Le FDP, centre ou droite ?
30 septembre 2009
La présentation du nouveau Bundestag dans la presse française, après les élections en Allemagne ce dimanche, est intéressante : tantôt le FDP est placé au centre (Libération, La Croix, L'Humanité), entre le SPD et l'union CDU/CSU, tantôt il est placé à la droite de cette dernière (Le Figaro, Le Monde, Les Echos).
Ces hésitations illustre le fait que le clivage droite-gauche ne signifie idéologiquement rien en soi. Si le clivage retenu est la critère économique, le FDP est effectivement "plus à droite" que l'union CDU/CSU. Si, en revanche, le critère sociétal est retenu, le FDP est cette fois "plus à gauche" que l'union CDU/CSU.
En réalité, il me semble plus pertinent de classer le FDP au centre, non pas pour des raisons idéologiques (variables en fonction du clivage retenu), mais pour une raison géographique : son positionnement historique centriste, gouvernant tantôt avec le SPD, tantôt avec l'union CDU/CSU (les "grandes coalitions" SPD-CDU/CSU étant subies et non issues d'une alliance pré-électorale).
Enfin, sur les questions idéologiques, à noter que les libéraux allemands et autrichiens ont historiquement oscillé entre le centre et l'extrême droite (nationa-libéralisme). À l'exemple du FPÖ autrichien, qui a finalement basculé dans l'extrémisme et rompu avec son aile centriste (Liberale Forum et Junge Liberale Österreich).
14 commentaires
exactement : de la difficulté de la presse francaise à tout vouloir interpréter au prisme politique francais.
A noter que les libéraux de l'UMP ont définitivement abandonné le libéralisme social.
Libéralisme économique + conservatisme social = néo-conservatisme.
J'attendais avec intérêt le commentaire du président du MoDem Allemagne sur le sujet !
Il me semble que les élus du FDP siègent entre le SPD et la CDU/CSU au Bundestag, non ? Puisque le positionnement droite-gauche dans le cadre institutionnel ne répond à aucun positionnement idéologique (ni même géographique), il me semble logique de placer au centre un mouvement dont les élus siègent au centre.
A Monsieur de Boissieu.
Monsieur,
Je me permets de vous féliciter pour votre site (c'est un passionné d'histoire politique qui vous l'écrit). Celui-ci est bien construit et très interessant par ces références également au sujet de la vie politique de pays étrangers.
Toutefois, dans votre histoire des groupes politiques français, je suis étonné que vous ayez placé les bonapartistes à l'extrême-droite de la Chambre des Députés (et non les royalistes légitimistes).
Cordialement.
J.-J.S
Bonsoir Monsieur,
Merci beaucoup pour vos félicitations !
Certains courants politiques sont en effet difficiles à réduire sur l'axe droite-gauche, en particulier le bonparatisme et le gaullisme (qui se situent tous deux en quelque sorte au-dessus de ce clivage). Placer les bonapartistes à l'extrême droite offre toutefois plusieurs avantages :
- ne coupe pas le continuum royaliste, des chevau-légers aux petits groupes charnières entre le centre-droit et le centre-gauche.
- c'est là que siégeront sans contexte les derniers bonapartistes (au sein du groupe conservateur puis des droites ou des groupes nationalistes).
Cela dit, les bonapartistes ont eu leurs jérômistes comme les gaullistes leurs gaullistes de gauche...
Cordialement,
Laurent de Boissieu
Laurent, je ne t'apprendrai sans doute pas qu'en Allemagne, traditionnellement, le FDP n'était placé au centre sur les infographies que lorsqu'il est allié au SPD.
Lorsqu'il est allié à la CDU-CSU, il est placé à sa droite. Idem lorsqu'il se trouve dans l'opposition.
Et bien si, JS, tu me l'apprends justement !!!
A Monsieur de Boissieur.
Permettez-moi de rectifier une erreur de votre part, lors des législatives de 1910 et 1914, les bonapartistes (tels que Dion, Legrand ou Galpin), siégeaient parmi les non-inscrits.
Sans fausse modestie, vous pouvez me faire confiance à ce sujet. Quant à l'Allemagne, il y a une multitude de petits partis (notamment "chrétiens"), présents lors des élections législatives (mais qui n'ont pas de représentants élus).
Cordialement
Il me semblait pourtant, de mémoire, que le groupe des droites comptait également une poignée de bonapartistes.
Je viens de vérifier dans mes archives : vous avez effectivement raison !
Puisque nous parlons des bonapartistes, voici un lien qui pourrait vous intéresser :
http://www.france-politique.fr/doc/cerb-2009-38-gaetanderoyer.pdf
Merci de l'information mais je suis membre de cette association historique et collabore avec (article d'ailleurs visibles sur Arthur Legrand sur le net). Si cela vous intéresse, nous pourrions collaborer dans nos échanges en matière historique. Je viens d'acquérir un livre intéressant (de Léon Jacques) paru en 1913 sur les partis politiques français .
Cordialement.
"Si le clivage retenu est la critère économique, le FDP est effectivement "plus à droite" que l'union CDU/CSU."
Si le critère économique est retenu pour la France, il n'y a aucun parti à droite ?
Jerome > Deux éléments de réponse :
1°) Il existe des mouvements politiques en France (certes plutôt embryonnaires, mais avec des demi-succès ponctuels, notamment aux Européennes) que l'on peut classer à l'extrême-droite du point de vue économique tel qu'entendu en général dans l'espace culturel occidental, c'est-à-dire qui prône un libéralisme intégral allié à une dérèglementation totale de l'économie.
2°) Les notions de "droite" et de "gauche", parce qu'elles ne se réfèrent dans la pratique qu'à de simples positionnement de géographie politique, existeront tant qu'on sera dans un régime parlementaire ou plusieurs courants d'idées pourront être présents et/ou représentés : il y en aura qui, sur le plan économique, seront "plus à droite que les autres", et seront à droite si on ne retient que le critère économique. Donc si le critère économique seul est maintenu, le parti représenté au parlement qui se trouvera le plus à droite (et qui sera donc à droite) sera le Nouveau Centre ou l'UMP (j'hésite car il existe encore une branche gaullienne à l'UMP, donc qui tend vers un certain dirigisme), pour celui le plus à gauche, je dirais le PG, qui me semble plus étatiste que le PCF (ce qui n'est pas pour me déplaire)... après ça, entre les deux, c'est plus dur à déterminer.
Je souhaitai apporter une précision au sujet de mes messages précédents à propos des élus bonapartistes à la Chambre en 1910 :
Engerand siegeait au sein du groupe progressiste et Delafosse au sein du groupe de l'ALP.
Les commentaires sont fermés.