002-2005), sénateur de la Vienne
Ce texte devrait surtout insister sur la construction européenne (présidence française de l'Union européenne de 2008) et le bilan "social" de la droite (Revenu de Solidarité active, RSA). Il n'aborderait en revanche que de façon subliminale l'actuel débat autour de la "dérive sécuritaire" de la majorité à travers un simple rappel de l'attachement des signataires aux valeurs humanistes.
En réalité, ce texte vise à :
- affirmer l'existence d'un courant Borloo au sein de la majorité, dépassant le cadre du Parti radical et même de l'UMP
- peser à l'approche du remaniement ministériel annoncé pour octobre ou novembre
- ne pas laisser le monopole de l'aile centriste de la majorité à Hervé Morin (président du Nouveau centre) - issu, faut-il le rappeler, comme Jean-Pierre Raffarin du courant libéral de l'UDF et non de ses composantes centristes (démocrate-chrétienne, radicale et sociale-démocrate)
7 commentaires
Ainsi donc Maurice Leroy ne se met pas dans la ligne de Hervé Morin. ;)
Brice Lalonde, que je suivais comme sympathisant dans les années 93-95 à GE, prend une position plus politique..bien... ;)
Mais Messieurs (pas de Dames ?) vous êtes bien au Centre non ?
Belle route à vous.
Dany, démocrate du Mouvement Démocrate.
Une simple question : cela va-t-il simplifier le paysage politique au centre ? Parce qu'en général, dans ce secteur, dès qu'on a une "recomposition" ou un "renouveau", ça complique tout...
Que des radicaux acceptent de s'embourber aveuglément dans le sillon de l'UMP, c'est leur choix ! Que des UMPs soutiennent un UMP-PR, cela se comprend. Et si ces informations sont confirmées, que les autres, qui pour leurs petites ambitions ministérielles, trahissent et tirent contre leur camp prennent leurs responsabilités et rejoignent l'UMP !
c'est la suite de la réunion du 18 mai concernant les centres en mouvement
Bonjour
Avez-vous l'article de la croix en question? cela m'intéresserait de voir si les élus du Nouveau Centre l'ont bien signé, merci.
@Martial. Bonjour, il ne s'agissait dans La Croix que d'un hors-texte, avec moins d'info que la note de mon blog; le texte a bien circulé mais n'a pas été publié (je n'étais malheureusement pas à Lyon).
En exclusivité sur iPolitique.fr, voici la proposition de texte en question:
"D'une seule voix"
Les démocraties occidentales n'en finissent pas de panser les plaies d'une crise qui est la leur : une crise de leur modèle de développement, de leurs valeurs, de leurs idéologies, de leurs organisations politiques et humaines, de leurs échanges, et in fine, de leurs certitudes les mieux établies. La crise d'un modèle en pleine métamorphose qui, après avoir offert à nos sociétés près d'un demi-siècle de progrès soutenu, hésite, tâtonne et s'interroge sur sa gouvernance, sur ses modes de production et de consommation, sur ses outils et sur ses priorités. Ceci se traduit par la résurgence de ces « cancers de la modernité » qui rongent le corps social de l'intérieur : le développement d'un chômage de masse, la hausse des déficits publics, la réapparition de tensions communautaristes, et au-delà, le sentiment que l'avenir est plus lourd de menaces que riche de promesses.
Face à cette crise qu'aucun Gouvernement au monde n'avait prévue et qu'aucun leader ne pouvait prévoir, le Président de la République alors Président en exercice de l'Union européenne a permis, par son action, d'éviter l'effondrement du système financier international. De plus, la majorité a apporté une première série de réponses, puissantes et immédiates : la création puis l'extension du RSA aux jeunes de moins de vint-cinq ans, la protection des chômeurs en fin de droits, la loi sur l'autonomie des universités, la réforme des régimes spéciaux, la réforme en cours des retraites,… À cela s'ajoutent des mesures massives destinées à préserver la compétitivité de nos entreprises telles que la suppression de la taxe professionnelle, le renforcement du crédit « impôt/recherche », l'élaboration d'un Plan de relance juste et efficace ou le lancement d'un grand emprunt exclusivement centré sur les filières d'avenir comme le véhicule électrique, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies ou la construction de campus universitaires de taille mondiale.
