François Bayrou, centre démocrate ou centre républicain ?
09 juin 2010
Vendredi dernier, j'avais commencé à rédiger une note expliquant en quoi, en l'état actuel, il me semblait faux de parler de "recentrage" de François Bayrou. Je regrette beaucoup de n'avoir pas eu le temps de la finir et de la publier, puisque le jour même le président du MoDem écrivait une lettre aux adhérents afin de réaffirmer que "l'article premier de tout acte d'existence du centre, c'est l'indépendance".
Entre les élections européennes de 2009 et les élections régionales de 2010, François Bayrou avait, certes, amorcé un mouvement vers la conclusion d'alliances ciblées avec la gauche au second tour des régionales. Mais, en raison de l'échec du MoDem au premier tour (plus de 10% des suffrages exprimés dans une seule région, entre 5 et 10% dans trois régions), la question ne s'est finalement même pas posée. Comme un remake des élections municipales de 2008 à Paris...
Bref, il aurait été juste de parler de "recentrage" de François Bayrou si et seulement, ayant quitté le centre, il s'y était de nouveau repositionné (quant au fait de rencontrer le président de la République, c'est - fort heureusement - tout à fait normal en démocratie en tant que dirigeant d'un parti représenté au Parlement).
En réalité, la seule question qui se pose aujourd'hui à François Bayrou n'est pas celle de son recentrage mais, éventuellement, dans le contexte des grandes manœuvres en cours au centre droit, celle de son retour stratégique à droite en général et au centre droit en particulier.
Personnellement, je ne crois pas à ce scénario.
Même si, tactiquement, dans la perspective des élections sénatoriales de septembre 2011, il n'est pas impossible que le MoDem trouve avantage à soigner ses relations (jamais rompues au Sénat) avec le centre droit. Je rappelle en effet que cinq des six sénateurs MoDem seront alors renouvelables (Denis Badré, Didier Borotra, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Jégou, Jean-Marie Vanlerenberghe). C'est en tout cas comme cela que j'interprète la présence de la sénatrice Jacqueline Gourault, ce mardi soir, aux Assises de refondation du centre organisées par Jean Arthuis et Jean-Louis Bourlanges (de retour).
Quoi qu'il en soit, le débat sur la notion de centre a été relancé sur son blog par Jean-François Kahn. Fait exceptionnel : François Bayrou a lui-même posté un commentaire (le numéro 104; des internautes en ont douté, mais l'ancien candidat à l'élection présidentielle m'a confirmé ce soir par téléphone en être bien l'auteur).
Comme il l'avait déjà fait à l'automne 2007 dans la revue Commentaire, le président du MoDem rejoint un de mes leitmotivs sur ce blog en opérant une distinction entre le positionnement géographique ("centre") et idéologique ("démocrate"). Malheureusement, François Bayrou retombe vite dans l'amalgame entre la géographie (idéologiquement neutre, spatialement et temporellement) et l'idéologie (géographiquement non génétiquement marquée) en écrivant qu'il existe "une génétique politique de « droite »" et "une génétique politique de « gauche »".
Autre contradiction : François Bayrou écrit, d'un côté, qu'il ne s'agit pas de proposer un projet "« entre » droite et gauche", mais "« autre » que droite et gauche". De l'autre, patatras !, il parle des Français qui veulent "à la fois une part de gauche, une part de droite" et d'un "courant majoritaire dans la société française, dont chacun des tronçons est minoritaire dans son propre camp".
En fait, deux Bayrou semblent s'affronter dans ce texte. :
Le Bayrou de 1994 démocate-chrétien, qui, en prenant la présidence du Centre des Démocrates Sociaux (CDS), appelait à la création d'une "grand centre" de Jacques Delors (PS) à Édouard Balladur (RPR). Bref, à un rassemblement de tous ceux qui appartenait à ce qu'Alain Minc nommait alors le "cercle de la raison", néolibéral et monétariste (dont les jalons sont le maintien du franc au sein du SME avec le "tournant de la rigueur" en 1982-1983, l'Acte unique européen de 1986, le traité de Maastricht de 1992).
Le Bayrou de 2007 populiste (au sens positif que je donne à ce terme, comme l'hebdomadaire Marianne), qui, candidat à l'élection présidentielle, en appelait au peuple contre les élites néolibérales
...notamment incarnées par Alain Minc !
Pour reprendre la distinction de Régis Debray en 1996 (Êtes-vous démocrate ou républicain ?), le premier Bayrou est démocrate, le second républicain (ou, plus précisément, républicaniste; Jean-François Kahn parle, lui, de "centrisme révolutionnaire").
Or, même s'il s'en sort par un aller-retour spatio-temporel, François Bayrou revendique justement ces deux termes dans la conclusion de son texte : "Les deux adjectifs « non géographiques » qui désignent le mieux cette politique sont « démocrate » en référence au grand courant progressiste et réformiste, (auquel nous appartenons et qui allie le puissant courant démocrate américain, l’immense parti du congrès en Inde, le parti du nouveau premier ministre japonais), et « républicain », en référence à notre histoire nationale."
