Le MoDem et le PCF choisissent l'autonomie au premier tour des régionales
26 octobre 2009
Le conseil national du MoDem a confirmé, samedi, qu'"une liste investie par le Mouvement démocrate sera présente dans toutes les régions pour les élections régionales de 2010". Au premier tour, il y aura donc bien dans l'ensemble des bureaux de vote un bulletin centriste. Pour le second tour, François Bayrou a indiqué que son parti trancherait "région par région si ce sera l'autonomie aux deux tours ou bien des alliances". Reste à savoir si le MoDem en aura le choix. C'est-à-dire, d'une part, s'il dépassera localement le seuil de maintien au second tour aux régionales (10 % des suffrages exprimés). Un seuil qu'il n'avait atteint, de justesse, que dans deux régions aux européennes de juin dernier (Basse-Normandie : 10,77%, Lorraine : 10,25%). Et, d'autre part, si les partis de gauche, divisés sur la question, accepteront de fusionner leurs listes entre les deux tours avec celles du centre.
Quoi qu'il en soit, cette décision est conforme au souhait de François Bayrou, qui, tout au moins pour le premier tour, plaide depuis plusieurs mois en faveur d'une "décision nationale" et non d'alliances à géométrie variable selon les régions. Une stratégie qu'il ne juge "pas lisible" depuis l'expérience des municipales de 2008. "Nous voulons au premier tour affirmer qu'il y a un projet différent pour les régions comme il y a un projet différent pour le pays", a-t-il argumenté.
Si la décision du MoDem a été "votée à l'unanimité", elle met un terme aux espoirs de ceux qui, au MoDem, rêvaient d'une alliance de premier tour avec Europe - Écologie. François Bayrou lui-même s'était finalement déclaré "ouvert" à cette perspective "dans certaines régions". Mais Les Verts, principale composante d'Europe Écologie, lui ont opposé une fin de non-recevoir... tout en se disant prêts à accepter "des accords régionaux" avec Cap 21. Créé par Corinne Lepage, Cap 21 est membre fondateur du MoDem aux côtés de l'UDF. Les éventuels militants de Cap 21 candidats sur des listes Europe Écologie violeraient donc la "charte éthique" (1) et les statuts (2) du MoDem, dont ils seraient alors suspendus ou exclus. Critique sur le fonctionnement du parti centriste, Corinne Lepage vient par ailleurs de lancer son propre club politique - Terre démocrate - en abandonnant à Robert Rochefort l'animation des commissions thématiques chargées de préparer le congrès programmatique des 4, 5 et 6 décembre prochains. Contrairement à Jean Peyrelevade, qui a discrètement démissionné de cette fonction en septembre, Corinne Lepage demeure cependant vice-présidente du MoDem.
Les élections régionales étaient également, ce week-end, au menu du conseil national du PCF. Par 126 voix contre 22 (et 9 abstentions), le PCF a acté le principe de l'autonomie au premier tour à travers la reconduction du Front de gauche, afin de proposer "un autre choix à gauche que celui porté par le PS ou Europe Écologie". Créé lors des européennes, Le Front de gauche regroupe principalement le PCF et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Cette "offre nationale" du PCF pourra toutefois être amendée localement par les conférences régionales du parti, qui se tiendront les 7 et 14 novembre. Comme en 2004, des alliances avec le PS dès le premier tour ne sont donc pas à exclure ici ou là. D'autant plus qu'au regard de ses scores régionaux aux européennes, le Front de gauche ne semble assuré en métropole de dépasser 5% des suffrages exprimés, et donc d'être en capacité de fusionner entre les deux tours avec les autres listes de gauche ("à l'exclusion du MoDem", insiste le PCF), que dans la moitié des régions.
Cette perspective, traditionnelle, d'alliance avec le PS - dès le premier tour ou entre les deux tours - sonne de toute façon le glas de listes unitaires de la gauche antilibérale. Pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en effet, "le préalable indispensable pour proposer ensemble une alternative crédible au social-libéralisme, c'est un accord national pour des listes autonomes et indépendantes du PS dans les 21 régions métropolitaines". Estimant, à l'opposé du PCF qui gère des exécutifs régionaux avec le PS, qu'il existe "deux gauches dotées de programmes contradictoires qui interdisent de gérer ensemble les régions".
Laurent de Boissieu
© La Croix, 26/10/2009 (version un peu plus longue que celle publiée sur papier)
(1) X - Les adhérents du Mouvement démocrate sont solidaires des décisions collectives du Mouvement, notamment en termes d'investitures pour les différentes élections.
(2) Article 18 - Investitures aux élections. Pour toutes les élections la stratégie est définie par le Conseil national (...) Les décisions prises en application du présent article s'imposent à tous les adhérents du Mouvement démocrate sous peine de suspension ou d'exclusion.
5 commentaires
Le coup des listes autonomes c’est du bluff !!!
Le MODEM n’en a physiquement pas les moyens.
Rien que l’IdF c’est 200 candidats qu’il lui faut, ils ne sont même pas une centaine de disponibles.