Pour autant, le principal défi consiste aujourd'hui à passer des réformes à la réinvention d'un nouveau monde. La France et l'Europe de 2010 n'ayant déjà plus rien à voir avec celles de 2007, comment proposer rapidement des solutions nouvelles à des problèmes eux-mêmes radicalement nouveaux ? À l'occasion des Ateliers des radicaux, des familles de pensée et des acteurs de la société civile, défendant des valeurs de justice et d'humanisme, ont souhaité travailler ensemble afin d'apporter leur contribution à cette nécessaire refondation intellectuelle. Ces familles, le plus souvent isolées sur la scène politique, partagent en effet des analyses, des exigences et des idées communes, dont la crise a rappelé toute la modernité :
Ce sont les membres de la « Gauche moderne » de Jean-Marie Bockel, orphelins d'une gauche qui a cessé de penser et d'être fidèle à son message de progrès social, une gauche balkanisée en dizaines d'ambitions concurrentes et surtout écartelées entre deux tentations : la tentation de la radicalisation et la tentation du centre. Ce sont les centristes entendus au sens large, centristes de l'UMP, membres du Nouveau Centre et bien au-delà, membres du MODEM, héritiers d'un courant humaniste, modéré et décentralisateur. Ce sont les « républicains » - gaullistes sociaux et radicaux - qui demeurent encore aujourd'hui les gardiens sourcilleux et orgueilleux de notre pacte républicain et des valeurs qui le fondent comme la laïcité et le respect de l'état de droit. Ce sont les « chrétiens-sociaux », héritiers de Jean Monnet et de Robert Schumann [sic!], qui continuent d'influencer la vie politique française et la construction européenne. Ce sont les pionniers de l'écologie politique de « Génération écologie » qui, derrière Brice Lalonde, ont tiré les premiers la sonnette d'alarme sur l'état de nos ressources naturelles et de notre planète. Et puis ce sont tous ceux - maires de communes rurales, conseillers généraux, « sans étiquettes », responsables associatifs ou simples citoyens - qui ne se reconnaissent pas dans les clivages politiques traditionnels, et qui souhaitent néanmoins disposer d'un espace de réflexion et d'expression afin de peser sur le débat national.
Ces familles, qui ne se parlaient plus ou si peu, ont choisi de se retrouver une première fois à Lyon le 4 septembre, afin d'échanger sans tabou et en toute liberté, sur la France d'aujourd'hui et sur celle de 2020, sur ce qu'elle est, sur ce qu'elle doit devenir et sur ce qu'elle doit apporter au monde, en déclinant de grands chantiers prioritaires :
— La justice fiscale et la nécessité de réformer en profondeur un système fiscal dont la complexité masque bien souvent la profonde injustice. Il s'agit de passer d'un débat centré sur les modalités à un débat axé sur les finalités avec, comme objectif, le rétablissement de l'égalité entre taxation du travail et taxation du capital et comme moyen, la convergence des niveaux d'impositions. La justice fiscale doit redevenir un outil puissant de cohésion sociale.
— La réduction des déficits, qui est évidemment une urgente nécessité économique, mais bien au-delà, un devoir moral supérieur vis-à-vis des générations futures. Il en va également de l'indépendance de la France. Il s'agit donc de tout remettre à plat, d'élaborer une analyse commune, de se mettre d'accord sur des priorités d'avenir ainsi que sur une méthode juste et équitable.
— La « prospérité écologique » en faisant le choix, avec le Grenelle Environnement, de la croissance verte plutôt que de la décroissance. L'objectif est ainsi de construire une politique industrielle puissante autour de nouvelles filières d'excellence comme les véhicules très faiblement émetteurs de carbone, les réseaux électriques intelligents, les énergies renouvelables, le recyclage, l'économie circulaire, l'assainissement, la gestion de l'eau, les constructions à énergies positives et le stockage de l'énergie.
— La solidarité territoriale, entre les quartiers d'une même ville ou entre les territoires, ce qui passe par une nouvelle politique de l'urbanisme, et par une refonte de la fiscalité locale et du mode de calcul des dotations.
— La défense du pacte républicain et de ses valeurs comme la laïcité, l'égalité des chances, l'égalité homme/femme ou le respect de la loi républicaine, entendue comme condition de la liberté de chacun.
— La valorisation systématique de toutes les « ressources humaines » qui constituent la vraie richesse d'une Nation : l'école bien sûr, mais aussi la formation en alternance et l'apprentissage, trop faibles dans notre pays, l'enseignement supérieur, la formation tout au long de la vie, les savoirs et les savoir-faire, la culture, le patrimoine. Sans élévation permanente du niveau de formation, il n'y a plus de progrès social et il y a un risque pour la démocratie.
— Une attention particulière et permanente portée aux victimes silencieuses de la mondialisation, à ces Français qui souffrent et qui se taisent : étudiants en situation de précarité, chômeurs de longue durée, titulaires de petites retraites, parents isolés, victimes d'accidents de la vie. La société est une chaîne dont chaque maillon, surtout le plus faible, est important. La diversité et la fraternité doivent demeurer le socle du vivre-ensemble.
— La nécessité de promouvoir une souveraineté européenne, respectueuse des identités nationales. Il s'agit également de passer d'une « Europe de la concurrence » à une « Europe de la compétitivité, de l'emploi et de la recherche », capable de construire des champions industriels et de services continentaux. Il faut remettre un moteur dans l'avion européen.
— Une France « utile au monde » qui insiste sur les grandes urgences planétaires et humanitaires : le développement économique de l'Afrique – « chance pour la France et l'Europe », le dialogue Nord-Sud, la sauvegarde des mers et des océans, la gestion des biens communs internationaux.
Afin de mieux coordonner leurs efforts, ces acteurs ont décidé de prendre une initiative commune et de créer une plateforme d'échanges, à laquelle chacun - association, formation politique, personnalité - est libre de participer sans pour autant renier ses engagements ou son identité. L'objectif n'est pas de construire un nouveau « meccano partisan » mais une structure de débat permanent, s'inscrivant dans la durée et proposant des rendez-vous réguliers. Il s'agit ainsi de créer un espace de citoyens égaux en rêves, en projets et en espérance afin de rendre le futur désirable. Ensemble, proclamons, l'insurrection de la pensée !
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