Alors, centre démocrate ou centre républicain ?
26 commentaires
Bonjour Laurent,
analyse intéressante. Je crois que le positionnement géographique "centre" est une nécessité de géolocalisation publique et médiatique; mais qu'il existe au MoDem à la fois des accents démocrates et républicains qui transcendent l'analyse bipolaire.
C'est cette transcendance qui rend le discours difficile à identifier.
Bravo pour l'intérêt que vous consacrez actuellement au centre, qui est certainement à l'un des points cruciaux de son histoire en France - après son résultat désastreux de 4% aux dernières élections.
Sur l'article de La Croix, rien à redire, bravo également, sauf sur l'attaque fort douteuse amha "Parlementaristes de tradition, les centristes se sont historiquement opposés à Charles de Gaulle sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct. ... Changement de cap avec François Bayrou, qui a, depuis longtemps, construit sa stratégie autour de la seule élection" : mais le Centre ne s'est affirmé comme force politique indépendante, sous De Gaulle, que grâce à cette même élection présidentielle de 1965 ! Où Jean Lecanuet créa la surprise et appela à ne pas voter De Gaulle au 2ème tour. La continuité me semble plus manifeste que le changement de cap.
Dans le présent billet, vous disséquez un commentaire, écrit rapide, où on peut être tenté de simplifier. C'est d'autant plus intéressant à analyser, certes, à condition de garder en mémoire que l'auteur a nécessairement simplifié, justement.
Par exemple, vous critiquez F. Bayrou d'affirmer qu'il y a bien en France des traditions politiques de "droite" et de "gauche". Mais qui le conteste ? C'est bien l'existence du "centre" comme tradition politique qui est régulièrement contestée (y compris sur ce blog), non celle de la droite ou de la gauche ! Pour aller plus en détail, il y a bien sûr une différence entre les deux.
La "gauche" se revendique comme telle et revendique sa cohérence idéologique, ses "valeurs de gauche" (hier encore), à travers sa diversité. Elle qualifie de "droite" tout ce qui n'est point "gauche"... dont le centre !
La "droite" française en revanche, ne se revendique que de façon épisodique comme porteuse d'un projet politique propre et cohérent. Elle se soude en général sur ... le rejet de la gauche. Mais ne serait-ce que là-dessus, le centre n'est pas de droite ! Nous n'avons aucune raison de rejeter la gauche.
Nous rejetons bien évidemment le totalitarisme, y compris à l'époque le totalitarisme soviétique et ses alliés français - donc l'Union de la Gauche depuis 1973. Mais depuis 1990, l'URSS est tombée et ne devrait plus être le coeur du débat politique.
Enfin, je suis surpris de votre étonnement devant la double référence, au courant démocrate mondial et à la tradition républicaine française, une constante de François Bayrou (au moins depuis un paquet d'années).
Bien sûr, la conception française de la République, d'un Etat qui appartient au peuple, d'un intérêt public supérieur aux intérêts privés, est une grande richesse française, et l'un de nos atouts pour sortir de la crise actuelle, pour répondre aux défis de la mondialisation (Cf. par exemple les propos de Jean Peyrelevade sur la nationalisation des banques en faillite).
Mais cet Etat, cette République, sont voués à l'échec s'ils sont sortis de la société française pour être appropriés par des clans personnels ou partisans. Dès lors, l'irresponsabilité est au pouvoir ; la grande Maison commune s'effrite, chaque gouvernant à son tour vend quelques appartements à son profit … et la faillite est proche.
Seul, amha, un retour de la Démocratie peut sauver notre République. Hélas, le pouvoir actuel prend l'exact chemin inverse : accaparement et irresponsabilité (voir dans l'actualité chaude la nomination du président de France télévisions - et la réponse de Dominique Baudis à l'argument incroyable selon lequel c'était pareil avec le CSA ; voir le projet de loi sur les sociétés immobilières).
Y a-t-il une place pour le Centre ? Ce qu'il nous faudrait, ce n'est pas une place, c'est une majorité...
Amha, rien compris...
Merci FrédéricLN pour ce commentaire, non seulement à propos de ce billet mais également au sujet de mon article dans La Croix.
Ce que j'écris sur l'élection au suffrage universel direct n'est pas une "attaque douteuse" mais un constat historique : encore maintenant, tous ceux qui, au centre droit, reprochent à François Bayrou sa focalisation présidentielle n'ont pas compris la logique de la Ve République depuis 1962 (le PS post-Mitterrand non plus d'ailleurs...).
Sur la droite et la gauche : pour moi, ces mots ne signifient rien, tout autant que le mot centre, si ce n'est un positionnement géographique. Je paye en effet un resto à celui ou celle qui me donnera une définition idéologique (non géographique) de la droite, du centre et de la gauche valide quels que soient le lieu et la période.