Idem sur le reste de la France étant donné que les 2/3 des militants se sont barrés depuis l’euphorie des débuts.
Mieux que ça, en conseil national, Bayrou a annoncé que le parti ne se porterait pas caution pour les listes. Ce qui risque sérieuse de refroidir les dernières ardeurs. Une régionale c’est au moins 200KE et il n’est pas certain que le MODEM obtienne le minimum requis pour se voir rembourser ses frais de campagne.
Dans tous les sondages il est crédité de -10%, certains le donnent même à 5%
J ne sais pas si cette stratégie s'avèrera payante pour le MoDem, mais en tous cas il semblerait que la ligne Bayrou du "centre autonome et indépendant" ai été adoptée au premier tour. Reste à savoir si au second tour, dans les cas où les scores le permettront, la stratégie sera maintenue. Il me paraîtrait logique pour un mouvement centriste d'opter au second tour pour des maintiens là où c'est possible et des alliances à géométrie variables là où ça ne l'est pas (sous réserve, bien entendu, que de telles alliances soient acceptés par les mouvements concernés).
En tous cas la stratégie "présidentielle" semble condamnée à rester au rang de rêve personnel de M. Bayrou : le MoDem ne semble pas en position de concurrencer l'un ou l'autre camp, tout juste peut-il avoir pour prétention de faire jeu égal avec les écologistes.
Concernant le PCF, j'attends de savoir si, au sein du FG, sera adoptée la proposition du PG de désistement réciproque entre FG, PS et Ecologistes au profit du mieux placé au premier tour. Par contre, il semble que malgré le positivisme affiché de M. Mélenchon, le NPA veuille faire cavalier seul.
Ça me désole car, malgré tout le mal que je pense des mouvements issus du trotskisme médiatique post-68 - je considère que cela fait 40 ans que la LCR/NPA trahit l'engagement de ses militants et votants -, sa participation à des listes communes de toute la gauche (je me répète : je classe idéologiquement le PS au centre, car politiquement conservateur) aurait peut-être permit de faire émerger un pôle capable de concurrencer les listes PS et UMP (voire écologistes, si elles réitèrent leur score des européennes).
Que de méconnaissance on lit :
Tout d'abord, le PCF, le NPA et le PG se rencontrent en ce moment même (28 octobre) au siège du PCF pour discuter d'une possible alliance aux régionales. Certes, les discussions achoppent toujours sur la question de la participation ou non aux exécutifs, mais de là à dire que les jeux sont faits, c'est allé bien vite en besogne.
Ensuite, le PG n'a jamais parlé de désistement pour le mieux placé au second tour ! Les régionales sont une élection à la proportionnelle, avec fusion des listes entre les deux tours.
Le PCF, le PG, et aussi le NPA sont donc d'accords sur le principe de fusionner leurs listes avec celles des verts et du PS à la proportionnelle du nombre de voix obtenus.
Si le PS obtient 20% des voix, les verts 15% et le Front de Gauche +NPA 10%, la liste du second tour aura 45% de PS, 33% de Verts et 22% de Front de Gauche + NPA.
Je suis bien entendu au courant de cette réunion de la dernière chance. Mais, pour celui qui a suivi les derniers échanges, il y a peu de chance qu'elle aboutisse...
En fait, c'est à chaque fois le même scénario : ces réunions ne semblent avant tout servir qu'à jouer au jeu du "c'est la faute de l'autre s'il n'y a pas unité de la gauche antilibérale". Car tant que le NPA d'un côté et le Front de gauche de l'autre ne seront pas d'accord sur leur attitude vis-à-vis du PS, ces réunions seront d'avance vouées à l'échec. (à moins d'imaginer des listes unitaires au premier tour, et une fusion avec les autres listes de gauche au second sans les candidats NPA).
Pour le reste, merci d'avoir corrigé l'erreur dans le précédent commentaire !
pinguin64 > Mea culpa, mea culpa, effectivement, il n'est nulle question de "désistement" au profit du mieux placé mais, si j'en crois la déclaration du Conseil National du PG que je suis immédiatement allé relire après votre intervention, de "fusions démocratiques" autour de la liste arrivée en tête au premier tour des listes du Front de Gauche (ou de toute "l'autre gauche", si l'unité réussi), du PS ou d'Europe Écologie (ce rassemblement de mouvements et partis politiques écologistes portera-t-il toujours ce nom aux élections régionales ?). Pas de désistement réciproque, donc. Toutefois, cela reste toujours suspendu à l'acceptation des autres composantes du FG et évidemment des mouvements concernés (PS et Europe Écologie).
Par contre, pour la réunion FG/NPA, même si je souhaite clairement qu'elle aboutisse à un résultat, je ne crois pas qu'elle parviendra à son objectif, et j'ai même le sentiment que la question de la participation ou non aux exécutifs régionaux est un prétexte à poursuivre la "lutte d'appareils" - inégale en termes d'organisations - qui oppose PCF et LCR/NPA depuis un bout de temps maintenant.
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