Le gaullisme de la Résistance ne fait toujours pas l'unanimité
03 juin 2010
Le programme de littérature en terminale littéraire est composé de quatre domaines :
• Grands modèles littéraires - Modèles antiques
• Langage verbal et images - Littérature et cinéma
• Littérature et débats d'idées - Littérature et histoire
• Littérature contemporaine - Œuvres contemporaines françaises ou de langue française
Pour l'année scolaire 2010-2011, le gouvernement a choisi les œuvres suivantes (Bulletin officiel) :
• Grands modèles littéraires - Modèles antiques
Œuvre : L'Odyssée d'Homère (Chants V à XIII), traduction Philippe Jaccottet, édition FM/La Découverte.
• Langage verbal et images - Littérature et cinéma
Œuvre : Tous les matins du monde de Pascal Quignard.
Film : Tous les matins du monde d'Alain Corneau.
• Littérature et débats d'idées - Littérature et histoire
Œuvre : Mémoires de guerre, tome III, "Le Salut, 1944-1946", Charles de Gaulle.
• Littérature contemporaine - Œuvres contemporaines françaises ou de langue française
Œuvre : Fin de partie de Samuel Beckett.
Que croyez-vous qu'il arriva ? Un collectif de professeurs de lettres (même pas d'extrême droite, comme on pourrait spontanément le croire) demanda le retrait de l'œuvre du général de Gaulle au motif que "proposer De Gaulle aux élèves est tout bonnement une négation de [leur] discipline" et qu'on pourrait soupçonner ce choix "de flatter la couleur politique du pouvoir en place" (sic !). "Nous transmettons des valeurs républicaines, pas des opinions politiques", conclut ce collectif, alors que le SNES avait déjà contesté ce choix.
Question : en quoi la Résistance est-elle une "opinion politique" ? N'est-elle pas, plutôt, une composante de notre patrimoine historique national ? Quant aux "valeurs républicaines", n'étaient-elles pas, justement, davantage dans la Résistance que dans l'acceptation de l'Occupation et la Collaboration ? ...
Hasard : quelques jours auparavant, un ami Niortais m'avait fait part de sa consternation devant le récent refus de sa ville d'honorer l'Appel du 18 Juin en donnant à une nouvelle esplanade, près du café où Maurice Schumann l'entendit, le nom du 18 juin 1940. J'ai voulu consulter les procès-verbaux du conseil municipal de Niort afin de prendre connaissance de la motivation de ce refus par la majorité municipale (même pas d'extrême droite, comme on pourrait spontanément le croire), mais malheureusement le dernier en ligne date à ce jour du 18 janvier...
4 commentaires
Voir le Courrier de l'Ouest du 1er juin 2010 "il n'y aura pas d'esplanade du 18 juin 1940 en bas de la Brèche"
Encore une réaction de vierge effarouchée de la part d'une profession qui a décidé de s'arroger le monopole des valeurs morales en France alors que, par son corporatisme, son militantisme outrancier, ses préjugés, son manque d'ouverture sur la société, elle finit aujourd'hui par passer à côté de la plupart des réalités.
Oui, étudier des textes de de Gaulle relève bien (aussi) de la littérature française. Sa présence en bac de Français est légitime compte tenu de la qualité littéraire des textes : de Gaulle est aussi connu pour la profondeur de sa culture classique (ex:lire les études d'Alain Larcan sur le sujet) que pour les caractéristiques de son style (pompeux et académique pour certains ; avec des caractéristiques tel le rythme ternaire, etc.). Certains écrivains l'ont même sollicité un temps pour entrer à l'Académie.
La présence de de gaulle est d'autant plus justifiée qu'il figure dans la catégorie " Littérature et débats d'idées - Littérature et histoire". Si lui n'y figure pas, qui donc pourrait bien y figurer ??
L'héritage de de Gaulle dépasse largement la droite. Les septennats de Mitterrand l'ont prouvé.
Enfin, si je voulais faire du mauvais esprit, je dirais que le SNES ferait bien de la fermer sur le sujet. Il a en effet été fondé à son origine par le syndicaliste socialiste Ludovic Zoretti, qui deviendra sous l'occupation l'un des dirigeants du parti collaborationniste RNP de Marcel Déat.
D'où, peut-être, le reflexe antigaulliste du SNES...
(NB : Zoretti, grand pionnier de l'idée du collège unique, a également fondé en 1928, au sein de la CGT, la FGE, devenue ensuite la Fédération nationale de l'enseignement).
Désolé, j'ai écrit trop vite : la Fédération générale de l'Enseignement (FGE) est devenue la Fédération de l'éducation nationale (FEN).
Pour un info courte (et imprécise) sur Zoretti : http://www.istravail.com/article108.html
Une idiotie de plus. Franchement, ils ont l'air de croire que de Gaulle, ce n'est pas de la littérature. Pire encore, ils croient que le gouvernement actuel est gaulliste !
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