Sur la démocratie et la République, vous me répondez presque exactement ce que m'a répondu ce matin François Bayrou. Saisissant sur son bureau la Constitution, il m'a en effet dit être "en désaccord sur un point" avec ma note car, selon lui, "en France, la démocratie et la République c'est la même chose". Avant de lire : "La France est une République laïque, démocratique et sociale". Outre le fait qu'il récuse à chaque fois l'indivisibilité - ce qui me fait à chaque fois hurler - je pense, contrairement à lui, que, si la République est effectivement forcément républicaine, la démocratie n'est pas forcément républicaine.
Alors Laurent, de la république ou de la démocratie, quelle est la différence majeure à vos yeux?
Bonsoir Martine,
La République, ce n'est pas seulement avoir pour chef de l'État un président et non un monarque (roi, empereur, etc.).
La République, en France, ce sont en effet des valeurs, précisément l'indivisibilité, la laïcité, la démocratie, le progrès social, la liberté, l'égalité et la fraternité.
La démocratie, en revanche, c'est le fait d'avoir des institutions et une vie démocratiques (élections pluralistes, liberté d'opinion et d'expression, etc.).
Toutes les démocraties ne respectent donc pas forcément les valeurs d'indivisibilité, de laïcité et de progressisme qui définissent la République française.
Bah, réponse invalide pour moi, pas suffisamment étayée.
Dslée
Intéressant billet qui revient sur la difficile question de la définition du centre. Faut-il retenir l'approche géographique ou idéologique, personnellement, comme je vous l'ai déjà exposé dans des commentaires précédents, je pense que les deux sont intimement mêlés.
Maintenant, que penser de la "stratégie" actuelle de Bayrou ? Comme son discours en atteste, il est en fait sur une position d'équilibriste, tentant de démontrer qu'il est resté le seul homme politique en capacité de dominer le centre-droit, tout en cherchant à ne pas renier son glissement au centre-gauche.
En résumé, Bayrou cherche un moyen d'exister politiquement et a bien compris qu'il ne lui restait plus d'espace politique à capter qu'en redevenant une alternative à Sarkozy pour les électeurs de droite modérée et du centre.
Il envoie donc des signes symboliques à cet électorat en abandonnant l'opposition systématique à Sarkozy et en ignorant l'essentiel du débat qui peut animer actuellement la gauche.
Au final, il n'y a plus grand chose d'idéologique dans son positionnement actuel, mais au contraire, rien que du géographique, rien que de la tactique.
Cela peut-il lui permettre de contrer la montée d'Europe Ecologie ou de ne pas pâtir des hypothétiques candidatures de DSK, Villepin ou encore Borloo à la présidentielle ? Je ne pense pas. Bayrou continuera à exister, mais certainement pas au niveau du 1er tour de 2007.
Quant à sauver les meubles au Sénat, les choses ne vont pas être aisées. Entre un PS qui n'a aucun intérêt à lui offrir des sièges, et une UMP qui aura déjà bien du mal à mobiliser les suffrages sur ses candidats... je crois que le MoDem aura bien du mal à éviter une nouvelle déroute électorale.
Excusez-moi Monsieur de Boissieu, mais je vais changer de sujet.
Je suis très alarmé de la situation du pays du fait de l'immigration.
Il me semble que les problèmes de sécurité, d'identité, de salaires bas et de déficits publiques sans oublier l'importation de conflits extérieurs et de replis communautaristes (abandon de la politique d'assimilation) y sont liés. Dire cela aujourd'hui, c'est se faire ostraciser. Pourtant de plus en plus d'intellectuels ou de chercheurs le constatent tel Pierre André Taguieff ou Michèle Tribalat qui ont pourtant fait un ouvrage pour lutter contre le Front National.
Il est très dur d'évoquer le problème sans se faire traiter de raciste. J'aurais aimé avoir l'avis d'un spécialiste de la politique française, parce que moi, en tant que républicain, je désespère de voir la France mourrir petit à petit sans savoir quoi faire, ni quoi penser (surtout penser car ce qui m'inquiête c'est que je partage de plus en plus l'analyse de Marine Le Pen, alors que je ne vote ni Front National et ne suis ni raciste ni fasciste).
(Je comprendrai que vous ne me répondiez pas, le sujet est tellement rabaché par les médias que cela en devient barbant)
@Bob,
Il ne cherche pas un moyen d'exister, il existe tout simplement, ne vous en déplaise.
@Citoyen27 : j'ai déjà évoqué le problème de l'immigration, qui ne doit en effet pas être tabou :
http://www.ipolitique.fr/archive/2009/11/12/95b8838261567067698ad99cd1df97ee.html
http://www.ipolitique.fr/archive/2009/12/17/identite-nationale.html
http://www.ipolitique.fr/archive/2009/04/10/agression-bus-de-nuit.html (dans les commentaires)
Je vous invite également à lire cet article :
http://www.ipolitique.fr/archive/2010/01/14/marine-le-pen-republicaine.html
Cela dit, il ne s'agit effectivement pas du sujet ici; j'aurai certainement l'occasion d'y revenir un jour (quant au livre de Michèle Tribalat, je n'en ai entendu que du bien et il est là, en face de moi, dans la pile des livres que j'ai en retard...)
@Martine : ce petit ton "maitresse d'école" est assez déplaisant. Passons.
Quant au fond, je veux bien essayer d'être davantage pédago. Reprenons.
Première définition de la république : forme républicaine de gouvernement (par opposition à monarchie).
Définition de la démocratie : présence d'une vie politique démocratique (par opposition à dictature) : élections pluralistes, liberté d'opinion et d'expression, etc.
Arrêtons-nous là pour vous. Il peut donc exister :
- des monarchies démocratiques (exemple : Royaume-Uni)
- des républiques démocratiques (exemple : France)
- des monarchies non démocratiques (exemples : monarchies absolues)
- des républiques non démocratiques (exemple : Iran)
Jusque-là, aucun difficulté (normalement...). Là où ça se complique, c'est que, en France notamment, le mot république possède une autre définition.
Seconde définition de la république : républicanisme, c'est-à-dire la promotion d'un forme idéologique particulière de République, la République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Une république (avec un président de la République) peut donc être républicaniste (exemple : la France) ou anti-républicaniste (exemple : la Grèce, qui n'est pas laïque).
Lorsque François Bayrou me cite la Constitution afin d'essayer de me démontrer qu'en France ce qu'on appelle "républicain" c'est l'équivallent du courant "démocrate" international, il ne me convainc pas.
D'abord parce que, dans la Constitution justement, républicain est synonyme de républicanisme : la République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Or, ce "jacobinisme" est a priori aux antipodes de la pensée "girondine" de François Bayrou (d'où sans doute l'évacuation par le président du MoDem de l'indivisibilité).
Ensuite, parce que j'attends toujours une définition du démocratisme qui relève de la science politique et non du discours partisan. Je connais l'anarchisme, l'anarcho-capitalisme, le bolchevisme, le capitalisme, le catholicisme libéral, le christianisme conservateur, le christianisme social, le communisme, le conservatisme, le conservatisme libéral, la démocratie chrétienne, le fabianisme, le gaullisme, le guesdisme, le jacobinisme, le kautskysme, le libertarianisme, le libéralisme, le llbéralisme conservateur, le libéralisme libertaire, le maoïsme, le marxisme, le marxisme réformiste, le marxisme révolutionnaire, le marxisme-léninisme, le menchevisme, le national-libéralisme, le national-républicanisme, le néogaullisme, le possibilisme, le post-marxisme, le radicalisme, le républicanisme, la social-démocratie, le social-libéralisme, le socialisme, le socialisme associationniste, le socialisme chrétien, le socialisme libertaire, le socialisme réformiste, le socialisme révolutionnaire, le socialisme scientifique, le souverainisme, le syndicalisme révolutionnaire, le travaillisme, le trotskisme, l'ultralibéralisme, l'écologie politique... mais je ne connais pas (encore) le démocratisme.
@ Laurent de Boissieu : tout à fait d'accord avec votre remarque sur démocratie et république.
Il y a des démocrates qui ne sont pas républicains : par exemple les LibDems britanniques. Mais le courant démocrate français a constamment été, que je sache, républicain, au moins depuis 90 ans (il s'est d'ailleurs souvent appelé "républicain", le MRP par exemple).
Il y a des républicains qui ne sont pas démocrates : par exemple les républicains de tradition étatiste en France (Chevènement...). Mais selon nous - au Centre - cette conception républicaine "première gauche", ou "première droite", est responsable de la faillite actuelle.
Il faut donc, toujours selon nous, faire la synthèse entre la tradition républicaine française, et l'émergence démocrate qui se manifeste dans beaucoup de pays du monde : c'est le chemin de la sortie de crise.
Concernant la présidentielle : désolé, je n'ai toujours pas compris où serait le "changement de cap" de François Bayrou par rapport aux années 60 et à Lecanuet.
PS - sur votre dernier commentaire : en revanche, je ne pense pas que le courant démocrate ait besoin d'un "isme" pour exister.
Il me semble exister suffisamment de littérature sur le sujet (à commenter par "Démocratie" de Duhamel et Darnton), et vous me semblez suffisamment cultivé en politique, pour donner l'impression d'une "tache aveugle" volontaire. Ou bien ?
En tout cas, je ne me reconnais pas, mais pas du tout, dans aucun des soixante et quelques "ismes" que vous citez ensuite. Et j'ai pourtant l'impression d'avoir des conceptions politiques assez précises ... et assez fidèles à ma famille politique (et à mon maître Jean-Marie Domenach, et à sa revue Esprit) ... dont vous me semblez affirmer qu'elle n'existe pas. Zut de zut !
@FrédéricLN.
Sur la présidentielle, le fait que Jean Lecanuet ait admirablement utilisé l'élection présidentielle au suffrage universel direct en menant une campagne "à l'américaine" ne signifie pas pour autant que, sur le fond, le parlementarisme de sa famille politique ait été historiquement en phase avec l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Or, d'une part, l'obsession présidentielle de François Bayrou, nouvelle dans cette famille politique (Lecanuet candidat une seule fois; Pierre Méhaignerie jamais candidat), correspond à la Ve République. D'autre part, derrière le mode de scrutin se trouve bien entendu la conception de la fonction présidentielle. Et, pardoxalement au regard des filiations partisanes, François Bayrou défend sur ce point une conception davantage gaulliste que Nicolas Sarkozy. Bref, il s'agit bien d'une double rupture au sein de sa famille politique.
Sur les -isme : tout courant politique est forcément un -isme, sinon ce n'est pas un courant politique. Un démocrate (au sens idéologique de François Bayrou), cela défend donc le démocratisme (et pas uniquement la démocratie, sur laquelle il existe effectivement une somme de travaux). Quant à ma liste, elle ne se prétendait absolument pas exhaustive ...et on pourrait effectivement ajouter, entre autres, le personnalisme.
Enfin, tout à l'heure vous parliez d'"attaque fort douteuse" et maintenant vous lancez un "ou bien ?" plein de sous-entendus. Soyez plus explicite, zut de zut !
Bonjour M. de Boissieu,
Je me permet de rebondir sur votre note de pédagogie expliquant la différence entre république et démocratie.
Vous avez à mon grand plaisir parfaitement expliqué le double sens que revêt le terme "république" (au passage, la dimension idéologique est antérieure à la dimension institutionnelle, laquelle a été théorisée à la fin du XVIIIème siècle, notamment sur la base des travaux de Thomas Paine, quand la première forme était "l'idéal politique" français depuis au moins neuf siècles), mais vous avez omit de signaler qu'il y a également un double sens à la "démocratie" :
- la démocratie que je qualifierais de "démocratie de la société politique" que vous avez mentionnée
- la démocratie que je qualifierais de "démocratie de la société civile" ("société civile" au sens lockien, je me réfère beaucoup à la pensée moderne), proche de la méthode politique de l'Athènes antique, avec participation directe et égalitaire du corps citoyen au processus de décision politique, qui s'est longtemps traduit en France par l'existence de nombreuses "communes" de paysans et autres "villes franches" qui s'administraient indépendamment de tout pouvoir seigneurial et s'en remettaient directement au pouvoir central (le roi, à l'époque), tradition ancienne qui était encore largement présente en France jusqu'en 1795 (voir la manière dont étaient organisés les "parlements" communaux non officiels sous la monarchie et les comités citoyens pendant la Révolution), date à laquelle la convention thermidorienne a interdit les réunions citoyennes
Concernant votre note, cher M. de Boissieu, je dois vous dire n'être pas à 100% d'accord avec ceci : "la géographie (idéologiquement neutre, spatialement et temporellement) et l'idéologie (géographiquement neutre)".
Certes il y a une distinction importante à faire entre les deux, et on serait bien en peine de trouver une classification idéologique de tel ou tel segment géographique (sans même parler de tout le spectre politique) qui ne corresponde à un moment de date t. Cependant, je ne pense pas que l'indépendance entre positionnements géographique et idéologique soit totale.
Si, comme je l'ai précisé dans une note de mon blog ( http://elucubrations.de.brath-z.over-blog.com/article-droite-gauche-centre-kezako-46927134.html ), en appréhendant de manière idéologiquement neutre la géographie politique vous fournissez de manière objective des clés indispensables à la compréhension des stratégies politiques sur l'immédiat et le court terme (ce qui est tout à votre honneur, étant donné que c'est à mon avis notamment là le rôle des journalistes politiques), ce faisant, vous négligez l'existence d'orientations idéologiques communes au sein de chacune des "familles" politiques (à des degrés divers, bien sûr) et, par conséquence, l'existence de "fondamentaux" idéologiques présents sur la moyenne durée, dont le détachement justifie des mouvements tactiques autrement quasi inexplicables.
Quant au centre, je pense qu'il se distingue en deux tendances idéologiques (celle de la synthèse consensuelle droite-gauche, dite "centre-mou" et celle de la voie indépendante, idéologiquement à définir car extrêmement floue, dite "extrême-centre") que F. Bayrou tente de concilier. A mon humble avis, à moins d'être élu président en 2012, il échouera.
Ah, oui, tiens, j'avais aussi une autre remarque (désolé de saturer votre note de commentaires) : parmi les idéologies que vous mentionnez (même si la liste n'a aucune vocation à être exhaustive), vous mentionnez bien le national-libéralisme et le national-républicanisme, mais nullement le nationalisme. Est-ce un simple oubli ou bien considérez-vous qu'il ne s'agit pas d'une idéologie ?
Si c'est cette deuxième proposition qui est la bonne, cela me dérangerait un brin, étant donné que je me définis moi-même comme nationaliste et populiste (par contre, le populisme n'est pas une idéologie mais une doctrine politique, avec ce que cela suppose de pensée absolue).
@Brath-z : merci comme toujours pour les compléments que vous apportez; je n'insisterai donc que sur les désaccords...
Sur le lien référence idéologique/positionnement géographique au sein de l'échiquier politique. Le fond de mon propos est de dire qu'il faut distinguer les deux, et que "droite", "gauche" ou "centre" ne sont pas idéologiquement marqués.
Ceci posé :
1) certaines idéologies n'ont, de fait, temporellement et spatialement, été associées qu'à un seul positionnement. Mais c'est selon moi le fruit du hasard de l'histoire et non d'un marqueur génétique.
2) dans un endroit donné et sur une période donnée, "droite", "gauche" ou "centre" ont bien entendu une composante idéologique, mais c'est un marqueur conjoncturel et non structurel.
Sur la distinction idéologie/doctrine : je pourrai effectivement écrire une dissertation sur cette distinction, mais cela relèverait de la masturbation intellectuelle, alors que j'ai le souci constant d'être concret, de situer ma réflexion dans la vie politique réelle. Reste que cela rejoint indirectement certaines de mes réflexions, notamment dans le but de mettre de l'ordre dans l'un de mes nombreux sites :
http://www.wikipolitique.fr/Catégorie:Idéologies
(je mets le lien, mais tout ceci est très loin de me satisfaire et n'est pas achevé).
@ l'auteur : Merci pour votre réponse.
Sur le "ou bien" : ni la démocratie-chrétienne, ni la social-démocratie n'ont de "isme" à ma connaissance ; personne ne conteste pourtant leur existence comme traditions politiques et familles de pensée.
Et ce n'est pas propre aux familles démocrates ;-) Par exemple, la doctrine de la "sécurité nationale" qui était le fondement idéologique des dictatures sud-américaines des années 70, n'avait aucun "isme" non plus.
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Sur ce que j'appelle "tache aveugle" (éventuelle) de votre part.
A ceux qui vous disent "nous vivons en République, donc tout le monde est républicain", vous répondez : pas du tout, l'idéologie républicaine française implique 7 ou 8 priorités de valeurs très précises et pas du tout consensuelles.
A ceux qui vous disent "la démocratie est une idéologie politique avec ses valeurs précises et pas du tout consensuelles", vous répondez que la démocratie est une simple règle institutionnelle, je vous cite : "La démocratie, en revanche, c'est le fait d'avoir des institutions et une vie démocratiques (élections pluralistes, liberté d'opinion et d'expression, etc.)."
Je pense à peu près exactement l'inverse ;-)
Ça me semblerait tout à fait supportable d'aller vivre et travailler en Espagne ou aux Pays-Bas, et d'y participer à la vie politique, bien que ce ne soient pas des Républiques.
Ça m'est insupportable de voir dans mon propre pays les valeurs démocratiques ignorées ou bafouées - les gouvernants mentant à tire-larigot sur la situation du pays, les Noirs ou les femmes écarté(e)s de la décision politique par le système électoral, le débat sur les orientations politiques réduit à un marivaudage pendant que tout se décide dans un seul bureau, le patrimoine commun vendu par appartements, la collusion entre grands intérêts privés et décideurs d'Etat dissoudre toute velléité de régulation du capitalisme financier, l'aspiration générale à un environnement sain et un développement durable traitée de lubie par le chef de l'Etat, l'éducation laissée à la dérive avec toujours moins d'horaires et moins d'enseignants, sans parler des surveillants, les priorités de Défense nationale obérées par les intérêts des marchands de canon les mieux en cour, le "journal de référence" menacé de prise de contrôle par une grande entreprise industrielle à capitaux partiellement publics, présidée par l'ancien dircab de Bercy, et que sais-je encore.
Certes, tout cela se fait en République. Tout cela est même cohérent, ou presque, avec les valeurs républicaines que vous rappelez - c'est laïque, c'est indivisible, c'est même, à très court terme, social - mais ce n'est pas du tout cohérent avec la démocratie. "La République est démocratique ?" La nôtre, très peu amha.
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Sur le personnalisme : effectivement cette doctrine philosophique me semble pouvoir être considérée comme l'une des racines de l'idéologie démocrate au sens occidental du terme - mais pas la seule racine.
Je distingue d'abord la démocratie au sens asiatique du terme (telle que présentée par Amyarta Sen dans "La démocratie des autres") dont le fondement est la reconnaissance de la valeur du débat dans la prise de décision politique. Bien sûr, les deux sont compatibles, et je suis démocrate aussi au sens asiatique ;-) et j'aimerais bien que nous ayons un chef d'Etat conscient que le débat est une valeur.
Mais si on parle de soubassement idéologique, il y a une différence : cette école asiatique part d'une réflexion sur l'interaction entre les personnes et un système de pouvoir ; et un constat historique : le débat améliore la décision. Ni le despotisme "éclairé", ni le jeu des rapports de forces (libéraux ou communistes) ne font aussi bien.
Les écoles occidentales partent de la reconnaissance de la valeur de la personne, de l'égale valeur de tous les individus.
Il en découle les deux principes politiques essentiels de la démocratie : le droit de la personne (car la société ne peut avoir raison contre une personne au point de nier sa valeur - Cf. peine de mort, imprescribilité des crimes contre l'humanité, droits de recours y compris contre l'Etat et la loi, etc.), et la règle de la majorité (car aucune voix ne vaut a priori plus qu'une autre s'agissant de prendre des décisions communes).
(Tout ça est bien expliqué dans Duhamel-Darnton, désolé si je déforme).
Ces deux principes sont en tension permanente. La règle de la majorité est limitée par les droits de l'individu et réciproquement. C'est là qu'apparaissent les constructions juridiques (et sociales) qui actent des compromis et parfois permettent des synergies entre les deux principes.
La Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 est de mon point de vue un manifeste démocrate quasi-parfait.
Le programme du CNR de 1944 est très bien aussi - il me semble avoir cependant poussé un peu trop loin le curseur de la confiance faite à chaque personne pour contribuer au bien commun - dit autrement, il me semble un peu trop socialiste.
C'est aussi la marque du personnalisme (français) de l'époque. Il insistait beaucoup sur la "dimension communautaire de la personne" ce qui pouvait apparaître comme une solution élégante pour résoudre le dilemme entre les droits de la personne et la règle de la majorité : chaque personne est reliée à une communauté, la vie communautaire permet le développement de la personne, etc.
Dans la société actuelle ou - pour résumer sommairement - au-delà des liens du sang et des collaborations de travail, chacun est devant son poste de télé ou son écran d'ordinateur, cette idée de "communauté" n'a plus guère la signification qu'on pouvait lui prêter à l'époque.
Il reste que, selon moi, on ne peut être démocrate que si on fait confiance à la capacité de relation des gens, que si on croit à la valeur de ces relations comme élément du déploiement de la personnalité. Que si on croit les gens capables de trouver ensemble un bien commun - ce qui rejoint la conception présentée par Amartya Sen.
Ce qui rejoint aussi, d'ailleurs, la définition toute simple donnée par Barack Obama : "The belief in each other - that's what made me a Democrat".
Et moi aussi ;-)
@FrédéricLN : ni la démocratie-chrétienne, ni la social-démocratie n'ont de "isme" -> je me suis effectivement fait cette réflexion tout en écrivant !
Je vais donc reformuler mon objection, qui portait davantage sur le fond que sur la forme, au sujet de l'existence ou non d'une idéologie "démocrate".
Pour les deux définitions de république, nous avons bien deux mots reconnus (même si le premier est souvent utilisé à la place du second, moins connu) : république (au sens de la forme de gouvernement) et républicanisme (forme idéologique particulière de république ...et pourquoi pas de monarchie : la Nouvelle Action Royaliste de Bertrand Renouvin est sans contexte républicaniste).
Pour les deux définitions de démocratie que vous avancez, nous n'avons en revanche pour l'instant qu'un seul mot : démocrate. Que je rattache donc à une forme de vie politique, qui est son sens commun, et non à une idéologie, au sens que lui donne François Bayrou dans Commentaire et que vous lui donnez également.
En parlant de démocratisme, je fais toutefois depuis le début un pas dans votre direction en étant ouvert à l'existence de ce nouveau courant idéologique (si j'en ai le temps, j'ai le projet d'un billet sur ce sujet aujourd'hui afin de vous répondre ainsi qu'à L'Hérétique). Mais, pour répéter mon objection originelle, ce courant n'est à ma connaissance pas (encore ?) reconnu par la science politique et j'en attends toujours la définition précise, même si j'ai des pistes, en France et à l'étranger (au sein même de l'Union européenne, vu que je connais moins bien la vie politique aux États-Unis et surtout en Inde ou au Japon). Car ce que vous écrivez est certes très intéressant mais relève selon moi davantage de la philosophie politique théorique que de la définition opérationelle d'une idéologie politique.
Je suis loin d'avoir vos compétences à tous en terme de philosophie politique, mais j'ai vraiment du mal à cerner un idéologie "démocrate".
* Ce que Frédéric LN décrit sur le tension permanente individu-majorité relève beaucoup de l'institutionnel. Le synonyme de "démocrate" dans cette acception serait simplement le libéralisme politique.
* La grande confiance dans l'individu fait également doucement pencher la balance dans le sens d'une certaine dose de libéralisme économique. Même s'il y a aussi apparemment acceptation d'une dose de social. On serait donc dans un social-libéralisme classique. Autrement dit, un centrisme assez classique mélant du libéralisme économique avec de la social-démocratie et probablement un certain libéralisme en termes de valeurs sociale (tolérance, etc.). Je ne vois pas ce qui est vraiment neuf.
* Dans ces conditions la formulation d'une idéologie "démocrate" me semble plus une construction après coup. Voire un usage nouveau du mot "démocrate" ("Alliance mondiale des démocrates", etc.) afin de recouvrir un ensemble de familles politiques globalement au centre en Europe (démocratie-chrétienne, social-libéralisme, radicalisme à la française, social-démocratie libérale, le solidarisme de Léon Bourgeois, etc.).
* A ce compte là, on peut y inclure un peu à bon compte plein de partis politiques qui ratissent large et tentent de marier le libéralisme éco avec un peu de social (Démocrates US), ou ou l'inverse, ou qui ont changé avec le temps et donc peuvent se revendiquer aussi bien du social que du libéralisme (Parti du Congrès indien...).
* Au total, je ne suis donc pas convaincu par cet usage du mot démocrate, préférant les mots anciens de libéral (politique) ou de libéral-social, chrétien-démocrate, etc.
Merci pour ta contribution Libéral européen !
Tu as effectivement mis en avant plusieurs mots clés du billet que j'ai le projet de rédiger - mais pas trop le temps : je travaille en ce moment sur les partis politiques italiens : déjà 187 fiches sur http://www.wikipolitique.fr/Catégorie:Partis_politiques_italiens
FrédéricLN > Concernant la république entendue comme système institutionnel neutre, il faut savoir qu'il s'agit d'une invention fort récente et que le nom de "république" qu'on lui accole provient d'un cheminement historique que je vais tenter de succinctement résumer :
- jusqu'aux XVème et XVIème siècles, la "république" (ou encore res publica) est, en France, un "idéal politique" de la monarchie : le gouvernement pour le bien de tous
- au XVIème siècle, la redécouverte du "droit naturel" (attaché à la personne humaine, préalable à toute institution), le triomphe de l'humanisme et la théorisation de la "souveraineté populaire" (Juan de Mariana) transforme l'idée de "république" en lui adjoignant l'idée de bien pour chacun
- au XVIIème siècle, les premières théories absolutistes engendrent par réaction des écoles de pensée selon lesquels les pouvoirs politiques doivent être réglementés et encadrés par une déclaration, que l'on appelle "constitution" (bien qu'elle n'ai rien à voir avec les "constitutions" de l'antiquité grecque)
- au XVIIIème siècle, le débat des Lumières se centre sur la question du "bon gouvernement" à laquelle Mably répond en disant qu'elle doit reposer sur des principes fondamentaux supérieurs à toute institution (bien public, garantie des droits naturels, garantie des droits civils, souveraineté populaire)
- pendant la Révolution française, le débat se porte avec acuité sur la question de la "bonne forme de gouvernement" ; fort des expériences anglaise, américaine et polonaise, Paine estime que pour que l'établissement d'un gouvernement mettant en œuvre et respectant les des principes sus-cités soit possible, il doit reposer sur la représentation parlementaire d'électeurs pris dans un corps de citoyens (les cultures nationales permettant la détermination des modalités), ce qui lie indéfectiblement l'idée de république (qui était donc devenue le "bon gouvernement pour tous et pour chacun") à une "forme républicaine" nécessaire mais non suffisante à la république elle-même
- en 1795, la troisième Constitution, écrite par un comité de députés de la convention thermidorienne avec les conseils "avisés" de Jeremy Bentham (théoricien de l'utilitarisme, aujourd'hui révéré au Royaume-Uni), définit explicitement la république comme le mode de gouvernement reposant sur la représentation parlementaire d'électeurs pris dans un corps de citoyens, sans plus de considération de principe
- jusque dans les années 1850, la République est encore comprise comme un régime non neutre, fondé sur des principes avec lesquels on ne peut transiger, mais juin 1848, le ralliement de franges monarchistes à la république tout au long du second Empire et l'émergence dans les années 1860-70 des "républicains opportunistes" réduit la république à la "forme républicaine" ; en d'autres termes : le moyen est devenu la fin
Pourtant, malgré cette domination incontestable de l'idée que la simple forme républicaine est la république n'a apparemment pas été profondément ancrée dans la population, puisque la Vème République, totalement non-neutre en la matière, a été accueillie avec enthousiasme par la population.
@FrédéricLN. J'ai mis sur ce blog mon article publié dans La Croix, en apportant quelques légères retouches au passage qui vous posait problème : sur le fond cela ne change rien et ne vous donne pas satisfaction, mais vos objections m'ont donné l'occasion de préciser ma pensée.
... je suis sûr que nous sommes bien plus d'accord que ce dialogue ne le suggérait !
Mais cette accusation de "populisme" continue à me trotter dans la tête (pas seulement de votre fait !). Un billet de Maxime Tandonnet m'a donné l'occasion de cracher ma valda, je me permets de signaler ma réponse :
http://demsf.free.fr/index.php?post/2011/02/19/Nicolas-Sarkozy-Robin-des-bois
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